Patrimoine en terre crue

France

Architecture en terre

à Lyon, en région Auvergne Rhône-Alpes et en France

La construction en terre et très présente dans le patrimoine français, par exemple, le château de Vaugirard dans la Loire (42) est entièrement construit en pisé. De nombreux bâtiment lyonnais sont aussi en pisé et sont en cours de recensement, ils ont majoritairement été à l’initiative du promoteur François Cointreau au 18e siècle.

D’autres techniques sont utilisées pour construire en terre en France comme le torchis des maisons à colombage ou la bauge en Bretagne.

De nouvelles initiatives voient le jour portées par des entités telles que CRAterre, Amàco et les Grands Ateliers. Mais la recherche et le travail autour de la terre crue est une réalité dans le monde entier.

En 2007, l’Unesco lance un programme de préservation et de conservation des architectures en terre.

En France et particulièrement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la terre crue a été le matériau de construction le plus utilisé, avec une grande diversité des techniques de mise en œuvre.

Les briques de terre crue ont été introduites dans l’antiquité. A cette époque, il a déjà une connaissance importante des différentes terres, en particulier des argiles, et des différentes techniques (mortiers, enduits, briques, torchis,…). La terre n’est alors pas utilisée uniquement pour la construction mais aussi pour meubler l’intérieur de l’habitat.

Il n’y a pas de distinction des méthodes de constructions privilégiées en fonction de la richesse, les maisons luxueuses utilisent les mêmes méthodes que pour un bâtiment standard. Par contre, en fonction de la qualité de la pièce, l’enduit ne sera pas le même.

Livre de François Cointreau

La terre est aussi présente au niveau des plafonds et permet un remplissage entre les solives.

Le matériau terre est omniprésent entre 50 av. JC et le 3e siècle.

L’architecture en terre se retrouve un peu partout en France, excepté dans les massifs. Dans le Nord, en Picardie et en Normandie, c’est le torchis qui prédomine du fait de l’influence anglaise. A l’Est, c’est plutôt de la bauge que l’on retrouve, et bien sur le pisé en Rhône-Alpes.

Le pisé en Rhône-Alpes a principalement été mis en avant par l'architecte-bâtisseur François Cointreau (1740-1830) qui a produit au 18e siècle des cahiers d’architecture en terre traitant du pisé. Il a finalement été plus connu à l’étranger qu’en France mais ces cahiers ont tout de même entraîné un développement de la construction en pisé dans la région, majoritairement en zone rurale, mais aussi en zone urbaine.

Le patrimoine en pisé urbain est redécouvert dans les années 1980. Un recensement est actuellement en cours avec 3 axes développés : recherches dans les archives (ex : les inondations de 1856 impliquent la destruction de nombreux bâtiment en pisé sur les bords du Rhône), recherche sur la mémoire collective (maçons, …), géolocalisation sur inventaire participatif de 2016.

Les conclusions du recensement sont que le pisé est très présent à Lyon et pas seulement sur des bâtiments simples et bas, mais aussi, en quantité importante, sur des immeubles ayant jusqu'à 5 étages et des maisons bourgeoises. Sa présence a été identifié depuis au moins le 16e siècle mais est probablement plus ancien encore. La construction en pisé ne s’est pas totalement interrompue après 1856, elle a encore été utilisée probablement jusqu'à la Première Guerre Mondiale.

Il y a cependant de nombreuses destructions de ces bâtiments depuis les 30 dernières années, essentiellement à cause du manque de connaissances sur ce sujet et du fait que ces bâtiments ne sont pas identifiés.

Pour creuser le sujet, lire le « Petit guide des Architectures en pisé à Lyon » de Dorothée ALEX.

Couverture du livre de Dorothée ALEX "Petit guide des architecture en pisé à Lyon"

Le patrimoine en terre est aujourd’hui en danger, en France mais aussi dans le reste du monde, car c’est un patrimoine qui, par manque d’identification et de reconnaissance, n’est pas entretenu. De plus, il y a eu une telle perte de savoir-faire concernant la construction en terre, que la grande majorité des acteurs du bâtiment ne sont pas en mesure de rénover ce patrimoine.

Pour ce qui est des dynamiques de la construction en terre dans l’architecture contemporaine, il faut tout de même noter un renouveau depuis les années 1980 avec la création de CRAterre en 1979 et le projet du domaine de la terre de Villefontaine entre 1981 et 1985 (65 logement HLM répartis en îlots de 5 à 10 logements construits en terre).

Pour ce qui est de la construction en terre aujourd’hui, il s’agit majoritairement d’une construction mixte et pas uniquement en terre. L’association AsTerre, créée en 2006 (http://www.asterre.org/), regroupe les acteurs de la filière terre crue en France.

Auteurs de la publication résumée ici : Benjamin CLEMENT, Hubert GUILLAUD, Anne-Sophie CLEMENCON, Emmanuel MILLE, Jean-Marie LE TIEC


Quand les travailleurs de la terre apprennent à la bâtir…

En Midi-Pyrénées, le Magnoac se singularise par des murs en damiers composés d’une alternance d’adobe et de galets. Cette technique s’est développée au milieu du XIXe siècle jusqu’à l’entre deux guerres, époque à laquelle le métier de maçon a été révolutionné avec l’abandon d’un matériau jusque-là commun avec le reste du monde paysan : la terre.

La technique constructive du damier, composée d'adobes et de galets, va à l’encontre de toutes les règles de construction car elle entraîne un chaînage vertical et horizontal lorsqu’on cherche généralement à construire en quinconce pour assurer la stabilité de la paroi et éviter la création de fissure, le risque du "coup de sabre". A noté que, par ailleurs, ces murs ne sont généralement pas prévus pour recevoir un enduits (ce qui a été pensé dès la construction) qui pourtant a un rôle de protection du mur. Pourtant de nombreuses constructions de ce type sont encore présentes à Magnoac et ont tenu face au temps qui s’écoule.

Il s’agit d’une architecture paysanne, c’est-à-dire d’agriculteurs qui se sont tournés vers les métiers de la maçonnerie. Il y avait une complémentarité temporelle entre les travaux des champs et la fabrication des adobes, fabrication qui pouvait être lancée plusieurs années avant le début d'un chantier. Cela permettait aux agriculteurs une autonomie économique et participait à l’acquisition de compétence nouvelles qui renforçant le statut des maçons. La maçonnerie n’étant pas à l’époque considérée comme un métier à part entière.

Ce type de construction nécessitait une main d'oeuvre abondante qui réunissait famille et voisins, supervisés par 3 spécialistes : le maître d'ouvrage, le maçon et le charpentier. L'organisation de ces chantiers collectifs participait à la transmission des savoir-faire aux générations suivantes.

L'origine de cette technique est encore méconnue mais sa diffusion rapide et à grande échelle dans la région, remplaçant des techniques comme la bauge et le pisé, démontre de la confiance des paysans pour cette technique.

Alain Marcom qui fait partie de la SCOP Inventerre et qui a réalisé l’étude autour de cette technique, a du mal à comprendre comment ces bâtiment peuvent encore tenir debout et déconseille d’essayer de l’utiliser dans de futures constructions.

Auteurs de la publication résumée ici : Isabelle MOULIS, Mary JAMIN, Alain MARCOM