Les Femmes

de l'Être et du Signe…

Ethnologie Française anc Arts et Traditions Populaires Paris

1983, vol. 13, no2, pp. 139-150 (en notes)

L'ancien thème traditionnel de la métamorphose en oiseau migrateur cygne, oie ou canard sauvage de la fée de l'au-delà, a été altéré par la christianisation| la femme-cygne, capturée au bord du lac où elle venait se baigner sous forme d'oiseau, devient une sainte chrétienne. La païenne prend le voile. Cette étude tente de retrouver à travers les légendes populaires christianisées d'une part, et les textes hagiographiques du XI au XVII siècle d'autre part, la présence occulte de la fée ornithomorphe. Les saintes protectrices des oies sauvages: Brigid d'Irlande, Wéréburge de Chester, Pharaïlde et Amalberge de Gand, Opportune de Normandie, semblent tributaires d'un fonds légendaire qui est celui des fées-cygnes. Elles affectionnent les oies et les canards sauvages, les rappellent à la vie en disposant leurs ossements décharnés. Au-delà de l'antinomie de la pensée traditionnelle et de la pensée cléricale transparaît la signification religieuse des oiseaux migrateurs.

    • Extrait du livre La grande déesse de Jean Markale, chapitre Images et Sanctuaires, page 110-111.
    • "[...] Quant à la statuette en bronze de Kerguilly en Dinéault (Finistère), sur le site sacré de la montagne dite Ménez-Hom, elle ressemble certes à une Minerve, à cause de son casque aux traits de chouette, mais son cimier est en forme de cygne, ce qui nous renvoie, non plus à la mythologie gréco-romaine, mais à la plus pure tradition celtique des "femmes-cygnes", êtres féériques ou divins doués d'une double nature, terrienne et céleste. Les légendes irlandaises fourmillent d'anecdotes sur ces femmes du sidh, de l'autre monde, qui aparaissent dans le ciel sous l'aspect de cygnes blancs et qui, en touchant le sol, se révèlent les plus belles créatures humaines qui soient..."