Compte rendu
"les interfaces de demain"

"Les interfaces de demain et la communication homme/machine"

Dernière conférence de la saison 2008/2009, nous avions convié, grâce au concours de Michel Diaz, chercheur au LAAS/CNRS, 3 spécialistes de l'IRIT (l'Institut de Recherche en Informatique de Toulouse).

C'est devant une salle bien remplie que notre Président a fait la présentation du club et de la conférence du jour et que Michel Diaz a ensuite présenté nos trois invités.

Michel Diaz

De gauche à droite : Emmanuel Dubois, Jean-Pierre Jessel, Cédric Bach

Jean-Pierre Jessel a pris la parole en premier pour nous présenter le catalogue non exhaustif des nouveaux objets permettant de communiquer avec les ordinateurs qui nous entourent. Difficile de résumer en quelques lignes son intervention. Il nous fait tout d'abord remarquer que notre période représente tellement peu de temps à l'échelle de l'histoire de la planète pour ensuite nous brosser un historique de l'avènement des technologies de demain et de leur évolution actuelle.

La réalité virtuelle remonte aux premières images stéréoscopiques du début du XXe siècle. Les premiers casques de réalité virtuelle ont fait leur apparition en 1960 mais n'étaient toujours pas passés vers le grand public. Il a fallu 20 ans pour que la CAO entre définitivement dans les habitudes de travail de l'aéronautique.

La miniaturisation et l'évolution de la technologie rend possible aujourd'hui beaucoup de formules d'interfaces qui étaient dans les cartons. Le cinéma en relief, les dessins animés stéréo utilisent encore trop d'effets et sont fatigants sur la durée d'un long métrage, mais déjà commencent à apparaître des écrans spéciaux pour le cinéma en relief sans lunettes et plus encore d'images 3D dans le volume et en grande dimension. Il nous décrit toutes les formules d'écrans circulaires, nous parle du livre électronique utilisant la technologie dite OLED, des PDA, des portables, d'un monde imaginaire au-delà de l'écran.

Pour la manipulation et la navigation, il nous explique que l'on va vers des souris à 6 degrés de liberté, des gants bardés de capteurs avec toucher + contact + retour d'effort. On entrevoit des applications dans le domaine médical (exosquelette), bras extérieur, simulation. Les japonais excellent dans l'invention de robots les plus extravagants mais toujours humanoïdes. Parmi le développement des capteurs, on note des capteurs biomédicaux enregistrant l'influx nerveux, le regard, le suivi du visage. On développe des simulateurs de goûts, d'odeurs.

L'interaction va également se développer : menus en 3D, dispositifs portés par la personne directement. Pour le stockage des données on parle de ville de données, de "perspective walls", de bureau 3D. On voit apparaître une pléthore de modules capteurs, de traitements d'images de plus en plus complexes capables de prendre des décisions directement en filmant les mouvements de la main. Les interfaces tactiles sont de plus en plus présentes et donne en illustration l'exemple de l'Iphone.

La réalité augmentée consistant à superposer sur une image réelle des informations calculées - augmentant ainsi la richesse de l'information - est de plus en plus utilisée. La réalité mixte est encore plus troublante car dans ce type cheminement, on ne sait plus si l'on est dans le virtuel ou dans le réel. Les applications commencent à entrer dans le quotidien de certaines professions. On peut ainsi guider la main du chirurgien augmentant ainsi la précision de son geste ou rendant possible des interventions à distance, etc.

La littérature et le cinéma sont sources d'inspiration. La technologie d'aujourd'hui autorise des effets spéciaux de plus en plus complexes. Aujourd'hui, on veut avoir accès à tout quel que soit le lieu, dans l'instant et simultanément. Cela conduit à des équipements de plus en plus sophistiqués mais qui entrent progressivement dans notre vie quotidienne.

Emmanuel Dubois

Cédric Bach, chercheur et industriel, s'intéresse davantage à la psychologie et à l'ergonomie des équipements. Il observe un développement incroyable des techniques mais il observe aussi la grande stabilité des possibilités humaines. Cette stabilité oblige à centrer les technologies sur l'homme qui est toujours au cœur de la question.

Selon, 3 règles sont à respecter pour la réussite de toute nouvelle technique :

- elle doit être utile

- elle doit être utilisable

- elle doit être acceptable

Cédric Bach

Comment s'y prendre ?

Elle doit répondre à des besoins réels ou en devenir. Il faut donc :

- identifier les besoins

- sortir du domaine de l'abstrait pour aller vers le concret

- bien observer que les besoins varient d'un utilisateur à un autre, d'un contexte à l'autre, d'une activité à l'autre

Cette approche est le credo de toutes les sociétés mais est bien entendu "top secret" car stratégique

C'est ainsi que l'on a pu voir arriver des machines complètement hors du champ prévu pour devenir tout autre chose. L'exemple du "X Star" de Xerox qui se voulait être un photocopieur est devenu un ordinateur. 2 ans plus tard est apparu, très proche de ce concept le Macintosh.

L'utilité d'une technologie n'assure pas son utilisation finale. Il faut également qu'elle soit utilisable. Notre invité fait là référence à la norme ISO 9241-11 : utilisabilité, efficacité, efficience, satisfaction.

Il faut mesurer le plus objectivement possible ces notions (tests, questionnaires, observation du comportement d'utilisateurs, enregistrements, analyse de l'activité)

Et en conclusion, nous affirme qu'il faut toujours avoir en mémoire le fait que la technologie est conçue et contrôlée par l'homme.

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Le public est ensuite intervenu et a posé de nombreuses questions relatives à :

- l'éthique des concepteurs

- la confusion entre le virtuel et la réalité qui représente des dangers potentiels sérieux

- le côté positif et le côté négatif de chaque outil proposé à l'homme

- le fait que l'utilisateur n'ait plus la main sur la conception

- l'idée selon laquelle les logiciels libres redonnent aux utilisateurs ce contrôle

- le ras le bol de tous ces équipements

- la notion d'une technologie de plus en plus efficace et discrète

- le danger que l'INRS s'occupe de ces aspects et tente d'anticiper sur les usages possibles

- l'appropriation par l'homme des technologies proposées qui apporte une autorégulation

En conclusion, chacun doit être vigilant et se poser des questions car c'est avant tout le bon sens et l'éducation qui nous protègent

La conférence s'achève vers 20h30. Le président du club remercie les invités et les félicite pour cette brillante présentation et donne rendez-vous à la rentrée, en octobre pour la première conférence de la saison 2009/2010 : "le livre électronique".

Bonnes vacances à tous et à l'année prochaine !