« Les gens ont quand même énormément confiance en ce que leur disent leurs médecins »

Question : Pensez-vous que la confiance dans les pouvoirs médicaux est plus importante dans les campagnes que dans les villes ?

Dans la région dans lequel je travaille, je pense que oui. En zone rurale, dans la grande majorité, les gens ont quand même énormément confiance en ce que leur disent leurs médecins. Je ne dis pas que c’est partout pareil, mais dans la zone où je suis, oui.
On est quand même dans une période ou il y a énormément de méfiance envers les institutions. D’ailleurs ça a été le cas avec les gilets jaunes... Non seulement il y a des histoires financières mais il y a aussi la méfiance. Et c’est vrai que les anciennes affaires du sang contaminé, des hormones de croissance et du médiator ont laissé des traces. Mais comme vous avez pu le constater, j’ai quand même un certain âge, donc j’ai quasiment vu naître les parents de mes jeunes patients actuels. Ils me connaissent depuis une éternité, et cela aide à développer une relation de confiance.

Jean-Paul BRUSTEL

Question : Mais c'est dans le cas où ils viennent pour se faire vacciner, il n'y a pas de patients qui viennent en amont [poser des questions] ?

En général non. Ou alors comme il n'y a pas des vaccins tous les mois, ils peuvent amener leur enfant pour un examen de routine et demander quels sont les potentiels effets secondaires. Les gens nous font relativement confiance. Mais si nous parlons franchement à nos patients, c'est toujours mieux. Pour les vaccins, il y a des effets secondaires logiques. Quand vous piquez un enfant, pour commencer il pleure, il n'apprécie pas du tout, c'est absolument normal et il peut y avoir souvent une réaction locale le lendemain ou le surlendemain. C'est-à-dire, ça peut être rouge, ou chaud ou au contraire dur mais pas chaud, et nous avertissons les parents à l'avance. Une réaction locale, pas normale, mais assez fréquente. De jeunes patients peuvent développer de la fièvre pendant 2 à 3 jours après un vaccin, ça arrive assez fréquemment.

Jean-Paul BRUSTEL

Rapport_Concertation_Citoyenne_Vaccination.pdf
Ce comité avait pour but d’étudier les causes de la défiance des Français envers la vaccination et d’étudier les pistes de rétablissement de la confiance.
Plusieurs points relevés par la commission :- Nécessité de déclaration des liens d'intérets des experts et de diffusion des informations scientifiques sur la vaccination. (p14)
- Une transparence qui doit s’accompagner d’efforts de pédagogie vis-à-vis du grand public, pour éviter la multiplication d’interprétations erronées susceptibles d’alimenter à tort la défiance envers les vaccins. (p15)
- La nécessité pour la recherche d’explorer d’autres voies d’administration (exemple par patch vaccinaux) dont l’avantage serait d’éviter les désagréments des piqûres et le frein qu’ils représentent pour la vaccination (p26)- Nécessité de renforcer le temps d’enseignement sur la vaccination au cours de la formation initiale des étudiants en médecine. (p23)- Les inquiétudes des parents face à la douleur d’un bébé ou d’un très jeune enfant peuvent contribuer à leurs réticences face à la vaccination. En conséquence, la douleur due à l’injection vaccinale doit être prévenue. Il s’agit d’un acte simple, la pose d’un patch ou d’une crème antidouleur, préalable à l’injection, au point d’injection ; cette prescription d’antidouleur fait partie intégrante de la prescription vaccinale. (p21)

Des affaires qui affectent la confiance des français

L'affaire du Mediator (en 2010) est une affaire sanitaire et judiciaire concernant les personnes s'estimant victimes de la prise de benfluorex, commercialisé sous le nom de Mediator par les laboratoires Servier.

L'affaire du sang contaminé est un drame sanitaire, considéré comme un scandale, ayant touché plusieurs pays dans les années 1980 et 1990 à la suite d'infections par transfusion sanguine. En raison de mesures de sécurité inexistantes ou inefficaces, de nombreuses personnes ont été contaminées par le VIH ou l'hépatite C à la suite d'une transfusion sanguine.

Un traitement à base d’hormones de croissance contaminées : entre 1983 et 1985, 1 698 enfants en insuffisance hormonale ont reçu un traitement destiné à favoriser leur croissance. Il avait été élaboré à partir des hypophyses – une glande située dans le cerveau – prélevées sur des cadavres dont certains étaient infectés par la maladie neurologique de Creutzfeldt-Jakob.

Cent vingt patients sont morts au terme de longues souffrances. D’autres restent aujourd’hui sous la menace de développer la maladie, le temps d’incubation pouvant dépasser trente ans.