Compétence plurilingue et pluriculturelle, page 28 du volume complémentaire du CECRL
Le CECR fait la distinction entre multilinguisme (la coexistence de différentes langues au niveau social et individuel) et le plurilinguisme (le répertoire linguistique dynamique et évolutif d’un apprenant). Le plurilinguisme est présenté dans le CECR comme une compétence inégale et changeante, où les ressources d’un utilisateur/apprenant dans une langue ou une variété de langues peuvent être de nature différente d’une langue à une autre. Cependant, ce qu’il faut avant tout retenir, c’est que les plurilingues ont un répertoire unique, interdépendant, dans lequel ils combinent leurs compétences générales et des stratégies diverses pour accomplir une tâche (CECR Section 6.1.3.2).
Comme cela est expliqué dans le CECR (Section1.3), la compétence plurilingue implique la capacité à utiliser un répertoire interdépendant, inégal, plurilinguistique et avec une certaine flexibilité pour:
►passer d’une langue ou d’un dialecte (ou d’une variété de langue ou de dialecte) à l’autre;
►s’exprimer dans une langue (ou dans une variété de langue ou de dialecte) et comprendre une personne parlant une autre langue;
►faire appel à sa connaissance de différentes langues (ou de variété de langue ou de dialecte) pour comprendre un texte;
►reconnaître des mots sous une forme nouvelle mais appartenant à un stock international commun;
►médier entre des individus qui n’ont aucune langue (ou variété de langue ou de dialecte) en commun ou qui n’en ont que des notions ;
►mettre en jeu tout un outillage langagier, en essayant des expressions possibles ;
►exploiter le paralinguistique (mimique, geste, mime, etc.)
Dans le CECR, la plupart des références au plurilinguisme concernent la ‘compétence plurilingue et pluriculturelle’. La raison en est que les deux aspects sont étroitement associés.
L’une des raisons pour mettre en avant le plurilinguisme et le pluriculturalisme est que par expérience, leur développement :
►s’appuie sur les compétences sociolinguistiques et pragmatiques préexistantes mais les élargit en retour;
►installe une meilleure perception de ce qu’il y a de général et de ce qu’il y a de spécifique dans l’organisation linguistique de langues différentes
(forme de prise de conscience métalinguistique, inter linguistique, voire, si l’on peut dire, «hyper linguistique »);
►est de nature à affiner les connaissances sur le savoir-apprendre ainsi que les capacités à entrer en relation avec d’autres personnes et de nouvelles situations. Cela peut ainsi accélérer jusqu’à un certain point des apprentissages ultérieurs dans les domaines langagier et culturel. (CECR Section 6.1.3.)
Etablir un espace pluriculturel: Cette échelle traduit la notion de la création d’un espace partagé entre des interlocuteurs différents d’un point de vue linguistique et culturel, c’est à-dire la capacité à traiter «l’altérité», afin d’identifier des ressemblances et des différences permettant de s’appuyer sur des caractéristiques culturelles connues ou inconnues, etc., dans le but de permettre la communication et la coopération. L’utilisateur/apprenant vise à rendre possible un environnement interactif positif pour qu’il puisse y avoir une bonne communication entre participants de contextes culturels différents, y compris de contextes multiculturels. Il/elle ne fait pas qu’utiliser son répertoire pluriculturel pour faire accepter ou mettre en valeur sa mission ou son message (cf. Exploiter un répertoire pluriculturel), il accomplit un réel travail de médiateur: créer un «espace» commun neutre et fiable afin d’améliorer la compréhension entre tous. Il/elle cherche à améliorer et approfondir la compréhension interculturelle entre les participants afin de prévenir et/ou de surmonter d’éventuelles difficultés dues à des points de vue culturels contrastés. Le médiateur doit être constamment conscient des différences socioculturelles et sociolinguistiques liées à la communication interculturelle. Les notions clés concrétisées dans l’échelle sont les suivantes:
►utiliser le questionnement et manifester le désir de promouvoir la compréhension des normes et des points de vue culturels entre locuteurs;
►faire preuve de sensibilité et de respect pour les différents points de vue et normes
socioculturels et sociolinguistiques;
►anticiper, traiter et/ou résoudre les malentendus dus aux différences socioculturelles et sociolinguistiques.