Revêtement en fibres végétales

pour l’isolation de mur en pisé

La construction en pisé est une très bonne solution pour répondre aux différentes problématiques environnementales actuelles, cependant les réglementations thermiques sont aussi de plus en plus exigeantes pour aller dans le sens des économies d’énergie et la terre crue seule ne permet de répondre à ces exigences.

Pour rester dans une logique de matériaux à faible impact environnementaux, l’isolation des murs en pisé avec des fibres végétales semble intéressant, que ce soit pour la rénovation ou la construction neuve. L'objectif du travail de recherche présenté ici est de voir l'impact de l'isolation sur le comportement thermique du mur en pisé en climat méditerranéen.

Mise en œuvre du prototype et coupe :

Le prototype utilisé est de forme cubique avec des murs en pisé de 50 cm d'épaisseur. Il y a la moitié du mur extérieur isolée et l'autre qui ne l’est pas à la fois pour les parois Sud et Nord.

Sur la moitié isolée du mur en pisé, il y a :

- Un panneau de fibre de bois de 6 cm (λ = 0.039W/mK)

- Enduit (1.5 cm) : mélange d’argile (70%) avec de la paille d’orge (λ = 0.072W/mK)

La résistance thermique du mur isolée est de 1.85 (m².K)/W contre 0.28 (m².K)/W pour la partie non isolée. Ce qui suppose une diminution de 78% de la transmission thermique par rapport au mur sans isolation.

L'expérience est réalisée sans prise en compte de système de chauffage ou de climatisation.

Chaque partie de mur est équipé de thermocouples positionnés de la manière suivante :

Schéma de la position des thermocouples dans la partie du mur non isolée et celle isolée

Les températures sont enregistrées toutes les 30 min pendant plusieurs mois. D'abord de juillet 2013 à avril 2014 (aucune isolation) puis de septembre à octobre 2015 (avec un partie isolée et une partie non isolée).


Résultats obtenus :

Comparaison des températures mesurées au niveau des parties non isolées des parois nord et sud. Le mur en pisé seul permet un déphasage de 14h.

Comparaison des températures mesurées au niveau des parties non isolées des parois nord et sud (mois d'octobre).

Sans isolation, la paroi a une très bonne inertie, le mur en pisé seul permet un déphasage de 14h.

On observe que les pics de température extérieure sont fortement amortis. De plus, même si la température de surface intérieure au sud est plus importante que celle au Nord, la différence de température est d'environ 1°C. Cela malgré des pics de température significativement plus élevés sur la surface extérieure sud.


Comparaison pour la paroi nord entre la partie isolée et celle non-isolée (mois d'octobre)

Du fait de l'isolation, l'onde thermique est amortie : le gradient de température est quasi nulle dans la paroi isolée.

L'impact de l'isolation sur la température de surface intérieur du mur en pisé est limité dans cette expérience.



Comparaison de la température à l'intérieur du prototype entre le cas isolé et le cas non isolé

Conclusions

L’ajout de l’isolation permet en outre de réduire les variations de température à l’intérieur du prototype.

Le pisé peut être isolé avec des panneaux de fibres de bois et un enduit terre et fibre naturelles, et comparé à un mur non isolé :

  • le comportement thermique est amélioré
  • la température intérieure est plus stable

La limite de cette expérience est qu'elle a été faite sur un prototype sans les conditions réelles d’un bâtiment (pas de chauffage, d’occupation, d’apports internes, etc.)

Auteurs de la publication résumée ici : Antonia NAVARRO, Belén GONZALES, Mariana PALUMBO, Ana Maria LACASTA, Lídia RINCON