Suffit-il d'avoir de bonnes intentions pour agir moralement

La méthodologie > la dissertation > l'introduction

Suffit-il d'avoir de bonnes intentions pour agir moralement ?

Pourquoi la question a l'air de ne pas vraiment se poser ?

L'exemple de Thénardier qui, dans Les Misérables, réanime un soldat en essayant de lui vider les poches montre assez que la valeur morale d'une action ne dépend pas que de son résultat, et en ce sens, la question semble un peu naïve. Le fantassin est sauvé, certes, mais personne ne dira de que le pilleur de cadavre a agi moralement. Le sujet propose cependant d'aller beaucoup plus loin. La bonne intention ne serait pas seulement nécessaire pour faire le bien – ce que personne ne contesterait - mais suffirait à donner sa valeur morale à l'action. Or comment prendre au sérieux une telle idée ? Peut-on vraiment assumer non pas que l'intention compte pour une part dans l'évaluation morale de mes actes mais que seule l'intention compte, que l'on agisse ou non, que l'on réussisse ce que l'on entreprend ou pas, ou que l'on produise plus de mal que de bien en s'affairant, bref que seule compte la bonne intention alors qu'il apparaît que le chemin de l'enfer en est pavé ?

Pourquoi elle peut se poser quand même ?

Il est difficile d'accepter une telle suggestion et pourtant, à bien y regarder, a-t-on vraiment la possibilité de la refuser ? Il paraît tout bonnement impossible de lire la valeur morale d'un acte à même ses résultats puisque seule l'intention donne du sens à ce que l'on fait. Thénardier et l'infirmier font la même chose, et pourtant le premier est une crapule et le second un héros. Un acte n'a de sens, et partant ne peut être évalué qu'à partir du moment où il est voulu c'est-à-dire où il est fait avec une certaine intention.

Formulation de l'opposition

Il semble donc d'une part que tout est dans l'intention puisque nos actes n'ont de signification que par elle, mais d'autre part, qu'il est irresponsable et donc immoral de ne prendre en compte que l'intention dans la mesure où l'on attend de la morale une certaine efficacité c'est à dire une amélioration effective de la qualité de l'existence humaine. Bref, faut-il placer toute la valeur de nos actes dans leur intention, ou la bonne intention n'est-elle qu'un artifice rhétorique servant à justifier l'injustifiable ?

Formulation des risques

Il est donc essentiel de trancher, car si on affirme trop vite que seule l'intention compte, on risque de faire de la morale une théorie de la bonne excuse. Si par contre on abandonne trop vite le soucis de l'intention, on risque d'affirmer aveuglément que seuls comptent les résultats et partant que la fin justifie toujours les moyens.