Les frontineurs et les pluvoyers

Fley’ra est une contrée pauvre en zones irriguées, sa surface est presque totalement dépourvue de cours d’eau. Et même si son unique fleuve avec ses deux affluents sillonne une vaste zone, il reste de toute façon insuffisant pour la totalité du territoire. Par chance, mère nature s’est dotée d’acteurs végétaux pour pallier à cette terrible carence hygrométrique. Bien que la surface soit pauvre en eau, son sous-sol est quant à lui un réservoir particulièrement bien fourni.


Dans les zones désertiques et semi-désertiques poussent les frontineurs. Ces arbres au large tronc haut de deux mètres dépourvus de feuilles dont les racines s’enfoncent profondément sous terre. Il y puise l’eau inaccessible de la surface pour la restituer en suintant le liquide dans un réceptacle naturel situé au pied du tronc. Ce petit bassin en forme de coquille Saint-Jacques, permettant de recueillir une dizaine de litres, peut se remplir une fois par jour dans les zones désertiques et plusieurs hectolitres dans les zones les moins arides. Dans de rares cas, des spécimens peuvent être trouvés en montagne ou en forêt, mais jamais en plaine. Comme la plupart des arbres de la contrée, ils vivent souvent plusieurs siècles. Et la faune et la flore avoisinante en dépendent largement.


Dans les régions plus tempérées, on trouve son cousin le pluvoyer. Un arbre colossal à la frondaison à la fois très haute et très étendue. Ses branches aux ramifications fourmillantes sont recouvertes de poils microscopiques qui capturent l’humidité de l’air lui procurant un manteau de pluie qui lorsque le vent souffle, le pluvoyer, dont la flexibilité est extrême, s’agite projetant des millions de gouttes comme un crachin sur une large zone, dépassant souvent l’hectare.

Profondément enracinés, ils se répandent grâce à des rhizomes de plusieurs centaines de mètres et sont très nombreux dans les plaines du Grého au sud de Guémina. Ce sont les meilleurs alliés des paysans qui profitent des pouvoirs liés aux vents pour “arroser” au meilleur moment. Sa forte prolifération reste toutefois peu significative, car son espérance de vie reste très faible comparée à celle de son cousin. Il vit au mieux 50 cycles, mais ne peut générer de nouveau rhizome qu’après 20 cycles et ne croit que durant10 cycles pour atteindre une taille allant jusqu’à 50 mètres de haut pour 20 mètres de diamètre sur presque toute sa hauteur. Son bois tendre et souple reste privilégié pour entretenir le feu des braséros ou nourrir les nonautes qui vivent dans les troncs fraichement tombés durant la période des amours.