Ouliana Chémiakova

paysanne de Volokhovka (région de Kharkiv), née en 1904.

Entretien en "sourjik" du 28/07/2000, prise de notes par Inna

Elle a travaillé dans la commune en 1932.

Q : Comment la commune s'est-elle organisée ?

R : Après la révolution, des activistes ont commencé à arriver, ils faisaient de l'agitation [pour convaincre] les gens d'adhérer à la commune. Ils ne nous laissaient même pas aller travailler aux champs, pour qu'on aille avec eux. On a tout confisqué aux gens aisés pour [donner au] le Kolkhoze et la commune. Moi, la commune me plaisait, il y avait la jeunesse, on jouait de la musique, c'était gai. Je vivais dans ma maison, mais je travaillais à la commune. Ivan Alekseevitch Roubets était le principal [l'homme le plus important], il aimait beaucoup les femmes (vieilles ou jeunes, ça lui était égal). Moi, ça ne me plaisait pas et on m'a renvoyée. Ensuite j'ai travaillé au Kolkhoze "Molot", j'y ai donné mes biens, après, il s'est désintégré; il a existé tant qu'il y avait les biens confisqués aux riches.

Notre propriétaire était de Petersbourg, lui-même un Allemand. Sa sœur s'est mariée avec le Tsar; le propriétaire était bon, il avait donné l'ordre de transformer une remise [ambar] en école. En 1914, Koltsov, l'intendant [upravljajushchij], a fait construire une école aux Khoutory et à Belyj Kolodets, tout ça la même année.

Q : Pourquoi les gens venaient-ils à la commune ?

R : Les gens venaient plus à la commune, ils ne voulaient pas aller au Kolkhoze. Mirochnitchnenko s'est même caché.

Q : Parlez-nous de Roubtsov.

R : C'était une homme simple, des [classes] pauvres, un arrivant [c'est à dire pas quelqu'un du coin]. Il avait deux filles.

Une a fait des études en ville, elle a été tuée dans un champ, sans doute en rentrant à la maison. La deuxième fille, il l'a lui même étranglée avec son foulard de pionnière, après une dispute. Roubtsov avait aussi une sœur.

Q : Avez-vous des souvenirs sur d'autres communards ?

R : Zaroudny n'a pas voulu être dans la commune, il est parti à Kharkov, il s'est installé là-bas. Botchkov Arkadi Ivanovitch et sa femme ont vécu chez nous jusqu'à la deuxième guerre mondiale. Ils avaient peur que les Allemands les fusillent, c'est pourquoi ils se sont cachés et il ne leur est rien arrivé.

Q : Quand et pourquoi la commune s'est-elle désintégrée ?

R : Après la famine de 1933. Il y avait une machine à la commune, elle a grillé; le grain a grillé aussi et tout s'est défait.

[Elle a parlé d'un affamé qui a mendié du travail auprès du président de la commune pour avoir un peu à manger; lequel a refusé : "je ne peux pas"]