L'analyse de détail
Règle d'or : La paraphrase est l'ennemie numéro 1 du développement
Pour le développement, commentez chaque unité de sens en vous posant les quatre questions suivantes - c'est le meilleur remède à la paraphrase.
Concrètement, au brouillon, le plus simple est de recopier chaque phrase séparément et d'utiliser cette méthode.
Parfois, il faut ne faire qu'une ou deux de ces étapes. C'est le cas par exemple quand l'unité de sens suivante dans le texte est la justification ou la conséquence de ce qui vient d'être dit. Inutile de vous répéter.
La tout première chose à faire, c'est d'identifier la statut de la phrase que vous commentez. Il faut bien comprendre quel est son objectif précis dans le corps de l'argumentation. Chaque phrase est une étape du texte, et elle sert à faire avancer les choses. Il faut comprendre en quoi et comment. L'auteur ne se contente pas de dire quelque chose ou de donner une nouvelle idée, il le fait pour une raison, parce qu'il a un objectif argumentatif en tête. Ainsi par exemple, il peut critiquer une idée, anticiper une objection, s'en faire une à lui-même, illustrer son propos, approfondir son argument, etc. Bien comprendre le statut de la phrase, c'est s'assurer qu'on ne fera pas de gros contre-sens sur le texte.
Concrètement, il faut définir le concept important de la phrase, et si possible le faire par distinction conceptuelle. Attention cependant, il faut le définir dans le sens du texte et pas seulement d'après ce qu'on sait.
Attention. En général le mot important de la phrase est employé dans un sens souvent différent de celui que l'on comprend habituellement. Un des aspects les plus récurrents du travail philosophique consiste en effet à redéfinir les concepts pour les rendre plus justes. Demandez-vous toujours "Comment définit-on tel terme habituellement ?" et "Est-ce que le philosophe définit ce terme de façon critique par rapport à notre habitude ?"
Exemple :
Si on trouve le mot bonheur dans un texte, on peut rappeler que le bonheur, ce n'est ni exactement le plaisir qui est une sensation et non un état d'âme, ni exactement la joie, qui est de trop courte durée pour être un bonheur véritable, ni encore la quiétude qui manque pour ainsi dire de piment ! De là vous définissez le bonheur : état d'âme dans lequel le bien-être est durable et intense. Enfin, vous vérifier que cette définition colle avec le texte. Si ce n'est pas le cas, vous devez montrer pourquoi l'auteur définit cette notion autrement - pourquoi il redéfinit le bonheur. Si vous trouvez, c'est jackpot niveau point.
Selon les passages du texte, trouver un exemple qui illustre l'idée de l'auteur ou faire une distinction conceptuelle peut suffire.
Il faut ensuite justifier ce qui vient d'être dit. Vous devez en un sens aider l'auteur, montrer qu'il a raison de dire ce qu'il dit. En général les arguments sont dans le texte, mais rien ne vous empêche d'en exposer d'autres, si vous en trouver (c'est cela penser par soi-même à l'aide d'un texte !). Cependant, dans ce cas, il faut préciser que la justification n'est pas dans le texte, en disant quelque chose du genre ("on pourrait même ajouter, pour aller dans le sens de l'auteur, que ...). Vous pouvez également essayer de trouver des réponses aux objections qu'on pourrait lui poser. Il s'agit ainsi d’anticiper une objection et de trouver comment l'auteur y répondrait. Cela montre à votre correcteur que vous avez un bon esprit critique, mais que vous prenez le texte au sérieux en essayant d'en faire voir toute l'intelligence.
Exemple : Kant vient de dire que le bonheur est un idéal de l'imagination et non pas un état d'âme. Il faut monter qu'en effet, on peut ressentir la joie ou la quiétude, mais que le bonheur était l'objet de l'espoir. On ne peut à la fois être serein et en extase, or pour éprouver un maximum de bien-être de façon durable, c'est ce à quoi il faudrait arriver ! Le bonheur, c'est donc un but vers lequel on tend, et qu'on se représente par l'imagination. On croit que le bonheur est un état d'âme parce qu'on le confond avec le plaisir, la joie ou la quiétude.
Il faut essayer de tirer un peu les conséquences de ce qui est dit ici. Il faut comprendre ce que ça change pour nous !
Exemple :
Si on vient de montrer que le bonheur est un idéal à atteindre et non un état d'âme réel, il faut se demander si cela condamne l'homme au malheur, ou s'il faut au contraire se contenter pour bien vivre, de quiétude et de joies, sans prétendre atteindre le bonheur parfait.