Mémoire et histoire du communisme

Histoire partagée, mémoires divisées : Ukraine, Russie, Pologne sous la direction de Korine Amacher, Eric Aunoble et Andrii Portnov

Éditions Antipodes, Lausanne, 2021, Illustrations couleur et noir/blanc, 437 pages, 38 fr.

Déboulonnement de statues de Lénine en Ukraine ; réhabilitation du passé impérial et stalinien en Russie ; nouvelle « politique historique » officielle en Pologne : depuis la chute du communisme en 1989-1991, les questions mémorielles sont au centre de l’actualité polonaise, ukrainienne et russe. Elles alimentent les batailles géopolitiques en cours autour de l’ancrage européen de la Pologne ou de l’Ukraine, de l’annexion de la Crimée ou de la guerre dans le Donbass.

Or, la Russie, l’Ukraine et la Pologne sont liées par une histoire commune où les conflits font disparaître les cohabitations et la diversité humaine de ces territoires. En éclairant des espaces, des événements et des figures qui ont été l’objet de récits historiques divergents, voire conflictuels, cet ouvrage montre comment, de l’histoire à la mémoire, des « romans nationaux » antagonistes sont écrits.

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“To Reflect the History of the Party as it was” : The Ukrainian Branch of the Marx-Engels-Lenin Institute in Critical Times (1945–1949)

in Official History in Eastern Europe, Korine Amacher / Andrii Portnov / Viktoriia Serhiienko (eds.), Fibre Verlag, Osnabrück, 2020

Info about the book

“People say of us: because you work in the Marx-Engels-Lenin Institute that means you are on the gravy train and that you do not do anything”. This paper aims to reconsider the Kyïv Marx-Engels-Lenin Institute (IMEL) as an institution defined both by its function and the way in which it functioned. It is focused on the crucial 1945–9 period. These five years encompass the Institute’s recovery from the war and the tightening of Stalin’s rule in the form of Zhdanovism. This short period had a particular resonance in Ukraine in redefining the entanglement of national and Soviet identities especially in the field of history. This paper will first tackle historiographical questions, shedding light both on the working methods of historians and on the conceptual debates between them. Then the focus will shift to their activities, from writing books and reviews to participating in social agitation. Finally, the staff of the institute will be studied because the role of individual characters and their career interests appears to be as important as their ideological motives. This paper will also shed light on the major crisis faced by the Kyïv IMEL during these years, a crisis which obliged the Central Committee of the Communist Party of Ukraine to intervene, with the personal involvement of Lazar’ Kaganovich and Nikita Khrushchev.

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Behind and Beyond Lenin and Dzerzhinskiy: Soviet-Polish Cooperation in Historical-Revolutionary Cinema (1960s–1980s),

Connexe, Vol. 5 (2019).

Lenin and Dzerzhinskiy were the most promoted “divinities” in Soviet popular culture and the two leaders had valuable characteristics too for propagandising the “friendship of peoples” between the Soviet Union and the People’s Republic of Poland: Lenin had lived two years in the Krakow region and Polish revolutionary Dzerzhinskiy became a statesman in Soviet Russia. From the 1960s until the 1980s, Soviets and Poles coproduced three movies featuring Lenin and Dzerzhinskiy as transnational heroes: Lenin in Poland, by Sergey Yutkevich and Yevgeniy Gabrilovich (1966), No Identification Marks (1979-1980) and Fiasco of Operation ‘Terror’ (1981-1983) by Anatoliy Bobrovskiy and Yulian Semënov. The paper considers the interactions between Soviet and Polish professionals during the preparation, the shooting and the releasing of these movies as examples of the “State-socialist Mode of Production” and of its “micro-politics” (Szczepanik 2013). In the 1960’s, Soviets and Poles officially got along well at the ideological level while a muffled antagonism continued about the very representation of their nation. In the late 1970’s and early 1980’s, revolutionary history about Dzezhinsiy was a mere background for popular movies. As political issues had been driven to the background, the professional side of joint movie productions became more obvious. Co-production offered professionals multiple opportunities: to enjoy tourism abroad, go shopping, improve skills by working with foreign colleagues and using cutting-edge technology. Although someone’s involvement might have been motivated by personal interest, both countries would also benefit from the joint projects.

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Commemorating an Event That Never Occurred: Russia’s October in Soviet Ukraine in the 1920s

Text here

in Jean-François Fayet, Valérie Gorin and Stefanie Prezioso (ed),

Echoes of October International Commemorations of the Bolshevik Revolution 1918–1990,

Lawrence & Wishart, London, 2017.

In Ukraine, the Bolsheviks faced a real challenge in promoting their revolution in the 1920s. As the Party History journal wrote in its first issue in 1922: ‘There was no October in Ukraine in the real meaning of the word’ for the main events occurred in Russia. Thus there was a pressing need to legitimate Bolsheviks’ power once the Civil War ended in 1921. They could not avoid using October, as it was the central motif in the new power’s mythology throughout the Soviet Union. However, on the other hand, they also had to carefully consider how to make this a date both politically and nationally appropriate for Ukrainians, and how to make it a popular Ukrainian holiday.

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Du "Grand Soir" à "l’espoir levé à l’Est", comment le mythe révolutionnaire a-t-il perduré ?

Entretien avec le Syndicat Unifié du Bâtiment et des Travaux Publics de la Région parisienne - CNT

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La Révolution russe, une histoire française – Lectures et représentations depuis 1917

Parution aux éditions La Fabrique, janvier 2016

En France, la révolution russe est devenue un repoussoir, le moment fondateur d'un totalitarisme aussi terrifiant que le nazisme. Elle n'est plus envisagée que sous l'angle de ses victimes, aussi bien dans le discours public que dans les manuels scolaires.

Éric Aunoble retrace la réception de l'événement en France depuis 1917 – comment L'Humanité, aux mains des socialistes d'Union sacrée, vilipende la révolution bolchevique ; comment le Parti communiste, créé dans la foulée d’Octobre, impose une lecture de plus en plus stalinienne, se mariant après la Seconde Guerre mondiale avec le discours déterministe de l’Université. Ainsi sont étouffées les voix dissidentes, celles des premiers communistes français, familiers de Lénine et Trotsky. L’usage politique de 1917 se dessèche et Mai 68 ne voit réémerger que des clichés du bolchevisme (qui témoignent toutefois de l’importance de l’événement dans la culture populaire).

Au long d’un siècle, la révolution russe a été lue en fonction du contexte politique français. Ainsi s'explique le retournement qui s'est joué, de l'engouement au dénigrement et à l'effacement d'aujourd'hui, quand triomphe le conservatisme et son rejet de toute "culture révolutionnaire".

Présentation et table des matières.

Bonnes feuilles sur le site de la revue Contretemps.

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Une histoire rêvée du communisme chez André Kourkov, Viktor Pélévine et Valéry Zalotoukha

à la conférence internationale «LES REPRÉSENTATIONS HISTORIQUES ET LA RÉÉCRITURE DU PASSÉ DANS LA RUSSIE POST-SOVIÉTIQUE», les 12, 13 et 14 mai 2011 à l'institut européen de l'Université de Genève. Voir le programme.

Des dernières années du régime soviétique à nos jours, la littérature russe a vu fleurir les dystopies, les uchronies et autres essais « d’histoire alternative ». Ces textes ont déjà fait l’objet d’études et leur volonté de revanche sur un passé et un présent – voire un avenir ! – frustrants est patente. Je voudrais attirer ici l’attention sur un genre bien moins fourni mais peut-être plus subtil, où les auteurs intègrent une fiction à caractère fantastique dans les cadres connus de l’histoire soviétique « réelle », les faits historiques avérés n’étant pas niés mais altérés et / ou réagencés. Dans La Mitrailleuse d’argile [Čapaev i Pustota] de Viktor Pélévine, La grande Campagne de libération de l’Inde [Velikij pohod za osvoboždenie Indii] de Valéri Zalotoukha et la Géographie d’un coup de feu isolé [Geografija odinočnogo vystrela] d’Andreï Kourkov,nous observerons au prisme de différents legs culturels le rapport qu’entretiennent ces fictions avec l’histoire russe et soviétique pour tenter de déterminer ce qu’elles peuvent apporter à notre compréhension d’une période révolue.

On peut lire à ce lien un canevas illustré de la communication.

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"20e anniversaire de la chute du mur de Berlin : Tout est bien qui finit bien" sur le site du CVUH.

A défaut d’autoriser un bilan mémoriel et historique de la fin du bloc soviétique (entreprise trop ambitieuse !), les 20 ans de la chute du mur de Berlin donnent l’occasion de réfléchir au processus commémoratif lui-même et à la vision de l’histoire qu’il véhicule, notamment auprès des générations nées post festum.

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« La famine de 1933 en Ukraine : du tabou au totem » (2008),

sur le site du CVUH : l'article et quelques éléments du dossier sont à lire ici.

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Communication au colloque Le retour des héros : la reconstitution des mythologies nationales à l'heure du postcommunisme à l'Institut Européen de l'Université de Genève, les 6 et 7 décembre 2007 (Actes parus en 2010, chez Académia Bruylant à Louvain).