4. Les organisations non gouvernementales (ONG)

4. Les organisations non gouvernementales

Présentation générale

Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales. Par définition, les ONG sont neutres et impartiales. En zone de tensions et de conflits, leur rôle est d'apporter une aide humanitaire aux victimes d'un conflit. Notons aussi que les ONG ont un rôle important à jouer auprès des populations lors des catastrophes naturelles ou des épidémies.

Quelques-unes des organisations non gouvernementales en zone de tensions et de conflits

Intervenir en zone de tensions et de conflits

Les organisations non gouvernementales peuvent intervenir en zone de tensions et de conflits, dans la mesure où elles font preuve de neutralité et d'impartialité. Ces deux principes sont centraux pour les ONG, car une prise de position à la faveur ou à l'encontre d'un État pourrait les empêcher d'apporter une aide humanitaire aux victimes. En effet, il est possible pour un État de refuser l'entrer d'une ONG sur son territoire.

L'impartialité et la neutralité des ONG les amènent donc à apporter de l'aide humanitaire et des soins aux victimes de conflits, mais aussi à ceux et celles nécessitant une aide de leur part. Dans certains cas, les ONG vont apporter des soins et de l'aide aux blessés, bien qu'il puisse s'agir de terroristes, de soldats, d'enfants-soldats et de milices armées.

Ce qu'en dit le Droit international humanitaire

L'intervention d'une ONG en zone de tensions et de conflits est réglementée par plusieurs textes, dont celui de la Convention de Genève de 1949 qui (basé sur les interventions de la Croix-Rouge) :

Article 10

Les dispositions de la présente Convention ne font pas obstacle aux activités humanitaires que le Comité international de la Croix-Rouge, ainsi que tout autre organisme humanitaire impartial, entreprendra pour la protection des personnes civiles et pour les secours à leur apporter, moyennant l’agrément des Parties au conflit intéressées.

Article 15

Toute Partie au conflit pourra, soit directement, soit par l’entremise d’un état neutre ou d’un organisme humanitaire, proposer à la Partie adverse la création, dans les régions où ont lieu des combats, de zones neutralisées destinées à mettre à l’abri des dangers des combats, sans aucune distinction, les personnes suivantes :

  • a) les blessés et les malades, combattants ou non-combattants ;

  • b) les personnes civiles qui ne participent pas aux hostilités et qui ne se livrent à aucun travail de caractère militaire pendant leur séjour dans ces zones.

Dès que les Parties au conflit se seront mises d’accord sur la situation géographique, l’administration, l’approvisionnement et le contrôle de la zone neutralisée envisagée, un accord sera établi par écrit et signé par les représentants des Parties au conflit. Cet accord fixera le début et la durée de la neutralisation de la zone.

4.1. Étude de cas : Le génocide des Ouïghours

Présentation générale

Les Ouïghours sont une ethnie musulmane sunnite, minoritaire en Chine mais majoritaire dans la province du Xinjiang, située au nord-ouest du pays. Turcophone, le peuple ouïghour est aussi présent dans d'autres États comme :

  • le Kazakhstan

  • l'Ouzbékistan

  • le Kirghizistan

  • la Turquie.

Dans la province autonome chinoise du Xinjiang, les désirs indépendantistes se heurtent depuis des décennies à la politique de sinisation du gouvernement. Les Hans, une ethnie majoritaire en Chine mais qui représentait 6 % seulement de la population du Xinjiang en 1949, sont arrivés par millions, si bien qu'aujourd'hui, ils sont presque aussi nombreux que les Ouïghours (plus de 10 millions).

Source : Le Parisien

Divisions administratives de la Chine

Source : Wikipédia

Turcophone : Qui parle une langue turque

Sinisation : Action de siniser, de répandre la civilisation chinoise (dans un pays).

Importance économique du Xinjiang

Il est produit, dans la province autonome du Xinjiang, 20% de la production mondiale de coton. Cette région est aussi connue pour ses importantes réserves en ressources naturelles à l’instar du pétrole, de l’or et de l’uranium. Par exemple, l’entreprise pétrolière chinoise, PetroChina, a annoncé la découverte d’un nouveau gisement de gaz naturel dont les réserves s’élèvent à environ 115,3 milliards de m3 en 2019. L'indépendance d'un État ouïghour n'est absolument pas envisageable pour la Chine.

4.1.1. Historique

Il y a près d'un millénaire

Les Ouïghours sont turcophones et de religion musulmane, installés en Asie centrale depuis plus d’un millénaire. D’abord nomades, ils se sont peu à peu sédentarisés dans l’espace qui constitue l’actuel Xinjiang et sont aujourd’hui environ 11 millions vivant dans cette région autonome sous souveraineté de Pékin.

1979 à 1995 : Une période d'apaisement

De 1979 à 1995, on observe ainsi une politique d’ouverture avec l’émergence de nouvelles élites ouïghoures, une tolérance religieuse, culturelle et une ouverture vers l’extérieur avec des autorisations de voyager, d’étudier à l’étranger ou de faire le pèlerinage à La Mecque.

1759 : Annexion à la Chine

La région n’est annexée par les Chinois, sous la dynastie Qing, qu’en 1759, et devient alors une possession de la dynastie. Elle prend le nom de Xiyu, ce qui signifie « territoires de l’Ouest ». En 1884, la région est intégrée en tant que province au territoire de l’Empire Qing. Elle est dès lors nommée Xin

5 février 1995 : L'incident de Guldja

L'incident de Guldja, aussi appelé massacre de Guldja ou affaire du 5 février, a été le point culminant des manifestations et émeutes ayant commencé début février 1997 à la suite de l'arrestation de 2 étudiants ouïghours pour activité religieuse illégale durant le ramadan.

1945 à 1949 : La période soviétique

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une république du Turkestan oriental a existé quelques années, entre 1944 et 1949, avec l’aide de l’URSS. Mais l’Union soviétique a fini par abandonner cette république au moment où les communistes chinois l’ont annexée.

8 février 1997

Le 8 février 1997, après deux jours de manifestations et d'émeutes pendant lesquels les protestataires défilaient en criant « Allah est grand », « l'indépendance pour le Xinjiang », « Les Hans, dehors » et « Libérez les prisonniers », la police anti-émeute et l'armée sont intervenues pour rétablir le calme dans la ville. Un rapport officiel de 2002 fait état d'un bilan de 7 morts et 200 blessés. Des dissidents ont estimé le nombre de tués à plus de 100 et des Ouïghours en exil ont estimé le nombre d'arrestations ayant suivi les émeutes à près de 1 600. Selon l'activiste ouïghoure des droits de l'homme Rebiya Kadeer citée par Al Jazeera, 8 000 Ouïghours de Guldja « auraient disparu sans laisser de trace ».

1966 à 1976 : La révolution culturelle chinoise

À partir de 1958 et surtout durant la Révolution culturelle (de 1966 jusqu’à la mort de Mao Zedong en 1976), une politique d’assimilation beaucoup plus dure a été mise en place envers les minorités : Tibétains, Ouïghours, etc.

4.1.2. La répression envers les Ouïghours

Début de la répression

En 2014, le gouvernement chinois lance une campagne de répression contre l'extrémisme intitulée : « Frapper fort contre l’extrémisme violent ». Néanmoins, la répression envers les Ouïghours commence véritablement à partir de 2016, avec l'entrée en poste d'un nouveau secrétaire du Parti communiste au Xinjiang, Chen Quanguo. Ce dernier met en place des camps de rééducation où des Kazakhs et des Ouïghours sont détenus : un million de personnes d’après Human Rights Watch sur une population d’environ onze millions.

La mise en place des camps d'internement

Les camps d'internement du Xinjiang sont des camps situés dans la province chinoise du Xinjiang, construits à partir de 2014 dans le but d'interner des centaines de milliers de musulmans pratiquants ouïghours et kazakhs. Un million de Ouïghours y seraient internés de façon préventive et sans procès dans le cadre d’une vaste campagne d’antiterrorisme visant les islamistes et les indépendantistes après de nombreux attentats en 2013 et 2014.

La Chine nie l'existence de ces camps avant d'en reconnaître officiellement l'existence en octobre 2018 sous le nom de « camps de transformation par l’éducation ». Elle les décrit comme des centres de formation professionnelle, avec pour objectif de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme musulmans. À l’étranger, plusieurs pays et ONG qualifient ces camps de camps de concentration et soulignent des conditions de détention portant atteinte aux droits humains. D’autres pays soutiennent ouvertement la Chine, affirmant qu’elle lutte efficacement contre le terrorisme. De plus, les camps d'internement du Xinjiang ont été comparés à plusieurs reprises aux méthodes d'endoctrinement mises en œuvre pendant la révolution culturelle chinoise.

Source : Wikipédia

Les conditions d'internement

En détention provisoire, une cellule carrée de dix mètres de côté fait tenir dix-huit hommes. On y compte des uniformes bleus pour les crimes classiques et des uniformes orange pour les crimes politiques. Les détenus sont ensuite envoyés dans les camps. Les camps séparent les hommes et les femmes. Dans certains camps, une usine est attenante aux bâtiments de vie : on y fait travailler les détenus.

Les personnes internées se réveillent avant l'aube, chantent l'hymne chinois et célèbrent le lever du drapeau chinois à 7h30 chaque matin. Ils ont ensuite cours en blocs de deux heures et demie minimum, apprenant des chants communistes et étudiant l'histoire et la langue chinoises. Le midi, ils mangent de la soupe de légumes et du pain. Ils ont aussi du riz, mais très peu de protéines. Les douches sont rares et surveillées. Des fonctionnaires leur font des discours sur les dangers de l'intégrisme religieux et de l'indépendantisme, puis leur font passer des tests sur les dangers de l'Islam : en cas de réponse fausse, ils reçoivent un châtiment corporel. Souvent, on compte deux personnes par lit ou certains camps peuvent organiser des tours de sommeil pour limiter le nombre de lits nécessaires.

Source : Wikipédia

Témoignages partagés par Human Rights Watch

« J'ai demandé [aux autorités] si je pouvais prendre un avocat et on ma répondu : Non, vous ne devriez pas avoir besoin dun avocat puisque vous nêtes pas inculpé. Aucun besoin de vous défendre contre quoi que ce soit. Vous êtes dans un camp déducation politique tout ce que vous devez faire, cest étudier. »

« Personne ne peut bouger, vu qu’ils vous surveillent sur les caméras vidéo, et au bout d’un moment, une voix sort des haut-parleurs, vous informant que maintenant vous pouvez vous détendre pendant quelques minutes. Cette voix vous houspille aussi si vous bougez ... on était observé, jusque dans les toilettes. Dans le camp d’éducation politique, on était toujours sous tension. »

« J’ai résisté à leurs mesures ... Ils m’ont mis dans une petite cellule d’isolement ... Dans un espace de 2 mètres sur 2, on ne m’a donné ni à manger ni à boire. Mes mains étaient ligotées dans mon dos et j’ai dû rester debout pendant 24 heures sans dormir. »

« D’abord, c’est la police du village qui a appelé, puis un bureau plus haut placé. Leur numéro était masqué – ils ne montraient pas d’où ils appelaient... La police m’a dit : Si vous ne venez pas, nous viendrons vous chercher. »

Source : Human Rights Watch

Stérilisation forcée

Les Ouïghours seraient également soumis à des stérilisations forcées, affirme dans une étude publiée lundi Adrian Zenz, un chercheur allemand qui a déjà écrit plusieurs rapports sur les politiques chinoises au Xinjiang. Dans les deux grandes préfectures de la région où les Ouïghours sont majoritaires, le nombre de naissances aurait ainsi drastiquement chuté depuis 2016, affirme M. Zenz qui dit se baser sur des documents administratifs chinois et des entretiens avec des femmes locales.

Certaines déclarent avoir été contraintes de se faire stériliser, sous peine d’être envoyées dans des camps, selon l’étude. L’implantation d’un stérilet aurait été imposée à d’autres. La Chine semble utiliser un contrôle des naissances coercitif dans le Xinjiang dans le cadre « d’une stratégie plus vaste de domination ethno-raciale », écrit Adrian Zenz dans ce rapport publié par la Jamestown Foundation.

Source : Le Devoir

4.1.2. Le traitement envers les Ouïghours est-il un génocide ?

Ethnocide et génocide culturel

Selon l'ONG internationale Genocide Watch, les informations accumulées sur la politique chinoise de répression des Ouïghours dans le Nord-Ouest de la Chine, notamment un rapport d'enquête de 2020 documentant une entreprise gouvernementale de stérilisation de femmes ouïghours, démontrent qu'un génocide est en cours dans la région autonome du Xinjiang. D'autres ONG, comme Human Rights Watch, dénoncent des arrestations arbitraires massives et l'emploi de la torture.

Alors que des experts, des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme évoquent des « persécutions religieuses et culturelles », un acte d'assimilation forcée, un nettoyage ethnique ou même, parfois, un ethnocide, l'orientologue James Leibold de l'université de La Trobe, en Australie, soutient la thèse d'un « génocide culturel ».

Source : Wikipédia

4.1.3. La réponse des pays occidentaux

4.2. Le rôle d'Human Rights watch

Enquêter

Les chercheurs d'Human Rights Watch travaillent sur le terrain dans une centaine de pays, révélant des faits et des éléments de preuve au sujet de violations des droits humains, le cas échéant.

Exposer

Ils relayent les témoignages recueillis, en les partageant avec des millions de personnes à travers le monde qui les suivent sur les médias sociaux ou sur Internet tous les jours. Les médias d'information citent fréquemment leurs enquêtes, renforçant ainsi leur portée et diffusion.

Influencer

Ils rencontrent régulièrement des représentants de gouvernements, des Nations Unies, de groupes rebelles, d’entreprises ainsi que d’autres acteurs afin que certaines politiques soient modifiées, que les lois sont appliquées et que justice soit rendue.

Actions posées

  • Human Rights Watch a vulgarisé certains passages du rapport «‘Eradicating Ideological Viruses’ : China’s Campaign of Repression Against Xinjiang’s Muslims ».

  • Human Rights Watch utilise les médias sociaux afin de mettre en lumière les atrocités que subissent les Ouïghours dans ces camps d'internement. Twitter, par exemple, est une plateforme très utilisée par l'ONG afin de conscientiser la population.

  • Human Rights Watch a révélé l'utilisation de stratégies de profilage extrême par la police dans la région de Xinjiang.

  • Human Rights Watch fait également pression sur les États afin qu'ils sévissent contre la Chine.