Territoire agricole en milieu à risque : Le Bangladesh
Mise en contexte
Certains territoires agricoles du monde se développent sur des espaces soumis à des risques naturels. Ils sont fragiles et leur développement devrait tenir compte de ces conditions particulières. La gestion de l’eau y est déterminante. Parfois, l’activité agricole peut même contribuer à l’accroissement des milieux à risque.
Cette page se consacrera à l’étude d’un des trois territoires agricoles proposés dans le programme de géographie, soit le territoire inondable du Bangladesh.
Concepts à l'étude
1.Localisation du Bangladesh
Situation géographique
Le Bangladesh est situé en Asie du Sud, plus précisément au nord-est de l'Inde. Il s'agit d'un pays densément peuplé où plus de 75% des habitants sont des paysans. La capitale de ce pays de 164,7 millions d'habitants est Dacca.
La majeure partie des Bangladais occupe le delta formé par trois fleuves : Le Gange, le Brahmapoutre ainsi que le Meghna. Ceux-ci plongent dans les eaux du golfe du Bengale. S’ajoutent à ces rivières environ 200 petits cours d’eau. Cela fait en sorte que 7% de la superficie du pays est couverte d’eau.
En plus de ces cours d’eau, le pays reçoit annuellement deux mètres de pluie. Le climat tropical de la région, ainsi que la présence de ces fleuves, favorisent l'agriculture. Néanmoins, ce type de climat favorise la formation de cyclones, détruisant tout sur leur passage.
La plus grande partie des précipitations s'abat sur le Bangladesh pendant ce qu'on appelle la mousson d'été, soit entre les mois de juin et d'octobre. Les vents de mousson sont puissants et soufflent, en été, de la mer vers la terre.
Les zones soumises aux inondations
Le Bangladesh est composé d'une immense plaine, majoritairement située à moins de 30 mètres du niveau de la mer.
Au moment de la mousson, un tiers du territoire est inondé. D’une part, l’augmentation des précipitations lors de la mousson, associée à la fonte de plus en plus importante des glaciers de l’Himalaya, a augmenté considérablement la quantité d’eau de crue. D’autre part, l’élévation du niveau de la mer rend l’écoulement de plus en plus difficile.
2. Les phénomènes naturels et leurs impacts
Mise en contexte
Le Bangladesh est situé dans une région côtière et est particulièrement vulnérable aux inondations en raison de sa position géographique et de la topographie de son territoire. Le pays est bordé par le delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna, trois grands fleuves qui traversent le Bangladesh et qui sont fréquemment inondés pendant la saison des moussons.
2.1 Les phénomènes naturels et leurs impacts
La mousson
La mousson est un ensemble de vents qui soufflent en Asie du Sud. Le mot mousson provient d'un mot arabe signifiant « saison ». En été, la mousson apporte de l'air chaud et humide venant de l'océan Indien. Elle provoque d'importantes pluies en Inde, en Asie du Sud-Est et jusqu'en Corée et au Japon. La mousson est à la fois attendue et redoutée par les Asiatiques, car elle entraîne des inondations catastrophiques.
Source : Vikipédia
Les crues printanières
Une crue est le débordement passager d'un cours d'eau hors de son lit habituel. Ce phénomène se produit à chaque année et est causé, au Bangladesh, par la mousson.
Les rivières du Bangladesh ont de grandes variations de débit entre les périodes de mousson et la saison sèche. Toutefois, les débits les plus importants se situent généralement entre les mois de juillet et août, et les plus faibles en mars et avril. En fait, les débits moyens du Brahmapoutre et du Gange en période de crue sont respectivement 20 et 30 fois supérieurs à ceux de la saison sèche.
Alors qu’environ 15% du pays, constitués de collines et de montagnes, restent à l’abri des crues, près de 56% des terres sont généralement inondés sous 30 centimètres à 3 mètres d’eau.
2.1 Les cyclones
Les cyclones
Plusieurs fois au cours de son histoire, le Bangladesh et la région environnante ont été frappés par des cyclones tropicaux dévastateurs qui ont causé de grandes pertes en vies humaines et en biens. La majorité des dégâts sont causés par l'eau et les vents. Le territoire du Bangladesh est propice aux inondations causées par les cyclones. Ironiquement, la plaine inondable de ce pays est très fertile et attire les agriculteurs qui cultivent ces terres.
2.2 Les impacts des cyclones
Les cyclones, aussi appelés ouragans ou typhons, ont des impacts très importants sur le territoire du Bangladesh et sur sa population. En effet, lorsqu'ils touchent un continent, les cyclones amènent :
Des dommages matériels importants, principalement sur les infrastructures (bâtiments, infrastructures de transport, maisons, etc.).
Des pertes économiques considérables pour les entreprises et les communautés touchées ainsi que de l'interruption des activités économiques.
Des pertes de vie directes, mais aussi indirectes, en raison des maladies et des blessures qui peuvent survenir après la tempête.
Une interruption des chaînes d'approvisionnement en eau et en nourriture, en raison de la destruction des infrastructures de distribution et de la contamination des ressources en eau.
Une interruption des moyens de transport et de communication, en raison de la destruction des routes et des ponts, ainsi que des perturbations des réseaux électriques et téléphoniques.
2.2.1. Les cyclones les plus meurtriers
Cyclone Bhola
Ce cyclone a frappé le Bangladesh en novembre 1970 et a été l'un des plus meurtriers de l'histoire du pays, avec un bilan de près de 500 000 morts.
Cyclone Sidr
Ce cyclone a frappé le Bangladesh en novembre 2007 et a causé la mort de près de 3000 personnes et des dommages importants aux infrastructures et aux cultures agricoles.
Cyclone Amphan
Ce cyclone a frappé le Bangladesh et l'Inde en mai 2020 et a causé la mort de près de 100 personnes au Bangladesh et de nombreux dommages aux infrastructures et aux cultures agricoles.
Il est important de noter que ces cyclones ont été rendus encore plus meurtriers par les conditions de surpeuplement et les infrastructures limitées du Bangladesh, qui rendent le pays vulnérable aux catastrophes naturelles.
2.3. L'érosion des berges
L'érosion des berges au Bangladesh est un problème grave qui affecte de nombreuses régions du pays. Elle est causée par plusieurs facteurs tels que :
Les cyclones et les inondations favorisés par les changements climatiques peuvent contribuer à l'érosion des berges.
Les nombreuses crues issues des précipitations et de la fonte des glaciers de l'Himalaya.
L'excès de sédiments dans les rivières, causé par l'érosion des sols et par l'utilisation intensive des terres pour l'agriculture, contribue à l'érosion des berges.
La déforestation contribue à l'érosion des berges en réduisant la capacité des sols à retenir l'eau et en empêchant la stabilisation des sols par les racines des arbres. Par exemple, la coupe des forêts de mangroves a des impacts majeurs sur l'érosion des berges dans le delta du Gange.
3. Les types d'agriculture et les productions agricoles
Présentation générale
Le Bangladesh possède des terres arables sur près de 59.6% de sa superficie. Le riz constitue la principale production agricole du pays et l’agriculture est rentabilisée par une production diversifiée : thé, céréales, pommes de terre, canne à sucre, bois et millet. Voici les statistiques détaillées :
Riz : 52 231 000 de tonnes / année
Céréales : 50 000 000 de tonnes / année
Pommes de terre : 9 435 000 de tonnes / année
Jute : 1 391 000 de tonnes / année
Thé : 64 000 de tonnes / année
Source : Banque mondiale
La majorité de la population rurale pauvre élève également du bétail. Environ 80% des paysans possèdent de la volaille et des chèvres. En réponse à une demande croissante en lait et en viande ces dix dernières années, les cheptels de bovins et de buffles se sont également accrus, mais les niveaux de production restent faibles, même par comparaison avec les autres pays de la région. Le Bangladesh dispose d'importantes ressources en eau et est l'un des principaux pays producteurs de produits d'aquaculture. Les crevettes et la carpe sont les espèces d'élevage en piscine les plus populaires. En fait, 30% de l’économie du Bangladesh s’appuie sur l'élevage.
La culture du riz
Le riz est cultivé de manière très intensive au Bangladesh, principalement dans les régions du delta du Gange et du Brahmapoutre, où le sol est fertile et l'irrigation est facile. La plupart des rizières du Bangladesh sont cultivées en plaine, bien que certaines soient cultivées en terrasses dans les régions de montagne.
Rizières en plaine
Rivières en terrasse
Le processus de culture du riz au Bangladesh commence par la préparation du sol, qui consiste généralement à labourer et à ensemencer les champs avant la mousson. Pendant la saison de croissance, les rizières sont généralement irriguées de manière régulière pour maintenir le sol humide et favoriser la croissance des plants de riz. En fin de saison, les plants de riz sont récoltés manuellement ou avec l'aide de machines, puis séchés et nettoyés avant d'être mis en sacs et envoyés à l'usine de transformation du riz.
Les ressources humaines sont nombreuses, la force animale est souvent employée, la biodiversité est élevée et plusieurs espèces complémentaires sont parfois cultivées ensemble, mais les moyens matériels sont rares. Il est également possible d'ajouter des poissons au champ, ce qui donne non seulement de nouveaux rendements, mais se traduit aussi par de meilleurs rendements en riz. Au Bangladesh, la rentabilité nette des exploitations rizipiscicoles a été supérieure de 50 % à la monoculture de riz.
3.1 L'élevage des crevettes et la salinisation des sols
L'industrie des crevettes est très importante pour l'économie du Bangladesh. Selon certaines estimations, cette industrie génère des revenus annuels de plus de 2 milliards de dollars pour le pays. L'élevage de crevettes est devenu une source importante de revenus pour de nombreux Bangladais, en particulier dans les régions côtières du pays.
L'industrie des crevettes est également importante pour l'exportation du Bangladesh. Le pays est l'un des principaux fournisseurs de crevettes de la région Asie-Pacifique et exporte des crevettes vers de nombreux pays, notamment aux États-Unis, en Europe et en Chine. Les exportations de crevettes représentent environ 10% des exportations totales du Bangladesh.
Cependant, cette industrie est également controversée en raison de ses impacts sur l'environnement. Les crevettes sont principalement élevées dans des bassins d'eau salée. Cela contribue à la salinisation des sols, ce qui nuit à sa fertilité : les sols utilisés ne peuvent être utilisés ultérieurement pour l'agriculture.
4. Les mesures d'atténuation
Malgré l'importance des phénomènes naturels qui frappent le Bangladesh à chaque année, il est possible de mettre en place des mesures qui servent à en atténuer les impacts. Ces mesures peuvent être réalisées par les citoyens eux-mêmes, par les agricultures, par l'État ou même par des organisations internationales.
4.1. Aménager des maisons sur pilotis et des abris
Le principal risque naturel lié aux cyclones, à la mousson et aux crues est l'inondation. Afin de s'adapter aux inondations, le Bangladesh a décidé de protéger population en construisant 4 000 abris collectifs sur pilotis le long des côtes.
Situés à quatre mètres du sol, ces abris laissent passer les vagues et les débris transportés par l'eau. Pouvant contenir entre 500 et 5000 personnes, ils sont équipés de réserves de nourritures, d'eau potable et de toilettes. Les escaliers d'accès ont été spécialement élargis pour permettre l'accès à un maximum de personnes dans un délai très court.
Il est possible, pour les paysans, d'aménager des habitations résilientes face au risque d'inondations. En effet, les maisons sur pilotis à plus de 1,5 mètres peuvent résister aux nombreuses inondations touchant le Bangladesh à chaque année.
Les paysans préfèrent néanmoins aménager des digues, moins coûteuses et nécessitant uniquement une certaine cohésion sociale au niveau local. La communauté doit alors s'entraider afin d'être résiliente.
4.2. L'importance de la communication
Afin de protéger les habitants des zones à risque, le gouvernement du Bangladesh doit agir sur les 3 axes suivants :
Mettre en place des systèmes de prévision et d'alerte rapides pour avertir les populations des risques de catastrophes naturelles à temps, afin de leur permettre de se mettre à l'abri et de se préparer à affronter la tempête.
Élaborer des plans de secours et d'intervention d'urgence pour aider les populations touchées par les catastrophes naturelles, en fournissant de l'aide alimentaire, de l'eau potable, des abris et des soins médicaux.
Renforcer ses infrastructures de transport et de communication, en particulier dans les régions les plus vulnérables aux catastrophes naturelles, afin de faciliter l'acheminement de l'aide et de permettre aux populations de rester en contact avec l'extérieur.
5. Les mangroves : une barrière naturelle protectrice
Mise en contexte
Le Bangladesh est, de par sa situation géographique, l’un des pays du monde les plus exposés aux catastrophes environnementales. Son immense réseau hydrographique et ses basses terres inondables de vaste superficie contribuent à sa fertilité mais aussi à sa vulnérabilité à l’érosion due aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes.
Les mangroves
Des ceintures vertes côtières, sous forme d’une végétation naturelle protectrice, peuvent faire la différence entre la vie et la mort lors des événements météorologiques extrêmes et notamment des cyclones meurtriers de plus en plus fréquents. Les mangroves, en particulier, sont d’une grande utilité.
En effet, les mangroves protègent la population des ondes de tempêtes apportées par les cyclones ainsi que des tsunamis. Par exemple, le tsunami de 1960 n'a fait aucune victime au Bangladesh, comparativement à plusieurs milliers en 1991. Entre ces deux dates, 190 000 hectares de mangroves ont été rasés.
Une zone côtière en danger
Au cœur du delta du Gange, la forêt des Sundarbans est un site naturel unique au monde. Véritable rempart végétal qui protège les terres des cyclones et des marées, la mangrove la plus vaste de la planète couvre plus de 10 000 km². Cette dense zone marécageuse, composée d’arbres résistants aux inondations, forme une muraille verte qui absorbe les ondes de tempête et atténue la violence des pires cyclones. Pour les habitants, cette forêt est aussi une source abondante de miel, et ces eaux regorgent de poisson.
Après des années de mauvais traitements de la part des Hommes et de la nature, la mangrove semble atteindre ses limites. La coupe illégale du bois, qui sert essentiellement à construire des logements pour la population locale, en pleine expansion, a dégarni les abords de la forêt. Dans le même temps, les barrages en amont des fleuves ont réduit l’alimentation en eau douce des Sundarbans, tandis que la montée du niveau des mers introduit plus d’eau salée dans la mangrove. Or l’augmentation de la salinité de l’eau décime de nombreuses et précieuses espèces d’arbres.
Source : National Geographic
6. Projet Minecraft - Réalisation d'une rizière au Bangladesh
6.1. Vidéos et images associées au document de l'élève
Une rizière au Bangladesh
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Une rizière au Bangladesh
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La culture du riz au Bangladesh
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Labourage de la terre par un boeuf
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Une rizière au Bangladesh
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Delta du Gange
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Maison sur pilotis
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Maison en bambou
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Maison sur le sol
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