Stabilisation de la terre avec des molécules naturelles

Le projet PaTerre + traite des interactions argiles/biopolymères (d’origine animale ou végétale). Il s’agit d’un projet de recherche de 2 ans, financé dans le cadre du programme national de recherche sur la connaissance et la conservation du patrimoine culturel matériel. Le but du projet est de mieux comprendre les pratiques traditionnelles et d’appliquer ces pratiques sur des chantiers de conservation. Car il est nécessaire d’avoir une compatibilité avec les supports anciens.

La publication des résultats de ce projet de recherche donne l’inventaire des différentes recettes accompagné d’un état de l’art des interactions argiles/biopolymères. Le rapport complet de ces travaux est disponible sur le site de CRATerre : http://www.craterre.org/data/download/20130927_paterre_pnrcc_rapport_final.pdf

Exemple de recettes traditionnelles étudiées :

    • Enduits de Kasséna à appliquer au badigeon, la décoction de cosses de néré, riche en tanins, protège les décorations réalisées par les femmes kassénas dans le nord-ghana, ces enduits de protection doivent être renouvelés tous les ans.
    • Gousses d’acacia (riches en tanins) séchées + pierres de limonites. Le mélange doit bouillir pendant 2h. La terre à enduire doit être mélangée exclusivement avec ce mélange. Donne un enduit de couleur noire du fait de la formation de tannates de fer. La couleur part avec le temps mais l’enduit continu à protéger la structure (cf image ci-dessous)
    • Encre métallogallique : fabriquée depuis le moyen-âge à partir de noix de galle (contenant des tanins) et de sulfate de fer, recette la plus utilisée en Europe entre le XIIe XIXe

Les photos ci-dessous montrent l'application de 3 enduits différents sur un mur en adobe :

  • Enduit stabilisé avec des cosses d’acacia et des pierres de limonites
  • Enduit stabilisé avec du jus de bananier
  • Enduit stabilisé avec du beurre de karité

Le résultat au bout de 10 ans, l'enduit stabilisé à l'aide des cosses d’acacia et des pierres de limonite est toujours là malgré l'exposition aux intempéries, tandis que les deux autres ont disparus laissant les briques d'adobes apparentes et soumises à l'érosion.

Ces études sur les méthodes traditionnelles posent la question "Est-il possible de rendre la terre insensible à l'eau. Les recherches sur la question ont permis de montrer que c'est possible dans les conditions suivantes :

      • Présence de fer en solution
      • Présence de biopolymère portant plusieurs charges négatives
      • Avoir un pH alcalins (rôle de la soude)

Sur l'image suivante, on teste des échantillons de terre à pisé tamisé à 200 μm, du sable, 2% de tanins (extrait de myrobolan) et de la soude. Dans le premier cas, l'échantillon est directement immergé dans l'eau, dans le 2nd cas, il est préalablement immergé dans du sulfate de fer, séché puis immergé dans l'eau.

Auteurs de la publication résumée ici : Aurélie VISSAC, Laetitia FONTAINE, Romain ANGER, Ann BOURGES, David GANDREAU