Méthode modernisée de mise en œuvre du pisé en Chine

L’utilisation de la terre comme matériel de construction est traditionnel depuis plus de 1000 ans dans les villages ruraux de Chine. En 2012, au moins 60 million de personnes vivaient encore dans des habitats traditionnel en pisé. Cependant, c’est aujourd’hui des types de construction qui sont synonymes de pauvreté et les habitats en terre sont de plus en plus délaissés par les populations. Le béton ainsi que les briques de terre cuites ont remplacés petit à petit la terre crue dans les habitudes de construction. Malheureusement les nouvelles constructions utilisant ces matériaux ont de moins bonnes performances en termes de confort, de résistance sismique et d’impact sur l’environnement.

Méthode traditionnelle de construction en pisé

Source image : pré-actes Terra2016

Un projet a été monté en 2011 par l’association caritative chinoise Wu ZhiQiao (Pont de Chine), avec l’autorisation du « Ministry of Housing and Urban-Rural Construction of China (MOHURD) » et avec le support scientifique de CRATerre-ENSAG. Ce projet a pour but d’améliorer les méthodes de construction en terre crue traditionnelles tout en transmettant le savoir-faire aux communautés rurales pour montrer que cela permet de réaliser des constructions à faible coût, durable et écologique.

Le projet a débuté dans le village Macha dans la région du Gansu avec 28 familles volontaires. Le succès rencontré a permis au projet de s’étendre à 10 autres régions où 110 maisons prototypes en pisé on pu être construites. Pour diffuser les retours d'expérience acquis sur ces maisons, un guide d'autoconstruction en pisé a été publié.

Un travail de recherche a été mené pour améliorer les techniques de construction traditionnelles en pisé. Une des améliorations recherchée en particulier était de renforcer la structure de la construction pour avoir une meilleure résistance sismique.

D'après la théorie de la stabilisation de la terre développé par CRATerre-ENSAG (Houben, 1994), les performances mécaniques du pisé peuvent être grandement améliorées grâce à :

  • un puissant damage de la terre
  • l'utilisation d'un mélange argile/sable/graviers contenant 8 à 12% d'eau

Cette théorie a été testée sur différents échantillons venant de toute la région et a été confirmée.

Voici les améliorations qui ont été proposées suite au travail de recherche :

Le travail sur l'amélioration de la résistance du système de coffrage a abouti sur en coffrage en bambou contreplaqué avec des profils en acier. Le système est composé de 9 panneaux permettant de monter un mur en "I", en " L" ou en "T" et peut être assemblé par seulement 2 personnes.

Pour répondre spécifiquement à la problématique de la résistance sismique des habitations, il a été proposé le renforcement de la structure par des éléments en bois ou en béton (colonnes structurelles dans les angles, renforcement en bas et en haut du mur,..) et des mesures pour traiter les jonctions entre les murs, le toit et les murs, et les fondations. Des prototypes ont été testés sur table vibrante, ce qui a permis de vérifier l'atteinte d'une résistance sismique pour une magnitude de 8.5.

Le projet a été un succès pour redonner une place à la construction en pisé en Chine et attirer l'attention du gouvernement central Chinois. La question n'est plus "pourquoi construire en terre?" mais "comment?". Cependant, dans l'inconscient collectif, construire en terre reste synonyme de pauvreté. Ce projet n'est donc qu'un début sur le chemin du changement de l'image de l'architecture en terre dans le pays.

Auteurs de la publication résumée ici : Jun MU, Tiegang ZHOU, Lei LOU, Hugo GASNIER, Quentin CHANSAVANG