18 juillet 2017
Bonjour Jean-Guy,
Je me permets d'apporter un certain éclairage sur le propos que j'ai lu hier, propos dans lequel mon nom était évoqué. J'essaierai d'être bref, car le sujet mérite de discourir sur les événements entourant la création du programme d'Éthique et Culture religieuse.
D'abord, je suis sensible au questionnement que tu formules. Je partage ton inquiétude quant à la situation actuelle au plan éthique et religieux. Dans un monde d'individuation, quelle place fait-on a l'exercice du discernement et du questionnement éthique? Comment en arriver à vivre ensemble quand l'ignorance de l'autre freine la solidarité et l'éthicité collective?
Il faut se rappeler qu'en 2002, il avait été décidé de reconduire les programmes religieux et d'enseignement moral pour un nouveau terme de cinq (5) ans et de se prévaloir de la règle d'exclusion que permet la Charte canadienne. J'étais alors engagé au Ministère pour rédiger le programme en enseignement religieux protestant du 1er cycle du secondaire, superbe programme qui permettait de concilier une quarantaine de dénominations religieuses différentes. Même si j'étais conseiller de français, on a retenu ma candidature pour ledit projet étant donné mon expérience et mon expertise.
À la fin de l'année 2003 ou 2004, virement de politique. Le Gouvernement abandonne la reconduite des programmes religieux et d'enseignement moral à la suite de la querelle des écoles juives qui, selon les reportages de l'époque, ne respectaient pas le programme officiel du Québec, PFÉQ.
Le Gouvernement décide de concevoir un programme universel en éthique et en culture religieuse. J'ai été chargé de concevoir le plan de formation national de près de 65 000 enseignants, au primaire et au secondaire. J'ai collaboré de façon occasionnelle sur la rédaction du programme, particulièrement au regard d'éléments conceptuels.
Il faut bien saisir l'angle du programme. Dorénavant, on se situe dans une optique de culture religieuse; cela signifie l'absence de tout élément prosélytique. Quant aux éléments ou références bibliques, ils sont traités sour l'angle culturel. Déjà, dans le programme protestant, les arts visuels occupaient une grande place, car ils étaient au service de l'appropriation des références bibliques.
Le programme ÉCR repose sur deux piliers : l'éthique et la culture des grandes religions. Le dialogue en est la charnière. Les connaissances à acquérir sont au service du développement des compétence de programme. Les essentiels sont le développement du sens éthique et la meilleure connaissance des grandes religions et du fait religieux.
La question que tu soulèves est davantage liée à la qualité de l'enseignement et à la place accordée à ce programme dans l'aménagement du temps d'enseignement. C'est le cours pour lequel on gruge du temps, du temps et du temps pour vaquer à d'autres activités.
J'espère que ce bref commentaire, qui mériterait à être explicité, apporte un éclairage pertinent au questionnement que tu soulèves. L'éducation est de donner des racines et des ailes, selon le poète juif; selon moi, le programme ÉCR est porteur de cette philosophie éducative.
Cordialement,
Donald Guertin