Marronniers

Monsieur Poupart de Neuflize, propriétaire en 1803 de la fabrique (à l’emplacement de l’usine Sommer) qui employait 200 à 300 Mouzonnais, leur fit don, en 1823, d’une allée bordée de marronniers longeant harmonieusement les jardins de l’hospice d'un côté et le canal de fuite actuel de l'autre côté.

Qui se souvient encore de cette allée dont l’épais ombrage rafraîchissait les Mouzonnais aux chaudes journées de l’été ? Qui se souvient des fameuses batailles de marrons organisées par de vaillants combattants en culotte courte en automne ? Qui se souvient des printemps renaissants qui habillaient d’une somptueuse parure les branches squelettiques ? Ou bien quand celles-ci plus touffues abritaient une multitude d'hannetons belliqueux qui s'agrippaient à vous et ne vous lâchaient plus. Les sinistres soirs de l’hiver donnaient en ces lieux un aspect inquiétant.

Le quidam marchait au milieu de la route afin de ne pas être surpris par un être malveillant débouchant de derrière un tronc. Ou encore des rencontres sportives de l’école proche qui usèrent de cette longue et droite portion de route comme piste d’épreuve du 80 m. Au dos de l’opulence des fûts se masquaient les amoureux tendrement enlacés qui tournaient à la manière des écureuils pour ne pas être reconnus du passant.

Une seule ombre au tableau, contrastant avec le mur et les grilles du jardin de l'hospice si bien agencé, côté canal, une aire assez vaste servait de dépôt de matériaux débarqués des péniches amarrés au port. Une grue grisée se mouvait sur des rails, allant de l’une à l’autre pour vider leur ventre rebondi ou parfois les nourrir. Elle avait disparue à la fin des années quarante quand le port périclitait. Non loin à la pointe de la langue de terre formée par le canal de fuite et le canal proprement dit, un dépôt de charbon, destiné aux particuliers, donc les marchands utilisaient encore ce port. Ils réalisèrent sur place la mise en sacs par catégorie avant d'être chargés sur une remorque tractée, initialement par un cheval noir, puis plus tard par un antique camion agrémenté d'une petite cloche pour avertir la population de sa venue.

(RL)

à suivre ....

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