Population - Les migrations humaines

3. Les migrations humaines

Établir les caractéristiques d'une migration

Indiquer les causes des migrations humaines

Caractériser les migrants

Situer dans l'espace les principaux flux migratoires à l'échelle mondiale

Indiquer les causes de l'intensification des migrations humaines

Indiquer les raisons favorisant le choix d'un pays d'accueil par les migrants

3.1. Qu'est-ce qu'une migration ?

Définition - Migration humaine :

Déplacement volontaire d'individus ou de populations d'un pays dans un autre ou d'une région dans une autre, pour des raisons économiques, politiques, culturelles ou religieuses. Cela implique l'établissement permanent de l'individu dans la région ou le pays d'accueil.

Source : Encyclopédie Larousse

Immigration nette de 1967

(Cliquez sur l'image pour avoir accès à la carte interactive)

Immigration nette de 2017

(Cliquez sur l'image pour avoir accès à la carte interactive)

Selon les Nations unies, le nombre des migrants internationaux croît rapidement :

  • 75 millions de personnes en 1965 ;

  • 84 millions en 1975 ;

  • 105 millions en 1985 ;

  • 120 millions en 1990.

La population migrante a crû en quantité, mais aussi en proportion. En effet, de 1985 à 1990, elle a augmenté de 2,59 % par an, contre 1,7 % pour la population mondiale totale.

Le nombre de pays d'émigration (de départ) est passé en 30 ans de 29 à 55, celui des pays d'immigration (d'arrivée) de 39 à 67, tandis que 15 pays (tels que l'Inde, l'Indonésie ou le Mexique), contre 4 en 1965, sont désormais considérés comme des pays à forte immigration et émigration. La plus grande part de ces migrations a eu un caractère forcé.

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Questions

  1. Dégage deux éléments de continuité et deux éléments de changement quant à l'immigration nette entre 1967 et 2017.

  2. Pourquoi l'immigration nette en Russie était-elle négative en 1967 ? Énonce une hypothèse sur le contexte politique de l'époque. Utilise un moteur de recherche au besoin.

  3. Les migrations humaines sont-elles en augmentation ou en diminution sur la planète ? Justifie ta réponse à l'aide de deux faits.

3.2. Historiques de migrations humaines

Activité complémentaire

Qu'est-ce qui explique les déplacements de populations ? Afghanistan, Chine, Israël et Palestine, Myanmar, Syrie, Viêt Nam, ce voyage explore quelques-unes des plus grandes migrations de masse de l'histoire récente de l'humanité, et vous fait découvrir ce qui pousse des groupes d'individus à émigrer ou à quitter leur pays. Pendant que vous étudiez ces périodes de l'histoire, notez les points communs entre ces expériences ainsi que leurs différences.

Auteur : Ellie Reitz, expert Google Earth Education dans l'établissement d'enseignement secondaire Kennedy Junior High School à Naperville, dans l'Illinois

3.3. Les causes des migrations humaines

Seuls les motifs économiques et sociaux seront abordés ici : la question des réfugiés sera abordée sous un angle différent

L'exode des cerveaux

L'exode des cerveaux (ou la fuite du capital humain) désigne les flux migratoires de scientifiques, de chercheurs ou de personnes à haut niveau de qualification qui s'installent à l'étranger pour trouver de meilleures conditions de vie, d'études, de travail ou de rémunérations.

En Afrique, les pays les plus affectés par la fuite des cerveaux sont les pays à faibles revenus :

  • Cap-Vert (67 % du personnel qualifié)

  • Gambie (63 %)

  • Maurice (56 %).

Ainsi, Haïti (plus de 80 % d’exode), les îles du Cap-Vert, Samoa, la Gambie et la Somalie ont vu ces dernières années plus de la moitié de leurs cadres partir vers les pays riches. En 2004, un million de personnes sont parties en quête de meilleures conditions de vie et de travail, soit 15 % des diplômés de l'enseignement supérieur de ces pays.

Par contre, les pays tels que le Bangladesh, le Népal ou le Bhoutan, avec moins de 5 % de départ, ont su conserver leur élite.

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Amélioration de la situation économique

Les migrations, selon plusieurs économistes, trouvent leur origine dans les différences de salaires et de conditions de travail entre les différents pays.

Le travailleur migrant est ainsi celui qui cherche à améliorer son revenu. Néanmoins, ça n'explique pas pourquoi ce ne sont pas les plus pauvres qui quittent leur pays, mais les plus aisés.

En général, les migrants ont un revenu suffisant pour espérer pouvoir s'établir à l'étranger.

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Réunification des familles

Les données sur la migration familiale dans les pays en développement sont soit rares, soit dispersées, du fait de capacités insuffisantes ou d’un manque de volonté politique aux fins de la collecte des données (voir Points forts et limites des données).

Cependant, les données sur la migration familiale sont disponibles pour les pays de l'OCDE , dans laquelle la migration familiale représentait, en 2017, 40 %, soit 2 million de migrants, de la migration permanente totale dans ces pays (OCDE, 2019).

Le nombre de migrants pour raisons familiales est resté stable en termes relatifs, mais a augmenté en chiffres, plus précisément de 1,8 million en 2016 à 2 million en 2017.

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Questions

  1. À la suite de l'écoute du balado L'exode des cerveaux, pas nécessairement négatif pour les pays en développement (6 min 17), indique des avantages de l'exode des cerveaux pour les pays en développement.

3.3. Portrait des migrants

La composition, selon le sexe

Les migrantes sont plus nombreuses que les migrants masculins en Europe, en Amérique du Nord, en Océanie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, tandis qu’en Afrique et en Asie, en particulier en Asie de l’Ouest, les migrants sont principalement des hommes.

Les flux de migrants, hommes ou femmes, sont de plus en plus qualifiés. Aujourd’hui, les femmes migrent moins pour rejoindre leur conjoint et davantage pour travailler ou faire leurs études.

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Relativement jeunes

En termes d’âge, un migrant international sur sept a moins de 20 ans. En 2019, l'ensemble de données a montré que 38 millions de migrants internationaux, soit 14% de la population mondiale de migrants, avaient moins de 20 ans.

L’Afrique subsaharienne a accueilli la plus forte proportion de jeunes de l’ensemble des migrants internationaux (27%), suivie de l’Amérique latine et des Caraïbes, de l’Afrique du Nord et de l’Asie occidentale (environ 22% chacune).

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Population active

Trois migrants internationaux sur quatre sont en âge de travailler (20 à 64 ans). En 2019, 202 millions de migrants internationaux, soit 74% de la population mondiale de migrants, étaient âgés de 20 à 64 ans.

Plus des trois quarts des migrants internationaux étaient en âge de travailler en Asie de l'Est et du Sud-Est, en Europe et en Amérique du Nord.

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Question

  1. Indique une différence quant aux zones s'installent les hommes et les femmes qui migrent ?

3.4. Les flux migratoires à l'échelle mondiale

Questions

  1. Est-il juste de dire que l'origine première des migrants en Europe est l'Afrique ? Justifie ta réponse à l'aide de faits.

  2. Quel est flux migratoire le plus important actuellement ?

3.4.1. La gestion des flux migratoires

Travailler avec ses partenaires économiques : l'approche européenne et l'approche américaine

L'approche européenne

L'approche de l’Union européenne (UE), en ce qui a trait à l'intégration des migrants d'un pays avec lequel elle possède un lien économique fort, est d'impliquer d'importantes sommes afin d’atténuer les effets des migrations sur le pays d'accueil.

Elle compte notamment sur :

  • Le Fonds social européen ;

  • Le Fonds européen de développement régional ;

  • Le Fonds de cohésion.

Ceux-ci sont alimentés par les nations européennes les plus riches.

Un bon exemple est ce qui s’est passé lors de l’entrée de l’Espagne dans l’Union européenne. Pendant une centaine d’années, l’Espagne avait été un pays d’émigration, d’abord vers des pays étrangers, puis vers des pays de l’Union européenne. Malgré un écart de 30 % entre le produit intérieur brut (PIB) par habitant de l’Espagne et celui de l’Europe du Nord, le pays est finalement devenu membre de plein droit de l’Union européenne et a été mis sur la voie de la libre circulation de la main-d’œuvre.

Plutôt que de construire un mur dans les Pyrénées pour empêcher l’intrusion massive de migrants espagnols, l’Union européenne a transféré 59 milliards de dollars dans les fonds d’ajustement structurel pour aider le pays à améliorer ses infrastructures sociales, économiques et physiques et a rendu les conditions en Espagne conformes aux normes de base de l’Union européenne.

En conséquence, lors de l’adhésion à l’Union européenne en 1986, de nombreux Espagnols sont rentrés au pays et, comme d’autres pays de l’Union européenne, l’Espagne est rapidement devenue un pays d’accueil d’immigrants issus de pays étrangers.

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L'approche américaine

Depuis 1986, les États-Unis ont dépensé 35 milliards de dollars pour renforcer leur frontière avec le Mexique malgré l’Accord de libre échange nord-américain, dont ces deux nations sont membres depuis 1993.

Comme l’Union européenne, l’ALENA (maintenant l'ACEUM) constitue un espace de libre circulation des marchandises, du capital, des biens de base, de l’information et des services. Mais contrairement à l’UE, il ne prévoit pas la libre circulation de la main-d’œuvre. Bien que le PIB par habitant du Mexique soit, sans aucun doute, très inférieur à celui des États-Unis, l’écart n’est pas plus important que celui entre la Pologne et l’Europe de l’Ouest lors de l’adhésion de ce pays à l’Union européenne.

Si les États-Unis avaient versé au Mexique 35 milliards de dollars au titre de l’aide à l’ajustement structurel plutôt que renforcer leur frontière et s’ils avaient créé des voies légales pour la circulation des migrants de part et d’autres de la frontière, il est probable que la population des sans-papiers aurait été une infime portion des 11 millions de personnes qu’elle représente aujourd’hui.

Paradoxalement, en matière de flux migratoires, une plus grande souplesse et une meilleure gestion peuvent assurer un meilleur contrôle et diminuer le nombre d’immigrants à long terme.

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Question

  1. Quels sont les motifs de l'administration américaine justifiant la construction d'un mur sur la frontière mexicano-américaine ?

3.4.2. La régularisation des flux migratoires

Le Pacte mondial pour les migrations : une bonne idée ?

Le Pacte mondial pour les migrations représente une occasion historique d'améliorer la coopération internationale en matière de migration et de renforcer la manière dont contribuent les migrants et la migration au développement durable. Aujourd'hui, plus de 258 millions de migrants dans le monde vivent hors de leur pays de naissance. Ce chiffre devrait augmenter en raison d'un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la croissance démographique globale, la connectivité croissante, le commerce, le renforcement des inégalités, les déséquilibres démographiques et les changements climatiques.

La migration offre d’immenses possibilités et avantages pour les migrants eux-mêmes, les communautés d’accueil et les communautés d’origine. Elle peut cependant entraîner un certain nombre de défis importants lorsqu'elle est mal réglementée, notamment des infrastructures sociales dépassées par l'arrivée inattendue d'un grand nombre de personnes, ou encore les risques parfois mortels entrepris lors de voyages périlleux.

Pacte mondiale pour les migrations sûres, ordonnées et régulières

3.5. L'intensification des migrations humaines

Bien que les migrations humaines s'intensifient en raison du développement des infrastructures de transport et grâce à l'amélioration des moyens de communication, cette section aborde cette intensification sous l'angle climatique.

3.5.1. Les migrations climatiques internes

Les migrations climatiques internes

Une nouvelle étude de la Banque mondiale intitulée Groundswell : Se préparer aux migrations climatiques internes, analyse ce phénomène récent et ses effets à l’horizon 2050 en se penchant sur trois régions du monde : l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine.

Ses conclusions sont implacables : si l’on n’agit pas de toute urgence contre le changement climatique et pour le développement, ces régions pourraient être globalement confrontées à la présence de plus de 140 millions de migrants climatiques internes d’ici 2050. Des habitants forcés de se déplacer en raison des sécheresses, des mauvaises récoltes, de l’élévation du niveau de la mer et de l’aggravation des ondes de tempêtes.

1er constat

Les migrations climatiques internes vont s’intensifier d’ici 2050 puis s’accélérer, à moins que des mesures concertées ne soient prises sur le climat et le développement.

2e constat

Les pays peuvent s’attendre à voir apparaître des foyers d’émigration et d’immigration du fait du climat. Ceux-ci auront des conséquences importantes pour ces pays et la planification future du développement.

3e constat

La migration peut être une stratégie d’adaptation au changement climatique si elle est gérée prudemment et accompagnée de bonnes politiques de développement et d’investissements ciblés.

4e constat

Les pays peuvent s’attendre à voir apparaître des foyers d’émigration et d’immigration du fait du climat. Ceux-ci auront des conséquences importantes pour ces pays et la planification future du développement.

GroundswellOVfr.pdf

3.5.2. Les migrations climatiques internationales

Les changements climatiques peuvent-ils entraîner l'intensification des migrations internationales ?

Premièrement

Certaines études ont suggéré que les personnes dont les moyens d'existence sont les plus dépendants des changements climatiques n'ont souvent pas les moyens d'émigrer loin. Ils ne possèdent pas les informations nécessaires ni les ressources financières pour entreprendre de longs voyages, et même s'ils avaient accès à l'information, ils n'ont souvent pas les moyens de voyager.

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Deuxièmement

Les victimes ne souhaitent pas nécessairement émigrer. Un avis de plus en plus accepté est que la migration est essentiellement un choix volontaire, même dans les situations inextricables et pouvant entraîner la mort. Habituellement, la victime préfère rester près de son pays d'origine plutôt que d'entreprendre un long voyage vers l'inconnu. Ce qui attire la main-d'œuvre hautement qualifiée ainsi que les travailleurs saisonniers dans le monde occidental ne s'applique pas nécessairement aux victimes des crises souvent pauvres et plus vulnérables.

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Troisièmement

Même si le niveau des mers augmente d'un mètre et que les terres qui abritent jusqu'à deux milliards d'habitants deviennent trop arides, il est aussi vrai que de nombreuses régions inhabitables aujourd'hui, par exemple, dans le nord, le nord-ouest et l'ouest de la Chine, ou dans le nord de la Fédération de Russie, pourraient devenir fertiles. Bon nombre d'Asiatiques préféreraient rester en Asie que d'émigrer vers des destinations distantes en Europe et aux États-Unis. De nouvelles voies de migration peuvent donc se former entre les pays en développement et à l'intérieur de ceux-ci, remplaçant en partie les routes migratoires traditionnelles.

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Quatrièmement

Le réchauffement climatique progresse très lentement. Même dans les pires scénarios, le niveau des mers devrait, selon les prévisions, augmenter de dix centimètres par an au maximum. Les populations se sont adaptées à des incidents beaucoup plus graves sans pour autant émigrer vers des pays lointains sans retour.

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3.5.3. Les migrations climatiques dans l'actualité

3.6. Le choix du pays d'accueil

Diaspora - Proximité géographique - Liens coloniaux - Caractéristiques culturelles

Diaspora

Une diaspora est la dispersion d’une communauté ethnique ou d’un peuple à travers le monde. À l'origine, ce terme ne recouvrait que le phénomène de dispersion proprement dit.

L'exemple de la Grèce

La diaspora grecque désigne les communautés grecques vivant en dehors des territoires d'origine des Grecs.

La diaspora moderne a principalement trois sources :

  • Économique, avec l'expatriation de travailleurs, commerçants, marins, scaphandriers vers les pays industrialisés en voie de développement rapide aux xixe et xxe siècles ;

  • Politique, avec l'afflux de réfugiés chassés soit par les épurations ethniques successives dans l'Empire ottoman, soit par les dictatures grecques (Metaxas, Colonels), soit par les persécutions des régimes violents instaurés dans les pays où vivaient des minorités grecques (Albanie, Égypte, bloc de l'Est) ;

  • Intellectuelle, avec le choix de nombreux universitaires, artistes et scientifiques grecs de s'établir dans les pays étrangers, en général occidentaux, où ils étaient venus faire leurs études ou diffuser leurs créations.

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Proximité géographique

La proximité géographique est un facteur important dans la décision de migrer. Tel que mentionné précédemment, les personnes qui choisissent de migrer à proximité de leur lieu de naissance le font pour les raisons suivantes :

  • Pauvreté ;

  • Conflit armée ;

  • Changements climatiques ;

  • Amélioration de la situation économique ;

Liens coloniaux

Historiquement, les liens coloniaux ont eu un impact sur le choix du pays d'accueil. Par exemple, certains Britanniques, profitant de l'expansion démographique des colonies, ont préféré migrer vers des pays neufs afin de profiter des opportunités qu'offrait un nouveau départ.

Caractéristiques culturelles

Les caractéristiques culturelles entrent également en ligne de compte lorsqu'il est question de choisir un pays d'accueil. Parmi ces caractéristiques, on retrouve principalement la langue et la religion.