Mali

Architecture en terre chez les Buwa du Mali

Le territoire des Buwa est situé à cheval entre le Mali et le Burkina Faso. Différentes cultures constructives autour de la terre pour construire des maisons d’habitations, des greniers (petits bâtis utilisés pour le stockage) et autres éléments architecturaux se sont développées dans cette zone. Traditionnellement, la méthode la plus utilisée est les briques séchées en terre avec souvent l’ajout de matière organique. La saison sèche est la période appropriée pour la construction en terre, car il s'agit de la saison suivant les récoltes et que c'est une population d'agriculteur, mais aussi parce que les briques de terre crues peuvent sécher correctement et les produits des récoltes peuvent être utilisés dans la préparation de la terre (fibres).

La méthode de fabrication des briques de terre crue consiste à étaler la pâte, en terre malaxée, au sol sous forme de plaques qui sont ensuite découpés au couteau puis séchées à l'air libre avant utilisation. Le crépissage des murs en briques se fait avec de la terre auquel a été ajouté des produits végétaux ou minéraux.

La construction d'une maison est une oeuvre collective impliquant famille, voisins et de manière générale toute la communauté. Les travaux sont dirigés par une personne expérimentée dans l'art de bâtir, mais il n'existe pas de corporation de maçons spécialisés.

Un exemple particulièrement impressionnant de construction en terre dans cette région est la grande mosquée de San :

La Grande mosquée de San (https://mapio.net)

L'architecture vernaculaire de ce territoire est aujourd'hui menacé par des facteurs exogènes (phénomènes migratoires, influence des religions et des médias, progrès de la science et des techniques,...) et endogènes (comportements "individualiste" favorisé au détriment de la vie communautaire).

Très peu d’études portent sur ce patrimoine et sur les cultures constructives locales. ICOMOS Mali a donc le projet de réaliser un inventaire pour participer à la valorisation et à la préservation de ce patrimoine, avec l’ambition d’impliquer et de sensibiliser les populations locales (éducation, …) et d’utiliser ce patrimoine comme levier du développement local (tourisme,…).

Auteurs de la publication résumée ici : Lassana CISSE, Mamadi DEMBELE, David COULIBALY, Alpha DIOP, Mamadou KONE

Le conflit armé de 2012 au Mali : quelles stratégies adopter pour la conservation des biens du patrimoine mondial ?

De 1988 à 2004, le Mali a inscrit 4 biens sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ceux-ci se trouvent dans une zone touristique très fréquentée, ce qui permet des apports non négligeables pour faciliter les efforts de conservation consentis par les autorités nationales et locales ainsi que ceux des communautés vivant sur les sites.

Au début de 2012, le Mali subit des attaques de groupes armés. Le 28 juin 2012, les mausolées de Tombouctou sont inscrits à l’UNESCO. En « réponse », ils sont détruits par les groupes armés à partir du 30 juin.

Dès le début du mois de juillet, un appel à la solidarité internationale a été lancé pour permettre la reconstruction des mausolées et à partir du mois de février 2013, un comité d’expert est mis en place. Tout un travail de recherche historique et archéologique a été réalisé avec l’aide des communautés locales, très touchées par ces destructions. La reconstruction a pu débuter en 2014 et s’est finie en 2015. Elle a été réalisée par la corporation de maçon de Tombouctou avec aucune intervention d’entreprises extérieures.

L’ensemble du travail de recherche et de reconstruction s’est fait de manière participative avec les populations de Tombouctou, il a permis dans le même temps de reconstruire la vie dans cette zone tout en faisant prendre conscience de la valeur du patrimoine et en donnant la volonté de la conserver. Pour autant, il n’y a pas de réel moyen d’empêcher de nouvelles attaques.

Auteurs de la publication résumée ici : Lassana CISSÉ, Thierry JOFFROY