1. Intervention extérieure en zone de tensions et de conflits

1.Intervention extérieure en zone de tensions et de conflits

À l'échelle de la planète, il existe des zones de tensions et conflits ayant pour causes des divergences d'intérêts politique, économique, social ou culturel. Le principe de la souveraineté des États, c'est-à-dire qu'il n'existe aucune autorité supérieure au gouvernement d'un État rend alors difficile l'intervention extérieure. Bien que souvent envisagée, l'ingérence étrangère en zone de tensions et de conflits doit néanmoins aux critères déterminés par l'Organisation des Nations Unies. Ainsi, il importe de prendre en considération la souveraineté des États afin de constater qu'il n'est pas simple d'intervenir dans un pays vivant une crise interne.

1.1. Les zones de tensions et de conflits

Le 26 mars 2020, l'Organisation des Nations Unies a demandé aux États, partout sur le globe, de mettre en place des cessez-le-feu afin de combattre la pandémie mondiale. Cessez-le-feu qui, semble-t-il, ait porté ses fruits au début de l'année 2020, car le Cameroun, les Philippines et le Yémen ont stoppé les hostilités : L’ONU s’est aussi félicitée du cessez-le-feu temporaire annoncé le 24 mars «par le Parti communiste des Philippines avec le gouvernement des Philippines». «Le secrétaire général encourage les parties à trouver une solution politique définitive afin de mettre un terme à leur long conflit», a précisé Stéphane Dujarric. (Le Soleil).

Actuellement (décembre 2020), les zones de tensions et de conflits dans le monde sont en diminution par rapport à 2019, mais il semble que plusieurs conflits reprennent de l'ampleur selon l'actualité.

1.2. L'arménie et l'AzerbaÏdjan : un conflit géostragégique impliquant plusieurs acteurs

Par l'exemple de ce conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, il est possible de constater qu'une zone de tensions et de conflits implique une grande diversité d'acteurs ayant des motivations diverses (culturelle, politique, territoriale, économique, etc).

Mise en contexte

Après des mois de tensions et d'escarmouches entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie le long de la frontière, c'est le 27 septembre dernier (2020) qu'éclatent des combats entre les deux États. Dès lors, une mobilisation générale est mise en place, tout comme la loi martiale.

En fait, c'est la région du Nagorny-Karabakh (Haut-Karabakh) qui est au cœur du conflit. La population de cette région séparatiste de l'Azerbaïdjan est opposée à la force militaire de l'Azerbaïdjan et est supportée par l'Arménie. Il faut comprendre qu'une part importante de la population du Haut-Karabakh est d'origine arménienne.

Origine et évolution du conflit

1921

  • Rattachement du Haut-Karabakh à l'Azerbaïdjan par Joseph Staline. Il s'agit d'un mariage forcé entre deux nations culturellement différentes, la population du Haut-Karabakh étant majoritairement arménienne et chrétienne alors que l'Azerbaïdjan est à majorité musulmane chiite.

1988

  • Les dirigeants du Karabakh font sécession, c'est-à-dire qu'ils se séparent de l'Azerbaïdjan. Ils votent également leur rattachement à l'Arménie, causant plusieurs affrontements entre les deux États.

1991

  • Lors de l'effondrement de l'URSS, le Haut-Karabakh proclame son indépendance, allant même jusqu'à occuper une partie du territoire de l'Azerbaïdjan qui n'avait jamais été sous son contrôle. S'ensuit un conflit d'une durée de 3 ans, ayant fait plus de 30 000 morts et plusieurs centaines de milliers de réfugiés.

1994

  • Un cessez-le-feu est conclu, grâce aux pressions du Groupe de Minsk. Néanmoins, le conflit n'est pas réglé.

2016

  • Guerre des quatre jours, initiée à la suite d'une attaque azérie, faisant plus d'une centaine de morts.

27 septembre 2020

  • Reprise des combats au Haut-Karabakh.

9 novembre 2020

  • Annonce d'un cessez-le-feu signé par les présidents Vladimir Poutine (Russie), Ilham Aliev (Azerbaïdjan) ainsi que le premier ministre arménien Nikol Pachinian. L'armée russe prend également le relais afin de maintenir la paix au Haut-Karabakh. L'armée arménienne, pour sa part, se retire de la région. Le cessez-le-feu est survenu au moment où la ville stratégique de Choucha, située entre l'Arménie et la capitale du Haut-Karabakh, fut prise par les forces azerbaidjanaises.

Pourquoi la Russie est-elle intervenue dans le conflit ?

Les Russes sont les grands vainqueurs parce qu'ils ont réussi à écarter la Turquie du jeu diplomatique. Moscou redevient l'arbitre régional. Poutine tient à nouveau les clés du règlement définitif. Ce qui n'était pas acquis, car ils ont d'abord été sonnés par l'irruption de la Turquie dans cette affaire. Ils ne s'attendaient pas à une telle ingérence turque dans le sud du Caucase et à un soutien militaire aussi massif auprès des Azéris. Ils ont mis du temps à évaluer la situation. Ils voulaient préserver deux choses : leur relation avec la Turquie, qui est un partenaire dans de nombreux domaines, et leur relation plutôt bonne avec l'Azerbaïdjan. Et puis, chez Poutine, il y avait une envie d'enquiquiner les autorités arméniennes. Le président russe n'a pas apprécié les quelques signes d'indépendance manifestés par le nouveau Premier ministre Nikol Pachinian. Ce dernier a, par exemple, fait emprisonner l'ancien président arménien Robert Kotcharian, qui est un proche de Poutine. Au moment où d'anciennes républiques soviétiques, comme la Biélorussie, jouent les mauvais élèves, Poutine n'est pas mécontent de remettre au pas Pachinian. La Russie se replace au centre. C'est une façon de dire aux Arméniens : « Regardez, si on n'était pas intervenus, vous perdiez tout. »

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1.2.1 Autre état impliqué

Israël

Israël, dans ce conflit, supporte ouvertement l'Azerbaïdjan et ce, pour 2 raisons. La première est d'ordre diplomatique : Israël fut l'un de premiers États à reconnaître l'Azerbaïdjan lors de sa création en 1991. L'État tente également de nouer des liens diplomatiques avec plusieurs pays musulmans. La seconde est d'ordre économique : Israël est le premier fournisseur d'armes de l'Azerbaïdjan avec des ventes de plus de 740 millions de dollars annuellement. De plus, Israël importe la majeure partie de son pétrole de la région de Bakou, en Azerbaïdjan.

1.2.2. Les organisations internationales impliquées dans le conflit

Organisation du traité de sécurité collective

Le Traité de la Sécurité collective (Traité) a été signé le 15 mai 1992. La République d’Arménie figure parmi les États signataires.

Les membres de l’organisation sont la République d’Arménie, la République du Bélarus, la Fédération de Russie, la République du Kazakhstan, la République du Kirghizistan, la République du Tadjikistan et la République d’Ouzbékistan.

La disposition centrale du Traité est l’article 4, aux termes duquel en cas d’agression à l’égard de n’importe quel État membre, tous les autres États membres mettent à sa disposition une aide appropriée, y compris militaire, ainsi qu’une assistance avec les moyens dont ils disposent.

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Groupe de Minsk

Co-présidé par les États-Unis, la France et la Russie, le Groupe de Minsk est une organisation européenne chargée d'encourager la recherche d'une résolution pacifique et négociée entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, lors du conflit les opposant sur le Haut-Karabagh au cours des années 1990.

Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) a donné son appui au Groupe de Minsk. L'ONU se base sur le droit international dans le règlement des différends, c'est-à-dire que les membres appellent à une résolution du conflit de manière pacifique et au respect de l'autodétermination des peuples.

Le Groupe de Minsk reprend donc, en 2020, la médiation d'un conflit qui n'a jamais été vraiment réglé.

Source

Proclamation d'indépendance de l'Azerbaïdjan

Déclenchement d'un conflit dans la République d'Artsakh (Haut-Karabagh)

L'Arménie et l'Azerbaïdjan se battent à nouveau pour le Haut-Karabagh

1.3. La souveraineté des États

La souveraineté des États

La souveraineté est le pouvoir absolu d'un État de faire ses lois et de les mettre en pratique. La souveraineté d'un État implique l'exclusivité de ses compétences législatives, exécutives et judiciaires sur le territoire qui est le sien. L’État n’est soumis qu’à sa propre volonté. Il exerce son autorité suprême sur une population et un territoire donnés. Il n'est donc pas possible de s'ingérer dans les affaires intérieures d'un autre État.

Deux événements de la période contemporaine ont permis à plusieurs États du globe d'obtenir leur souveraineté : le mouvement de décolonisation suivant la Seconde Guerre mondiale et la chute de l'URSS de 1991.

1.3.1. Causes d'une intervention extérieure dans un État souverain

Intervenir pour protéger les populations

Chaque pays a la responsabilité de protéger sa population, son territoire et ses institutions, tout en obtenant le respect de sa souveraineté par les autres États. Néanmoins, plusieurs pays ne garantissent pas la sécurité de leur population. Cela amène l'intervention d'autres États, par l'entremise d'organisations internationales, en territoire souverain.

La responsabilité de protéger

En 2005, lors d'un sommet mondial, tous les membres de l'Organisation des Nations Unies furent en accord avec le principe de la responsabilité de protéger. Ce principe repose sur 3 piliers qui énoncent les bases d'une intervention extérieure :

  • Un État doit protéger sa population.

  • La communauté internationale doit aider les États à protéger leur population.

  • La communauté internationale doit protéger les populations lorsqu'un État ne leur assure pas une protection adéquate.

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non-ingérence

L'article 2 de la Charte des Nations Unies énonce le principe de non-ingérence d'un État face à un autre État :

Aucune disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État ni n'oblige les Membres à soumettre des affaires de ce genre à une procédure de règlement aux termes de la présente Charte.

En somme, un État ne peut pas intervenir dans un autre État souverain à moins la situation ne menace la pays mondiale, que les affrontements internes s'éternisent ou ou qu'un État ne soit pas en mesure d'exercer son pouvoir à l'intérieur de ses frontières.

L'ingérence reste également possible dans les cas suivants.

ingérence

« Le droit d'ingérence humanitaire est une forme relativement récente d'ingérence dans l'espace international. Il s'agit du droit que revendiquent des organisations non gouvernementales (ONG) et certains États d'intervenir sur le territoire d'un État, dont la population se trouve en situation de crise humanitaire ou dont les droits humains fondamentaux paraissent violés, avec ou sans son consentement. C'est d'ailleurs, de par sa nature, la seule forme d'ingérence plus ou moins tolérée, tous stades d'intervention confondus. Cependant, la frontière souvent floue entre intervention humanitaire et intervention militaire fait de l'ingérence un mode d'action contesté.

À la limite, le droit d'ingérence s'oppose à la souveraineté d'un État. Le droit d'ingérence, au nom d'une cause humanitaire, peut également constituer une justification, voire un prétexte, pour envahir un État, compromettre sa légitimité, ou renverser son gouvernement » (Source).

En plus de l'ingérence humanitaire, notons que l'ingérence étrangère est communément acceptée dans le cas d'États préoccupants et dans les États non démocratiques, car il s'agit de menace à la paix mondiale.