indianité

 

 

INDIANITE 70.

 

Sarah P. Struve - (1980)       

 

« Au cœur de la nuit, grandes ouvertes étaient nos ailes. »

(Nicholas Flamel)

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À Walter Jones : Camarade

disparu au creux d'une

nuit de béton oublieuse.

À Grisoune qui fut son amie.

 

1° mouvement.

 

                          J'ai pressenti de vieux indiens poussiéreux rampant sous l'océan de béton du nouveau monde...

                          Stagnation  -  sac à dos posé sur un banc  -  attente en interrogation  -  attente mi-heureuse  -  mi-cafardeuse...

Le train...

                          Ses wagons grinçants m’emporteront vers le retour  -   pèlerinage aux sources asséchées  -    assise à la station "Ourcq"...  -  Le rapide de 9h 32  -  je ne serai jamais à cinq mille lieux de chez moi.

 

-  La terre est ma demeure  -

 

Oh !  -  Le rapide de 9h 32 !...  

                          Un joint dans le couloir  -  impression d'être dans un train entre New-York et Yonkers  -  même odeur neutre  -  morte -  bien que cela ne soit absolument pas triste !

                      Même température

                                  même silence/bruit

-  Wagon sans compartiments  -

 

Actualité !

                                   Actualité...

 

                     Des gents jouent au scrabble  -  la campagne se noie dans la pluie...  -  Océan vertical chutant de fatigue le long de l'Hudson  -  entre Paris et Orléans  -  la pluie uniformise...  -  J'ai bue un café que le serveur roulant m'a égoutté  -  même goût que celui bu à Nyack dans les matins encore nuit-noire en attente d'un train pour Grand Central  -  45° rue West  -  je voudrais être ailleurs  -  être encore et déjà loin de tout ailleurs...  -  Les lampadaires se reflètent dans le brouillard paysage  -  ambiance Fritz Lang in New england. -  Féerique.  -  Dans un Burger House  -  chuchotement aux couleurs orangées  -  autour de deux verres de Ginger...

               Il ne pleut plus  -  moins sombre et plus froid  -  wagon 20  -  place 81  -  assise en face d'un éléphant de mer se lissant la moustache  -  j'ai froid.

               À Grand Central j'ai faits la manche  -  il fallait bien prendre un train  -  la gare de Yonkers est une île noyée dans l'obscurité environnante  -  attente cotonneuse...  -  Quatre mecs noirs friment dans une superbe décapotable  -  leur radio gueulant à fond country blues et soul music  -  veulent m'impressionner  -  mais moi  -  j'ai fumée et bien que je trouve tout cela féerique  -  je plane et je m'en fous...

 

2° mouvement.

 

Trois platanes au cœur d'un chemin engoncé de solitude lunaire

Trois mers

Trois océans.

Dans ta solitude/guitare morte

La lumière s'allume

Et, la même eau revient toujours à la source

Là-bas...

Sous le plateau de l'arbre mort.

                 Une heure moins dix  -  les arcades  -  place du Capitole  -  rien ne revient  -  ne reviendra plus.  -  Une petite brésilienne  -  blues ahaneur  -  une petite fille sur la balançoire de mon cœur  -  rien ne revient  -  rien ne reviendra plus.

                 Bruit de mouches sur le large fleuve  -  douze heures de train  -  train de nuit - plier - des draps  -  des couvertures  -  un litre de picrate  -  un bol de café moulu électrique  -  "Hôtel California"  -  des jours/kilomètres en arrière  -  mais quoi ?  -  L’EXISTENCE !  -  Margot à travers 5 fois 365 jours  -  brisure d'entre les corps  -  mais peut-être aussi  -  LA PAIX ?  -  La paix d'après la tristesse...   -  d'après la déflagration...  -  La dernière !

 

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