Nous avons parlé avec M. Ka'nahsohon Kevin Deer, un aîné du Territoire Kahnawake Mohawk qui travaille sur la revitalisation de la langue. La conversation s'est fait en anglais. Voici quelques extraits, modifiés légèrement pour la clarté et aussi traduits en français.
Nous voulons remercier M. Deer pour son temps et pour le partage de ses connaissances.
Sur la loi et la langue au Québec :
Now we talk about that there's French people here in our lands. Now the French people have this prevailing attitude [...] that is based on this superiority, where they think all this land is theirs. They passed a language law two years ago, Bill 96, where they said everybody, whether you like it or not, you gotta speak French. The majority of our people here on the reserve, we don't speak French. So now our kids are impacted. They can't graduate, because they don't have the French language to get their degree. So now, why? You know, there's Anglophones, there's immigrants that come here. The French act like as if nobody else exists in Québec, except them. You know, there is supposed to be the Charter of Language [Law 101], where they say that the two official languages in Canada [are] English and French, [...] but the latest thing that the Legault government is doing, they're saying no, it's only French. Now all these people get impacted on. Now, how is that promoting peace? How is that building community?
Maintenant on dit qu'il y a de français sur notre territoire. Les français ont cette attitude prédominante qui est basée sur cette supériorité, alors ils pensent que tout ce territoire est à eux. Il y a deux ans, ils ont adopté une loi sur la langue, Loi 96, dans laquelle ils ont dit que tout le monde, peu importe leur préférence, doit parler français. La majorité de notre peuple ici dans la réserve, nous ne parlons pas français. Alors maintenant nos gamins sont impactés. Ils ne peuvent pas finir leurs études, parce qu’ils n'ont pas la langue française pour recevoir leurs diplômes. Donc, pourquoi ? Vous savez, il y a des anglophones, il y a des immigrants qui viennent ici. Les français se comportent comme personne existe au Québec, sauf eux-mêmes. Vous savez, il est censé avoir La Charte de la langue [Loi 101], dans laquelle ils disent que les deux langues officielles au Canada sont l'anglais et le français, mais récemment le gouvernement Legault dit non, c'est seulement français. Alors, toutes ces personnes sont impactées. Donc, comment cela promeut la paix ? Comment cela développe une communauté ?
Sur la colonisation :
[...] This is our home. All these people emigrated here. They're all settlers in this land. I don't care how much they can argue to the contrary. Because the day they can say that “Well, okay, we don't have an Indian problem anymore” is when we're all gone. But as long as we still have our languages, we have our ceremonies… We have our songs, our dances, we are unique in this world. I'm sorry, but this is not your land, you still emigrated here. And we made treaties that talked about this sacred relationship. And it says we'll travel this river of life together, you in your big ship, us in our canoe. But as I said, because of the Doctrine of Discovery, because of this idea of superiority... So now it's like a seesaw, everything is out of whack.
[...] Ici, c'est notre pays. Tous ces gens ont immigré ici. Ils sont tous des colons sur ce territoire. Je m'en fiche à quel point ils peuvent se disputer au contraire. Parce que le jour ils peuvent dire « Nous n'avons pas encore un problème indien » est quand nous sommes tous disparus. Mais aussi longtemps que nous avons nos langues, nous avons nos cérémonies… Nous avons nos chansons, nos danses, nous sommes uniques dans ce monde. Je suis désolé, mais ceci n'est pas votre territoire, vous avez immigré ici. Et nous avons fait des traités qui ont parlé de cette relation sacrée. Ils disent que nous voyageons sur cette rivière de la vie ensemble, vous êtes dans votre grand navire, nous sommes dans notre canoë. Mais comme j'ai dit, à cause de la doctrine de la découverte, à cause de cette idée de la supériorité… Maintenant, c'est comme une balançoire, tout est déséquilibré.
Sur la revitalisation de la langue :
So a group of women got together [...] and they said “We're going to introduce our language back into the schools.” So they started Mohawk immersion programs and even when they initiated that, our own people fought against that because they said “How is that going to help them to get a job?” But the thing is, if you're not secure and stable, as a little kid growing up, that you know that you're so solid that you can do anything that you want... There's so many kids now that are coming out of our community that have gotten their language, have gotten their creation story and they're empowered in a way that I wish I was when I was 16 [...] and didn't like myself and all of that. [...] We started our own Ministry of Education in 1984. And we said "Québec, you're not dictating the curriculum that we're gonna teach in the school. We're teaching our kids their language, their ceremonies, their songs, their dances, their creation story, and you have nothing to say about it.” There are some things that are non-negotiables, like mathematics, like science, like geography, but when it comes to history, when it comes to [...] social studies. That's where we're taking control. And that's what we did.
Un groupe des femmes se sont rencontrés et elles ont dit « On va réintroduire notre langue dans les écoles. » Donc, elles ont commencé des programmes immersifs Mohawk et même quand elles ont l'initié, nos propres gens se sont battus contre cela parce qu’ils ont dit « Comment cela leur aidera à trouver un travail ? » Mais ça c'est le truc, si on n'est pas en sécurité et stable en tant que petit gamin en train de grandir, et on sait qu’on est solide et on peut faire ce qu’on veut... Il y a plein de gamins maintenant qui sortent de notre communauté et qui ont reçu leur langue, qui ont reçu leur histoire de la création et ils ont de pouvoir dans une façon que je souhaite que j'étais quand j'avais 16 ans et je n'aimais pas moi-même et tout ça. Nous avons créé notre propre Ministère d'Éducation en 1984. Et nous avons dit « Québec, vous n'imposez pas le curriculum qu'on va enseigner dans les écoles. On va enseigner nos gamins leur langue, leurs cérémonies, leurs chansons, leur histoire de la création, et vous n'avez rien de dire. » Il y a des choses qui ne sont pas négociables, comme les mathématiques, comme le scientifique, comme la géographie, mais par rapport à l'histoire, par rapport aux sciences sociales, on va prendre le contrôle. Et ça c'est qu'on a fait.