En 2023, l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) a publié une étude portant sur l’évolution de l’exposition du public suite au déploiement de la 5G. Une campagne de mesures a été réalisée sur 1 600 sites avec environ 5 000 mesures, effectuées à trois moments clés entre octobre 2020 et décembre 2021 :
avant l’activation de la 5G,
quatre mois après,
huit mois après la mise en service.
Après quatre mois, l’exposition globale est restée stable, aussi bien pour la bande 3 500 MHz que pour les autres bandes.
Après huit mois, une légère hausse moyenne de 0,18 V/m a été constatée, mais elle provenait des bandes préexistantes (4G notamment) et non directement de la 5G.
L’ANFR en a conclu que cette augmentation était liée à la croissance générale du trafic mobile et non au déploiement de la 5G.
L’étude a été réalisée selon un planning qui amplifie l’impact des variations saisonnières :
phase 1 en hiver, période où les expositions sont les plus élevées,
phase 2 en été, période où elles sont au plus bas,
phase 3 à l’automne, lorsque les niveaux remontent.
Les capteurs permanents EXEM installés en France (Observatoire des Ondes) montrent clairement que les expositions varient selon :
les saisons : plus faibles en été, plus fortes en hiver,
les jours : pics aux heures de forte activité, faibles la nuit ou le week-end en dehors des fins de soirées.
Le calendrier retenu par l'ANFR pour la prise des mesures rend l’interprétation des résultats difficile : la hausse constatée pour les bandes 2G/3G/4G pourrait simplement refléter un cycle hiver-été-hiver plutôt qu’une augmentation réelle des Expositions. La stagnation constatée des Expositions 5G 3500 MHz pourrait s'expliquer de la même manière. Sans un prétraitement des données pour neutraliser ces variations, les conclusions sont fragiles.
Toute mesure comporte des incertitudes, réparties en deux catégories :
Type A : erreurs aléatoires, réduites par des statistiques,
Type B : erreurs systématiques, propres à l’appareil et au protocole.
Pour le champmètre Narda NBM 550, l’incertitude composée atteint 34 à 38 % en protocole Cas A.
Cela signifie qu’une mesure affichée à 2 V/m correspond en réalité à une exposition réelle comprise entre 1,32 V/m et 2,68 V/m avec une confiance de 68 %. Ces marges sont considérables. Il en est de même pour les mesures réalisées avec l'analyseur de spectre SRM-3006 en protocole Cas B. Même si la campagne de mesures intègre de nombreuses mesures, les incertitudes de mesures doivent être prises en compte. C'est particulièrement important quand on s'intéresse à des variations aussi faibles que les 0,1 à 0,2 V/m rapportés par l’ANFR pour les fréquences inférieures à 3500 MHz et à la variation nulle (0 V/m) observée pour les expositions liées à la 5G 3500 MHz.
En combinant les variations temporelles non corrigées et les incertitudes des appareils, il devient très difficile de conclure à partir des mesures que la 5G n’a eu aucun impact : les effets mesurés pourraient simplement résulter du bruit de fond des mesures ou du moment choisi pour les effectuer.
Pour être fiables et incontestables, les études sur l’exposition aux radiofréquences doivent :
intégrer systématiquement l’impact du moment des mesures et les incertitudes des appareils,
ou bien accompagner leurs résultats d’une étude détaillée de ces paramètres.
Cette revue critique souligne que l’étude 2023 de l’ANFR, faute d'intégrer toutes les incertitudes portant sur les mesures, ne permet pas de conclure de manière solide sur l’effet réel du déploiement de la 5G.