Notre groupe de travail est composé de 18 professeurs venant d'Allemagne, d'Italie et de France. Nous sommes tous enseignants mais de différentes matières et de différents niveaux (primaire, collège et lycée).
Notre formateur, Arne, est originaire de Belgique mais vit en Finlande depuis de nombreuses années.
Il est professeur d'histoire dans un lycée finlandais et nous a présenté le système éducatif finlandais:
Contexte : Finlande = environ 5,5 million d’habitants
Plusieurs principes fondateurs de leur système éducatif:
Le silence : bien que dans de nombreux pays le silence soit perçu comme un moment de gêne, d’incompréhension etc…culturellement les finlandais n’ont pas peur du silence et il est normal de passer du temps avec ses amis, proches etc… sans parler.
La confiance : les personnes font confiance aux autres et à leur gouvernement. On ne remet pas en cause ce qui est fait.
La liberté: durement acquise, celle-ci est précieuse.
L'égalité: tout finlandais peut devenir un jour président
La Nature: nul besoin de parler de la passion des finlandais pour le sauna!
“Less is more” :
3 à 5 cours de 45 mins
Répartition des heures d’enseignement:
en école primaire : 24 heures de cours par semaine
en “Lower secondary schools” ( collège) : 18 à 24 heures de cours
en “Upper secondary schools” (lycée): 16 à 23 heures de cours
plusieurs récréations / breaks
moins de tests
moins de sujets à aborder dans le programme officiel (ceci permet d’aller plus en profondeur de ce qui est étudié)
moins de travail à la maison ce qui donne du temps aux élèves pour explorer le monde
moins d’étudiants par classe afin de permettre un meilleur suivi des élèves et d’individualiser l’apprentissage.
L’évolution du système :
Dans les années 70 : le système éducatif était centralisé et inéquitable avec des professeurs plus ou moins bien formés.
Entre 1970 et 1980 : Refonte du système en partant de la base et réforme qui a amené à renforcer la professionnalisation des enseignants.
Entre 1980 et 2000: Accentuation de la décentralisation et une large autonomie a été donnée aux autorités locales.
L’école est obligatoire à partir de 6 ans puis de 7 à 16 ans les élèves doivent acquérir les bases (équivalent à notre socle commun) et à partir de 16 ans ils commencent les études supérieures.
L’éducation est détachée de la politique: les gouvernements peuvent influencer mais les grandes décisions sont prises en fonction des intérêts communs: ce qui est bon pour les citoyens. Ainsi le programme officiel va se baser sur ce qui est nécessaire de maîtriser pour que chacun puisse trouver sa place dans la société.
Leur devise “Everybody is needed and everyone is taken care of” illustre cette approche de bien être: dans les écoles, tous les enfants doivent avoir les mêmes chances, c’est pourquoi les repas du midi sont gratuits, les manuels scolaires, les cahiers, les ordinateurs etc…sont financés par les autorités locales.
Du côté des enseignants, la sélection est rigoureuse tant au niveau des diplômes académiques qu'au niveau de leurs compétences personnelles et pédagogiques. Le but est de créer une équipe cohérente qui fonctionne vers les mêmes objectifs tout en s’assurant que tout élève au terme de YEAR 9 ( équivalent à la fin du collège- début lycée) a acquis les bases qui doivent lui permettre de poursuivre soit des études dans le cycle général ( environ 50% des élèves), soit vers des formations plus professionnelles ( environ 49% des élèves).
En résumé le système finlandais :
les élèves fréquentent l’établissement proche de chez eux
pas de compétition entre établissements
pas de sélection à l’entrée des écoles
pas de classement entre établissements
l’enseignement et tout le matériel qui accompagne la mise en oeuvre pédagogique restent gratuits
Un soutien doit être apporté à tout élève et son bien être est important : à ce jour seuls 0,3% des élèves sont décrocheurs.
Un des faits marquants de la mise en place de cette nouvelle approche est le fait qu’aujourd’hui environ 60% des adultes prennent des cours du soir afin de gagner en compétence pour se former à de nouveaux métiers et ainsi saisir de nouvelles opportunités.
Les élèves à besoins particuliers:
Ils ont droit à plus de soutien au sein de leur propre groupe: par exemple présence d’un deuxième enseignant qui les encourage, les aide, leur réexplique etc…
adaptation pédagogique et/ou matérielle des enseignements en fonction des besoins
5 élèves max à besoins dans un groupe classe
Pour les élèves à besoins très particuliers création de petits groupes.
L’impact positif de toutes ces réformes transparaît dans les derniers sondages qui montrent que 89 % des enseignants sont contents de leur métier et des conditions de travail.
Les enseignants ont partagé plusieurs stratégies pour préserver leur motivation et leur bien-être :
Collaboration et esprit d’équipe
Travailler ensemble sur des projets pédagogiques
Organiser les cours en équipe et s’entraider
Partager ses expériences et observer les pratiques des collègues
Participer à des projets de mobilité pour élargir ses horizons
Fêter par exemple les anniversaires des collègues chaque mois
Organiser des happy hours ou autres événements pour renforcer les liens
Essayer de nouvelles approches pour éviter la routine
Utiliser des outils variés : laboratoires, ordinateurs, apprentissage actif…
Inviter et échanger avec des enseignants extérieurs pour enrichir les pratiques
Tenir des réunions inter-écoles pour échanger sur les attentes et ainsi mieux connaître les attentes à chaque niveau
Accepter que l’erreur fasse partie du métier.
Se rappeler qu’on peut toujours apprendre.
Savoir se déconnecter de l’école (dîners à l’extérieur, temps pour soi…)
Comment motiver les élèves et les autres enseignants?
Les enseignants insistent sur l’importance de :
L’apprentissage actif et varié (changer les postures, activités, rôles…)
Créer un climat de confiance : l’enseignant n’est pas un ami, mais un repère
Montrer qu’on aime sa matière et qu’on se soucie de leurs progrès
Valoriser les erreurs comme opportunités d’apprentissage
Donner du sens aux apprentissages (exemples du quotidien, actualité)
Proposer des projets concrets : « Un kilomètre par jour » ( lorsqu’un enfant ne se sent pas bien ou à besoin de bouger, on peut l’inviter à marcher dans l’établissement), enseignement en plein air, partenariats avec des entreprises…
Encourager la coopération entre pairs (les plus âgés aident les plus jeunes)
Ludifier les apprentissages et responsabiliser les élèves par des missions
Partage de ressources et d’expériences
Organisation de projets communs
Encouragement à sortir de la routine pédagogique
Valorisation des réussites et des initiatives