Etude de cas : des constructions en adobe avec 1% d’argile et une résistance de 2.11 MPa

Même si elles démontrent d’une bonne résistance et durabilité finale, certaines expériences dans la construction en terre démontrent une proportion argile/ silt/ sable complètement différentes de celles recommandées par la plupart des spécialistes du domaine. Comprendre ces expériences est essentiel pour faire avancer nos connaissances dans ce domaine.

Le but de cette étude a été d’améliorer la compréhension du comportement de la terre comme matériau de construction en étudiant des 2 cas atypiques de production d’adobe.

Les adobes produits par 2 producteurs du village de Bichinho (Brésil) ont été analysés avec différents tests tels que :

  • la distribution de la taille des grains
  • la limite Atterberg[1] de la terre utilisée
  • la résistance des adobes.

L’analyse de la distribution de la taille des grains ont donné une répartition similaire entre les 2 producteurs, qui est de 1% d’argile, 65.1% de silt, 33.9% de sable. Normalement cette distribution ne permet pas de construire avec la terre, du fait de la faible quantité d’argile et une reformulation devrait être nécessaire. Pourtant ces adobes sont réellement utilisés dans la construction et démontrent une bonne durabilité.

La résistance mécanique des adobes a été mesurée avec la méthode Proterra qui a montré une résistance de 1.99 MPa pour le 1er producteur et 2.11MPa pour le 2ème, résistance qui ne devrait pas pouvoir être atteinte au vu de la composition de la terre.


[1]En géotechnique, les limites d’Atterberg définissent à la fois un indicateur qualifiant la plasticité d’un sol, mais aussi l’essai qui permet de définir ces indicateurs. Cet essai a été établi par l’agronome suédois Albert Atterberg (définition Wikipédia)

Presse pour tester la résistance à la compression des adobes (source : rapport complet)

Pour expliquer ce phénomène, la théorie avancée est que la terre est composée de silts très fins qui jouent en partie le rôle de l’argile et permettrait donc de compenser la faible concentration en argile. C’est pourquoi il est nécessaire de mieux comprendre le comportement de la terre, de s’inspirer des méthodes de construction vernaculaire et de les étudier pour comprendre les mécanismes en jeu.

Même la limite Atterberg ne devrait pas être utilisée comme diagnostique définitif pour décrire les possibilités et le comportement d’un échantillon de terre. Les étudiants et chercheurs devraient garder l’esprit ouvert et ne pas se limiter aux tests actuels pour caractériser un échantillon de terre. Des études sont encore nécessaires pour déterminer la relation entre la structure minérale de la terre et ses caractéristiques mécaniques. Parfois les silts peuvent réagir comme des argiles, la classification se fait en fonction de la taille des grains mais dans la réalité ce n’est pas aussi cloisonné.

Auteurs de la publication résumée ici : Marco Antônio PENIDO D REZENDE, Jaqueline Leite RIBEIRO DO VALE