Sa 22/06/24
Nuit parfaite, bercés par le murmure de la rivière. Au réveil, malgré la proximité de la rivière, les tentes sont sèches. En cette fin juin, le soleil se lève peu après 5h du matin et la chaleur monte vite dans les tentes, donc, à défaut d'arbres pour nous faire de l'ombre, nous nous calons sur le soleil!
C'est l'heure où les chevaux viennent s'abreuver, un spectacle dont on ne se lasse pas : c'est un plaisir de voir ces animaux si élégants interagir.
Ceux-là ont survécu au Dzud, le dernier hiver très rude qui a décimé les troupeaux.
Je craignais de voir la steppe jonchée de cadavres mais ceux-ci ont été ramassés.
Voir cet intéressant article de Sébastien Berriot sur France Culture.
Les nomades de Mongolie ont une tradition d’accueil légendaire. C’est avec un large sourire que Sukhbataar, 44 ans, nous accueille dans sa yourte, perdue au milieu de la steppe. Mais un sourire qui masque les pires difficultés que cet homme a jamais connu après trente ans d’élevage. L'hiver a été dramatique, avec des températures à - 45 degrés et des hauteurs de neige jusqu’à 2 mètres.
"Cet hiver a été dur, avec un froid extrême et des chutes de neige fréquentes. Ça a duré quatre à cinq mois. Sur les 1 500 animaux que je possédais, j’en ai perdu 700, essentiellement des vaches, des moutons et des chèvres", raconte Sukhbaatar. "Ils sont morts de faim, parce que l’herbe était recouverte par la neige et la glace et nous n’avions plus de fourrage à leur donner. C’est une catastrophe naturelle. Que pouvons-nous faire ?", s'interroge l'éleveur.
Auparavant, de tels épisodes de dzud survenaient tous les dix ans. Désormais, c’est presque chaque année. Il a tellement neigé à la fin de l’automne, qu’en une seule nuit, une partie du troupeau de Sukhbaatar a été entièrement ensevelie par la neige.
"Dès le mois de novembre, on a compris qu’on allait avoir un dzud difficile", confie sa femme Gandolgor. "Ça a été très soudain. Après une première nuit de tempête, on ne pouvait déjà pas ouvrir la porte de la yourte. J’ai été choquée de voir nos animaux morts. Vraiment, je ne connais pas les raisons de tout cela. Peut-être parce que les gens traitent mal la nature", poursuit-elle.
Dans la steppe, le spectacle est terrifiant. Notre chauffeur Tumur, lui aussi nomade, a du mal à cacher son émotion. "Ce dzud a été comme un boucher. Tous les champs sont couverts d’animaux morts. Les gens sont choqués. Il y a eu beaucoup de larmes versées". Beaucoup de cadavres de chevaux et de moutons notamment, ce qui fait courir un risque sanitaire. Mais les éleveurs ont du mal à faire face.
"Le gouvernement a envoyé des moyens pour enlever tous les cadavres d’animaux, mais il y en a encore beaucoup dans les pâturages parce qu’au fur et à mesure que la neige fond, de nouveaux cadavres apparaissent", se lamente Munkhbat, "C’est très difficile de gérer ça nous-mêmes. Les chevaux par exemple, on ne peut pas les enlever seuls. On a besoin de plusieurs personnes pour nous aider."
À une dizaine de kilomètres de la yourte de Munkhbat, on tombe sur le village principal du district, où l’administration mongole fait ce qu’elle peut pour venir en aide aux nomades. Mais les moyens manquent. Les stocks de fourrage n’ont pas été suffisants cet hiver. Delgertsetseg, la représentante du comité local de citoyens en est réduite à un triste constat.
"Ici, nous n’avons pas de tsunami, les tremblements de terre n’arrivent pas souvent, mais nous avons le dzud. Imaginez, il a neigé seize fois. C’est un scénario tragique pour les éleveurs", déplore-t-elle, "La neige se transforme en une couche de glace très dure. Les bêtes n’ont pas la possibilité de la briser. Même avec des machines, c’est difficile. Les animaux ne peuvent pas accéder à l’herbe en dessous et ils meurent de faim ou bien congelés. Dans ce secteur de Kharaat, nous avons perdu 31 338 têtes de bétail. Ça représente 44.5 % des élevages".
Avec l’arrivée du printemps, le drame continue pour les éleveurs mongols. Il y a même en ce moment un pic de mortalité. "Maintenant, c’est le printemps, et la nouvelle herbe commence à repousser. Les animaux les plus petits comme les moutons peuvent recommencer à se nourrir après l’hiver. Mais, avec moins d’un centimètre d’herbe, les gros comme les chevaux ont encore du mal à brouter et ils continuent de mourir", explique Bazarsad, le conseiller agricole du village.
Cette évolution du climat remet en cause l'élevage nomade, activité pourtant ancestrale en Mongolie. En effet, après cet hiver meurtrier, beaucoup d’éleveurs se retrouvent démunis. Enkhtuvshin a perdu 250 animaux sur un élevage de 350. "Ça va prendre au moins trois ou quatre ans pour reconstituer notre cheptel et arriver à nouveau à 350 bêtes. C’est un énorme choc financier pour nous. Nous manquons maintenant de tout. Nous n’avons plus de chèvres à peigner pour la vente de cachemire. Nous n’avons plus d’argent. L’État essaie de nous aider, mais ce n’est pas suffisant. Nous n’allons pas pouvoir survivre en tant qu’éleveurs", confie l'éleveur, désemparé.
Avec ces dzuds à répétition, certains nomades préfèrent abandonner, même si cela fait très mal. C’est le cas de Bat-Ochir, 50 ans, aujourd’hui sans emploi. "Le métier d’éleveur devenait de plus en plus difficile à cause du climat. Alors, j'ai décidé de céder mes bêtes à mon jeune frère, mais ma vie d’éleveur me manque. J’avais des liens avec mes bêtes. J’essaye d’aller voir mon frère le plus souvent", témoigne-t-il.
Bat-Ochir est resté au village, mais d’autres nomades qui abandonnent l’élevage partent pour la ville et grossissent les bidonvilles de la capitale mongole Oulan-Bator. "La nature ici est devenue l’ennemi des éleveurs ! C'est comme ça", nous confie amèrement l'un d'entre eux.
"Scolairement" j'avais simplement décidé de suivre l'itinéraire indiqué dans le guide de Cécile et Laurent et c'est après avoir un peu tâtonné (et nous être aidés d'images satellites téléchargées avec le poil de réseau parfois disponible) que nous parvenons enfin à la source Ouest. Celle-ci n'est pas du tout indiquée, plus petite et moins touristique que celle de l'est. Elle est pourtant à mon avis encore plus "lisible" et en plus elle donne une vraie rivière la Khungiy Gol, qui se jette 200 km plus à l'ouest dans le lac Airag Nuur, satellite du grand lac Khyargas où nous irons ensuite.
En fait il eût été beaucoup plus simple et rapide de simplement traverser le gué où nous avons bivouaqué et de remonter la rivière en rive droite, dans cette zone végétalisée où la piste ne pose aucun problème, alors que la trace GPX de Cécile a "disparu" sur le terrain. Heureusement il est presque toujours possible de tracer à vue ou au cap dans la direction désirée.
L'amphithéâtre est moins haut que pour la source Est mais c'est tout de même magnifique, avec cette rivière et son cordon de verdure piqueté de bétail qui s'écoule doucement vers l'ouest.
On a d'abord cru que ça allait chauffer entre ces 2 groupes de chevaux en les voyant dévaler la dune au grand galop mais en fait c'était juste pour le fun!
On a passé un long moment à les observer avant de continuer vers le gué, pour le traverser et rejoindre la "grande" piste pour poursuivre vers l'ouest et le lac Khyargas, notre prochaine escale.