Stratégie Algérienne pour la promotion des architectures de Terre

Afin de remplir son rôle de garant de la sauvegarde des Ksour, « médinas du désert » majoritairement bâties en terre, et qui constituent une part majeure du patrimoine culturel en Algérie, le ministère de la Culture doit se donner les moyens de relever 2 défis majeurs :

- Parvenir à revaloriser l’image des architectures de terre dans l’esprit des populations locales afin de les maintenir dans les ksour

- Palier au problème majeur d’absence de compétences spécialisé dans la conservation des architectures de terre et dans la construction en terre

Le ministère algérien de la Culture ne parvient pas à obtenir l’adhésion des populations locales, propriétaires des biens situés dans les centres historiques protégés, aux opérations de réhabilitation de ces ensembles, et cela malgré les mesures financières incitatives prévue par la loi relative à la protection du patrimoine culturel.

Pour relever ces défis, le Ministère de la Culture a, depuis 2008, défini et progressivement mis en œuvre une stratégie en matière de promotion de l’architecture en terre. Cette stratégie est basée sur le postulat de base qu’il faut parvenir à réhabiliter l’image du matériau terre et former les acteurs de la construction à son utilisation si l’on veut espérer parvenir à sauvegarder le patrimoine bâti en terre.

Expositions

Dans ce cadre, l’Etat Algérien a financé deux expositions d’envergure internationale dédiées à la promotion des architectures en terre et crée deux institutions pour les mettre au service de la réhabilitation de l’image du matériau terre : un festival culturel international et un établissement public.

Les expositions ont reçu un accueil extrêmement favorable, tant de la part des étudiants et des professionnels du patrimoine et de la construction, que de la part des médias et du grand public qui les ont massivement visitées.

Elles ont suscité un intérêt croissant pour la préservation du patrimoine bâti en terre et pour le retour à l’utilisation des matériaux locaux dans le domaine de la construction.

Festival Archi’Terre

Le festival culturel International de la Promotion des Architecture en terre, Archi’Terre, est la première institution crée par l’Etat algérien dans le cadre de sa stratégie en matière de promotion des architectures de terre.

L’objectif principal du festival consiste en la sensibilisation des futurs acteurs de la préservation du patrimoine et de la construction à la sauvegarde du patrimoine bâti en terre. Il entend par ailleurs pallier à la standardisation de la formation des architectes et ingénieurs du bâtiment, exclusivement axée sur l’utilisation des techniques et matériaux industriels. Ce festival vise à la promotion des avantages économiques, écologiques et socioculturel des architectures de terre.

Durant une semaine, des centaines d’étudiants, enseignants, professionnels et enfants participent à des activités dont les principales sont :

- Ateliers pratiques d’initiation aux techniques majeures de construction en terre (adobe, pisé bloc de terre comprimé, arcs voûtes dômes et enduits à base de terre

- Journées d’information et de sensibilisation

Le festival organise par ailleurs 2 concours destinés aux étudiants et qui se tiennent alternativement à chaque édition : « intervenir sur le patrimoine en terre » et « terre d’avenir ».

CAPTERRE

Le centre algérien du patrimoine culturel bâti en terre (CAPTERRE) est la 2nde institution créée par le ministère algérien de la culture.

Cette institution est chargée, à travers la réhabilitation de l’image des architectures en terre, d’assurer la promotion et la valorisation du patrimoine culturel bâti en terre et des savoir-faire s’y rapportant, avec pour objectif de parvenir à assurer une sauvegarde durable de cette part majeure du patrimoine national.

Il est organisé en 2 départements techniques, celui de la valorisation et celui de la promotion.

Le département de la valorisation est chargé :

- D’effectuer des études et recherches qui visent à développer et à améliorer les techniques de conservation ou restauration des biens culturels bâtis en terre, ainsi que les techniques de construction en terre ;

- D’assurer toutes les missions d’assistance technique sur les projets de réhabilitation des biens culturels bâtis en terre ou construction en terre ;

- De procéder à l’inventaire et l’identification du patrimoine culturel bâti en terre et des savoir-faire liés à sa production

- D’assurer le contrôle technique de tous les travaux sur des biens culturels bâtis en terre.

Le département de la promotion est quant à lui chargé :

- D’assurer toutes les missions d’information et de conseil de nature à promouvoir les architectures de terre ;

- De développer et de mettre en œuvre des programmes d’actions pédagogique et didactique ;

- De constituer, d’alimenter et de mettre à disposition du public un fond documentaire relatifs aux architectures en terre, ainsi qu’un système d’information géographique et une base de données dédiés ;

- D’organiser et de participer à des manifestations culturelles et scientifiques, nationales ou internationales

Conclusion

La réhabilitation de l’image de l’architecture de terre est un travail de très longue haleine (sur une ou deux génération minimum) qui n’aura de chance de porter ces fruits que si l’Etat renforce l’action des institutions à travers, notamment, la mise en œuvre d’une politique de relance de l’utilisation des matériaux locaux dans le secteur de la construction, qui passe par la formation, la réglementation, la facilitation de l’investissement et la garantie de la commande.

En ces temps de crise économique et de préoccupation mondiale pour l’économie d’énergie et le développement durable, l’Etat algérien aurait tout à y gagner.

Auteurs de la publication résumée ici : Yasmine TERKI