artothèque

Afour Rhizome, le contrat d'artothèque fait entre l'artiste et deux associations (Fanatikart et Acerma quai des lunes), 2015, dans l'exposition « Ver-tige », Acerma quai des lunes, 2015.

C’est une tentative pour mettre des œuvres d’art, non pas sur le circuit de la vente et de l’achat, mais plutôt sur celui de la location, comme le système de la bibliothèque. Cette activité touche les questions relatives à l’œuvre d’art : son originalité, sa signification de la possession, etc. Le contrat de l’artothèque est un enjeu important, avec lequel le consensus social autour de l’art peut être réinterprété. Cette activité peut ainsi bousculer les frontières entre le musée et la bibliothèque, entre l’œuvre d’art et le livre, comme les frontières entre ce qui est et ce qui ne l’est pas.

Si l'on peut emprunter les livres dans la bibliothèque, pourquoi pas les œuvres d’art dans le musée ? Peut-on posséder une œuvre d’art ? Que signifie la possession de l’œuvre d’art ? Quelle est la différence entre le livre et l’œuvre d’art ? Quelle est la différence entre la bibliothèque et le musée ?

L’artothèque est une institution à laquelle le système du prêt des œuvre d’art est appliqué. L’artothèque prête l’œuvre d’art comme la bibliothèque prête le livre. Cette particularité pose encore autrement la question : « qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? » Ce système relativement marginal demande une réflexion sur un des régimes esthétiques de l’œuvre d’art., c’est-à-dire qu’une opinion comme l’œuvre d’art est originale. Bien qu’une partie de cette conviction soit déjà menacée voire obsolète de nos jours, malgré tout l’œuvre d’art est toujours considérée comme un objet dont on ne peut pas mesurer la valeur en tant qu’œuvre d’art. La Fontaine de Duchamp qui a été une illustration de cette tendance est elle-même traitée comme un chef-d’œuvre aujourd’hui. Ses exemplaires reproduits sont acceptés comme œuvre d’art et sont conservés et exposés dans les musées et les galeries, bien que ces exemplaires aient été auparavant des objets industriels qui n’ont pas la valeur d’une œuvre d’art originale. Alors, l’artothèque peut-elle ramener cette question d’originalité de l’œuvre d’art à une autre dimension ? Cela ne semble pas facile, parce que le système d’artothèque présuppose également, comme le musée le fait, que l’objet conservé dans cet endroit soit une œuvre d’art. Cependant, la différence souglignée par cette institution est plutôt la démocratisation du système circulaire de l’œuvre d’art : grâce à cette insitution, désormais, tout le monde peut emprunter une œuvre d’art comme tout le monde a le droit d’emprunter un livre dans une bibliothèque publique. Du coup, pour promouvoir ce système, il serait nécessaire d’ajuster l’œuvre d’art à cette dimension pour que le plus de monde possible en profite : l’œuvre ne doit pas être trop grande, trop volumineuse, trop chère, trop fragile, etc. Dans cette circonstance, on oublie facilement les questions sur l’œuvre d’art qui peuvent se poser : Que peut être une œuvre d’art ? ; que peut-on faire avec une œuvre d’art ? ; peut-on posséder une œuvre d’art ? ; donc, qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? En effet, pour réfléchir sur ces questions, il est nécessaire de repenser la question sur toutes les modalités des œuvres d’art dans ce système, cet espace particulier.

Voir aussi : ADRA