Citations sur les langues

Arabic is a language, Persian a sweetmeat, Turkish an art.

>> Persian proverb (??)

L'opéra en anglais, c'est juste aussi émouvant que le base-ball en italien.

>> Mencken, Henry Louis (??)

Allemand / German / Deutsch

Wir Deutschen haben die Welt beherrscht, fremde Völker, die Nordsee und die Natur - den Konjunktiv nie.

>> Hildebrandt, Dieter (??)

Ich gebe zu, daß mein Verhältnis zur deutschen Sprache wie mein Verhältnis zu meiner Frau ist: Ich liebe sie, ich bewundere sie, ich verstehe sie meistens, aber ich beherrsche sie nicht.

>> Blix, Hans (??)

Mit gutem Deutsch und schlechtem Französisch kommt man überall durch.

>> Fontane, Theodor. 1897. Der Stechlin.

Nous ne quitterons pas cette matière sans manifester notre opinion, conforme à celle qui a été énoncée depuis quelques années, que la langue allemande dérive originellement de la langue persanne. Hérodote, au livre I.er, ch. 125, t. I.er, p. 158 de l'édition de Schweigæuser, parle des Germains comme occupant une bonne partie de la Perse, et nous donnons ci-après une liste de quelques termes persans qui se retrouvent dans la langue allemande. (p. 429)

Termes allemands ressemblant à des termes persans (qui y sont joints en caractères italiques).

Aber, (?)äber; Band, Band; binden, binden; Bruder, Bruder; du, thu; Donner, Thonder; Gatten, Giaden; ist, ist; kahl, kal; kreischen, kreisten; Kuh, Gau; Lippe, Lib; Mama, Mām; Mädchen, Mādch; Maus, Mūsh; Name, Nām; nicht, nit; nun, nün; Stern, Stara; Tochter, Dochter; trug, derugh; Thüre, Der; unter, under; Vater, Pader, etc.

Les particules mises à la tête des mots, sont: an, an; aus, as; be, be; bar, var; keit, heit, ker; ein, eh; e, a.

Plusieurs infinitifs des verbes persans se terminent, comme dans la langue allemande, par la syllabe en.

De toutes les langues orientales la persane est la seule qui, comme la langue allemande, n'ait pas le mode duel. La terminaison au pluriel est, dans la première, an ou e; dans la seconde, en ou e. Les terminaisons des verbes sont les mêmes dans les deux.

>> Hermann, Jean-Frédéric. 1819. Notices historiques, statistiques et littéraires sur la ville de Strasbourg, Volume 2. Levrault.

Dans toutes les choses qui émettent un son, la nature parle notre langage allemand, c'est pourquoi nombreux sont ceux qui ont voulu affirmer que le premier homme Adam ne put se servir que de nos vocables pour nommer les oiseaux et tous les animaux de la terre, parce qu'il exprimait conformément à la nature, toute et n'importe quelle propriété innée et en elle-même sonore; et il n'est donc pas étonnant que toutes nos racines coïncident en grande partie avec le langage sacré. (335)

>> Harsdörffer, Georg Philipp. 1968 [1641]. Frauenzimmer Gesprächspiele. Tübingen: Niemeyer.

In: Eco, Umberto. 1994. La recherche de la langue parfaite. Paris: Seuil.

[...] you still get so many schloppy words like schlaventy and schützt it sounds like a dentist’s vacuum sucking up excess saliva.

>> McInnes, Gavin. 2010. The best (and worst) languages in the world. [http://takimag.com/]

La langue allemande n'est pas une langue, c'est un hache-paille.

>> Goncourt, Edmond et Jules de Goncourt (Journal??)

L'allemand est une langue dans laquelle je me tais de préférence.

>> Renard, Jules (??)

- Grieche. Selbst die Richtigkeit der Vergleichung zugestanden, behielten wir doch den Vorzug. Denn in den kurzen Sylben, wo wir tönende Vocale haben, steht bey euch meistens das unbedeutende E. Allein er legt die Deutsche Aussprache der Griechischen zum Grunde. So spottet er über Bettinelli, dem man Griechische und Deutsche Verse vermischt vorsagte, da er beyde Sprachen nicht kannte, und der lauter Deutsche gehört zu haben glaubte. Der arme Bettinelli! Er hatte ja wirklich lauter Deutsche Verse gehört.

- Deutscher. Wich denn eure Aussprache so sehr von unsrer heutigen ab?

- Grieche. Mehr als eure Schriftzeichen ausdrücken, und eure Organe nachbilden können. Ich rede nicht vom ungefähren Nachsprechen, sondern von den Feinheiten, woran Theophrast nach Jahren des Studiums von einer Attischen Gemüsehändlerinn als Fremdling erkannt ward.

- Deutscher. Du legst viel Gewicht auf unmerkliche Schattirungen.

- Grieche. Dieser lebendige Hauch ist grade das Eigenthümliche im Vortrage der Sprachen, und wie in häßlichen das Abschreckendste, so in schönen der Gipfel ihrer Anmuth.

- Italiäner. Er hat Recht! Der Gipfel unsrer Anmuth!

- Grieche. Aber wenn wir auch bey den gröberen körperlichen Bestandtheilen stehn bleiben: welche Aussprache ist die eurige! Ihr unterscheidet θ nicht von τ; das säuselnde ζ, von dem es zweifelhaft seyn konnte, ob es für ςδ oder δς stände, stoßt ihr auf eure heftige Art heraus; φ und das römische f gilt euch gleich, da doch jenes ein schmeichelnder Laut, dieses ein ungeheurer Buchstabe war; ihr verwechselt die Diphthongen αι und ει, und die nicht das geringste mit einander gemein haben, οι und ευ –

[...]

-Deutscher. „Wir schließen wie ihr am gewöhnlichsten mit dem sanften N.“

-Grieche. Und werdet dadurch einförmig, weil ihr nicht so wie wir mancherley Vokale, sondern immer das unbedeutende E vorangehn laßt. Doch wir reden jetzt nicht vom Tönenden sondern vom Fließenden des Wohlklangs. Wir schließen außer dem ν, nur noch häufig mit dem ς, und selten mit κ und ρ. Ihr schließt mit diesen und mit welchen nicht? Aber nicht nur mit allen einzelnen, sondern mit dreyen, vieren, fünfen: Furcht, stürzt, Herbst, stampfst; auch nach Gelegenheit mit zweyen, die für sechse gelten können: Kopf.

-Deutscher. „Diese endenden Mitlaute werden von einem Deutschen sehr schnell ausgesprochen.“

-Grieche. Das ist Sache der Noth: der vorhergehende Vokal würde sonst gänzlich verhallen, ehe man damit fertig wäre. Aber desto schlimmer, denn je mehr ihr eilen müßt, um so mehr drängen sich die streitenden Bewegungen der Organe.

>> Schlegel, August Wilhelm von. 1798. Die Sprachen. Ein Gespräch über Klopstocks grammatische Gespräche. In: Athenaeum. Eine Zeitschrift von August Wilhelm Schlegel und Friedrich Schlegel. Ersten Bandes Erstes Stück. Berlin: Friedrich Vieweg. 3-69.

Le nom du prince gardait, dans la franchise avec laquelle ses premières syllabes étaient - comme on dit en musique - attaquées, et dans la bégayante répétition qui les scandait, l'élan, la naïveté maniérée, les lourdes « délicatesses » germaniques projetées comme des branchages verdâtres sur le « Heim » d'émail bleu sombre qui déployait la mysticité d’un vitrail rhénan, derrière les dorures pâles et finement ciselées du XVIIIe siècle allemand. Ce nom contenait, parmi les noms divers dont il était formé, celui d’une petite ville d'eaux allemande, où tout enfant j'avais été avec ma grand'mère, au pied d’une montagne honorée par les promenades de Gœthe, et des vignobles de laquelle nous buvions au Kurhof les crus illustres à l'appellation composée et retentissante comme les épithètes qu'Homère donne à ses héros. Aussi à peine eus-je entendu prononcer le nom du prince, qu’avant de m'être rappelé la station thermale il me parut diminuer, s'imprégner d'humanité, trouver assez grande pour lui une petite place dans ma mémoire, à laquelle il adhéra, familier, terre à terre, pittoresque, savoureux, léger, avec quelque chose d’autorisé, de prescrit. (p. 97)

>> Proust, Marcel. 1919. À la recherche du temps perdu: Le côté de Guermantes. Gallimard.

Was wäre aus uns Deutschen geworden, hätten wir ein Mutterland und eine Vatersprache?

Bis heute weiß keiner, was das ist: ein "Ding der Unmöglichkeit". Es uns endlich zu sagen, könnte der letzte große Beitrag der deutschen Sprache zur Philosophie der Welt werden.

>> Cybinski, Nikolaus (??)

Allemand / German (dialectes)

Ce qu'il y a de vrai, c'est que l'accent des Strasbourgeois, comme celui de tous les habitans de l'Allemagne supérieure, c'est-à-dire de la Souabe, de la Bavière, de la partie des états de l'ancien cercle d'Autriche où l'on parle allemand, et en général, des états méridionaux de l'Allemagne ou de la Suisse, n'est aucunement agréable. Cela peut tenir à la situation élevée de ces pays et à l'influence des montagnes, peut-être aussi à la qualité des eaux. (p. 424)

>> Hermann, Jean-Frédéric. 1819. Notices historiques, statistiques et littéraires sur la ville de Strasbourg, Volume 2. Levrault.

Unseri Sproch g'hert züem Elsass wie e güeder Tropfe Win züem Esse.

>> Spegt, Marcel, président de la Fédération des Théâtres Alsaciens (??)

[...] l'allemand de la Suisse est extrêmement guttural, surtout si nous le comparons à l'allemand de la Hollande, aux accens singulièrement mous et énervés. (p. 91)

>> Eckstein, Ferdinand (baron d'). 1834. Revue de "Notions élémentaires de linguistique... par M. Charles Nodier". Journal de l'Institut historique 1. 77-94.

Man muss entweder Englisch können, um mit der Welt zu korrespondieren, oder Schwäbisch, um mit den wichtigen Menschen zu reden.

>> Späth, Lothar (??)

Anglais / English

I do not think that anie language, be it whatsoever, is better able to utter all arguments, either with more pith, or greater planesse, then our English tung is, if the English utterer be as skilfull in the matter, which he is to utter: as the foren utterer is.

>> Mulcaster, Richard. 1582. The first part of the elementarie, ch. 13.

La langue anglaise est du hollandais brodé de français.

>> Howell, J. 1659. Lexicon tetraglotton.

Our fathers have, in the process of centuries, provided this realm, its colonies and wide dependencies, with a speech as malleable and pliant as Attic, dignified as Latin, masculine, yet free of Teutonic guttural, capable of being as precise as French, dulcet as Italian, sonorous as Spanish, and captaining all these excellences to its service.

>> Quiller-Couch, Arthur. 1900. The Oxford book of English verse, 1250-1918. Oxford: Clarendon Press. (Preface)

La difficulté d'écrire l'anglais m'est extrêmement ennuyeuse. Ah, mon Dieu! si l'on pouvait toujours écrire cette belle langue de France!

>> Dickens, Charles. 1850. Lettre à J. Forster.

In: DCME

Le privilège de l'Anglais est de ne comprendre aucune autre langue que la sienne. Et même s'il comprend, il ne doit en aucun cas s'abaisser à le laisser croire.

>> Daninos, Pierre. 1954. Les carnets du major W. Marmaduke Thompson.

Je me suis remis à la clarinette. C'est ce qui rapproche le plus de l'anglais.

>> Devos, Raymond (in BB: 46)

Les Anglais n'ont aucun respect pour leur langue et ils ne veulent pas apprendre à leurs enfants à la parler correctement. Il est impossible à un Anglais d'ouvrir la bouche sans se faire mépriser ou détester par un autre Anglais.

>> Shaw, G. B. Pygmalion, Préface

In: DCME

Les langues, c'est un fait connu, sont d'autant plus parfaites, surtout au point de vue grammatical, qu'elles sont plus anciennes; et elles ne cessent de se détériorer graduellement, depuis le haut sanscrit jusqu'au bas jargon anglais, ce vêtement de la pensée composé de lambeaux d'étoffes hétérogènes cousus ensemble.

>> Schopenhauer, Arthur. 1851. Parerga und Paralipomena

Anglais / English (accents)

-Chinois / Chinese:

You can tell when Chinese people are speaking English. When Chinese people speak English, it sounds like they're chopping vegetables with the words.

-Coréen / Korean:

You can tell when Koreans are speaking English 'cause when korean people speak English, they sound like they're out of breath. Like they just ran a marathon.

-Vietnamien / Vietnamese:

Vietnamese people, you can tell when they're speaking English - you can tell they're Vietnamese 'cause when they speak English they speak it really fast like they know it. But they end up speaking English so fast that it ends up sounding like vietnamese all over again.

>> Peters, Russel. 2009. Asian people talk (Outsourced).

-Français, indien / French, Indian:

"Why do you have an accent?"

"I don't. It is you who has an accent."

"No, I don't. You pronounce the 'ze'."

"I pronounce ze 'ze', as it should be. You speak with warm marbles in your mouth. You have an Indian accent."

"You speak as if your tongue were a saw and English words were made of wood. You have a French accent."

It was utterly incongruous. Richard Parker was born in Bangladesh and raised in Tamil Nadu, so why should he have a French accent? Granted, Pondicherry was once a French colony, but no one would have me believe that some of the zoo animals had frequented the Alliance Française on rue Dumas.

>> Martel, Yann. 2001. Life of Pi. Knopf Canada.

I like the English accent sometimes. You know what I mean?

But I really think it's the only accent in the world you can't do without making a ridiculous face every time you do it.

>> Peters, Russel. 2009. Asian people talk (Outsourced).

Arabe / Arabic / العربية

Il me faisait épeler sa langue, peut-être la plus belle de toutes, plus riche, plus souple, plus nuancée encore que le grec.

>> Psichari (??)

La langue arabe est une pompe aspirante et foulante, elle contient des h d'aller et retour, que seuls la rogne et le désir de refouler l'adversaire et ses propres tentations ont pu inventer. (p. 53)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Arménien / Armenian / հայերեն

l'arménien, langue des montagnes, est rude;

>> Eckstein, Ferdinand (baron d'). 1834. Revue de "Notions élémentaires de linguistique... par M. Charles Nodier". Journal de l'Institut historique 1. 77-94.

Basque / Euskara

En langue basque, AIZ signifie pierre, AIZKOLAR, hache, AIZKOLARIK, bûcheron. Voilà ce que j'appelle une langue ancienne. (p. 160)

Topor, Roland. 1992. Pense-bêtes. Le cherche midi.

Bengali / বাংলা

Le bengali a plus de chant, une pente, le ton d'une douce remontrance, de la bonhomie et de la suavité, des voyelles succulentes et une espèce d'encens. (p. 25)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Breton

La syntaxe bretonne est d'une très grande malléabilité et peut être modulée suivant le sentiment du locuteur ou très précisément adaptée à une situation concrète. (p. 26)

>> Fanch, Olivier. 1978. Bretagne. Marabout.

Cantonais / Cantonese / 广州话

Can you imagine being nagged in this language? It sounds like a turkey being strangled to death. No wonder Chinese workers barely ever come home.

>> McInnes, Gavin. 2010. The best (and worst) languages in the world. [http://takimag.com/]

It's the more flamboyant, you know what i mean? It's the one with the extended-sounding words.

'Cause sometimes they speak and it sounds like they're falling off a cliff, you know?

>> Peters, Russel. 2009. Asian people talk (Outsourced).

Le dialecte cantonais n'est pas des plus délicats, mais il est singulièrement juteux, et surtout il est possédé d'une sorte de génie de l'irrespect qui assaisonne tout ce qu'il touche d'un sel impayable et corrosif; traduit en « langue commune » (langue nationale chinoise), il perd déjà une bonne part de sa saveur, à plus forte raison quand on le transpose dans une langue étrangère... (p. 490)

>> Leys, Simon. 1976, Images brisées. In: Essais sur la Chine. Laffont (1998).

Chinois / Chinese / 中文

La langue chinoise est faite de monosyllabes, et des plus courts, des plus inconsistants, et avec quatre tons chantés. Et le chant est discret. Une sorte de brise, de langue d'oiseaux. Langage si modéré et affectueux qu'on l'entendrait toute sa vie, sans s'énerver, même ne le comprenant pas. (p. 156)

La langue chinoise, elle, est bonne, mais elle est sourde et effacée. (p. 230)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Les claquements des sabots de bois cognent la tête, les voix sont stridentes, le chinois est une langue qui se crie comme j'imagine toujours les langues des déserts, c'est une langue incroyablement étrangère. (p. 52)

>> Duras, Marguerite. 1984. L'amant.

Coréen / Korean / 한국어

The imitation of the involuntary grunt, "uh," which occurs between the words of an unready speaker, is the best key to his normal pose. So too, if one will make a Korean open his mouth and give with open jaw the vowels 아, 어, 으, and compare the position of the tongue in saying the English "a" (ah), it will be a great help to securing the correct normal pose. The high back tongue and shut throat which is, with high tension, so characteristic of Korean speech, makes one wonder that any one can speak Korean without getting a "preacher's sore throat." (p. 422-3)

>> Underwood, Horace Grant. 1914. An introduction to the Korean spoken language. New York: The MacMillan company.

Danois / Danish / Dansk

De nos jours, le danois, langue souple et nuancée, constitue un instrument aux résonnances variées qu'ont su fort bien utiliser et les lyriques (...), et les narrateurs (...) et les auteurs dramatiques (...). (p. 39)

>> Gravier, Maurice. 1964. Pays nordiques. Hachette.

On pense, dans un autre registre, à certaines rudesses gutturales que fait entendre, au lieu de la mélopée suédoise, le danois, de surcroît langue aux articulations consonantiques relâchées comme celles du birman [...]. (p. 62)

>> Hagège, Claude. 2009. Dictionnaire amoureux des langues. Plon/Odile Jacob.

Dravidiennes (langues) / Dravidian languages

Les gros â, ô, ê, des langues du Nord, disparaissent, tout se mouille en consonnes dans le malayalam, ou s'arc-boute en consonnes redoublées dans le tamoul (le tamoul, langue aussi ancienne que le sanscrit, et n'ayant rien de commun avec celui-ci). (p. 117)

L'Hindou du Nord déclame, l'Hindou du Sud hurle. Ce n’est pas seulement son chant (celui des populations dravidiennes du Sud) qui est exaspéré, ni sa langue. Du français, s'ils le parlent, ils ont ordinairement la ferme conception que c'est une langue de tête, que seulement avec une extrême force et dans les affres de la souffrance on peut espérer extraire plus ou moins du sommet du crâne. Vous voulez toujours lui dire: «Du calme, du calme, voyons, ça va sortir.» (p. 121)

Quand ils chantent, leur chant est une pendaison. Ils ne chantent que pour se pendre et haut. Les notes les plus inaccessibles ils y vont tout droit, sans tremplin, s'y accrochent en désespérés, et oscillant entre deux ou trois plus hautes, restent ainsi à pleurer, souffrir et faire les malheureux, paraissant prêts à se faire couper en morceaux; mais pourquoi? Puis tout d’un coup, ils s'arrêtent net, il y a deux minutes de silence, puis ils y regrimpent, ou plutôt exactement se retrouvent là-haut tout d'un coup plus immensément malheureux que jamais. Et leurs tortures durent ainsi parfois plus d'une heure. (p. 123)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Espagnol / Spanish / Español

Le castillan - je ne dis pas l'espagnol - a été dès le départ une langue forgée par la guerre et la violence, une langue militaire.

>> Michel del Castillo

In: Page des Libraires, avril-mai 1997, p. 32

Esperanto

[Esperanto is] the language of spies.

>> Staline (??)

Esperanto is an artificial language like the automobile is an artificial horse.

>> Zaft, Sylvan (??)

Ewe / Èʋegbe

O langue mienne

Souffle de mes narines

Prunelles de mes yeux

De mes yeux du corps et de l'esprit

A toi, mes chants d'allégresse

O langue mienne

Ambroisie de mon âme

Parfum des parfums

Langue aux contours encensés d'amour

Salut !

O langue mienne

Langue qu'ont parlée des bouches noires

mes ancêtres

Langue dissoute dans le lait noir de ma mère

qu'enfant je suçai de ses deux mamelles

noires

Langue que jalousement cette femme

m'apprit dès le berceau

Que tu es belle

Que tu es douce

O langue mienne

langue asexuée

Mais nuancée

Mais sensationnelle

Mais vigoureuse

Mais claire

Langue rythmique

A toi, Hosanna

Langue mienne

O ma tendre Gegbe

Toi par qui

J'exprime toutes mes idées

Toute mon âme

Je t'embrasse

O langue mienne

Fille tendre et unique

De la suave langue Ewei

Langue dans laquelle est traduite la Bible,

Bible, livre des livres

A toi, merci d'être mienne

Mon âme

Mon amour

Mon esprit

Mon corps

Je te tresse une couronne angélique.

Typam, Paul Akakpo. ??. Ode à ma langue maternelle. Revue Le Menure (In: Cornevin, 1988: 115)

Finnois / Finnish / Suomi

C'est une langue harmonieuse et d'une grande souplesse, qui se prête remarquablement à l'expression de la poésie. (p. 695)

>> Gravier, Maurice. 1964. Pays nordiques. Hachette.

Français / French

Ah la belle et pédante langue que voilà! Le français vivant, lui, a ses ressources propres et c'est ainsi que, pour désigner des produits nouveaux, il utilise couramment la coagulation phonétique: Kisuzpa, Sasampa, Kisnétoi, etc. Ce qui vaut aussi bien que de recourir au latin ou au grec. Une Filovan ou une Kivavit aurait été aussi joli qu'automobile.

Je signale aussi au passage un argument que l'on a sorti contre la notation phonétique. Quelle prononciation notera-t-on? demande-t-on. Celle du Nord, celle du Midi? Celle de Belleville? Ecrira-t-on une fott de gran-mère ou une fôte de gramère? Un tel argument a sans doute été sorti à la cour de Louis le Germanique et de Charles le Chauve lorsqu'il s’est agi de rédiger le Serment de Strasbourg. Qu'est-ce qu’on allait noter? Et le problème s'est posé pendant tout le temps que le français s'est efforcé de devenir une langue littéraire. Si on n'avait pas fait de choix, si on ne s’était pas lancé, on continuerait à écrire manducare que l'on prononcerait manger et eo Romam se prononcerait jvézarom, un peu comme en tibétain. Et il y aurait des partisans farouches et nationaux de cette splendide orthographe.

>> Quenau, Raymond. 1955. Bâtons, chiffres et lettres.

La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, si touchante, si voluptueuse, si chaste, si noble, si familière, si folle, si sage, qu'on l'aime de toute son âme, et qu'on est jamais tenté de lui être infidèle.

>> France, Anatole. 1921. Propos.

Ce qui n'est pas clair n’est pas français.

>> Rivarol, Antoine. Discours sur l'universalité de la langue française

J'ai une patrie: la langue française.

>> Camus, Albert. Carnets

Je voudrais pouvoir parler chinois, parler chien, parler pélican, grue, bête du Gévaudan, rat, tout plutôt que la langue française et tout ce qui en dérive. (p. 814)

>> Sand, George. 1837. Correspondance [à Marie d'Agoult].

Cette langue diaphane.

>> Cioran (??)

Also dieser elendste romanische Jargon, diese schlechteste Verstümmelung lateinischer Worte, diese Sprache, welche auf ihre ältere und viel edlere Schwester, das Italiänische, mit Ehrfurcht hinaufsehen sollte, diese Sprache, welche den ekelhaften Nasal en, on, un zum ausschließlichen Eigenthum hat, wie auch den schluckaufartigen, so unaussprechlich widerwärtigen Accent auf der letzten Silbe, während alle anderen Sprachen die sanft und beruhigend wirkende lange Penultima haben, diese Sprache, in der es kein Metrum giebt, sondern der Reim allein, und zwar meistens auf é oder on, die Form der Poesie ausmacht, - diese armsälige Sprache wird als langue classique neben das Griechische und Lateinische gestellt! Ich fordere ganz Europa auf zu einer Géeneral-huée, um diese schaamlosesten aller Gecken zu demüthigen. (p. 592-593)

"Ce plus misérable des jargons romans, cette pire mutilation des mots latins, cette langue qui devrait professer un profond respect pour sa sœur aînée, beaucoup plus noble qu'elle, l'italien ; cette langue qui a pour propriété exclusive la répugnante nasale en, on, un, ainsi que le hoquetant et abominable accent sur la dernière syllabe, tandis que toutes les autres langues ont la longue pénultième douce et calmante ; cette langue où il n'y a pas de mètre, mais seulement la rime, et le plus souvent sur é ou sur ou, ce qui exclut la forme poétique — cette misérable langue."

>> Schopenhauer, Arthur. 1851. Parerga und Paralipomena: Kleine philosophische Schriften, 2. Bd. Berlin. "Ueber Schriftstellerei und Still".

Mes chansons surtout les faisaient rire aux larmes.. Ils trouvaient la langue française heurtée, chuintante, comme si l’on mâchait une boulette de riz tout en parlant. Chacun s’essayait à prononcer en rougissant un mot, puis éclatait aussitôt de rire devant l’impossibilité de prononcer le “je” ou le “che”. (p. 87)

Lefèvre, Kim. 1989. Métisse blanche. Bernard Barrault.

À l'hôtel où je suis descendu, où j'entends parler quantité d'étrangers, je constate à nouveau que la langue française est de débit plus égal qu'aucune autre. (p. 1202)

>> Gide, André. 1934. Journal.

Français / French (accents)

-Allemand / German:

...des remontés à la fin de la proposition, intonation qui remonte régulièrement, accentue les dernières syllabes, intonation germanique, prosodie très allemande, intonation grave

-Portugais / Portuguese:

... laisse traîner les fins des mots

... le /l/ plutôt vélaire, les voyelles nasales légèrement diphtonguées, ils parlent comme s’ils avaient une angine (118)

-Italien / Italian:

... musique italienne, façon de couper les mots, il joue avec les mots, mélodie de la phrase, ligne mélodique pas placée au même endroit qu’en français

-Anglais / English:

... deux accents toniques dans un mot

-Arabe / Arabic:

... hache les mots

>> (Cité par) Vieru-Dimulescu, Bianca. 2008. Caractérisation et identification d'accents étrangers en français. Thèse, Université Paris 11.

Gallois / Welsh / Cymraeg

It is not clogged with those many inharmonious monosyllables, the signs of moods, tenses, and cases, as the English language. [...] its variety, copiousness, and even harmony, is to be equalled by few, perhaps excelled by none. [...] This language ; which, however extraordinary it may seem to some, on account of the multiplicity of gutturals and consonants with which it abounds, has the softness and harmony of Italian, with the majesty and expression of the Greek. (Cradock, 1770, Letter XIV, 98-99)

>> Cradock, Joseph. 1770. Letters from Snowdon: descriptive of a tour through the northern counties of Wales. Dublin: J. Milliken.

Grec moderne / Modern Greek / Ελληνική γλώσσα

Ce langage sonore aux douceurs souveraines,

Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines.

>> André Chénier?

Hindi / हिन्दी

La première fois que je me rendis au théâtre hindoustani, je manquai de pleurer de rage et de déception. J'étais en pleine «province». Tel était l'effet produit sur moi de façon surprenante par l'hindi, cette langue aux mots béats prononcés avec une bonasserie paysanne et lente, énormément de voyelles bien épaisses, des â et ô, avec une sorte de vibration ronflée et lourde, ou contemplativement traînarde et dégoûtée, des î et surtout des ê, une lettre de niais! un vrai bê de vache. Le tout enveloppé, écœurant, confortable, eunuchoïde, satisfait, dépourvu du sens du ridicule.

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Hongrois / Hungarian / Magyar nyelv

[...] l'harmonie vocalique du hongrois, ajoutée à la note aiguë des voyelles de la première syllabe, qui, comme en tchèque, portent toujours l'accent tonique, donne au phrases de cette langue une musique aussi fine qu'élégante. (p. 61)

>> Hagège, Claude. 2009. Dictionnaire amoureux des langues. Plon/Odile Jacob.

Italien / Italian / Italiano

La lingua italiana che che dicano i suoi partigiani, è soverchiamente pusillanime, e assai meno feconda di quello ch'altri non crede. Della sua pusillanimità ne porgono altrettanti argomenti la poca libertà, che la grammatica della lingua permette alla sua costruzione, il gran numero di precetti coattivi intorno all'uso delle parti dell'orazione, la soverchia scrupolosità nell'adoperare le transizioni e i passagi, l'eccessivo abborrimento ad ogni forma non consacrata dall'uso, l'esser troppo sollecita di conservar l'armonia, dal che avviene sovente, che si tolga all'immaginazione ciò che vuol darsi all'orecchio, il cercar nelle metafore non quello che rappresenta vivamente e pienamente l'oggetto, ma quello che l'accenna soltanto e lo mostra quasi in iscorcio, il preferir comunementa nello stile l'eleganza alla forza, e i pochi progressi che hanno fatto gl'italiani nella lirica chiamata icastica, cioè in quel genere che fa più d'ogni altro conoscere l'energia d'una lingua, e in cui tanto si distinsero fra gli antichi Pindaro e Orazio, e modernamente gl'inglesi. (Dialogo II [Arteaga], p. 40)

>> Rubbi, Andrea. 1786. Dialoghi tra il signore Stefano de Arteaga e Andrea Rubbi in difesa della letteratura italiana. Venezia: presso Antonio Zatta e figli.

Un altro vantaggio della lingua italiana per l'oratoria, la musica, la poesia, è la trasposizione, cioè quando il collocamento delle parole si fa non secondo l'ordine naturale delle idee, ma come più torna a proposito per la belleza del periodo e per il piacere dell'orecchio. (p. 94)

>> Arteaga, Stefano. 1783. Le rivoluzioni del teatro musicale italiano dalla sua origine fino al presente, Tomo Primo. Bologna: Carlo Trenti.

And what a language it is! Italian, handcrafted by poets and wordsmiths, embodies its native speakers' greatest genius: the ability to transform anything—from marble to melody, from the humble noodle to life itself—into a joyous art. English, like a big black felt-nosed Magic Marker, declares itself in bold statements and blunt talk. Italian's sleek, fine-pointed quill twirls into delicate curlicues and dramatic flourishes. While other tongues do little more than speak, this lyrical language thrills the ear, beguiles the mind, captivates the heart, enraptures the soul, and comes closer than any other idiom to expressing the essence of what it means to be human. (p. 15-16)

>> Hales, Dianne. 2009. La bella lingua: My love affair with Italian, the world's most enchanting language. Random House.

Italien / Italian (accents)

- Sois le bienvenu, ami, qui viens avec mon seigneur et mon maître, dit la jeune fille en excellent toscan, avec ce doux accent romain qui fait la langue de Dante aussi sonore que la langue d'Homère ; (p. 255)

>> Dumas, Alexandre. 1846. Le Comte de Monte-Cristo.

Italien / Italian (dialectes)

[...] ora l'intenso, e veloce de' napoletani, che squartano, a così dire, le sillabe colla loro larga pronunzia, che sarebbe perciò opportunissima a' canti guerreschi, e vivaci: ora la soavità, e la grazia del veneziano per la copia delle vocali, e per la prestezza nel proserirle atto all' espressione della voluttà: ora la chiarezza, e sonorità del romano, che alle gravi, e seriose melodìe mirabilmente si confarebbe. Il dialetto bolognese (checchè ne pensi in contrario Dante, o chiunque sia l'autore dell'antichissimo libro della volgare eloquenza) il genovese, il romagnuolo, il piemontese con pochi altri di niun giovamento sarrebbero alla musica pel duro, e frequente accozzamento di consonanti, pe' i suoni oscuri, offuscati, ed ambigui delle vocali, per la sintassi ma definita, e per altre cause. (p. 83)

>> Arteaga, Stefano. 1783. Le rivoluzioni del teatro musicale italiano dalla sua origine fino al presente, Tomo Primo. Bologna: Carlo Trenti.

Irlandais / Irish / Gaeilge

Is fearr Gaeilge bhriste, ná Béarla cliste

"Broken Irish is better than clever English"

>> (??)

Islandais / Icelandic / Íslenska

Les Islandais ne veulent pas que l'on distingue entre le vieil-islandais et l'islandais moderne. Ils mettent un point d'honneur à souligner que la langue des Sagas ne diffèrent guère de la langue qu'ils parlent (si ce n'est par quelques transformations phonétiques et par certaines simplifications dans la morphologie) et que ce n'est nullement une langue morte. (252)

>> Gravier, Maurice. 1964. Pays nordiques. Hachette.

Japonais / Japanese / 日本語

On dit que le japonais est plus riche et plus détaillé que les autres langues dans certains domaines comme la riziculture, la végétation, le poisson et le temps. Cela viendrait du souci fortement ancré dans la population d'assurer son approvisionnement pour survivre, tâche difficile dans un pays subissant le dur régime des moussons. En revanche, le vocabulaire céleste, dans le domaine des étoiles en particulier, est pauvre. De fait, les Japonais, bien qu'habitant une île, étaient incapables de naviguer en pleine mer en observant le ciel. (p. 52)

>> Bekki, Atsuhiko. 1994. Aspects variés de la culture japonaise. In: Comprendre le Japon. Guide du Japon pour les enseignants et les rédacteurs de manuels scolaires. Tokyo: Gaikokugo Printing Co.

Plus qu'au long cheminement scientifique, une telle langue est d'abord apte à capter l'instantané, le fugitif, à procéder par images dont l'enchaînement suggère le sens. Ce n'est pas un langue de traité mais un chant d'émotions, porté par la sonorité musicale et profonde d'un parler nettement sexué, où la mélopée gutturale des hommes s'oppose à la voix de tête des femmes. (p. 348)

>> Elisseef, Vadime. La civilisation japonaise. Paris: Arthaud.

Une langue qui à l'entendre paraît aigre et insignifiante, à fleur de peau. (p. 199)

Aucun acteur au monde n'est aussi braillard que le Japonais avec un résultat aussi maigre. Il ne dit pas sa langue, il la miaule, l'éructe, et brame, barrit, brait, hennit, gesticule comme un possédé et malgré ça, je ne le crois pas. [...]

Avec des voix de vieux scrogneugneux, essayant de rendre importante leur pacotille, leurs histoires de vendettas, avec des gémissements prolongés, des syllabes filées de chattes en chaleur la nuit dans la solitude et l'exaspération nerveuse, les chanteurs japonais sont les êtres les plus grinçants de toute l'Asie (chanteuses coréennes y compris). (p. 200)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

La difficulté fondamentale réside, à notre point de vue, dans un certain manque de clarté provenant de la disposition illogique en apparence, des mots de la proposition, et de l'enchaînement bizarre des propositions elles-mêmes. Bien plus, non seulement l'ordre dans lequel se déroule la pensée, mais l'aspect lui-même sous lequel sont saisis les objets diffère complètement du nôtre. (p. 12)

Ceci dit, ce que nous appelons voyelles tient la place principale en japonais. Elles sont nombreuses et sonores (l'u excepté), autant et plus qu'en aucune langue de l'Europe. Les consonnes, hormis l'h aspirée et le k, ont aussi une accentuation plus douce que celles de nos langues. C'est ce qui rend le japonais facile à prononcer, surtout si l’on considère qu'il n'a pas d’accent tonique appréciable. (p. 19)

>> Balet, Cyprien. 1899. Grammaire japonaise. Tokyo: Librairie Sansaisha.

women sound stupid when they speak Japanese and the men always sound grumpy.

>> McInnes, Gavin. 2010. The best (and worst) languages in the world. [http://takimag.com/]

Quand nous en aurons fini avec ces gens-là, on ne parlera plus japonais qu'en enfer

>> Amiral Halsey, porte-avions Enterprise, après Pearl Harbor [cité par Dreyfus, Paul. 1996, Histoires extra-ordinaires de la résistance en Asie. Stock. 160]

Javanais / Javanese / Basa Jawa

La langue javanaise est pleine de sens, du sens de la vie, grave, bonne et paresseuse.

Qui n'a pas été touché par le Tabe touan, à Bali («Bonjour, Monsieur»), dit avec tant de douceur, par la façon dont ils disent orang, pas à la française, bien entendu, en butant, ou, an, comme pour effrayer les loups, mais un a léger et tout vivant, et le u, qui l’entoure comme une mare et un g doux et bon, qui ramasse et borde, et emporte le tout, un tout bien vivant comme une anguille? Wayang orang. (229)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Latin / Lingua latina

Un sot, quand il sait le latin, n'est jamais tout à fait un sot.

>> Proverbe espagnol (??)

I love the language, that soft bastard Latin,

Which melts like kisses from a female mouth,

And sounds as if it should be writ on satin,

With syllables which breathe of the sweet South,

And gentle liquids gliding all so pat in,

That not a single accent seems uncouth,

Like our harsh northern whistling, grunting guttural,

Which we're obliged to hiss, and spit, and sputter all

>> Byron. 1817. Beppo. (Stanza 44)

J'aime sa couleur, ses accents mordants et mélodieux à la fois. Quand, dans un programme mêlant plusieurs compositeurs, vous prononcez tour à tour à la française et à l'italienne, vous pratiquez deux langues très différentes; aussi jouissives l'une que l'autre. Après de longs tâtonnements, j'ai enfin réalisé que le latin représente la langue idéale pour les musiques électroniques que je compose, dans mon home studio.

>> Lesne, Gérard, haute-contre et compositeur, interview dans Télérama n° 2674, (14-20.04.01, p. 82)

Malgache / Malagasy

... ô douce langue malgache, si inexperte et si habile, si difficile à l'étranger et si tendre à ses amants, ô doux parler des Plateaux, durs langages des Côtes, comme la claire rivière qui court sur la mousse ou chuchote parmi les chiendents pour trébucher plus loin et rejaillir en cascades, vous êtes bien de la seule et même eau, et dans vos mille reflets, il n'est qu'une image : celle de l'âme de votre pays.

>> Rainavo, Flavien. ??. In: Terre, Langue et Ames Malgaches (In: Rajoelina & Ramelet, 1989: 75)

Mongol / Mongolian / Монгол хэл

[...] like two cats coughing and spitting at each other until one finally throws up.

Severin, Tim

In: Lonely Planet

[...] hearing Mongolian was like listening to an Afrikaaner saying "gaan goie glad" over and over again

>> Roberts, Nigel

http://www.nigel-roberts.info/Musings-on-Mongolia.pdf

Nahuatl

[...] es una langua la más amplia y copiosa que se ha hallado; después de la dignitad, es suave y amorosa y en sí muy señoril y de gran presunción, compendiosa y fácil y dócil, que no se le halla fin ni cabo, é se pueden con facilidad componer versos en la propria lengua con mensura y consonancia. (p. 25)

>> Muñoz Camargo, Diego. 1892. Historia de Tlaxcala. México: Oficina tip. de la Secretaría de Fomento.

De fait, le nahuatl possède toutes les qualités nécessaires à une langue de civilisation. De prononciation aisée, il est harmonieux et clair. Son vocabulaire est très riche, et les procédés de composition qui lui sont propres permettent de créer tous les mots indispensables, notamment dans le domaine de l’abstraction. Il se prête admirablement à rendre toutes les nuances de la pensée et toutes les facettes du concret. Il s’accommode aussi bien de la concision lapidaire des annales que de la rhétorique colorée des discours ou des métaphores poétiques. C’était une matière première de choix pour une littérature.

>> Soustelle, Jacques. 1955. La vie quotidienne des Aztèques. Hachette.

Néerlandais / Dutch / Nederlands (dialects)

Dans le patois des Flandres, assure un explorateur, "épousailles" se dit "trouwplechtighied". Ce n'est pas un joli dialecte que le flamand. (p. 178)

>> Toulet, Paul-Jean. 1986. Les trois impostures. Robert Laffont.

Norvégien / Norwegian / Norsk

La mélodie de la phrase norvégienne est caractéristique, elle se distingue nettement de la mélodie de la phrase suédoise à laquelle cependant elle s'apparente. Elle se relève assez souvent à la fin d’une proposition affirmative et semble alors suggérer à l'étranger qui écoute une nuance interrogative ou encore ironique qui n'entre nullement dans l'intention du sujet parlant. (p. 472)

>> Gravier, Maurice. 1964. Pays nordiques. Hachette.

Occitan

Les habitans du midi de la France, & sur-tout les Gascons, montrent naturellement beaucoup de feu. Leur langage est coupé. Il va par bonds, & suit le mouvement impétueux de leur esprit. (p. 335)

>> Pluche, Noël Antoine. 1751. La mécanique des langues et l'art de les enseigner. Paris: Vve Estienne et Fils.

Passant le plus clair de leur temps dehors et non dedans (comme nous faisons, nous, les Parisiens, à l'égal des autres peuplades du Nord), ils parlent fort, et même très fort, car leur langue doit dominer le bruit de la mer, la violence du mistral, le tonerre des cigales. Quand ils parlent français, ils transportent dans notre langue plate leur accent, faisant sonner les e muets comme des o, les antépénultièmes comme des coups de clairon. (p. 263)

>> Bourgeade, Pierre. 1991. Chroniques du français quotidien. Paris: Belfond.

Ourdou / Urdu / اردو

Basically a party in your mouth where everyone is invited. It sounds like a chili bubbling over a xylophone and it’s so fun to speak, I’m surprised there aren’t more Indian rappers. If a “Piari Larki” (pretty girl) asks “Que ‘hall chelle, yar?” (how’s it going, dude?) you can tell her everything is “Teek tok” (cool). Was this language invented by potheads?

>> McInnes, Gavin. 2010. The best (and worst) languages in the world. [http://takimag.com/]

Persan / Persian / فارسی

Adam and Eve spoke of their love in Persian, and the angel who drove them out of Paradise spoke Turkish.

>> Proverbe persan (??)

Portugais / Portuguese / Português

Ce mouvement hiératique de notre langue claire, majestueuse, cette façon d'exprimer les idées dans les mots inévitables, cet émerveillement vocalique où les sons sont des couleurs idéales.

>> Vieira, António (??)

A minha pátria é a língua portuguesa

>> Pessoa, Fernando (??)

Russe / Russian / Русский

Карл Пятый, римский император, говаривал, что ишпанским языком с богом, французским с друзьями, немецким с неприятелем, итальянским с женским полом говорить прилично. Но если бы он российскому языку был искусен, то конечно к тому присовокупил бы, что им со всеми оными говорить пристойно, ибо нашел бы в нем великолепие ишпанского, живость французского, крепость немецкого, нежность итальянского, сверх того богатство и сильную в изображениях краткость греческого и латинского языка.

"The Holy Roman Emperor Carl the Fifth used to say that one should speak Spanish with God, French with one's friends, German with one's enemies, and Italian with the fair sex. But had he been skilled in Russian, he would, of course, have added that it would be appropriate to speak with all of these in it, for he would have found in it the greatness of Spanish, the liveliness of French, the force of German, the tenderness of Italian, and, in addition, the richness and strong terse descriptiveness of Greek and Latin."

>> Ломоносов, Михаил Васильевич. 1755. Российская грамматика. СПб: Имп. Акад. наук.

И всякий народ, носящий в себе залог сил, полный творящих способностей души, своей яркой особенности и других даров нога, своеобразно отличился каждый своим собственным словом, которым, выражая какой ни есть предмет, отражает в выраженье его часть собственного своего характера. Сердцеведением и мудрым познаньем жизни отзовется слово британца; легким щеголем блеснет и разлетится недолговечное слово француза; затейливо придумает свое, не всякому доступное, умно-худощавое слово немец; но нет слова, которое было бы так замашисто, бойко так вырвалось бы из-под самого сердца, так бы кипело и животрепетало, как метко сказанное русское слово.

"Chaque peuple porte en soi un gage de force, possède en propre des facultés créatrices, des particularités bien tranchées, d'autres dons du ciel encore; mais il se distingue surtout par son Verbe, qui reflète en toute occasion un trait du caractère national. Le langage de l'Anglais dénote une connaissance approfondie du coeur et de la vie; celui du Français brille d’un éclat léger, pimpant, éphémère; l'Allemand rumine longtemps une phrase alambiquée dont le sens échappe à bien des gens; mais aucune parole ne jaillit aussi spontanément du coeur, ne bouillonne, ne frissonne d’une vie aussi intense, qu'une parole russe bien sentie." (Traduction d’Henri Mongault, 1925, p. 216)

>> Гоголь, Николай Васильевич. 1842. Мёртвые души.

Во дни сомнений, во дни тягостных раздумий о судьбах моей Родины, - ты один мне поддержка и опора, о великий, могучий, правдивый и свободный русский язык!

Не будь тебя - как не впасть в отчаяние при виде всего, что свершается дома?

Но нельзя не верить, чтобы такой язык не был дан великому народу.

Берегите наш язык, наш прекрасный русский язык - это клад, это достояние, переданное нам нашими предшественниками!

Обращайтесь почтительно с этим могущественным орудием: в руках умелых оно в состоянии свершать чудеса."

"In days of doubts, in days of depressing reflections on the fates of my homeland, you alone are my support and strength, o great, mighty, just and free Russian language! Were it not for you -- how could I not but fall into despair at the sight of all that is happening at home? But it is impossible not to believe that such a language was given to a great people. Take care of our language, our wonderful Russian language - it is a treasure, it is a property handed down to us by our forefathers! Treat this mighty tool with respect: in skilled hands it is capable of miracles."

>> Тургенев, Иван Сергеевич. 1882.

That language sounds like a guy trying to eat his teeth.

>> McInnes, Gavin. 2010. The best (and worst) languages in the world. [http://takimag.com/]

To me the Russian language sounds like English being played in reverse at high speed.

>> Anon. 1994. My Russian diary. [http://www.jngm.net/russian_diary/article/648.html]

Les consonnes mouillées du russe donnent aux mots et aux phrases de cette langue une tonalité soyeuse qui, ajoutée aux voyelles diphtonguées, à l'intonation très chantante, et aux consonnes et groupes de consonnes d'articulation postérieure et âpre, accroît encore en éclat la mélodie unique de cette langue [...]. (p. 62)

>> Hagège, Claude. 2009. Dictionnaire amoureux des langues. Plon/Odile Jacob.

Sanscrit / Sanskrit / संस्कृतम्

la langue sanscrite, quelle que soit son antiquité, est d’une structure admirable, plus parfaite que le grec, plus riche que le latin et plus merveilleusement raffinée que chacune des deux, se trouvant avec l’une et l’autre dans un rapport d’affinité, tant dans les racines des verbes, que dans les formes grammaticales [...].

>> Jones, William. 1786. Journal of the Asiatic Society, 1786, Bombay

In: Eco, Umberto. 1994. La recherche de la langue parfaite. Paris: Seuil. (p. 125)

Le sanscrit, la langue la plus enchaînée du monde, la plus largement embrassante, indubitablement la plus belle création de l’esprit indien, langue panoramique, admirable aussi à entendre, contemplative, induisant à la contemplation, une langue de raisonneurs, flexible, sensible et attentive, prévoyante, grouillante de cas et de déclinaisons. (p. 35)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Sémitiques (langues) / Semitic languages

Les langues de la haute antiquité sont, en général, dures, rauques et prodigieusement âpres, surtout les langues dites sémitiques.

>> Eckstein, Ferdinand (baron d'). 1834. Revue de "Notions élémentaires de linguistique... par M. Charles Nodier". Journal de l'Institut historique 1. 77-94.

Suédois / Swedish / Svenska

Quiconque a entendu un speaker parler à la radio suédoise connaît cette courbe régulière du son qui produit l'effet d'une vague montant et descendant à intervalles presque réguliers. Un phénomène analogue existe en norvégien, mais la mélodie de la phrase norvégienne ne suit pas la même courbe que la phrase suédoise.

>> Gravier, Maurice. 1964. Pays nordiques. Hachette.

Tagalog

Il emprunte le mysticisme de l'hébreu, la richesse du grec, l'élégance du latin, et la courtoisie de l'espagnol.

Chirino, Pedro [Père], XVIIème siècle (??)

Tamoul / Tamil / தமிழ்

La langue tamoule est composée de mots ayant en moyenne six syllabes. Plusieurs en ont quatorze. Moins de quatre syllabes, ce n'est plus un mot, mais un détritus. La langue anglaise leur paraît en ruine. Qu'est-ce que c'est que toutes ces petites bulles sans objet, appelées préposition, article, etc.?

Le tamoul est une langue agglutinante. On soude tout ce qu'on peut. De trois mots, un seul. [...].

Ces mots s'enlèvent à la course. Vous touchez la première syllabe et puis vous partez à fond de train. Une fois au bout, vous pouvez vous reposer. Ainsi se présentent des petits trous dans la conversation. Mais il y a des emballés (la plupart) qui ne s'arrêtent pas. (122)

>> Michaux, Henri. 1967 [1933]. Un barbare en Asie. Gallimard.

Wolof

Partout, notre langue répand des larmes

Parce que ses enfants s'en détournent

La laissant seule avec son lourd fardeau.

>> Cosaan, Useyno Gey [Poème en ouolof] (??)

Yiddish / ייִדיש

Vor den ersten Versen der ostjüdischen Dichter möchte ich Ihnen, sehr geehrte Damen und Herren, noch sagen, wie viel mehr Jargon Sie verstehen als Sie glauben.

Ich habe nicht eigentlich Sorge um die Wirkung, die für jeden von Ihnen in dem heutigen Abend vorbereitet ist, aber ich will, daß sie gleich frei werde, wenn sie es verdient. Dies kann aber nicht geschehen, solange manche unter Ihnen eine solche Angst vor dem Jargon haben, daß man es fast auf ihren Gesichtern sieht. Von denen, welche gegen den Jargon hochmütig sind, rede ich gar nicht. Aber Angst vor dem Jargon, Angst mit einem gewissen Widerwillen auf dem Grunde ist schließlich verständlich wenn man will.

Unsere westeuropäischen Verhältnisse sind, wenn wir sie mit vorsichtig flüchtigem Blick ansehn, so geordnet; alles nimmt seinen ruhigen Lauf. Wir leben in einer geradezu fröhlichen Eintracht, verstehen einander, wenn es notwendig ist, kommen ohne einander aus, wenn es uns paßt, und verstehen einander selbst dann; wer könnte aus einer solchen Ordnung der Dinge heraus den verwirrten Jargon verstehen oder wer hätte auch nur die Lust dazu?

Der Jargon ist die jüngste europäische Sprache, erst vierhundert Jahre alt und eigentlich noch viel jünger. Er hat noch keine Sprachformen von solcher Deutlichkeit ausgebildet, wie wir sie brauchen. Sein Ausdruck ist kurz und rasch.

Er hat keine Grammatiken. Liebhaber versuchen Grammatiken zu schreiben, aber der Jargon wird immerfort gesprochen; er kommt nicht zur Ruhe. Das Volk läßt ihn den Grammatikern nicht.

Er besteht nur aus Fremdwörtern. Diese ruhen aber nicht in ihm, sondern behalten die Eile und Lebhaftigkeit, mit der sie genommen wurden. Völkerwanderungen durchlaufen den Jargon von einem Ende bis zum anderen. Alles dieses Deutsche, Hebräische, Französische, Englische, Slawische, Holländische, Rumänische und selbst Lateinische ist innerhalb des Jargon von Neugier und Leichtsinn erfaßt, es gehört schon Kraft dazu, die Sprachen in diesem Zustande zusammenzuhalten. Deshalb denkt auch kein vernünftiger Mensch daran, aus dem Jargon eine Weltsprache zu machen, so nahe dies eigentlich läge. Nur die Gaunersprache entnimmt ihm gern, weil sie weniger sprachliche Zusammenhänge braucht als einzelne Worte. Dann, weil der Jargon doch lange eine mißachtete Sprache war.

In diesem Treiben der Sprache herrschen aber wieder Bruchstücke bekannter Sprachgesetze. Der Jargon stammt zum Beispiel in seinen Anfängen aus der Zeit, als das Mittelhochdeutsche ins Neuhochdeutsche überging. Da gab es Wahlformen, das Mittelhochdeutsche nahm die eine, der Jargon die andere. Oder der Jargon entwickelte mittelhochdeutsche Formen folgerichtiger als selbst das Neuhochdeutsche; so zum Beispiel ist das Jargon'sche »mir seien« (neuhochdeutsch »wir sind«) aus dem Mittelhochdeutschen »sîn« natürlicher entwickelt, als das neuhochdeutsche »wir sind«. Oder der Jargon blieb bei mittelhochdeutschen Formen trotz des Neuhochdeutschen. Was einmal ins Ghetto kam, rührte sich nicht so bald weg. So bleiben Formen wie »Kerzlach«, »Blümlach«, »Liedlach«.

Und nun strömen in diese Sprachgebilde von Willkür und Gesetz die Dialekte des Jargon noch ein. Ja der ganze Jargon besteht nur aus Dialekt, selbst die Schriftsprache, wenn man sich auch über die Schreibweise zum größten Teil geeinigt hat. Mit all dem denke ich die meisten von Ihnen, sehr geehrte Damen und Herren, vorläufig überzeugt zu haben, daß Sie kein Wort des Jargon verstehen werden.

[...]

"Avant d’entendre les premiers vers des poètes juifs d’Europe orientale, mesdames et messieurs, je voudrais aussi vous dire à quel point vous comprenez beaucoup plus de yiddish que vous ne le croyez.

Je ne me fais pas tellement de souci sur l’impression que réserve cette soirée à chacun d’entre vous, mais je veux qu’elle s’exerce sans tarder, si elle en est digne. Mais cela ne peut se produire tant que plus d’un parmi vous éprouvent une telle peur du yiddish qu’elle se voit presque sur vos visages. [...]

Le yiddish est la plus jeune langue d’Europe; il n’existe que depuis quatre cents ans, mais est en fait beaucoup plus jeune. Il ne s’est pas encore doté de formes linguistiques qui aient la clarté nécessaire. Son expression est concise et rapide. Il n’a pas de grammaire. [...]

Il n’est constitué que de mots étrangers. Cependant ils ne reposent pas en lui, mais au contraire conservent la hâte et la vivacité avec lesquelles ils furent pris. Les migrations des peuples traversent le yiddish de part en part. L’allemand, l’hébreu, le français, l’anglais, le slave, le néerlandais, le roumain et même le latin: toutes ces langues sont touchées par un esprit fait de curiosité et d’insouciance au sein du yiddish. C’est un tour de force de maintenir ensemble les langues dans cet état. [...]

Avec tout cela, mesdames et messieurs, je pense avoir convaincu pour l’instant la plupart d’entre vous que vous ne comprendrez pas un mot de yiddish. [...]

Vous serez très proches de l’esprit du yiddish si vous prenez conscience qu’en vous-mêmes, non seulement des connaissances mais également des forces sont à l’œuvre, et des forces convergentes, qui vous permettrons de comprendre le yiddish par l’intuition. [...]

Mais si vous restez dans le silence, alors tout à coup, vous serez au cœur du yiddish. Une fois que vous aurez été touchés par le yiddish - et le yiddish est un monde: il est le Verbe, la mélodie hassidique et l’être du comédien juif lui-même -, alors vous ne reconnaîtrez plus votre calme passé. Vous serz à même de ressentir la véritable unité du yiddish, si fortement que vous aurez peur non plus du yiddish mais de vous mêmes. Vous ne seriez pas capable de supporter seuls cette peur si le yiddish au même moment ne vous dotait d’une assurance qui résiste à la peur et est plus forte qu’elle. Jouissez-en du mieux que vous le pouvez! Si cette assurance venait à se perdre - sa survie pourrait-elle tenir au souvenir d’une seule et unique soirée? -, alors je vous souhaite d’oublier aussi la peur. Car il n’était pas dans notre intention de vous punir." (Discours sur la langue yiddish, traduction d’Anne Bervas)

>> Kafka, Franz. 1912. Rede über die jiddische Sprache.