Comme dans la partie de la ronde précédente (sauf qu'il y était aux commandes des pièces blanches), Lautier s'engage dans une partie à structure de pions floue et dans un esprit peu belliqueux. À plusieurs reprises au cours des dix premiers coups, il a la possibilité de jouer c7-c5, mais il s'abstient de le faire, préférant bâtir une chaîne en forme de terrasse (duos
a7-b7, c6-d6 et pion e5 en pointe) afin de réduire l'efficacité de la triplette
centrale adverse c4-d4-e4. Une fois la pression exercée par sa Dame sur la case d4 résolue par un échange, il choisit ensuite de redéployer ses Cavaliers de telle manière à ce que la case e5 puisse servir de verrou éloigné pour son roque.
1. Cf3 Cf6 2.c4 g6 3. g3 Fg7 4. Fg2 O-O 5. O-O d6 6. d4 Cbd7 7. Cc3 e5 8. h3 c6 9. e4 Db6 10. Te1 exd4 11. Cxd4 Ce8 12. Cf3 Ce5 13. Cxe5 dxe5
Diagramme 1 : Karpov-Lautier, position après 13... dxe5
r1b1nrk1/pp3pbp/1qp3p1/4p3/2P1P3/2N3PP/PP3PB1/R1BQR1K1 w - - 0 14
De l'autre côté de l'échiquier, les Blancs ont établi un étau de Maroczy
, ainsi nommé pour illustrer l'emprise "croisée" exercée par les pions c4 et e4 sur la case d5 (voire sur les cases blanches de la cinquième rangée en général) et pour rendre hommage à Geza MAROCZY
- qui en théorisa la mise en pratique dans certaines ouvertures, avant tout sur 1. c4
, mais aussi (comme ici) sur 1.d4
et sur 1.e4
.
Outre sa solidité intrinsèque, cette formation fournit une grande liberté de mouvement au Fou de cases noires : sans bouger, il contrôle la diagonale c1-h6, c'est-à-dire le flanc extérieur du roque noir ; s'il vient se placer en retrait de l'étau (e3), il trouvera une autre diagonale dégagée, puis il pourra au besoin se faufiler vers c5 pour cette fois menacer le flanc intérieur du roque adverse.
En comparaison, le Fou noir, quoique ayant sa diagonale en théorie dégagée, ne peut en réalité se déplacer que vers e6, où il buterait sur c4, la seconde pince de l'étau de Maroczy
.
Enfin l'étau de Maroczy offre un jeu de pions extrêmement flexible aux Blancs en milieu de partie. Ils ont en effet le choix entre un jeu solide à l'Aile Dame, en consolidant la pince c4 par b2-b3, et une mobilisation rapide des trois pions pour viser à constituer des formations de type a3-b4-c4, a4-b4-c5 ou a5-b4-c4. Du côté de l'autre pince (e4), quelques plans sont envisageables, selon que, par exemple, le Roi demeurerait en g1, irait vers le coin (h1 ou h2) pour s'avancer prudemment derrière ses pions "en tortue" comme le faisaient les légions romaines, ou au contraire profiterait d'un échange rapide des Dames pour, après f2-f4, se rapprocher du centre et gagner en influence dans la phase de transition vers la fin de partie.
À partir de la position actuelle, l'éventualité d'un étau de Maroczy opposé existe certes si les Noirs arrivaient à jouer c6-c5.
Mais les Blancs se réjouiraient d'un tel mimétisme, car la symétrie n'en serait pas pour autant totalement rétablie. En effet, les Blancs bénéficient d'une avance de développement
, de sorte que c6-c5 serait une bénédiction pour eux, car ils installeraient sur le champ leur Cavalier actif en d5 pour l'y faire convoiter avec un Fou en appui les cases noires c7, e7 et f6 tapies au plus profond du camp ennemi.
14. Da4 a5 (vise à empêcher l'immédiat 14. b4) 15. a3 Cc7
Ce Cavalier s'avère pataud : il aurait sans doute aimé aller en d6 au coup précédent pour attaquer le pion c4, mais pour quoi faire ensuite ? Pour autant que les Blancs la laissent filer jusqu'à son terme, sa sarabande aura de toute évidence été très lente (Ce8-c7-e6 et ensuite, e6-c5 ou e6-d4) et aura à chaque étape constitué une entrave, soit pour la Dame mal située en b6, soit pour le Fou resté scotché en c8.
Karpov a, du coup, également décelé un autre thème, celui du pion empoisonné
qui peut se produire dans certaines ouvertures (en particulier, B97. Sicilian Najdorf Poisoned Pawn Accepted
: 1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5. Cc3 a6 6. Fg5 e6 7. f4 Db6 8. Dd3 Dxb2)
Du coup, il joue 16. Fe3 (voir le Diagramme 2)
Le Pion Empoisonné : un débat controversé.
Tire-t-on ou non un avantage à abandonner la garde exercée par le Fou sur le pion excentré b2 lorsque ce dernier est ostensiblement visé par la Dame adverse qui est sortie en b6 ?
C'est que si la Dame cède à la tentation de prendre en b2, elle y concède de nombreux tempi
qui se transforment en autant de coups de centralisation pour les pièces blanches. Le pion est "empoisonné", car il n'est pas certain qu'un pion en plus vaille davantage qu'une poignée de tempi
perdus.
Diagramme 2 : Karpov-Lautier, position après 13... dxe5
r1b2rk1/1pn2pbp/1qp3p1/p3p3/Q1P1P3/P1N1B1PP/1P3PB1/R3R1K1 b - - 0 16
Comptons les tempi
perdus par les Noirs :
r1b2bk1/5p1p/2p1n1p1/p3p3/N1p1P3/Pq4PP/5P2/R1RQ1BK1 b - - 1 22
(position après 22. Ff1)
D'un point de vue matériel, les choses sont plus ou moins égales - même si c'est parce que Karpov l'a bien voulu - puisque en échange d'une Tour, les Noirs ont obtenu un Fou et deux pions.
Mais les dits pions excédentaires sont bons pour le rebut, et ajouter que que la coordination de la paire de Fous est très loin d'égaler celle qu'auraient des Fous Horrwitz relève de la litote.
Et puis enfin, que fait donc cette Dame en b3 ? Et aussi cette Tour, toujours à la garde du pion a5 alors que trois pièces lourdes blanches sont en batterie sur l'Aile Dame ?
Pour un humain, et a fortiori dans la tête d'un stratège tel que Karpov, la balance penche incontestablement du côté des Blancs.
Pour l'ordinateur en revanche, il existe encore quelques raisons pour les Noirs de croire qu'ils parviendront à garder la tête hors de l'eau. À condition bien sûr de jouer quelques coups (voir ceux soulignés) dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne sont pas censés venir spontanément à l'esprit d'un être humain.
-0.06 Stockfish 6 30 secondes
)-0.06 Stockfish 6 5 minutes
)-0.18 Stockfish_14053109_32bit 20 minutes
)Les deux joueurs ont suivi le même mode raisonnement que l'ordinateur, et abouti aux mêmes conclusions que lui jusqu'au 24ème coup : 22... Cd4 23. Txc4 Dxd1 24. Txd1. Par contre, plutôt que de se jeter avidement sur le pion a3 pour subir stoïquement un long siège, puis - au mieux - annuler, Joël se dit qu'il vaut tout de même mieux pour lui de tenter de dynamiser la paire de Fous dont il dispose et de tirer éventuellement ensuite parti de son pion en plus. Il se décide donc pour 24... Fe6.
Du coup, après 25. Tc3, le pion a3 est protégé, ce qui rend caduques les suites envisagées spéculativement par Stockfish et focalise désormais l'attention sur le pion faible des Noirs. Plutôt que de sauter à la gorge de c6, Karpov fait avant tout en sorte qu'il ne puisse pas avancer, et ainsi se libérer à l'instar du magistral pion d instrumenté la veille par Matthias Wahls contre le même Lautier : 25... Td8 26. Rg2 Tb8 27. Cc5
27... Tb2 28. Fd3 : la Tour a beau avoir fait irruption dans le camp blanc, elle ne mord sur rien.
28... Fa2 29. Ca4 (idem pour le Fou, qui ne sert aucun intérêt concret) 29... Tb3
Échanger le pion c6 contre a3 serait une bonne affaire pour les Noirs, mais tout continue à se passer comme s'ils avaient toujours un (ou plusieurs) temps de retard. Ici par exemple leur est posée en priorité la question de la sécurité de leur Fou : 30. Ta1 Txc3 31. Cxc3 Fb3
32. Ce2 et à présent, Karpov pressent que les Noirs n'oseront échanger les Cavaliers par 32... Cxe2 33. Fxe2 de peur que les pions noirs a et c ne tombent comme des fruits mûrs sous la pression conjuguée de la batterie T+F+R qui ne manquera pas de se mettre en place.
32... a4 (et, de fait, les Cavaliers demeurent en lice) 33. f4 ... le massage continue.
Pourtant, les Noirs sont à la croisée des chemins. Ils peuvent décider de leur sort et disposent même de plusieurs plans concrets.
Diagramme 3 : Karpov-Lautier, position après 33. f4
5bk1/5p1p/2p3p1/4p3/p2nPP2/Pb1B2PP/4N1K1/R7 b - - 0 33
Par exemple, ils peuvent activer leurs pions,
+0.17 Stockfish 6 30"
) ;tempi
de retard, ce qui a déjà permis au Roi blanc de se rapprocher du centre (1.44 Stockfish 6 30"
) ; l'évaluation de l'ordinateur paraît sévère, dans la mesure où la paire de Fous est désormais bien plus active que la Ta1 et que le Fd3.(variante c5) (variante f6)
+0.22
), sans doute parce qu'à un horizon d'une dizaine de coups, la machine n'arrive pas à distinguer une méthode de gain pour les Blancs.Au lieu de ces plans sains qui, tous, reviennent à assainir le pion c et à rendre crédible la menace de promotion
d'au moins un pion noir soutenu en finale par une paire de Fous
capable de résister au couple F+T, Joël Lautier, peut-être commençant à ressentir les effets du manque de temps à la pendule, est pourtant comme magnétisé par un calcul tactique qui lui semble aboutir à un résultat alléchant à première vue : s'il provoquait des échanges éliminant quatre pions de l'échiquier, il ferait du plus avancé de ses pions (a4) un candidat à la promotion susceptible de lui apporter le partage du point, voire, qui sait, la victoire.
Il joue dès lors le médiocre 33... Cb5, histoire de peser sur a3, mais après 34. fxe5 Fg7 35. Tc1 Fxe5 36. Txc6 Cxa3, il se retrouve, certes, avec un pion éloigné passé
, mais celui-ci se révèle à l'autopsie complètement obstrué par les deux pièces qui étaient censées soutenir sa marche en avant et qui se marchent littéralement sur les pieds. La combinaison imaginée par le Français était donc tactiquement juste, mais le manque de vision de la conduite à tenir ensuite dénote de sa part une stratégie vraisemblablement erronée.
Karpov se rend compte que quelque chose cloche du côté du pion a4. Il n'aura plus de cesse que de s'ingénier à prolonger cet état de confusion. On pressent même par moments que le Russe doit se régaler dans une phase de jeu marquée par l'approche du contrôle de temps du quarantième coup.
Après 37. Cg1 Rf8 et 38. Cf3 Fb2, l'embouteillage devient dramatique. Et le jeu du chat et de la souris continue encore et encore : 39. Cd2 Fd1 40. Tc7 Fe5 41. Tc5 Fd4 42. Tc8+ Re7 43. Tc7+ Re6 44. Cf3
8/2R2p1p/4k1p1/8/p2bP3/n2B1NPP/6K1/3b4 b - - 15 44
(position après 44. Cf3)
Dans la position du diagramme ci-dessus, cela fait 8 coups que le pion a4 est bloqué par son Cavalier. Le Fd4 est en prise
. Les cases permettant au Fou d'éviter l'échange se font rares. Enfin, le Roi ne peut pas s'éloigner de ses pions et encore moins franchir le rideau dressé par la Tour pour apporter du soulagement à l'Aile Dame.
Même s'il dispose de davantage de temps à la pendule pour régler ses problèmes, Lautier arrive donc moins que jamais à coordonner ses trois pièces mineures, ou à avancer son pion : 44... Fb2 45. Tb7 Fc1 46. Rf2 h5 47. Fe2 Fb3 48. Cd4+
Le moment de l'adieu à la paire de Fous
est venu, immédiatement suivi par l'instant où les derniers espoirs d'avenir du pion a partent en fumée : 48... Re5 49. Cxb3 axb3 50. Txb3 Rxe4
Reste au Soviétique à asséner le coup de grâce. Il le trouve sur le champ, sous la forme d'un Zugzwang
très élégant : 51. Fd3+
Diagramme 4 : Karpov-Lautier, position finale
8/5p2/6p1/7p/4k3/nR1B2PP/5K2/2b5 b - - 0 51
Un Zugzwang (en allemand : coup forcé) est une situation dans laquelle chaque coup que l'on pourrait jouer perd sur le champ. Ici,
leviers
et "passer" ;Lautier jette donc le gant pour la deuxième fois d'affilée : 1-0
1. d4 Cf6 2. c4 e6 3. Cf3 Fb4+ 4. Fd2 c5 5. Fxb4 cxb4 6. g3 b6 7. Fg2 Fb7 8. O-O O-O 9. Dd3 d6 10. Cbd2 Dc7 11. Tad1 Cbd7 12. Ce1 Fxg2 13. Cxg2 Tac8 14. e4 e5
2r2rk1/p1qn1ppp/1p1p1n2/4p3/1pPPP3/3Q2P1/PP1N1PNP/3R1RK1 w - - 0 15
(position après 14... e5)
C'est le grand moment stratégique de la partie : les Noirs viennent de prendre pied au centre. Du coup, ils soumettent à leur adversaire un choix entre trois types de formations de pions.
isolani
potentiel objet de toutes les attaques en d6 ; à partir de là, les Noirs pourraient bien sûr tenter de bousculer cet état des choses :levier
b5xc4 dès lors qu'ils pousseraient le pion b6 en avant ;leviers
d5xc4 et d5xe4 moyennant une intense préparation de l'irruption au centre du pion arriéré
d6 ; sur d6-d5, le risque est cependant fort que les Blancs jouent l'évitement par e4-e5 et s'approprient ainsi définitivement les cases d6 et f6 ;C'est ce dernier choix que fait Miles. Bien sûr, il cède ainsi la main à son adversaire. Hort pourra en effet effectuer l'échange e5xd4 au moment le plus profitable, mais Tony escompte que ne serait pas le coœur léger que le pion e évacuerait le centre après avoir mis tant de temps (14 coups) pour s'y implanter.
Par ailleurs, tant que les Noirs se satisferont de leurs pions principalement disposés sur cases noires, le Britannique pourra bénéficier d'une forte domination de la case d5 et de ses environs.
15. Ce3 Tfe8 16. f3 a5 17. Tf2 Cf8 18. Cd5 Cxd5 19. cxd5 Cd7 20. Cf1 (voir le diagramme ci-dessous à gauche)
L'opposition e5 contre d4 n'est toujours pas résolue et les Blancs dominent toutes les cases marquées en jaune. Le Cavalier venu de d2 s'apprête d'ailleurs à conforter la mainmise des cases vassalisées.
20... exd4 21. Dxd4 Dc5 22. Ce3 g6 23. g4 Ce5 24. Rg2 Dxd4 25. Txd4 (voir le diagramme ci-dessus à droite)
Le marquage en jaune et vert a été conservé entre deux diagrammes que séparent pourtant dix demi-coups.
Que constate-t-on ?
Les Blancs dominent certes toujours bon nombre de cases blanches intéressantes, mais le Cavalier n'a pas progressé au-delà de e3 ; s'il se dirigeait dans un avenir proche vers c4 afin de lorgner vers les pions b6 et d6, les Noirs veilleraient à l'annihiler à l'aide du Ce5. Or, ce Ce5 vit désormais lui-même sous la menace d'une expulsion (16. f4) qui lui ferait abandonner le contrôle de la case c4.
=> Une autre pièce doit absolument se muer en gardienne de la case c4. => Les Noirs jouent 25... b5.
Du point de vue des Blancs, le souci majeur, c'est que la seule colonne ouverte appartienne aux Noirs. On ne voit pas comment une Tour blanche serait en état de jouter sur la colonne c : par exemple, 26. Tc2 amènerait à un échange, soit en c2, soit en c8, avec à chaque fois pour résultat le maintien d'une Tour noire en c8 en finale. Par ailleurs, aucun levier
n'est en vue pour ouvrir une voie d'invasion digne de ce nom vers le Roi noir.
Par contre, la position est davantage prometteuse à l'Aile Roi, car il y est possible de gagner de l'espace au moyen des pions f, g et h.
=> les Blancs jouent 26. g5 afin de marquer immédiatement la borne extérieure de la future zone d'influence blanche.
La suite n'est qu'une série de repositionnements dans ces buts, à savoir :
26... Rg7 27. h4 h5 28. Td1 Cc4 29. Cf1 Ce5 30. Te2 Tc5 31. Ch2 Tec8 32. f4 Tc2 33. Tdd2 Txd2 34. Txd2 Cc4 35. Te2
2r5/5pk1/1n1p2p1/pp1P2Pp/1p2PP1P/8/PP2R1KN/8 w - - 3 36
(position après 35. Te2)
Les zones d'influence sont désormais bien affirmées : au "Power Play" que peuvent créer les pions d5-e4-f4-g5 au centre ou à l'Aile Roi face aux pions faibles d6 et f7 et au Roi noir répond un potentiel de passage en force similaire à l'Aile Dame grâce à la batterie {3 pions+C+T} contre les passifs {2 pions+T} dont les Blancs doivent se contenter.
Plus avancés dans l'exécution de leur plan, ce sont les Noirs qui passent à l'action les premiers.
35... Cb6 36. Cf3 Tc4 37. b3 Tc5 38. Cd4 a4 39. Rf2 Rf8 40. Tc2 Cd7 41. Re3 axb3 42. axb3 Txc2 43. Cxc2 Cc5 44. Cd2 Re7 45. Cxb5
Les Blancs veulent que la poussière retombe à l'Aile Dame avant de mener leurs opérations ailleurs sur l'échiquier. Stockfish préconise au contraire de se ruer sans attendre vers l'avant via 45. f5 et considère que les Blancs pourraient ainsi en retirer un net avantage.
45... Cxb3 46. Cd4 Ca5 47. Rd3 Rd7
Voilà : les Noirs ont, avec b4, obtenu un candidat à la promotion sérieux. Aux Blancs de jouer à présent !
48. f5 Rd8 (Hort, à raison, n'effectue aucun échange précipité) 49. Rc2 Re7 50. Cb3 Cb7 51. f6+
C'est décidé : d5 est appelé à devenir le pion candidat
des Blancs.
51... Rd7 52. Rd3 Cc5+ 53. Cxc5 dxc5 54. Rc4 Rd6 55. e5+ Rxe5 56. Rxc5 b3 57. d6 Re6 58. Rc6 b2 59. d7 b1:D 60. d8:D
Diagramme 5 : Miles-Hort, position après 60. d8:D
3Q4/5p2/2K1kPp1/6Pp/7P/8/8/1q6 b - - 0 60
Ayant inexorablement progressé vers leurs buts respectifs, les deux protagonistes de cette partie se retrouvent dans une situation parfaitement égale, à condition de ne pas se déconcentrer et de permettre aux Noirs de s'emparer du pion "socle" h4 car, si tel était le cas, le Roi noir ne manquerait pas de manger les autres pions ou de se cacher derrière sa Dame ; après l'échange des Dames, le pion h5 irait rapidement au but.
Au bout de cinq minutes, quatre continuations sont envisagées par Stockfish 6 et tous les verdicts concordent : la ligne de conduite blanche doit consister à ne jamais abandonner de menacer Dd8-d5# :
+0.00
)+0.00
)+0.00
)+0.00
)Après soixante coups toutefois, la fatigue guette et peut trahir à chaque pas.
60... De4+ 61. Rc7 ... et c'est déjà le cas car la Dame blanche ne peut plus donner plus mat en d5 alors que le pion h tombe.
61... Dc4+ Le Roi ne reviendra plus jamais en c6 ou c5. 62. Rb7 Dxh4
Et, tout en jouant 63. De7+, l'Anglais se rend compte de sa bévue et, sonné, abandonne sur le champ : 1-0.
Miles s'en va donc partager la lanterne rouge avec Lautier, malgré avoir livré soixante coups d'une excellente qualité.
1. d4 Cf6 2. c4 e6 3. Cf3 c5 4. d5 exd5 5. cxd5 d6 6. Cc3 g6 7. Cd2 Fg7 8. e4 O-O 9. Fe2 Ca6 10. O-O Cc7 11. a4 Te8 12. Rh1 Tb8 13. f3
(+0.38 Stockfish 6 5'
) 1/2-1/2
Diagramme 6 : Polougaïevski-De Firmian, position finale
1rbqr1k1/ppn2pbp/3p1np1/2pP4/P3P3/2N2P2/1P1NB1PP/R1BQ1R1K b - - 0 13
1. e4 c5 2. Cf3 Cc6 3. Fb5
Dans les variantes plus classiques de la Sicilienne, il se joue 3. d4 cxd4 4. Cxd4. Ainsi se crée aussitôt de l'asymétrie, avec une colonne d semi-ouverte avec un empan
(= nombre de cases vides de pions sur une colonne) en faveur des Blancs et une colonne c semi-ouverte comportant un plus grand empan
du coté "noir" de l'échiquier. Avec le coup du texte, le jeu reste demeure en général plus fermé, car chaque fois qu'une colonne se libère, cela se fait le plus souvent avec la disparition simultanée des deux pions qui s'y faisaient face.
3... g6 4. O-O Fg7 5. c3 Cf6 6. Te1 Db6 7. Fa4 O-O 8. e5 Cd5 9. Fb3 e6 10. d4 cxd4 11. cxd4
La colonne c est la première à ainsi devenir totalement ouverte.
11... d6 12. Ca3 Ca5 13. Fa4 dxe5 14. dxe5
La colonne d connait le même sort.
r1b2rk1/1p3pbp/pq2p1p1/n2nP3/B7/N4N2/PP3PPP/R1BQR1K1 w - - 0 15
L'ouverture des deux colonnes s'est effectuée à l'avantage des Noirs : leur Cavalier central est éternel, et si le Fc8 n'est guère vaillant, celui de c1 doit rester à la garde du pion b2, car les conditions ne sont pas du tout réunies pour faire de ce dernier un pion empoisonné
(Cavalier en a3, case de fuite pour la Dame en c3) ; mais, comme la présence du pion en e5 se situe dans le camp de l'adversaire, les Blancs disposent d'un avantage d'espace bienvenu.
Globalement, la position est donc équilibrée.
15. Cc2 Dc7 16. Ce3 Td8 (+0.00 Stockfish 6 30"
) 17. Dc2 Dxc2 18. Fxc2 Fd7 19. Cxd5 exd5
r2r2k1/1p1b1pbp/p5p1/n2pP3/8/5N2/PPB2PPP/R1B1R1K1 w - - 0 20
Il n'est pas évident que l'échange des Cavaliers ait été une bonne idée pour les Blancs.
Le pion noir est certes isolé, mais il n'est pas faible, vu l'absence de conjugaison des forces susceptibles de s'en prendre à lui. Mieux : la colonne c appartiendra sans partage à une Tour noire dès le prochain coup et la paire de Fous entrave le développement de la Ta1.
On se dit à cet endroit que les Noirs ne peuvent plus perdre la partie, mais l'avantage de 105 points Elo
dont dispose Andersson (2630) sur son jeune rival allemand (2525) lui permettra-t-il de le surclasser à partir d'une position aussi sèche ?
26. Fg5 Tdc8 27. Fb3 Fe6 22. Cd4 CC6 23. Tad1 Tc7 24. Ff6
La réponse est : non, car Wahls ne perd pas son calme et prend le temps de disposer ses pièces sur leur meilleure case.
24... Ff8 25. Cf3 Td7 26. h3 Te8 27. g4 h6 28. Te2 d4
4rbk1/1p1r1p2/p1n1bBpp/4P3/3p2P1/1B3N1P/PP2RP2/3R2K1 w - - 0 29
It's too little too late... : le pion a pu avancer, mais il a ouvert dans le même mouvement la diagonale qui autorise la première simplification.
29. Fxe6 Txe6
S'ensuivent des échanges massifs : 30. Ce1 Fe7 31. Fxe7 Tdxe7 32. Cf3 Cxe5 33. Txe5 Txe5 34. Cxe5 Txe5 35. Txd4
Diagramme 7 : Wahls-Andersson, position finale
6k1/1p3p2/p5pp/4r3/3R2P1/7P/PP3P2/6K1 b - - 0 35
Finale de Tours et structure de pions symétrique : cette position est désormais complètement dévitalisée : 1/2-1/2