Objectif de l’étude
Cette étude analyse 272 rapports de mesure EXEM. Les mesures ont été réalisées à Paris et en région parisienne entre 2014 et 2025 et sont disponibles sur Cartoradio. L'étude vise à mieux comprendre l’évolution des expositions liées à la téléphonie mobile dans les zones urbaines denses.
Les données étudiées concernent les mesures prises dans le cadre du Cas A du protocole de mesure de l'ANFR (utilisation d'un champmètre à large bande) ainsi que dans le cadre du Cas B du protocole (utilisation d'un analyseur de spectre donnant les composantes fréquentielles de l'exposition).
Méthodologie
Les rapports sélectionnés ont tous un niveau d'exposition Cas A ≥ 4 V/m (sauf 3 cas avec une exposition comprise entre 3 V/m et 4 V/m), avec des mesures Cas B par fréquences.
24 informations ont été extraites automatiquement de chaque rapport EXEM grâce à un outil basé sur l’intelligence artificielle.
Les résultats ont ensuite été compilés dans une base Excel et exploités à l’aide de macros pour produire des statistiques et graphiques.
Caractéristiques des mesures
Période étudiée : 2014 à 2025, la majorité des mesures ayant été réalisées entre 2019 et 2025,
Répartition : 48 % intérieur et 52 % extérieur,
Hauteur médiane des points de mesure : 7ème étage,
Distance moyenne à l’antenne la plus contributive : 40 m, distance médiane : 36 m.
Résultats principaux
Exposition médiane Cas A : 6,3 V/m, avec un maximum relevé à 34,5 V/m.
Les expositions Cas B sont presque toujours inférieures aux Cas A, avec un ratio médian de cohérence de 14,8 %.
Les signaux de téléphonie mobile se sont enrichis en hautes fréquences au fil des années, avec une contribution désormais dominante de la bande 2100 MHz, suivie des bandes 1800 MHz et 2600 MHz (pour la période 2023 à 2025). Pour la période précédente, de 2014 à 2022, la fréquence dominante était 900 MHz, suivie 800 MHz.
L’exposition moyenne cumul du cas B liée à la téléphonie mobile est passée de 6,3 V/m pour la période 2014 à 2023, avec 145 rapports, à 7,9 V/m entre 2023 et 2025, avec 127 rapports.
Protection offerte par la Charte de Paris vs la Loi Abeille
La Charte de Paris utilise une unité spécifique (V/m équivalent 900 MHz) et se limite aux signaux de téléphonie mobile.
Entre 2023 et 2025, elle n’a été plus protectrice que la loi Abeille (seuil ANFR de 6 V/m pour les points atypiques) que dans 1,6 % des cas, montrant une efficacité limitée. Plus le contenu en fréquences se déplacera vers les hautes fréquences et moins la charte de Paris sera protectrice en comparaison de la loi Abeille.
Influence des paramètres géométriques
Les paramètres comme la distance à l’antenne ou la hauteur relative ne permettent pas de prédire précisément l’exposition.
Il faudrait aussi inclure dans les rapports de mesure les déports angulaires en azimut et élévation. Ces informations sont absentes dans les rapports EXEM.
Pour la 5G à 3500 MHz, aucune corrélation claire n’a été observée entre la distance et l’exposition Cas B, ce qui confirme bien que comme pour les antennes traditionnelles 2G/3G/4G, le calcul des Expositions générées par les antennes à faisceau orientable nécessite de connaitre les déports à l'axe de l'antenne, quand le déport en azimut du point de calcul dépasse les 45° et le déport en élévation dépasse les 15°.
Incertitudes de mesure
Incertitude Composée moyenne pour les mesures du Cas A réalisées avec un champmètre NBM - 550 du fabricant Narda : 35,6 %.
Incertitude Composée moyenne pour les mesures du Cas B réalisées avec un analyseur de spectre SRM - 3006 : 37,4 %.
Avec un intervalle de confiance de 68 %, une mesure du Cas A à 2 V/m correspond donc en réalité à une exposition comprise entre 1,32 et 2,68 V/m.
Conclusions
Les expositions en région parisienne augmentent. La fréquence dominante est maintenat le 2100 MHz.
La Charte de Paris ne constitue plus une protection efficace dans le contexte actuel de déploiement des nouvelles fréquences.
Des données géométriques plus complètes sont nécessaires dans les rapports de mesure pour comprendre les expositions mesurées.