Affiche du colloque international à Tours (37000)
Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli
Remerciements à Mme Cécile Chevillard (Conseil départemental d’Indre-et-Loire)
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Programme du colloque international à Tours (37000)
Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli
Remerciements à Mme Cécile Chevillard (Conseil départemental d’Indre-et-Loire)
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Comité d’organisation
. Giovanni DOTOLI : Professeur émérite à l’Université de Bari en Italie
. Frédéric-Gaël THEURIAU (dir.) : Chercheur associé à l’Université de Tours
Comité scientifique
. Claudia CANU-FAUTRÉ : Chercheuse à l’Université de Cagliari
. Isabelle Rachel CASTA : Professeure émérite à l’Université d’Artois d’Arras
. Naïma CHARAFI : Professeure de langue et littérature françaises, directrice du programme de langue et de communication de l’ONU aux États-Unis
. Mario SALVAGGIO : Professeur à l’Université de Cagliari en Italie
. Frédéric-Gaël THEURIAU (dir.) : Chercheur associé à l’Université de Tours
Samedi 13 novembre 2021
08h30
Accueil : Marie-Christine KRAEMER (Membre du CESL)
09h00
Ouverture protocolaire : Frédéric-Gaël THEURIAU (CESL, FRANCE), Mario SELVAGGIO (Université de Cagliari, ITALIE), Giovanni DOTOLI (Université de Bari, ITALIE)
09h30
Introduction : Frédéric-Gaël THEURIAU (Université de Tours, FRANCE) : Dix ans d'existence du CESL et les altérités
Président de séance : Frédéric-Gaël THEURIAU
> Mario SELVAGGIO (Université de Cagliari, ITALIE) : Sur la route du salut : mystère et mysticisme chez Giovanni Dotoli
> Olivier FAQUET (Lycée Jean Monnet, Joué-lès-Tours, FRANCE) : Giovanni Dotoli, Wall-E et la nature menacée
> Yasmine BEN AMOR (Université de Sousse, TUNISIE) : La poésie de Giovanni Dotoli : une poésie de l’altérité, du dialogue et de l’ouverture sur l’Autre
10h45 : Pause intermédiaire
11h00
Président de séance : Mario SELVAGGIO
> Frédéric-Gaël THEURIAU (Université de Tours, FRANCE) : Une orientation unificatrice
> René CORONA (Université de Messine, ITALIE) : Enfant du vent et du feu : le poème de Giovanni Dotoli et l’altérité
12h15 : Pause déjeuner libre en ville
14h15
Président de séance : René CORONA
> Neelam PIRBHAI-JETHA (Université des Mascareignes, Rose Hill, ÎLE MAURICE) : Penser l’altérité avec Giovanni Dotoli : une étude de L’Autre, mon frère et L’Autre c’est moi
> Maria LEO (Lablex, Bari, ITALIE) : L’altérité dans le recueil La Voix Lumière de Giovanni Dotoli
> Bernard FRANCO (Université Paris Sorbonne, FRANCE) : Giovanni Dotoli, une poésie des éléments
15h30 : Pause intermédiaire
15h45
Présidente de séance : Maria LEO
> Sergueï PANOV (Université Nationale de Technologie, Moscou, RUSSIE) : L’apologie du langage et la métaphysique de la révélation chez Giovanni Dotoli
> Sergueï IVASHKINE (Université Nationale de Technologie, Moscou, RUSSIE), traduit par Sergueï PANOV (Université Nationale de Technologie, Moscou, RUSSIE) : Le motif du carrefour chez Giovanni Dotoli
> Fatma-Zohra HARIDI (Université de Guelma, ALGÉRIE) : L’idée de l’altérité dans la poétique dotolienne
17h00 : Pause intermédiaire
17h15
Président de séance : Bernard FRANCO
> Àngels SANTA (Université de Lleida, ESPAGNE) : Le visage de l’Autre dans Paris poème
> Jacques Gervais OULA (Université Marien Ngouabi, Brazzaville, CONGO) : Le sens du concept de l’altérité dans le dispositif philosophique dotolien
> Salah MEJRI (Sorbonne Paris Nord, FRANCE) : Giovanni Dotoli, le récit des mots
18h30 : Pause intermédiaire
18h45
Président de séance : Salah MEJRI
> Brice GRUDINA (Université de Cagliari, ITALIE) : Giovanni Dotoli, le poète universel
> Angelo RELLA (Université de Stettin, POLOGNE) : La nostalgie ou « l’acte d’amour pour le passé » dans la poésie de Giovanni Dotoli
Conclusion : Frédéric-Gaël THEURIAU (CESL, FRANCE) : Prochain colloque
19h30 : Lectures poétiques
20h00 : Fin du colloque
Publication des travaux du colloque international à Tours (37000)
Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli
Remerciements à Mme Cécile Chevillard (Conseil départemental d’Indre-et-Loire)
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Photographies du colloque international à Tours (37000)
Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli
Remerciements à Mme Cécile Chevillard (Conseil départemental d’Indre-et-Loire)
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Note de lecture sur les travaux du colloque international à Tours (37000)
Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli
Remerciements à Mme Cécile Chevillard (Conseil départemental d’Indre-et-Loire)
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Revue européenne de recherches sur la poésie, 2024, n°10, Paris, éd. Classiques Garnier, 2025, p. 300-304, par Isabelle-Rachel Casta (Centre Textes et Cultures (TEC), EA 4028, Université d’Artois)
Voyage dans l’oeuvre de Giovanni Dotoli, sous la direction de Frédéric-Gaël THEURIAU, Antibes, Éditions Nicole Vaillant, 2023, 204 p.
« Ma mère […] écrivait des lettres déchirantes à son mari
que parfois elle me dictait, parce qu’elle était presque
illettrée : elle ne savait qu’à peine lire et écrire, en
traduisant le patois en un italien napolitain. Le matin
on ne savait jamais ce qu’on mangerait à midi et si on
mangerait » (G. Dotoli).
Le présent ouvrage rassemble les Actes du colloque « Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli », qui s’est tenu le 13 novembre 2021, à Tours (1), sous l’égide du CESL (Centre d’Études Supérieures de la Littérature), et sous la double direction scientifique de Frédéric-Gaël Theuriau et de Mario Selvaggio (en tant qu’initiateur du projet) ; les quinze contributions (2) (nous mettons de côté introduction, avant-propos et postface, dus à la plume de F.-G. Theuriau) sont rassemblées sous cinq rubriques, qui forment le « chemin de fer » du parcours créatif et intellectuel de l’auteur présenté ici : I : ITINÉRAIRES LITTÉRAIRES, II : ITINÉRAIRES CULTURELS, III : ITINÉRAIRES PHILOSOPHIQUES, IV : ITINÉRAIRES LINGUISTIQUES, et V : ITINÉRAIRE CINÉMATOGRAPHIQUE.
Le volume s’achève d’ailleurs sur un entretien mené par M. Selvaggio, qui interroge G. Dotoli sur « La question de la langue », ce qui donne à l’écrivain l’opportunité d’évoquer son enfance, origine et berceau de son inspiration : « village où je suis né, Volturino, dans le Sud de l’Italie, dans la province de Foggia, sur une colline haute de 735 mètres, d’où l’on domine un panorama merveilleux. En effet, j’aimais rêver en regardant la plaine du Tavoliere, la montagne du Gargano avec son sanctuaire de Saint-Michel, lié au Mont-Saint-Michel, les îles Tremiti, la Mer Adriatique et le golfe de Manfredonia ».
La langue poétique, son actualisation discursive et ses stratégies de singularisation forment également la matière de l’intervention de Sergueï Panov : « L’originalité du parcours poétique de Dotoli consiste à avoir conjugué l’apologie du langage comme recherche d’une langue originelle – une sorte de “parole de la parole” », de la virginité de la première nomination des choses avec la logique métaphysique de la révélation qui arrive sur une réalisation de l’apocalypse chrétienne à l’intérieur de la grammaire poétique ; universitaire et poète, Giovanni Dotoli travaille en effet en vue d’une anthropologie du sensible, le ressaisissement d’un monde perceptif dont René Colonna rappelle liminairement l’oïkos : « C’est le regard que porte le poète sur le monde et le monde souvent est celui des Pouilles, cette terre du soleil, tout à la fois dure et généreuse, qui conserve dans ses paysages toutes les traditions qui ont enrichi l’imaginaire du poète… ». Pour Bernard Franco, « L’ouvrage s’inscrit dans une référence au prince Mychkine, “l’idiot” » de Dostoïevski, qui est en réalité un « fol en Christ ». La formule est fameuse : « c’est la beauté qui sauvera le monde ». Giovanni Dotoli oscille entre une référence à Dostoïevski, par l’assimilation de la Beauté au Christ, et un dialogue avec François Cheng, en particulier dans son recueil de 2006 intitulé Cinq Méditations de la Beauté. Ces références éclectiques inscrivent l’écrivain au coeur des perspectives humanistes, aspirant à Baudelaire et Rimbaud plus qu’au « telquelisme » des années 1970, ou à la poésie spatialiste par exemple, ce sur quoi insiste F.-G. Theuriau dans sa postface, qui réactualise le propos général du colloque : « Pour ce dernier, la francophonie est une respiration fondamentale pour créer des ponts de “fralternité” entre les diverses cultures rassemblées autour de certaines valeurs communes engendrées par leur proximité avec le bassin méditerranéen ».
Ajoutons que ce colloque se déroulant en présence de l’auteur, les micro-lectures sont nombreuses, et les propositions critiques ne manquent pas de piquant comme cette double interpellation de F.-G. Theuriau à ce qu’il appelle « le melting pot américain destructeur de la culture de l’autre et le multiculturalisme canadien générateur de la ghettoïsation culturelle », – ce qui est évidemment contestable, dans un passage qu’il convient de citer intégralement pour en situer les enjeux polémiques : « Une ouverture à d’autres visions du monde est donc possible. Or Giovanni Dotoli écrit des poèmes aussi bien en italien qu’en français et nombre de ses oeuvres sont traduites dans d’autres langues encore. On arrive alors au concept du “transculturalisme” » d’Hédi Bouraoui qui est une réponse intermédiaire entre le melting pot américain destructeur de la culture de l’autre et le multiculturalisme canadien générateur de la ghettoïsation culturelle de l’autre. La notion, lancée en 1972, « positive les échanges qu’une bonne connaissance de soi et de sa culture d’origine transcende puis transvase dans une autre culture ». C’est exactement la démarche intuitive dotolienne même si elle s’exprime autrement. La comparaison avec cet autre monument de la poésie contemporaine, Hédi Bouraoui, s’impose bien sûr, mais la référence négative aux choix sociétaux et culturels américano-canadiens demanderait à être contextualisée et historicisée… davantage.
Mais quel plaisir inattendu de retrouver Wall-E, le petit robot post- apocalyptique tout pouilleux amoureux d’Eve, une superbe robote hyper-stylée : « Le film d’animation en images de synthèse de la maison Pixar 308, sorti en 2008 et réalisé par Andrew Stanton, est un vademecum idoine pour ne pas oublier les blessures infligées à notre environnement », évoque Olivier Facquet, pour qui « l’évolution envisagée par WALL-E est particulièrement erratique. Dans l’arche spatiale des derniers humains, l’échantillon végétal rapporté par ÈVE et WALL-E déclenche un combat entre l’ordinateur Auto) qui régit le fonctionnement du vaisseau, opposé à un retour sur Terre, et ceux qui au contraire l’envisagent, dont certains androïdes ayant pris le parti de l’espèce humaine. Auto échoue. Home sweet home, donc. Les hommes sont passifs dans l’affaire : des mollusques gastéropodes montés sur pédoncules. Les robots, même lorsqu’ils s’entredéchirent, semblent avoir pris définitivement l’ascendant sur nous. Ils se sont peut-être ralliés à l’idée qu’ils pouvaient faire, à présent, sans le genre humain, au devenir-toon potentiel. Dans la première partie du film, WALL-E occupe seul la scène pendant de très longues minutes en compagnie d’un cafard facétieux ». Un cafard ? comme Gregor Samsa, l’étrange chimère du grand Kafka… ce qui, audacieusement, rapprocherait la « natura naturans » de Dotoli de la planète détruite du petit automate, et des « vermines » en tout genre qui sont toujours, à tort, dédaignées par les hommes du commun.
La communication de Maria Leo revient au coeur même de la problématique – l’altérité – en montrant que voies et voix se mêlent en poésie, et que l’Autre commence par avoir le visage de nos peurs, avant de se transformer en face de bonté et de grâce : « L’altérité a donc plusieurs visages dont il semble intéressant d’examiner quelques facettes à travers l’étude du recueil La Voix Lumière. Car le thème “Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli” trouve un excellent champ d’application dans ce recueil où le poète exprime l’essence du troisième millénaire à travers douze voix – Voix du poète, Voix de l’amour, Voix de la musique, Voix du rêve, Voix de la poésie, Voix de la terre, Voix des animaux, Voix de l’autre, Voix des langues, Voix de la science, Voix du ciel, Voix de la lumière – qui ne sont autres que douze figures de l’altérité qui renvoient à des images fascinantes du concept d’appartenance ». Cette « spectrographie » de l’appartenance, et cette orthopédie des effets poétiques, opèrent une approche réellement éveillante et heuristique de la matière de l’oeuvre même, procédant à l’explication (la sortie des plis !) des poèmes, et non à leur « complication », fréquente tentation des exégètes.
Cependant, avec un décentrement thématologique toujours bienvenu, Salah Mejri entraine bientôt le lecteur sur les chemins escarpés des « sciences du cerveau », pour cerner le déclenchement et la nature du dire poétique – c’est-à-dire de l’esthésis, opposée à la « mathésis », plus dans ce domaine nous apprend au moins trois choses : – Tous les champs de connaissance ne pourront plus faire l’économie des sciences du cerveau ; – La malléabilité et la plasticité du cerveau dotent l’humain d’une inventivité illimitée, donnant lieu à l’émergence des cultures ; – L’esthétique et le beau sont au coeur de la créativité (cf. par exemple les découvertes concernant l’infiniment grand et l’infiniment petit) ».
La recension de cette belle et ambitieuse proposition critique, qui honore Dotoli en accroissant l’aura de son message, ne saurait cependant s’achever sans qu’on écoute la voix originale du proférateur – car prophète veut dire celui vous qui nous parle de près, et non celui qui annonce le futur : « J’aime les nuages et le vent […]. J’ai écrit un livre intitulé simplement Mes Nuages, en consonance vec le peintre Jacques Clauzel, pour dire ce point, et un deuxième livre intitulé Le Fils du vent, une sorte d’autobiographie cosmique, dont nous aurons l’occasion de parler. Je voudrais que ma parole respire le souffle originel, qu’elle soit feu et eau, terre et air, et qu’elle ait leur initiative, et leur liberté, tout près du lieu de l’énergie » (G. Dotoli à Mario Selvaggio). Ajoutons enfin qu’hébergé dans la collection de Giovanni Dotoli (L’Orizzonte), un collectif passionnant vient d’être publié, Visages de Ville, de la Renaissance à nos jours (Olfa Abrougui et Senda Souabni Jlidi dir., L’Harmattan, 2023), ce qui manifeste aussi que son talent et sa bienveillance se mettent au service des recherches des autres, afin que re-miroitent sans cesse les textes et les pensées – « la hache qui brise la mer gelée en nous » (F. Kafka).
(1) En partenariat avec l’Université de Cagliari (Sardaigne, Italie).
(2) La 4e de couverture, due à F.-G. Theuriau, rappelle d’ailleurs que « Dans ce recueil d’études, cinq chapitres présentent les divers axes explorés, au cours du colloque international consacré au “Voyage en altérités dans le grand oeuvre de Giovanni Dotoli”, par René Corona, Àngel Santa, Yasmine Ben Amor, Bernard Franco, Frédéric-Gaël Theuriau, Neelam Pirbhai-Jetha, Sergueï Ivashkine, Brice Grudina, Jacques Gervais Oula, Sergueï Panov, Mario Selvaggio, Fatma Zohra Haridi, Salah Mejri, Maria Leo, Olivier Facquet ».