L'Australien Cecil PURDY (1906-1979), Champion du Monde des Échecs par correspondance de 1950 à 1953, a écrit :
"Somebody that specializes in the Colle System will have to spend only one tenth of the time studying Chess openings
than he would have to otherwise. That is certainly one of the big advantages of this Opening."
( traduction : "Celui qui se spécialise dans le Système Colle ne devra consacrer qu'un dixième du temps normalement requis
pour étudier une ouverture d'Échecs. Tel est certainement l'un des grands avantages de cette Ouverture." )
Système Zukertort-Colle
: un véritable fianchetto à l'Aile Dame ;Système Colle
pur : c2-c3 et Cb1-d2.Même si l'ordre des coups ne doit pas scrupuleusement être respecté, les Blancs joueront ainsi typiquement :
fianchetto
)Système Zukertort-Colle
) et c3 (Système Colle
)Système Zukertort-Colle
) et Cbd2 (Système Colle
)pour aboutir aux formations blanches suivantes :
Système Zukertort-Colle
Système Colle
Système Zukertort-Colle
duo c4-d4
.duo c5-d5
, la probabilité d'échanges {c4xd5, c5xd4, d4xc5, c4xd5} oblige cependant les Blancs à pondérer les risques que comporte l'ouverture des {colonne c, colonne d} avant que les pièces lourdes
{Tours, Dame} ne s'y soient solidement arrimées.paire de Fous
; les Blancs gagneront dès lors à conserver leur paire de Fous le plus longtemps possible dans le milieu de partie.tempo
) ; cette structure de pions crée une case faible
en e5 que le Cavalier f3 pourrait occuper afin de dominer la position noire en milieu de jeu - a fortiori si les Noirs s'avisaient de vouloir gagner de l'espace au moyen de la poussée f7-f5.case faible
qui pourrait devenir le talon d'Achille de la position blanche ; un Cavalier Noir en e4 et/ou un pion noir en f5 seraient susceptibles d'assurer un très fort contre-jeu
à l'adversaire, parce que l'un et l'autre obtureraient l'une des diagonales du Fou d3.Système Colle
duo d4-e4
.tempi
dont les Noirs pourraient profiter pour égaliser, voire pour obtenir une initiative "entêtante" en milieu de jeu.Système Zukertort-Colle
, les Noirs n'auront vraisemblablement pas osé avancer leur pion e jusqu'en e5 ; outre le saut du Cavalier f3 vers e5, une Tour blanche qui s'installerait en bas de la colonne e y exercerait une pression durable, surtout si cette colonne en venait à se vider partiellement ou totalement de ses pions après e3-e4 et l'échange commençant par d5xe4.De manière générale, dans les deux Systèmes, la position blanche s'avère apte à résister à toutes les formes d'attaques que pourraient concocter les Noirs, avec comme seules réserves :
Système Colle
en raison de l'embouteillage créé par le Cd2 vis-à-vis du Fc1 ;Les Blancs ne doivent pas réciter les coups du Système Colle
ou du Système Zukertort-Colle
quoi qu'il advienne, mais doivent au contraire pouvoir y déroger en cas de surprise de la part de l'adversaire. Par exemple, si les Noirs jouent e7-e5 malgré tout, dans un esprit de gambit
pour démanteler la structure blanche, même au prix d'un pion ; ou, au contraire, s'ils se refusent à venir au contact et se cantonnent dans une formation en hérisson
au moyen de deux Fianchetti
et de coups tels que d7-d6 et e7-e6.
Johannes Hermann Zukertort est né le 7 septembre 1842 à Lublin, ville qui appartenait alors à l'Empire russe à la suite des partages de la Pologne. Ayant fait ses études à l'Université de Breslau (Wroclaw), c'est-à-dire dans l'Empire allemand, il participa à la Guerre de 1870 contre la France et fut décoré pour avoir été le seul officier survivant de son régiment à la bataille de Gravelotte (commune de Lorraine).
Revenu à la vie civile, il devint le protégé du plus fort joueur d'Échecs de son temps, l'Allemand Adolf ANDERSSEN, le vainqueur du premier grand Tournoi international de l'Histoire disputé à Londres en 1851.
Anderssen ayant perdu à Londres un match défi contre l'Austro-Hongrois Wilhelm STEINITZ en 1866 (+6 =0 -8
), c'est également à Londres que Zukertort releva le gant pour défier Steinitz en 1872. Sa défaite y fut très nette : +1 =4 -7
.
Zukertort changea alors plusieurs fois de nationalité, alternant les citoyennetés polonaise et allemande au fil des années, pendant les meilleures années de sa carrière échiquéenne. Il remporta ainsi les Tournois de Cologne (1877), Paris (1878) et Londres (1883) et gagna un match contre son maître Anderssen ainsi que divers duels avec ses contemporains.
Chemin faisant devenu primus inter pares parmi les maîtres de son époque, il en arriva à se convaincre qu'il serait en mesure de prendre
enfin sa revanche contre Steinitz. Et en 1886, il lui proposa une bourse attrayante afin de mériter son attention, ainsi que des rencontres
à tenir à New York, à Saint Louis et à La-Nouvelle-Orléans pour - suprême provocation dans l'esprit de Steinitz à l'époque - le défier,
"titre mondial en jeu" ... Rien de moins !
Johannes Zukertort mena nettement ce match (4-1) grâce à style de jeu très enlevé, mais il se fit rejoindre au bout de la neuvième partie par un adversaire maîtrisant davantage les subtilités des ouvertures, pour finalement s'incliner très lourdement : 7,5 à 12,5 (+5 =5 -10
).
Il s'établit alors à Londres, mais sa santé ne lui permit de survivre que deux ans à cette rencontre spectaculaire qui, de nos jours, est considérée comme le premier Championnat du Monde officiel de l'Histoire.
Ses contributions à la Théorie des Ouvertures
furent importantes, puisque outre le D05 Colle-Zukertort System
que perfectionna Edgard Colle, il développa le début 1. Cf3. Ce type de parties reçut d'ailleurs le nom de "Zukertort's Opening" et le conserva pendant une quarantaine d'années, avant de devenir la A04-A09 Reti Opening
, soit un pan majeur de la pratique contemporaine des Échecs.
Ces deux schémas d'ouverture ont été pratiquées occasionnellement par la plupart des Champions du Monde de l'avant-guerre, mais font figure de raretés chez les joueurs actuels.
Ce qui frappe, c'est le taux de succès assez important (69%) obtenu par les Blancs. Chiffre à relativiser néanmoins par le fait que la plupart des parties ont allègrement franchi la barre des 40 coups, la décision tombant dès lors loin en milieu de partie, voire en finale, et non sous l'effet d'avantages acquis en entame de partie.