La conclusion
Règle d'or : la conclusion est un bilan et pas un résumé
Il y a une différence entre un résumé et un bilan. Le résumé, c'est dire la même chose en moins de mots. Le bilan, c'est dire dire quelque chose de différent à partir de ce qu'on a déjà dit.
La conclusion du commentaire doit faire le bilan du texte. Il y a quelque chose qui relève du bilan comptable. On regarde ce qu'on a gagné et ce qu'on a perdu à travers cette étude. En gros, il faut reprendre les enjeux exposés dans l'introduction - les gains et les risques potentiels - et examiner si oui ou non ces potentialités sont avérées.
Donc deux parties dans une conclusion :
1) A-t-on bien gagné ce qu'on avait prévu ? A-t-on réussi à éviter l'écueil des préjugés dénoncés ?
Tout texte critique une idée. La raison d'être de cette critique n'est pas seulement de nous écarter de l'erreur, mais toujours aussi de nous éviter un péril. Il faut donc voir si ce péril est effectivement évité en adoptant la position de l'auteur plutôt qu'en s'en tenant à nos préjugés.
Exemple :
Si on commente un morceau d’Épicure, on voit qu'en adoptant sa thèse, on évite le péril qui consiste à chercher le bonheur là où il n'est pas - à savoir dans la quête toujours plus exigeante de la satisfactions de tous nos désirs. Autrement dit on évite le malheur.
De plus, la thèse d’Épicure propose aussi une solution de remplacement : en menant une vie simple, on est effectivement heureux.
On évite le risque de se rendre malheureux, on gagne le mode d'emploi de la vue heureuse.
2) Du fait d'accepter la thèse de l'auteur, ne sommes-nous pas tombés dans un autre piège ? Ne risque-t-on pas autre chose ?
Ici, il faut faire appel à votre sens critique, qui doit être développé par votre connaissance de la philosophie. On doit voir si le texte ne fait pas courir un autre risque, ou s'il n'est pas sujet à une critique lui aussi.
Ce point est délicat, car il est assez dur de trouver de bons arguments pour contrer un philosophe. En général, il y a déjà pensé et répondu. Si vous ne trouvez rien à dire, ce n'est pas grave, il vaut mieux se taire que de faire une critique naïve qui montre qu'au fond on a pas bien compris le texte. Cependant rien ne vous empêche d'essayer, le tout est de rester prudent, nuancé autrement dit interrogatif.
Exemple :
Toujours avec Épicure :
En faisant de l'ataraxie la perfection de la vie heureuse, on évite certes le trouble du désir, et la plupart des maux. Cependant, ne risque-t-on pas ainsi de se condamner à l'ennui, ou comme le dit Calliclès à une vie de pierre ou de cadavre ! N'y a-t-il pas en effet un plaisir propre à éprouver le trouble du désir - quitte à accepter qu'un plaisir pur soit impossible ?