La compétence plurilingue


La compétence plurilingue et pluriculturelle

Ces travaux pionniers amènent, dans le milieu des années 1990, à reconsidérer une définition de la compétence plus dynamique, prenant mieux en compte les compétences réelles des locuteurs qui grandissent et vivent au contact de plusieurs langues. Dans une étude préparatoire effectuée pour le Conseil de l’Europe, une nouvelle définition de la compétence est proposée (Coste, Moore & Zarate, 1997/2009). Celle-ci est reprise dans le chapitre 6 du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR, 2001).

Elle sert désormais de soubassement à la politique de promotion du plurilinguisme et de l’éducation citoyenne en Europe, mais aussi dans d’autres pays comme le Japon et, depuis une dizaine d'années, au Canada.

La compétence plurilingue et pluriculturelle est définie en ces termes :
On désignera par compétence plurilingue et pluriculturelle, la compétence à communiquer langagièrement et à interagir culturellement possédée par un locuteur qui maîtrise, à des degrés divers, plusieurs langues et a, à des degrés divers, l’expérience de plusieurs cultures, tout en étant à même de gérer l’ensemble de ce capital langagier et culturel. L’option majeure est de considérer qu’il n’y a pas là superposition ou juxtaposition de compétences toujours distinctes, mais bien existence d’une compétence plurielle, complexe, voire composite et hétérogène, qui inclut des compétences singulières, voire partielles, mais qui est une en tant que répertoire disponible pour l’acteur social concerné (Coste, Moore & Zarate, 1997, p. 12 ; CECR, 2001, p. 129).
Lire le texte originalCoste, D. ; Moore, D. & G. Zarate. (1997/1999) (3ème édition). Compétence plurilingue et pluriculturelle. Vers un Cadre Européen Commun de référence pour l’enseignement et l’apprentissage des langues vivantes : études préparatoires. Comité de l’Éducation, Conseil de la Coopération culturelle, Éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg. ici.
La définition de la compétence plurilingue et pluriculturelle
Bien que étroitement liée à la notion de compétence of communication développée en particulier grâce aux travaux de Hymes (1984) et de Canale & Swain (1979), la définition de la compétence plurilingue et pluriculturelle entraîne des déplacements centraux dans la manière de concevoir la compétence. Pouvez-vous dire pourquoi? Bien que les recommandations qui émanent des travaux du Conseil de l’Europe visent prioritairement l’espace et les citoyens européens, la philosophie de l’éducation qui les sous-tend rejoint les valeurs d’autres pays, comme le Canada, qui a poursuivi à partir de l'année 2006 (et la parution du Rapport Vandergrift), une réflexion pan-canadienne sur l’adoption du Cadre européen de référence pour les langues dans toutes les provinces du pays.
Sur le plan de l’éducation, la formation au plurilinguisme constitue ainsi de plus en plus en Amérique du nord et ailleurs, une valeur centrale, relevant de l’éthique et du respect de la diversité, qui ont pour objectif de promouvoir :
1. le plurilinguisme, considéré comme un droit pour des citoyens, tout au long de leur vie et en fonction de leurs besoins ;
2. la diversité linguistique, « […] toutes ses langues ont la même valeur en tant que moyens de communication et d’expression d’une identité. Les Conventions du Conseil de l’Europe garantissent le droit d’utiliser et d’apprendre des langues » ;
3. la compréhension mutuelle, « La communication interculturelle et l’acceptation des différences culturelles reposent fortement sur la possibilité d’apprendre d’autres langues » ;
4. la citoyenneté démocratique : « la participation aux processus démocratique et social dans des sociétés multilingues est facilitée par la compétence plurilingue de chaque citoyen » ;
5. la cohésion sociale : « l’égalité des chances en matière de développement personnel, d’éducation, d’emploi, de mobilité, d’accès à l’information et d’enrichissement culturel dépend de la possibilité d’apprendre des langues tout au long de la vie » (Conseil de l’Europe, 2005, p. 4).
Le plurilinguisme est ainsi une réalité, un atout d’apprentissage, et un objectif pour tous :« […] l’expérience langagière d’un individu dans son contexte culturel s’étend de la langue familiale à celle du groupe social puis à celles d’autres groupes (que ce soit par apprentissage scolaire ou sur le tas), il/elle ne classe pas ces langues et ces cultures dans des compartiments séparés mais construit une compétence communicative à laquelle contribuent toute connaissance et toute expérience des langues et dans lesquelles les langues sont en corrélation et interagissent » (Cadre européen commun de référence pour les langues, 2001, p. 11).
Pour aller plus loinLire. Daniel Coste, la notion de compétence plurilingue Eduscol.
Voir un entretien avec Daniel Coste, ici.
Voir un video clip. Christine Hélot, Être bilingue (DULALA).