Atelier grands projets

Fecha de publicación: 17-abr-2018 6:51:41

La semaine du 8 au 12 avril a vu la tenue d’une mission menée par M. Jesus Miranda et M. Teofilo Serrano, qui ont eu à présenter les différentes étapes de l’élaboration d’un Guide d’évaluation des grands projets. Ces deux experts se concentrent sur le volet ex-post dudit guide tandis que M. Carlos Tamarit et M. Juan Carlos Diez se penchent sur son volet ex ante.

La semaine a été chargée en présentations et interventions avec l’objectif de vulgariser leurs méthodes et leurs recommandations spécifiques axées sur la prévalence de l’impact financier des grands projets, en conformité avec la vocation de l’IGF et du Ministère des finances. Après avoir soumis les développements de leurs travaux au Comité de direction de l’IGF, les experts espagnols ont insisté sur les deux variables principales qui étaient au centre de l’évaluation : le délai et les coûts. En effet, selon les experts, ces deux paramètres structurants permettent de dégager à eux seuls les portées et les limites d’un grand projet. Même si des considérations non financières interviennent très souvent au moment de la maturation (interférences, multiplicité d’acteurs décisionnels, mauvaise gestion…etc.), il n’en demeure pas moins que les principaux éléments qui préfigurent au succès d’un grand projet demeurent ancrés dans l’aspect financier (expropriation, valeur du foncier, calcul prévisionnel de la demande, évaluation optimiste des coûts..Etc.).

Ainsi, la viabilité budgétaire du projet, qui regroupe globalement ces facteurs de risques, impacte durement ces deux variables que sont les coûts et les délais. Il faut ajouter que ces derniers tendent à influer l’un sur l’autre. Méthodologiquement, une bonne évaluation passe nécessairement par une collecte de données initiales minutieuse, qui est une phase capitale dans la gestion de projet.

Plus tard dans la semaine, les deux experts ont tenu une table ronde avec les représentants de divers organismes gouvernementaux qui s’occupent des différents volets de la maturation des grands projets (DGB, ANA, CNED, DIM, DIA, ANESRIF, CTTP...etc.). Cette rencontre a permis de mettre à nu certaines préoccupations quotidiennes et certains obstacles à la bonne gestion qui ont souvent conduit à une réévaluation conséquente des coûts d’un grand projets et à une extension significative des délais de réalisation. Les deux experts ont aussi salué le Guide réalisé par la CNED en soulignant qu’il était parfaitement adapté aux normes internationales notamment dans le fait qu’il pousse l’évaluateur à se questionner sur les objectifs derrière certains investissements. Les principaux éléments qui ont découlé des échanges – très nourris- entre les présents, sont la sous-valorisation de l’étape consacrée aux études ex ante (objectif, priorité, moyens, coordination…etc.), la nécessité de revoir et de proposer de nouveaux indicateurs de faisabilité, le manque de solidité institutionnelle, la faible mutualisation des préoccupations et, finalement, le faible respect des cadres légaux (par exemple, les schémas nationaux d’aménagement du territoire – SNAT- et autres schémas sectoriels).

Au dernier jour de leur mission, les experts ont tenu à organiser une présentation sur les enjeux autour du Partenariat public-privé (PPP) et des dernières recommandations de l’Union européenne vis-à-vis de ce genre d’opération. Malgré ses avantages certains comme la mise en œuvre rapide du programme, les gains d’efficience, la répartition des risques ou encore la maintenance et les niveaux d’entretien, le PPP demeure, selon M. Miranda, qui s’aligne sur les conclusions du dernier rapport européen à ce sujet, un instrument à déployer avec modération tant les risques macroéconomiques qu’il présente ne peuvent pratiquement pas être mis en évidence dans leur totalité et avec la précision qui sied (jeu de la comptabilité, actifs non publics, tendance politique…etc.). En ce qui a trait aux risques liées au Grand projet lui-même, leur répartition est souvent sujette à divergences et entrave la fluidité de certaines opérations sur le terrain (risques de construction, de disponibilité et de demande).

Par conséquent, qu’il s’agisse de la formule de concession, des PPP institutionnels (création de société mixte) ou encore des contrats, les risques d’illusion financière restent intacts tant certains gouvernements européens choisissent de faire des PPP dans le but d’échapper aux balises financières imposées le traité de Maastricht et pas parce que cette formule de financement leur paraît plus judicieuse et avantageuse.

Pour illustrer ce mode de financement aux relents très libéraux et souvent idéologiques, une présentation de la réalisation du métro de Séville a été faite par les experts qui ont mis l’emphase sur le partage des risques entre le maître d’ouvrage et l’entrepreneur et sur le calcul prévisionnel de la Demande qui a été la principale satisfaction de l’évaluation ex post, contrairement aux délais et coûts qui ont été ostensiblement revus à la hausse.