L'industrialisation : une révolution économique et sociale
Mise en contexte
Au 18e siècle, un peu avant qu'elle ne s'industrialise, l'Angleterre est un véritable empire. Avec des colonies partout sur le globe, les bourgeois anglais accumulent des richesses colossales et désirent faire encore plus de profit. C'est dans ce contexte que plusieurs éléments s'alignent pour que l'Angleterre commence son industrialisation. C'est le début de ce que plusieurs historiens appellent la révolution industrielle.
Source : Allo Prof
Mais, qu'est-ce qu'une révolution industrielle ?
L’Angleterre est le premier pays où s’effectue la transformation d’une économie agricole en une économie industrielle. Cette transformation de l'agriculture est permise, notamment, grâce à la mécanisation des outils agricoles. Cette révolution économique, amorcée au milieu du 18e siècle, modifie la société en profondeur : de nouveaux groupes sociaux émergent et bouleversent la hiérarchie traditionnelle. L’étude de ce phénomène qui affecte la société britannique permet de comprendre une réalité qui touchera plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du Nord au milieu du 19e siècle.
Concepts à l'étude
Vocabulaire
Le capital : C’est la somme d’argent investie dans une entreprise industrielle ou commerciale.
La consommation : Utilisation des biens ou des services pour répondre à un besoin ou à un désir.
Le mode de production : Processus de fabrication des biens.
Le syndicalisme : Regroupement de personnes exerçant une même profession en vue de la défense de leurs intérêts.
Le capitalisme : Régime économique et social qui met de l'avant la propriété privée des moyens de production. Une grande importance est accordée à la recherche de profit ainsi qu'à ceux et celles qui détiennent le capital.
Le socialisme : Terme qui désigne une idéologie proposant la propriété collective des moyens de production. Dans un régime socialiste, l'État est propriétaire des usines, des manufactures, des grandes surfaces agricoles de même que des moyens de communication et de télécommunication. Le socialisme s'oppose au capitalisme.
1.Situer dans l'Espace
Situation géographique
L'Angleterre est un pays d'Europe de l'ouest, séparé du continent par la Manche (mer). L'Écosse se trouve au nord de l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande sont, pour leur part, à l'ouest.
Le centre et le sud de l'Angleterre sont principalement constitués de basses collines et de plaines, tandis que le nord et l'ouest sont principalement constitués de hautes terres montagneuses.
Les principales villes, en importance, sont :
Londres (550 000 hab.)
Birmingham (84 700 hab.)
Liverpool (80 000 hab.)
Manchester (70 000 hab.)
Londres reste le centre administratif et la capitale du pays alors que les Birmingham, Liverpool et Manchester deviennent des pôles industriels très importants.
2. Situer dans le temps
L'industrialisation de l'Angleterre a commencé dans la seconde moitié du 18e siècle. C'est à ce moment que les innovations technologiques ont permis un changement dans la production industrielle, permettant de passer d'un mode de production artisanal à une production industrielle.
Cette révolution industrielle a entraîné une transformation économique majeure, avec une croissance rapide de l'industrie textile, une augmentation de la production de biens manufacturés, et une concentration de la population dans les villes pour travailler dans les usines.
3. Les causes de l'industrialisation
3.1. De nouvelles inventions
L'invention et le perfectionnement de la machine à vapeur
La machine à vapeur a été inventée par James Watt au 18e siècle. Il a perfectionné le moteur à vapeur inventé par Thomas Newcomen en 1712, en utilisant un système de condensation séparé pour augmenter l'efficacité de la machine.
L'utilisation première de la machine à vapeur de James Watt était pour la propulsion des bateaux à vapeur et pour les pompes de mines, pour extraire l'eau des mines de charbon. Cela a permis de réduire les coûts de production et d'augmenter la productivité dans les mines, stimulant ainsi la croissance économique. Cette utilisation première a ensuite été étendue à d'autres secteurs industriels, comme les usines textiles et les chemins de fer.
Invention de la mule-jenny par Samuel Crompton
La mule-jenny est un métier à filer automatique inventé par Samuel Crompton en 1779, qui a permis de produire des fils de coton de qualité supérieure à moindre coût. Cette invention a joué un rôle clé dans le développement de l'industrie textile en Angleterre au 19e siècle.
Elle utilise un rouet pour enrouler le fil sur un fuseau, mais avec un mouvement alternatif qui permet de filer des fibres plus longues et plus fines. Cela a permis de produire des fils de coton plus fins et plus réguliers, contrairement au travail fait à la main qui produit un fil plus grossier.
La mule-jenny a également permis de réduire les coûts de production en augmentant la vitesse de filage et en réduisant la main-d'œuvre nécessaire pour faire fonctionner le métier à tisser. Cela a conduit à une augmentation de la production de fils de coton, stimulant ainsi la croissance de l'industrie textile en Angleterre qui dépasse progressivement la productivité des filatures de coton de l'Inde.
3.2. L'abondance du charbon
L'extraction du charbon
L'Angleterre possède de nombreux gisements de charbon, ressource naturelle nécessaire au fonctionnement des nouvelles inventions de Thomas Newcomen et de James Watt. Comme vous pouvez le constater sur la carte de droite, il y a de nombreux bassins houillers en Angleterre. L'houille est une catégorie de charbon, pouvant servir de combustible.
La machine à vapeur de James Watt permet de pomper 500 litres à la minute et de descendre à 40 mètres sous terre. En 1750, une centaine d'entre elles équipent déjà les mines de charbon d'Angleterre, permettant de creuser plus profond et d'augmenter la production à une vitesse très rapide. Le charbon était transporté vers la surface à l'aide de chariots tirés par des chevaux ou des hommes.
Les conditions de travail étaient extrêmement dangereuses, avec des risques d'effondrements de mines, d'inondations et d'explosions. Les enfants étaient souvent employés pour des tâches telles que ramasser les éclats de charbon, transporter les chariots de charbon ou nettoyer les tunnels de mines. Les femmes étaient également employées pour des tâches telles que laver le charbon, coudre les vêtements des mineurs et préparer les repas. Les enfants et les femmes étaient souvent payés moins que les hommes et étaient soumis aux mêmes risques de blessures et de maladies que les hommes.
3.2.1 L'évolution du transport
La locomotive à vapeur
Au début du 19e siècle, la locomotive à vapeur et les chemins de fer se développent rapidement en Angleterre, mais il faudra quelques années avant que le rail remplace les canaux comme principal moyen de transport. Cette invention de George Stephenson est modernisée entre 1817 et 1825, atteignant 30 km/h.
Évolution des voies ferrées en Angleterre
1840 : 1349 km
1860 : 17 000 km
1880 : 30 000 km
Grâce à son amélioration progressive, le train atteint 60 à 75 km/h à la fin du 19e siècle et peut transporter jusqu’à 2 000 tonnes de marchandises.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social.
bateaux à vapeur et canaux
Les premiers bateaux à vapeur sont construits au début du 19e siècle, en même temps que la locomotive à vapeur. Rapidement, ceux-ci deviennent de 2 à 3 fois plus rapides que les bateaux à voile et peuvent transporter plus de marchandises. Le bateau à vapeur et la locomotive ont une vitesse régulière et permettent de transporter de lourdes charges, tel que le charbon. Comme le bateau est le principal moyen de transport au début du 19e siècle, l’Angleterre développe un important réseau de canaux de 7000 kilomètres en 1830 qui permettent le déplacement des barges.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social.
4. Les lois de l'enclosure de 1727
L'enclosure
Les lois sur l'enclosures de 1727 sont des lois britanniques qui ont permis aux propriétaires terriens de clôturer les terres communales pour les utiliser pour leurs propres fins. Ces lois ont entraîné une augmentation de la productivité agricole, mais ont également eu des conséquences sociales négatives pour les travailleurs agricoles, qui ont perdu leur accès aux terres communales pour subvenir à leurs besoins.
Les lois sur l'enclosures ont contribué à l'exode rural en réduisant les opportunités pour les travailleurs agricoles de subvenir à leurs besoins sur les terres communales. Les travailleurs qui ont perdu leur accès aux terres ont été obligés de quitter les zones rurales à la recherche de nouveaux moyens de subsistance. Cela a entraîné un exode massif vers les villes pour travailler dans les industries naissantes, contribuant ainsi à la formation des quartiers ouvriers.
L'amélioration de la production agricole
Les lois de l'enclosure ont concentré les terres agricoles entre les mains de grands propriétaires terriens. Ils peuvent mettre en place des pratiques agricoles modernes afin d'augmenter la productivité des terres :
La rotation des cultures
L'utilisation de machinerie agricole (semeuse mécanique, batteuse, etc.)
Les propriétaires réussissent ainsi à augmenter leur productivité et, par le fait même, à nourrir de plus en plus de citoyens britanniques. L'amélioration du secteur de l'agriculture favorise alors une augmentation de la natalité et une baisse de la mortalité.
4.1. Exode rural et urbanisation
Un exode rural important
Pour Karl Marx, les enclosures privent beaucoup de petits paysans de leur moyen de subsistance, à savoir la culture des terres communes, et contraignent les paysans à un exode rural massif. L'exode rural correspond à un départ de la campagne vers la ville. Ces paysans sans terre migrent ainsi vers les villes et leurs faubourgs dans lesquels ils deviennent les premiers ouvriers de la révolution industrielle.
C'est une des raisons qui expliquent qu'en Angleterre la population s'est urbanisée plus tôt qu'en France.
L'exode rural qui se produit en Angleterre lors du 18e et du 19e siècle accélère l'urbanisation des villes. En effet, les villes se développent rapidement en raison de l'arrivée massive de travailleurs, ce qui amène la création rapide de quartiers. L'urbanisation correspond donc au développement rapide des villes et de leur population.
5. La production artisanale et la production industrielle
Un changement dans les modes de production
Avant l'industrialisation, les biens sont produits par l'artisan et, parfois, par son apprenti. L'apprentissage de l'apprenti est long, mais il sera en mesure de produire un bien de qualité à la fin de sa formation. Il se spécialise donc dans un domaine en particulier. L'artisan participe à toutes les étapes de la confection d'un bien. Puisque l'artisan réalise seul la production du bien, la production est longue et couteuse.
Avec l'industrialisation, les ouvriers n'ont pas besoin de se spécialiser. Les tâches qu'ils effectuent sont simples, répétitives, mais ne nécessitent aucune formation spécifique. En répétant la même tâche, toute la journée, les nombreux ouvriers d'une usine sont capables de produire énormément de biens, et ce à faible coût. L'ouvrier est cependant facilement remplaçable, ce qui fait qu'il est faiblement payé et doit accepter un très faible salaire.
Source : John Henry Walker, L’ancienne façon / La nouvelle façon (1880). Musée McCord, M930.50.5.142 et M930.50.5.262. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Activité interactive
5.1. Les secteurs industriels
Le textile
Lors de la première phase d'industrialisation, l'industrie du textile se développe rapidement afin de concurrencer de grandes régions productrices tel que le Bengale.
La métallurgie
Lors de la première phase d'industrialisation, l'industrie de la métallurgie se développe rapidement. En effet, le développement rapide des villes, ainsi que le développement ferroviaire contribue a augmenter la demande de fer, de fonte et d'acier.
6. Les classes sociales
6.1. La Classe ouvrière
La classe ouvrière se développe en Angleterre avec l'arrivée massive des paysans en ville, à la suite de l'exode rural créé par les lois de l'enclosure. Ils arrivent en ville et se cherchent un travail, afin de subvenir à leurs besoins de base. Ils le trouvent dans les usines.
Les conditions de travail sont imposées par le rythme des machines qui fonctionnent en continu mais exigent une présence constante des ouvriers. Ils n'ont pas besoin d'être spécialisés, ni d'être forts. La machine a été conçue pour produire le mieux possible les objets souhaités et est actionnée grâce à l'énergie fournie par une machine à vapeur. Cela permet l'embauche de femmes et d'enfants en grand nombre, surtout dans l'industrie textile qui est très mécanisée.
Les journées de travail comptent 12 à 14 heures, et ce, 7 jours sur 7, dès l’âge de 10 ans. On emploie même des enfants de 5 ans dans les mines et les filatures. Les salaires sont calculés afin de ne couvrir que les besoins de base des ouvriers. Jusque dans les années 1880, il n'y a aucune protection sociale (assurance-maladie, assurance-chômage, assurance-accidents du travail, assurance-retraite). L'ouvrier qui ne travaille pas n'a aucun revenu.
Les quartiers ouvriers
Prenons l'exemple de la ville de Manchester : entre 1801 et 1831, sa population est passée de 90 000 à 237 000 habitants. À Manchester, l’espérance de vie dans les quartiers ouvriers était de 28 ans. Plus de la moitié des enfants mouraient avant d’atteindre l’âge de 5 ans. L'insalubrité et les problèmes d'accès à du lait de qualité expliquent notamment cette forte mortalité infantile. Un homme de quarante ans était considéré comme un vieillard.
Les ouvriers sont logés dans des conditions inhumaines, souvent dans des quartiers appartenant aux propriétaires de l'usine. Les quartiers ouvriers se situent trop souvent près des usines dans un environnement pollué par les émanations de charbon et les déversements de produits toxiques dans les eaux. Ceux-ci ne possèdent que rarement les commodités que sont l’eau courante, les services de ramassage des déchets et un système d’aqueduc. Les ouvriers vivent donc dans un environnement qui n'est pas sain et qui contribue à augmenter la mortalité ouvrière.
6.2. La bourgeoisie industrielle
Mise en contexte
Lors de l'industrialisation, une classe sociale émerge : il s'agit de la bourgeoisie. Celle-ci possède les moyens de production, c'est-à-dire les usines, les ressources naturelles et le capital. Il ne leur manque qu'une main-d'œuvre nombreuse afin de travailler dans les usines.
La bourgeoisie industrielle remplace progressivement la noblesse britannique sur les plans économique et politique. Elle représente l'élite de la société et le nombre de députés issus de cette classe sociale est en constante augmentation au parlement de Londres.
Les conditions de vie
Les bourgeois ont souvent des domestiques qui s'occupent de l'entretien de la maison et il est rare de voir une femme de cette classe sociale travailler. La plupart du temps, elles s'occupent d'associations caritatives (organismes de charité).
La bourgeoisie industrielle n'occupe pas les mêmes quartiers que les ouvriers. Leurs conditions d'existence sont très confortables : les quartiers sont verdoyants, leur demeure est grande et l'air est sain grâce aux nombreux parcs.
6.2.1. L'accès au capital
L'apparition des banques
C’est vers 1750 qu’on voit l’apparition des premières banques en Angleterre. Elles sont créées afin de favoriser la circulation des capitaux, c'est-à-dire de l'argent. Ainsi, il devient possible d’emprunter d’importantes sommes d’argent à crédit pour le développement industriel. La disponibilité des capitaux permet aux propriétaires d’industries d’investir dans leur commerce, d’augmenter leur production et de faire encore plus de profits. Les gens qui sont propriétaires des industries et qui en tirent des profits forment une classe sociale qu’on appelle bourgeoisie.
7. Le libérALISME économique
Le libéralisme économique
Au 18e siècle, l'économiste et philosophe Adam Smith propose un nouveau courant de pensée, basé sur le droit de propriété de John Locke. Ce courant de pensée est le libéralisme économique. Celui-ci se base sur le droit de posséder des biens, sur les libertés individuelles et la liberté d'entreprise.
L'entreprise, et l'entrepreneur du même coup, doit être libre d'agir selon sa volonté, puisqu'elle est créatrice de richesse.
Adam Smith (1723-1790)
Ses principes
L'État ne doit pas intervenir dans l'économie.
Un entrepreneur doit être libre de mener son entreprise comme il le souhaite, puisqu'il crée de la richesse pour son pays.
Les entreprises doivent être libre de se concurrencer, ce qui les encourage à offrir le meilleur prix selon l'offre et la demande. Cela oblige aussi les entreprises à investir leur capital dans l'entreprise afin d'être plus efficace que leurs compétiteurs.
7.1 Le capitalisme expliqué en six étapes
8. Une réponse au capitalisme : le socialisme
Une alternative au capitalisme
Le mot socialisme entre dans le langage courant à partir des années 1820, dans le contexte de la révolution industrielle et de l'urbanisation qui l'accompagne : il désigne alors un ensemble de revendications et d'idées visant à améliorer le sort des ouvriers, et plus largement de la population, via le remplacement du capitalisme par une société supposée plus juste. L'idée socialiste est de répartir la richesse de manière égale entre tous.
Selon Karl Marx, le socialisme est la période de transition entre la fin du capitalisme et le début du communisme avec l'abolition des classes sociales.
9. La naissance du syndicalisme
Mise en contexte
Fuyant la famine, les immigrés irlandais erraient par milliers dans les ruelles des quartiers misérables. Ceux qui ne trouvaient pas de travail mourraient souvent de froid et de faim. Les employeurs en profitaient pour attiser la concurrence entre ouvriers. Ils faisaient travailler des enfants dans le même but. Ils pouvaient légalement embaucher un enfant de 6 ans et l’exploiter sans limites, jour et nuit, jusqu’à ce qu’il tombe d’épuisement. Les enfants travaillaient dans les mines et dans les usines. Ils grimpaient dans les cheminées pour les désengorger, où ils mourraient par milliers, brûlés ou étouffés.
Les ouvriers se regroupent ainsi à l'intérieur d'organisation syndicales, appelées à l'époque trade unions. Néanmoins, les syndicats sont illégaux jusqu'à la seconde moitié du 19e siècle.
En Angleterre, le gouvernement conservateur de de Benjamin Disraeli reconnaît aux syndicats un statut légal en 1871.
3 ans plus tard, en 1874, le Trade Unions Congress, avec ses 1 200 000 membres obtient le droit d’utiliser légalement la grève lors des négociations avec le patron de l'usine.
Syndicalisme : Mouvement ayant pour objectif de grouper des personnes exerçant une même profession en vue de la défense de leurs intérêts.
Syndicat : Association qui a pour objectif de défendre les intérêts économiques et/ou professionnels d'un groupe de membres.
Ainsi, nous pouvons comprendre que seul, l'ouvrier est faible. Il s'est donc associé avec plusieurs autres ouvriers afin d'avoir un poids suffisant face aux patrons. Les ouvriers se sont donc syndicalisés. Le mouvement syndical a été créé par des gens qui ont uni leurs voix pour exiger des salaires équitables, des lieux de travail sûrs et des heures de travail raisonnables.
9.1. La grève de winnipeg de 1919
Un exemple de mouvement ouvrier canadien
Il y a plus de 100 ans, le 15 mai 1919, environ 30 000 personnes cessaient de travailler et se mettaient en grève à Winnipeg. Ce conflit du travail, qui a duré six semaines, est le plus célèbre du Canada. Malgré la défaite des grévistes et une fin de conflit tragique, la grève générale de 1919 a eu des effets concrets, qui se font encore sentir aujourd'hui.
À l'époque, la défaite est rude pour les syndicalistes, mais Harold Bérubé nous rappelle qu'il y a du positif à retirer de cette grève : « Cette grève de 1919 a été un jalon très important dans l’histoire du syndicalisme, et ça a permis de nombreux gains, assure Harold Bérubé. C’est devenu un événement majeur de la mémoire collective de l’époque. »
9.2. Le gouvernement légifère
Le gouvernement britannique réagit aux grèves ouvrières
En réaction aux grèves ouvrières, le gouvernement britannique met en place plusieurs lois qui permet d'améliorer les conditions de travail des ouvriers. En voici plusieurs exemples :
1802 : Loi qui interdit les journées de travail en usine de plus de 12 heures pour les enfants.
1809 : Loi qui interdit aux enfants de moins de 9 ans de travailler dans les usines de coton.
1842 : Loi qui interdit le travail des femmes et des enfants de moins de 10 ans dans les mines.
1871 : Loi qui reconnaît légalement les syndicats.
1910 : Établissement du salaire minimum.
10. La division du travail et le fordisme (pour aller plus loin)
La division du travail
Tel que le mentionne Adam Smith dans La richesse des nations : « Dans chaque art, la division du travail, aussi loin qu'elle peut y être portée, donne lieu à un accroissement proportionnel dans la puissance productive du travail. » Il appuie sa démonstration sur l'exemple, devenu célèbre, de la manufacture d'épingles : si deux ouvriers employés à la fabrication des épingles travaillaient chacun de son côté, ils ne produiraient pas plus de vingt épingles par jour ; en se partageant les tâches, ils peuvent en fabriquer, dans le même temps, quarante-huit mille ».
Le schéma suivant explique également le taylorisme, mais amène une dimension très intéressante avec le fordisme.
Le fordisme
Les usines Ford demandaient une main-d’œuvre disciplinée et qualifiée, désireuse et capable d’effectuer des tâches répétitives sur la ligne d’assemblage. Les principes du Taylorisme y étaient appliqués avec rigueur.
Néanmoins, Ford innova. Ce qui était nouveau dans la pensée de Ford était sa vision des choses. Il était persuadé qu’il fallait une production de masse destinée à une consommation de masse. Ainsi, le salaire de cinq dollars pour une journée de huit heures permit à la fois d’assurer un compromis avec la discipline requise pour travailler sur la ligne d’assemblage, mais aussi de fournir aux travailleurs un revenu et un temps libre suffisant pour qu’ils consomment les produits qu’ils ont eux même fabriqué.
Différences entre le taylorisme et le fordisme