Qui est-elle?
Beaudelaine Pierre est une écrivaine haïtienne et boursière postdoctorale de l'Université d'Indiana Bloomington. Ses domaines de spécialité sont la littérature afro-caribéenne, l'épistémologie féministe et la pensée décoloniale.
Elle est née le 13 juillet 1977 et a commencé sa vie à Saint-Michel-de-l'Attalaye en Haïti, puis a quitté cette ville en 1986 pour aller au Port-au-Prince avec sa famille. En 1998, elle est allée à la Faculté des Sciences Humaines où elle a étudié la communication sociale et a également suivi des études post-graduées en Population et Développement, rédigeant sa thèse en créole. Aujourd'hui, elle a deux enfants, Maxence et Ann-Lyse, et continue de contribuer à l'éducation en travaillant comme professeure invitée à l'Université d'Indiana Bloomington.
Elle a remporté le Prix du Journal en 2002 et a publié son premier roman, Testaman, en 2003 en créole. Elle a également écrit son premier roman en français, La Négresse de Saint-Domingue, en 2002. En 2021, elle a publié You May Have the Suitcase Now, un essai en anglais qui décrit les identités haïtiennes et son immigration aux États-Unis.
Photo: https://ile-en-ile.org/pierre_beaudelaine/
Transcription de l'Interview
Beaudelaine: Particulièrement dans une commune qui s'appelle Carrefour, en Haïti, et donc c'est c'est mon histoire. C'est mon histoire, et puis c'est mon présent, c'est ma racine, et c'est vrai que, depuis près de 15 ans, je vis aux Etats Unis et je suis toujours attachée et connectée. Oui avec mon pays, que ce soit à travers famille, que ce soit à travers ma langue, la langue créole et la langue française, que ce soit à travers des projets ou des communautés haïtiennes avec lesquelles je suis en contact, donc toutes ces ouvertures me permettent vraiment de de non-seulement de me toujours sentir et haïtienne, mais aussi de de supporter, de vivre loin de mon pays, donc donc c'est ça et mon rapport et ma relation avec Haïti.
Anna et Seb: Oui, merci pour l'instant, c'est une bonne réponse, donc vous avez discuté vos relations et ça m'intéresse parce que, à Macalester, nous avons l'idée d’intersectionnalité où les identités d'une personne touchent celle des autres. Donc nous savons que vous étudiez aussi les études donc est-ce qu'il y a une relation entre votre entreprise avec les études féministes et aussi votre identité haïtien?
Beaudelaine: Bien sûr, je crois que c'est une question assez intéressante et je. Et comment est-ce que je peux approcher ça? J'ai, je me suis versée dans les études de femmes, en particulier pour prêter attention sur la manière avec laquelle certains groupes de la population haïtienne, et particulièrement les femmes, et ainsi que d'autres groupes, par exemple, qui sont et particulièrement mis à part et en raison de leur statut économique, donc pour moi, c'était et l'intérêt, c'était de comprendre comment ces groupes de femmes en général, que l'on parle par exemple du paysan haïtien aussi, ou du moins des groupes qui ne sont pas toujours présents de la scène culturelle, politique et sociale, comment ils arrivent aussi à façonner notre façon de vivre, à façonner, pour nous une façon de comprendre d'être haïtien, donc mon intérêt pour les études de femmes et les gens a pris les racines dans ce contexte là et aussi tant qu'écrivaine aussi et pouvoir écrire pour comprendre la manière avec laquelle je me situe dans mon espace socioculturel, c'est quelque chose qui me donne la possibilité d'interroger mon espace. Ma relation avec les milieux que je fréquente, que ce soient les communautés qui sont proches de moi, que ce soient les communautés haïtiennes -- et pour moi, il n'y a pas vraiment une différence entre être une féministe, et puis pouvoir écrire en fait -- et l'écriture me permet vraiment de d'être moi, de toucher et de pouvoir vraiment être en contact avec une certaine façon de penser et qui n'est pas nécessairement la façon de penser dominante, ou du moins c'est la façon d'être qui est généralement le plus visible donc l'écriture me permet de faire ce travail, d'être contact avec plusieurs façons d'être la diversité, la diversité des personnes de groupes qui participent à nos espaces identitaires, donc tout ça fait que pour moi le rapprochement où la cohabitation entre et mon focus sur les femmes le travail des femmes et aussi et mon travail littéraire, ça, c'est la cohabitation, c'est une cohabitation qui se fait bien. Oui, merci.
Anna et Seb: D'accord. Oui, voilà ce que tu veux te poser une question, c'est est-ce que vous est-ce que vous étudiez ou est-ce que vous écrivez, est-ce qu’il y a une région spécifique dans Haïti, comme il y a une ville où un autre sorte d'endroit qui est votre focalisation?
Beaudelaine: Mmh mmh. Ok, Merci à cette question, bon, je ne me base pas particulièrement sur une région spécifique, mais c'est une question assez intéressante parce que c'est vrai que dans mes plans de mes travaux littéraires, je ne me dis pas Ok, je vais mettre l'emphase mais le focus sur cette région d'Haïti et non pas une autre, mais ce que je remarque, c'est que posée la question, je me dis: bon c'est pas vraiment un choix délibéré, mais ce que je remarque dans mon écriture, c'est que la ville où je suis née, Saint-michel, de l'Attalaye, est vraiment présente donc en particulier, Hm il y a 15 ans de cela, en particulier, j'écrivais c'était un moment où je me rendais compte que j'allais vivre aux états-unis et je dis cela, parce que j'ai vécu, je suis là aux Etats-Unis pendant près de 15 ans et même mon plan ce n'était pas vraiment de vivre aux états-unis, un moment de ma résidence etait les villes jumelles où j'ai vécu près de 12 ans, j'ai réalisé bon, c'est là, c'est aussi dans la vie virtuelle, donc je me suis dit: Ok, mes œuvres, dans mes écrits, particulièrement à partir de ce moment-là, je me suis mise à la recherche de ce que ça veut dire que d'avoir un espace social, ce que ça veut dire que d'appartenir à un espace donc dans cette quête de me chercher et de comprendre ma situation sociale et culturelle, donc je me suis mise à écrire Saint Michel de l'Attalaye, et là où je suis née, et cette recherche et cette connexion avec ma ville natale. C'était aussi un moyen de comprendre mon histoire, de comprendre de mon adolescence, de comprendre aussi l'histoire de ma famille en Haïti et leur parcours, donc c'était une façon de retourner vers mon histoire et vers l'histoire de mon peuple et la manière de procéder, et alors c'était de de revisiter en mémoire, et puis aussi de revisiter avec le peu de connaissances que j'ai de cette ville et cet attachement à Saint-Michel. J'écris à propos de Saint-Michel, et à partir de ma mémoire, à partir des histoires que j'ai glanées çà et là de mes parents, mais pas nécessairement, c'est Michel comme un objet de recherche, mais c'est Michel comme elle résonne à moi, c'est Michel, comme je m'en souviens comme par exemple, et ce que cela veut dire que d'être né, d'avoir pris naissance quelque part, et puis de faire le retour en arrière pour comprendre ce moment d'histoire. Parce qu'en fait j'ai laissé cette région, c'est Michel quand j'étais petite, on n'y est jamais retourné, mais elle est toujours importante dans une personne qui vit présentement et aux Etats Unis qui aussi a passé la majeure partie de son temps à Port au Prince, la capitale d'Haïti mais aussi qui se souvient, qui se rappelle, et qui a des attachements profonds avec sa ville natale. Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question, Anna.
Anna et Seb: J'ai eu une autre question après ça, merci pour la réponse. Est-ce qu’il y a une histoire ou un moment personnel que vous pouvez partager avec nous sur votre ville natale peut-être.
Beaudelaine: Mais c'est une question assez intéressante, ok, ah oui, en fait, Hm, que voici les souvenirs qui me viennent en tête quand je fasse ma ville natale, je vais partager en quelques-uns avec vous. Par exemple, je me rappelle, j'étais probablement…ok, tout suite après kindergarten, c'est comme ça qu'on appelle cette classe en Haïti, donc mon frère et moi, et on allait on fait à l'école dans notre quartier donc c'était tout près et on avait peut-être six ou sept ans, mais on marchait, et on a peut-être eu 7 ou 10 min pour aller à l'école, donc ce que je me souviens, Ah! L'image qui me vient en tête très souvent quand je pense à Saint-Michel, c'est la brume qui est dans l'air, c'est par exemple, je marche et puis devant moi, je ne peux voir rien, parce que l'air est très frais, et puis il y a la brume aussi de la matinée et que l'on reçoit sur nos vêtements sur notre peau. Je me souviens de tout ça, donc c'est une ville natale qui est très verdoyante, qui est très fraîche aussi, parce que pour voir la brume, et puis pour voir la rosée, ça veut dire que mon frère, nous nous sommes levés de très tôt pour aller à l'école, donc parfois quand je pense à la dégradation de l'environnement et puis automatiquement je fais un retour en arrière, et puis cette image de Saint-Michel qui est verdoyante et qui est très fraîche et puis on peut goûter et à travers nos narines et les fruits qui grandissent, et les arbres qui donnent leurs fruits autour de nous. Par exemple, les mangues et les avocats tout près, donc ça c'est une image assez intéressante et ça me vient souvent pour une raison ou une autre et l'autre image par exemple, j'imagine aussi ces drames verdoyantes. J'aime aussi pédaler ma bicyclette quand je suis dans les villes jumelles. La seconde image qui me vient en tête. On était dans une tournée et une excursion, probablement en on marchait, j'étais avec mes parents et puis probablement quelques unes de mes soeurs, et puis aussi mon frère, et puis j'ai perdu mon chemin, j'ai perdu le groupe et puis on était dans un endroit assez vaste, avec du gazon et puis avec des arbres, tout autour donc je ne pouvais pas retrouver mon chemin, et je ne pouvais pas non plus emboîter le pas aux autres avec qui j'étais en randonnée, donc je me souviens qu' il y a eu et ce qu'on appellerait ici un policier, qui m'a vue en état de détresse, et puis qui m'a dit et qu'est ce que vous faites là, et puis ce que j'ai fait, vraiment je tremblais de peur. Je ne savais pas quoi dire, je ne connais pas le monsieur non plus, et puis c'était une personne qui avait une certaine autorité qui me faisait peur, et puis j'ai la réponse que je lui ai donnée quand je devais avoir peut-être huit ans, j'ai dit: Je suis la fille de Neker, Pierre, et j'habite à rue Guerrier, donc c'est une phrase qui me revient souvent et en fait, j'ai écrit un poème qui va être publié dans un journal qui s'appelle ma commère, mais j'ai utilisé cette phrase aussi à présent dans le poème dans un petit moment de souvenir un petit moment d'attachement à ma mémoire et aussi à mon histoire qui me vient assez souvent, donc ça. C'était pour répondre à ta question là, je ne sais pas si t'es satisfaite.
Anna et Seb: Ah! Oui, absolument merci, merci, nous sommes heureux que tout ça marchait bien.
Beaudelaine: Super! Merci.
Anna et Seb: Oui, donc vous avez discuté les relations entre les gens et votre communauté, et je pense que c'est beau parce que le monde est humain, mais un autre élément humain c'est la langue, donc pouvez vous parler de votre expérience avec la langue en général, les langues, spécifiquement avec les croyances haïtiennes et l'anglais parce nous savons vous parlez bien la langue. Donc, nous voulons votre perspective parce qu’on pense que les personnes qui connaissent bien les langues ont des perspectives très intéressantes.
Beaudelaine: Tu es très généreux, Seb, merci, c'est gentil à toi, En fait, tu sais, je me dis souvent que je n’ai aucune langue en fait et dans ma famille, en Haïti et la maison de mon père, on a grandi avec un amour de la langue française. Par exemple chez mon père et ma mère, on nous encourageait toujours à parler français et non créole et très souvent en cadeau quand on parlait la langue créole, qui est la mère -- il y a aussi une langue qui est sortie de la diversité des personnes et des expériences et des aborigènes, et qui étaient et qui vivaient dans Haïti, qui était avant ce domaine, et c'est aussi une langue qui a émergé et de la diversité des peuples d'afrique qui ont été transplantés de la Caraïbe et en Haïti, et aussi la colonisation française, espagnole et anglaise et portugaise que l'on aille dans cette communauté et l'émergence, le fait que la langue créole s'est constituée, c'est aussi une façon pour cette diversité, de peuples et de mouvements de créer quelque chose qui leur appartenait -- donc c'est ainsi que la langue se situe et émerge en Haïti, la créole comme une langue maternelle comme une langue que l'on parle aux quatre coins du pays, et parce que aussi c'est une langue qui exprime notre quotidien, à travers laquelle on transmet nos valeurs, à travers lesquelles on s'affirme en tant que personnes humaines, donc mais en même temps, le paradoxe aussi, c'est que, malgré que l'on parle la langue créole sur tout le territoire haïtien, la langue créole n'était toujours pas une langue officielle, donc ce que je veux dire par là, c'est que au moins les 150 premières années du pays quand tu vas à l'école, tu écris en français quand tu es officiel, du gouvernement
et quand ils parlent à la nation, donc tout ça se fait en français, donc, et j'expliquais aussi tout à l'heure que dans ma famille, à moi, et c'est pour cette raison aussi que mes parents nous encourageaient, nous disaient Exprime-toi: donc à être régional; je pouvais voir la manière discriminante dans les dialogues. Donc, on parlait français à la maison. Mais au marché public, quand on jouait dans la cour de récréation donc on s'exprimait en créole, cela m'a permis aussi de voir et d'articuler mon travail. Par exemple, quand j'étais au collège, ça m'a donné un espace pour réfléchir à la manière dont les deux langues cohabitent en Haïti, que ce soit dans les espaces formels ou informels, par exemple, on se présente dans un bureau et il y a une attente, une explication dans quelle langue il faut parler, que ce soit par exemple, écrire un livre, ou bien on doit faire une thèse et nos structures sociales nous disent quelle langue va mieux recevoir ce travail, donc, et puis voilà, et puis ce qui est intéressant aussi, c'est que ah! Je crois que mon interaction avec les langues aussi m'a permis vraiment de comprendre, comme malgré les différences et malgré et que l'on soit situées à des niveaux divers de la hiérarchie sociale, on s'influence l'un l'autre, et en fait, quelques années après ma graduation et à la faculté des sciences humaines où j'ai fait mes quatre premières années d'études, J'ai travaillé avec une organisation qui aussi était connectée avec la République dominicaine et puis je parlais en espagnol, donc maintenant, j'ai oublié l'espagnol. Je veux me débrouiller un peu, ce que je peux dire, c'est que ces exemples c'est pour vraiment mettre en face la manière avec laquelle le milieu dans lequel on vit nous construit de manière incroyable, la façon dont on parle un moment cette langue et à un autre moment on ne parle pas cette langue-là et on va s'investir dans un autre espace, donc en termes langagiers, ça a été aussi mon histoire que du matin au soir, maintenant je parle anglais et je dois lire généralement des manuels et des livres en anglais et pour faire mes cours ou bien pour fonctionner professionnellement. Et donc le rapport que j'ai, que ce soit avec l'anglais, que ce soit avec le français ou le créole, aussi, donc c'est pourquoi je considéré que je ne parle aucune langue en fait, et que parfois j'ai moins d'amour, parce que, par exemple, je parle français et puis un autre mot, et qui n'est ni français, ni anglais, ni créole, émerge et puis parce que ça me permet de représenter ce qui se passe dans ma tête. Et puis voilà, et je dis donc: c'est ça mon rapport avec la langue, c'est un rapport d'échange, mais aussi oui, et de transformation individuelle, et de rencontre avec les autres, pouvoir voir la façon dont je suis affichée par mon environnement mais aussi et la possibilité, que j’ai aussi de rendre une langue mienne, ou bien de choisir la méthode ou la manière ou la langue à travers la laquelle je peux m'exprimer ou bien qui est plus proche de la réalité que j'exerce.
Anna et Seb: Oui, merci Beaudelaine pour une réponse bien construite. Je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps maintenant, mais est-ce que vous avez des conseils pour nous comme nous faisons de recherche? Par exemple, Haïti, son histoire et les événements courants.
Beaudelaine: Super, ah, ça me touche que que vous mettez l'emphase sur Haïti dans vos recherches et une question que j'ai par exemple, savoir à quelles sont, par exemple les sources ou bien les livres que vous avez visités ou consultés jusque-là.
Anna et Seb: Oui, aussi maintenant je lis un livre qui s'appelle Haïti: A Decolonial History et c'est un bon livre pour déconstruire les réalité la société a construite d’ Haïti et c'est une ressource pour voir comment les Haïtiens ont vécu avant que les colonisateurs et les manières de vivre, donc c'est un livre que je prends des notes. C'est très utile.
Beaudelaine: C'est super, je suis contente d'entendre ça et donc vous, c'est bien que vous êtes à ce point de vos travaux de recherche, et je suis vraiment honorée vraiment de pouvoir avoir cette conversation avec vous, et je crois que continuer d'avoir des échanges avec des Haïtiens, que ce soit des haïtiens qui vivent aux états-unis ou bien haïti peuvent aussi être un excellent moyen pour vous de vraiment nourrir et orienter votre rencontre. Votre recherche avec Haïti, ou du moins que vous posez, donc ces rencontres, par exemple, sur Zoom, on est en zoom, vous êtes à Minneapolis, c'est de pouvoir rencontrer des gens de vive voix et aussi pouvoir échanger sur vos connaissances et vos expériences en tant qu' Américain ou Mexicain ou haïtien. Donc, c'est c'est une façon vraiment de créer des ouvertures qui peuvent être pertinentes pour votre recherche.
Anna et Seb et Joëlle: Oui, merci. Est-ce que nous allons ouvrir les questions des étudiants de SPA? Si vous avez des questions à poser parce que je sais qu'il y a plusieurs groupes qui travaillent sur Haïti. Vous pouvez poser des questions à notre intervenante généreuse,
Beaudelaine: Bonsoir tout le monde et c'est chouette, C'est une grande salle de classe. Il y avait un groupe assez large ressort à tout le monde, ça fait plaisir de vous voir. C'est super.
Anna et Seb: Je pense que je peux demander une autre question: est-ce qu'il y a un aspect de la culture haïtienne qui vous rend très fière?
Beaudelaine: Bien sûr, merci pour cette question. En fait, il y en a plusieurs, par exemple la nourriture, par exemple, le riz national haïtien, ou du moins un plat que l'on considère qui est vraiment traditionnel et national, c'est le riz à poids, donc il y a deux semaines, de cela j'ai cuisiné et puis j'ai fait une purée de pois pour mes enfants. J'ai préparé un plat ici, parce que mes enfants n'aiment pas vraiment, mais la cuisine haïtienne, c'est quelque chose que j'aime, et puis j'aime notre langue, aussi et puis aussi j'aime la façon dont on considère l'humain son espace social, et ce que je veux dire par là par exemple. C’est que l'individu en Haïti, c'est un être qui est relationnel, et c'est quelqu'un qui qui a des rapports, bien sûr, par exemple, avec son milieu immédiat, tel que la famille, tel que les parents, les mères et les sœurs mais aussi d'autres, réseaux, et qui ne sont pas nécessairement immédiats mais aussi qui participent à ce que cela veut dire que d'être une personne, d'exister, que de vivre et de vaquer à ses activités quotidiennes et la manière dont cela se transmet dans le quotidien haïtien ou du moins dans notre façon de vivre, c'est qu'on est responsable l'aide l'un de l'autre, il n'y a pas nécessairement une séparation en fait il y a une séparation, mais aussi on essaie de comprendre comment, par exemple, nous sommes les événements historiques, mais aussi comme personnes, entités que ce soit humain ou bien non humain. Ils participent à la façon de voir le futur, et en particulier, je pense, par exemple, et les ancêtres que l'on a que ce soit par exemple des ancêtres qui ont émergé à partir de liens héréditaires, mais d'autres personnes avec lesquelles on forge des liens, et qui nous permettent de nous construire, cette manière de construire, une façon de vivre, ou de se construire comme personne et nous permet d'être attentive à des personnes que l'on ne considérait pas comme un membre de famille dans le sens strict du terme mais que l'on voit et que l'on considère pour leur participation et leur contribution, leur présence dans notre espace donc il y a le sens familial et qui est un peu large dans la conception haïtienne, c'est aussi quelque chose dont je suis fiere.
S'il y a d'autres questions, ce sera avec plaisir.
Joëlle: Peut-être si vous n'avez pas de questions. Je sais qu'il y a un groupe de lycéens, je vois un groupe de lycée qui travaille sur la santé après le désastre après le tremblement de terre, et donc toi je sais que tu étais ici, mais tu as fait venir tes enfants et donc tu as eu beaucoup d'écho sur l'aspect médical à se passer avec les ONGs après le tremblement de terre.
Beaudelaine: Oui, c'est la question, en fait, mes enfants, ils sont rentrés, me voir, une semaine avant le tremblement de terre, donc le tremblement de terre nous a liés, ils étaient avec moi, et en fait comme tu l'as mentionné, Joëlle, l'espace de santé en Haïti, en termes de focus, en termes de priorité et aussi des acteurs qui sont intervenus et qui ont pris leur place à un moment assez particulier de l'histoire haïtienne.Tout ça a vraiment contribué à des changements assez intéressants et aussi ls ont vraiment…ils ont fait surface et c'est les défis à laquelle la société haïtienne fait face qui se sont montrés très pertinents, et la manière avec laquelle le tremblement de terre par exemple, a conduit à une révision de nos priorités sur le plan de santé, par exemple, les personnes à besoins spéciaux en raison de la catastrophe du 10 janvier 2012, et du fait que, par exemple, une partie importante de la population haïtienne a perdu leurs bras par exemple, ou bien on perdu une capacité qu'ils avaient avant, donc ce qu'on a fait, c'est les productions de nouveaux acteurs, de nouveaux ONGs travaillant avec les personnes à besoins spéciaux. Et ça on ne l'avait pas vraiment vu donc ce que l'on a vu aussi, c'est la manière avec laquelle des femmes et leurs réseaux communautaires dans leur quartier, ont innové en créant des espaces, pour par exemple donner des soins Psycho affectifs aux victimes du drame parce qu'on est en face d'une situation grave, par exemple des enfants, ils n'ont plus leurs parents ou du moins dans une famille, par exemple, la majeure partie des membres de la famille n'ont pas survécu, donc il fallait vraiment utiliser les moyens du bord pour se réinventer, et pour se dire Ok, qu'est ce qu'on a non seulement en termes économique, mais aussi à ce qu'on a en termes de connaissances. Qu'est ce qu'on a d'espaces qui peuvent aider à diminuer l'impact négatif du tremblement de terre sur des gens qui se retrouvaient vulnérable et sans moyen vraiment de s'en sortir par exemple, pour le ministère de la santé en Haïti d'ouvrir et de donner un plus grand espace aux soins psychosociaux, aux soins affectifs. C’était aussi le moyen pour de nouveaux plans de santé de vraiment répondre à la situation de personne qui demande une assistance, par exemple, qui avait des besoins réels pour pouvoir se réintégrer dans la communauté haïtienne. C'est un carrefour aussi du social haïtien qui nous a permis de mettre l'idée que toute personne est une personne en Haïti dans le tremblement de terre, beaucoup d'haïtiens dans une situation où ils ne pouvaient pas se démêler seuls, ils avaient besoin d'encadrement, et cette idée que l'on doit se débrouiller, on doit s'entraider s'est aussi manifesté au lendemain du tremblement de terre, et puis les femmes aussi du secteur informel qui ont innové en créant des réseaux alternatifs pour se soutenir, mais aussi en en sollicitant des partenaires à leurs amis et à leurs familles qui vivent aux quatre coins du monde support et assistance de façon à ce qu'ils se rétablissent et continuent de vivre en fait.
Anna et Seb: Oui, merci pour votre réponse pour! Je pense que ce sera utile pour les étudiants de SPA, mais nous savons que vous avez des choses à faire et maintenant nous vous remercie pour votre temps.
Beaudelaine: C'était très très bien, merci. Mais pour faire merci Anna, c'est un plaisir d'être avec vous et je vous souhaite bonne chance de votre recherche.
Anna et Seb: Oui. Merci, à bientôt!