Kinojudaica, Toulouse, mars 2009

La « commune juive »,

du cauchemar social au rêve cinématographique ? (1927-1939)

Pendant la guerre civile, particulièrement en Ukraine, le mythe de la « commune juive » a cristallisé l'opposition de la majorité de la paysannerie à l'instauration du nouvel ordre bolchevik qui impliquait la critique de la propriété privée et la promotion des groupes dominés, dont les Juifs. Une fois leur pouvoir consolidé, les communistes ont dû tenir compte de cette résistance. Pour exorciser le spectre de la « commune juive », ils ont dû limiter l'importance et donc la visibilité tant des révolutionnaires juifs que des pionniers d'une agriculture collectiviste, les communards.

Dans la deuxième moitié des années 1920, deux phénomènes concourent néanmoins à ramener et à relier ces thèmes politiquement dangereux du collectivisme et de la judéité. La politique des nationalités incite à vouloir attacher à la terre les « hommes de l'air » qu'étaient les Juifs. Les nombreuses colonies agricoles créées dans le sud de l'Ukraine et la Crimée prennent logiquement la forme d'exploitations collectives. Dans le même temps, les difficultés économiques de l'URSS et les luttes au sein du PC ramènent à l'ordre du jour la collectivisation de l'agriculture, réalisée brutalement à partir de 1929-1930.

Dans un régime qui devait justifier idéologiquement ses initiatives et en faire la propagande, le kolkhozien juif devient donc une image qu'on retrouve dans des actualités filmées et des documentaires de 1927 à 1939. On suivra ici les efforts pour la banaliser, lui retirer son caractère subversif.

Le canevas illustré de ma communication est à télécharger ci-dessous.