La christianisation de l'Occident

Mise en contexte

Le terme « Occident » fait référence à un territoire et à une civilisation. L’étude du Moyen Âge et de ses institutions, entre la fin de l’Empire romain et la Renaissance, permet de rendre compte de l’influence de la religion chrétienne dans la constitution de l’Occident. L’Église chrétienne s’impose alors aux pouvoirs féodaux, imprègne de ses valeurs la société et contribue au développement des savoirs. La religion demeure aujourd’hui une importante référence identitaire pour de nombreuses sociétés.

Concepts à l'étude

1.Situer dans le temps

Le Moyen Âge occidental est traditionnellement situé entre la chute du dernier empereur romain d'Occident (476) et la découverte de l'Amérique (1492), même si ces deux dates sont arbitraires et restent discutables.

Source : Encyclopédie Larousse

2. Le christianisme et l'Empire romain

Les débuts du christianisme

Le christianisme est fondé avec la naissance et la mort de Jésus de Nazareth au Ier siècle. Après sa mort, ses disciples écrivent les Évangiles, documents très importants dans la religion catholique puisqu'ils racontent les enseignements et l'existence de leur Sauveur. Ils entreprennent donc de répandre son message dans l’Empire romain, qui continue d’agrandir ses frontières. Toutefois, avant de devenir la religion la plus pratiquée au monde, le christianisme parcourra un long chemin.

Source : Allo Prof

La persécution des Chrétiens

Grâce à la conversion rapide des gens à cette nouvelle religion, le christianisme se répand rapidement dans l’Empire romain. Cependant, cette popularité croissante inquiète les dirigeants romains qui y voient une menace à leur autorité.

Afin de freiner la progression de cette nouvelle religion, on se met donc à persécuter les chrétiens (faire subir des traitements cruels). Ceux-ci mourront en grand nombre durant ces années difficiles.

Source : Allo Prof

2.1. La conversion de Constantin et l'Édit de Milan

L’édit de Milan est intimement lié à la conversion de Constantin. Evénement qui peut paraître surprenant et qui serait dû à un phénomène mystique : Constantin, alors qu’il était en guerre contre un rival, a vu dans le ciel une croix, puis il a reçu une vision lui disant qu’il gagnerait s’il apposait un signal chrétien sur les étendards de sa légion. In hoc signo vinces lui aurait dit la vision : « Par ce signe tu vaincras » et le signe était le monogramme grec du Christ, le chrisme.

Aussi nommé « édit de Constantin », l'édit de Milan paraît en 313 et s'inscrit dans le sillage des édits de tolérance.

Promulgué par les empereurs romains Constantin Ier et Licinius, il proclame la liberté de culte à toutes les religions et libère la chrétienté des persécutions qu'elle subissait.

Édit de Milan de 313

Tolérance du christianisme dans l'Empire romain

Édit de Thessalonique de 380

Le christianisme est maintenant la religion officielle de l'Empire romain

3. La chute de l'Empire romain d'Occident en 476

Nombreuses sont les causes ayant mené à la chute d'un des plus grands empires de l'Antiquité

Une perte d'identité et l'attente du paradis

Les citoyens romains ont peu à peu perdu leurs vertus civiques. Ils auraient, finalement, oubliés de défendre l'empire face aux intrusions barbares.

L'historien britannique Edward Ribbon considère également l'essor du Christianisme comme étant une des causes de la chute. La religion aurait détourné le peuple de la vie quotidienne de l'empire au profit de l'attente des récompenses du paradis.

La romanisation des peuples barbares

À partir du 3e siècle après J-C, Rome commence à être menacée par les peuples barbares. D'ailleurs, certains de ces barbares se mettent à vivre au sein même de l'empire et s'allient aux Romains.

À cette époque, on trouve même des mercenaires barbares payés pour défendre Rome. Cela nuit grandement à la sécurité de l'Empire : il suffit qu'un peuple barbare soudoie ces mercenaires pour qu'ils le laisse pénétrer au sein de l'empire.

Les barbares envahissent les provinces romaines

L'étendue de l'Empire romain d'Occident entraîne des difficultés grandissantes en matière d'administration. De plus, les ennemis attaquent sur tous les fronts : les vandales conquièrent ainsi l'Afrique du Nord, la Corse et la Sardaigne tandis qu'en Europe continentale, les Wisigoths et les Suèves gagnent de nouveaux territoires.

Rome subit de multiples assauts barbares. En 410, elle est envahie par des Wisigoths. Mais c'est en 476 que la cité tombe définitivement entre les mains du Germain Odoacre. C'est lui qui détrône le dernier empereur romain d'Occident : Romulus Augustule.

4. Le baptême de Clovis 1er en 498

Un acte fondateur de l'Occident chrétien

D'après Grégoire de Tours, Clovis (le roi des Francs) se convertit en raison de la demande et l'insistance de sa femme Clotilde. Au cours d'une bataille difficile à Tolbiac (en 496), les Francs repoussent difficilement une attaque des Alamans. Pendant la bataille, Clovis aurait imploré le secours de Dieu en échange de sa conversion.

En même temps, les Francs sont attirés par la très riche Aquitaine, aux mains des Wisigoths (qui ne sont pas chrétiens). Ils auraient ainsi l'appui de la population chrétienne de la région et seraient sans doute d'être mieux acceptés comme nouveaux dirigeants.

5. La société médiévale

Les trois ordres et le lien de vassalité

Les trois ordres au Moyen-Âge

La société médiévale est une société organisée autour de trois ordres :

  • Ceux qui prient : les hommes d'Église ou le clergé.

  • Ceux qui font la guerre : les nobles (prince, seigneurs, chevaliers).

  • Ceux qui travaillent : les paysans.

Il s'agit d'une classification qui se rapproche de celle des trois ordres de la société d'Ancien Régime : clergé, noblesses et Tiers état.​

Ces trois ordres ont été redéfinis par Adalbéron de Laon vers 1020, puis par Gérard de Cambrai qui souhaitaient ce type d'organisation sociale alors que la France connaissait une crise politique autour de l'an mille (1000).

La féodalité et lien de vassalité

Entre suzerain et vassal, il existe un réseau de droits et de devoirs. Le suzerain protège son vassal, le vassal aide et conseille son suzerain. Ces termes recouvrent des notions précises.

Aide et conseil du vassal sont soigneusement codifiés : l'aide peut être une contribution financière, mais elle est pratiquement toujours militaire, avec un service de quarante jours. Le conseil, c'est être présent à la cour du seigneur et, parfois, siéger à son tribunal.

La protection accordée par le seigneur est militaire, mais elle est aussi économique, par l'octroi du fief.

Un fief est en général une terre avec tous les droits qui y sont attachés : cela peut aller d'un royaume entier à un quart de village. Parfois ce sera un moulin, ou une église, ou même une rente en argent. L'important est que le fief reste la propriété du suzerain, dont le vassal a l'usage.

6. La seigneurie au moyen-âge

Organisation

Au Moyen-Âge, la seigneurie s'organise autour d'un château-fort ou d'une abbaye. Sur celle-ci se trouvent un seigneur et sa famille, des paysans qui travaillent dans les champs ainsi que des artisans qui produisent de nombreux outils et objets du quotidien. Paysans et artisans vivent dans des villages, dans lequel se dresse église.

Des paysans dépendant du seigneur

Les paysans ont plusieurs obligations envers leur seigneur. En effet, ils doivent :

  • Payer le cens (location de sa terre) ;

  • Payer la taille (impôt perçu lorsque le seigneur le souhaite) ;

  • Payer les banalités (taxes perçues lors de l'utilisation du moulin, du four, du pressoir, etc.) ;

  • Réaliser les corvées (l'entretien du château, des routes et des ponts, le curage des fossés, etc.) ;

En échange de tout cela, le seigneur s'engage à octroyer une terre aux paysans et à leur assurer sa protection en cas d'attaque.

L'exemple de la Saint-Jean

« À la Saint-Jean (24 juin), les paysans de Verson doivent faucher l'herbe des prés du seigneur et porter le foin au manoir. Après, ils doivent curer le canal. En août, ils doivent moissonner les blés du seigneur et les porter à sa grange. Ils doivent le champart sur leurs terres. Ils le chargent sur leurs charrettes et le portent à la grange du seigneur. Après, vient le début septembre, où ils paient le porçage : le vilain gardera deux pourceaux sur trois. Et après vient la Saint-Denis (9 octobre), où les vilains sont tout étonnés qu'il leur faille payer le cens. Après, ils doivent encore la corvée : quand ils auront labouré la terre du seigneur, ils iront chercher le blé à son grenier et ils devront le semer. À Noël, ils doivent des poules. À Pâques, ils doivent de nouveau la corvée ». (D'après la Complainte des Vilains de Verson, 13e siècle)

7. L'organisation du clergé

Le clergé séculier et le clergé régulier

Les types de clergé

Le clergé séculier est le clergé qui vit « dans le « siècle » » (du latin : sæcularis) au milieu des laïcs.

Les membres du clergé séculier ont pris des engagements religieux, mais leur principale caractéristique est d'être engagés dans la vie séculière et non en communauté. Le terme clergé séculier regroupe généralement les prêtres, les chanoines, etc.


Le clergé régulier vit « selon une « règle » de vie » (du latin : regularis) d’un ordre, d'une abbaye, d'un couvent, d'un prieuré.

Le clergé régulier s'engage dans les trois vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance .

7.1. Capsules vidéos - EDPUZZLe

Cette capsule, réalisée par M. Mathieu Beauséjour (enseignant au Collègue Saint-Sacrement), nous explique :

  • La structure de l'Église catholique

  • Le rôle de l'Église catholique

  • Les types de pouvoirs de l'Église catholique (temporel et spirituel)

  • L'importance des pèlerinages

  • Les styles architecturaux dominants

Le tout a été adapté sur la plateforme Edpuzzle afin de permettre aux élèves de réaliser le visionnement tout en répondant à des questions de compréhension. N'hésitez pas à vous créer une copie !

8. Les cathédrales

Les cathédrales

Une cathédrale, au Moyen Âge comme aujourd'hui, ne se distingue pas radicalement d'une grosse église : c'est une église où siège un évêque chargé d'un diocèse. Le mot d'ailleurs fait référence à la cathèdre, fauteuil avec accoudoirs sur lequel s'assoit l'évêque.

Les cathédrales ont la forme d'une croix. Les fidèles se tiennent dans la nef, entre les murs principaux. Accrochée au mur ou à un pilier se trouve la chaire (synonyme de cathèdre), depuis laquelle l'évêque fait son sermon. Le chœur est installé à l'ouest avec l'autel, table monumentale derrière laquelle le prêtre dit la messe.

Les voûtes d'ogive

Une voûte d'ogive est un élément architectural en forme d'arc diagonal de renfort (nervure anciennement appelé ogive) bandé sous la voûte gothique, dont il facilite la construction et dont il reporte la poussée vers les angles, permettant d'ouvrir largement les murs latéraux. Élément fondamental dans l'architecture gothique, elle apparaît entre 1180 et 1220, et couvre d'abord les cathédrales d'Île-de-France.

Les arcs-boutants

Les arcs-boutants ont été construits pour prendre le relais des tirants et maintenir les voûtes en place. Il arrivait, malheureusement, que les voûtes tombent après quelques années. C'est pour cela que l'utilisation des arcs-boutants a vu le jour.

9. Les croisades

Une croisade, qu'est-ce c'est ?

Les croisades du Moyen Âge sont des expéditions militaires organisées par l'Église pour la délivrance de la Terre sainte. Elles ont été prêchées par le pape, par une autorité spirituelle de l'Occident chrétien comme Bernard de Clairvaux ou par un souverain comme Frédéric Barberousse.

Elles furent lancées pour retrouver l'accès aux lieux de pèlerinages chrétiens en Terre sainte

La vie éternelle

En 880, le pape Jean VIII a fait une​ déclaration qui allait prendre beaucoup d’ampleur pendant les Croisades. Il a en effet déclaré que les guerriers qui mouraient en combattant des païens auraient assurément la vie éternelle. Cette conviction incitait les jeunes chevaliers, les nobles et les paysans à s’investir avec vigueur dans la lutte aux païens.

Fanatisme religieux

Au 11e siècle, l’Église chrétienne devenait de plus en plus forte et de plus en plus structurée. Les dirigeants de l’Église rendus puissants rêvaient d’étendre leur pouvoir. Ces rêves étaient amplifiés par les victoires des chrétiens d’Occident, dont celle qui avait repoussé les musulmans de l’Espagne.

Appel à la croisade

En 1095, plusieurs représentants de l’Église sont réunis à Clermont. À la fin du Concile, le pape Urbain II lance un appel à la population dans lequel il invite les chevaliers à aller délivrer les terres saintes et le tombeau du Christ. Dans son discours, Urbain II promettait d’accorder des indulgences (rémission de tous les péchés) à tous ceux qui perdraient la vie dans ces combats. Tous les chrétiens étaient ainsi invités à prendre les armes au service de leur foi. C’est pourquoi les croisés (chevaliers chrétiens qui participaient aux Croisades) portaient des vêtements sur lesquels une croix était cousue.

Source : Allo Prof

9.1. Le bilan des croisades

Bilan culturel

Les Croisades ont fait augmenter le ressentiment éprouvé à l'endroit des Occidentaux. À cause de l’attitude des Francs, les musulmans ont commencé à se méfier du​ christianisme (d’Orient et d’Occident), ce qui n’a fait qu’augmenter la discrimination des musulmans envers les chrétiens.

Bilan économique

Tout au long des Croisades, les marchands n’ont jamais cessé de faire des échanges commerciaux avec les peuples étrangers. Ces échanges favorisaient l’approvisionnement de plusieurs denrées. Ces marchands venaient de Venise, de Gênes, de Pise, de Salerne ou de Palerme. La péninsule italienne profitait d'une position avantageuse pour les voyages en mer.

Le commerce n’a pas été affecté outre mesure par les Croisades. De plus, ces Croisades n’ont pas eu d’impact majeur sur le développement économique de l’Occident. Elles ont facilité le développement des premières banques, mais elles ne sont pas la seule cause de ce développement.

10. Un procès anecdotique

Au Moyen-Âge et bien après, on condamna à la potence ou au bûcher des cochons, des truies, ou des vaches. De même, l'Église étendit ses excommunications des hommes aux animaux : rats, mouches, sauterelles, taupes, poissons ; tout membre de la faune pouvait y succomber.

Illustration représentant une truie et ses porcelets jugés pour le meurtre d'un enfant. Le procès aurait eu lieu en 1457, la mère étant reconnue coupable et les porcelets acquittés.

11. Applications d'apprentissage

Voici une application d'apprentissage partagée par Mme Johanne Rodrigue

12. Chroniques hebdomadaire d'evelyne Ferron - Historienne