L’alphabet latin en français

Pour écrire en français, nous utilisons les 26 lettres de l’alphabet latin. Cet alphabet est utilisé pour plusieurs autres langues écrites mais ce, de façons différentes. Par exemple, le français ajoute des accents mais pas l'anglais. Le tchèque met des accents sur des consonnes et utilise d'autres accents comme en suédois. Le français utilise aussi d'autres signes comme l'apostrophe et le trait d'union. En passant, le fameux CCCP que nous voyions sur les chandails des sportifs soviétiques sont les lettres de l'alphabet cyrillique qui correspondent à nos SSSR.

Comme l’écrit est venu bien après le parlé, les lettres, qui sont les signes que l’on écrit, ont été inventées pour représenter l’ensemble des sons prononcés pour parler. Or, en français, nous prononçons plus de sons qu’il n'y a de lettres dans l'alphabet latin. Nous allons remarquer plein d’autres particularités qui s'expliquent généralement par l'Histoire et la Culture. Nous n'allons pas traiter d'autres signes comme la ponctuation et les espaces pour construire les phrases ni des textes en général.

Conventions pour cet article

Évidemment, comme cet article est écrit en français, son alphabet accentué est utilisé pour représenter les sons et les noms des lettres :

Pour indiquer une lettre dont il est question dans le texte, cette lettre est mise entre apostrophes comme ceci : le ‘c’ de cerise.

Pour indiquer une mot dont il est question dans le texte, ce mot est mis en italique.

Pour indiquer un son représenté par une ou deux lettres, nous les mettons entre barres obliques comme pour le /ô/ de beau (/b/ô/) et le /p/ de pur (/p/u/r/).

Mis à part certaines lettres comme le ’y’ qu’on appelle « i-grec » et le ‘w’ qu’on appelle « double-v », les lettres de notre alphabet n’ont pas de nom comme c’est le cas pour l’alphabet grec. Pour donner des noms à nos lettres, nous utiliserons des mots entre crochets qui correspondent à ce qu’on dit quand on épelle un mot. Par exemple, quand on épelle le mot bas, on dit : [bé] [a] [ès].

Nous utiliserons donc, dans l’ordre alphabétique, les noms suivants : [a] [bé] [sé] [dé] [e] [èf] [jé] [ach] [i] [ji] [ka] [èl] [èm] [èn] [o] [pé] [ku] [èr] [ès] [té] [u] [vé] [double-vé] [iks] [i-grec] [zèd].

Les phonèmes

En français, nous prononçons beaucoup de sons qui n’ont pas de lettre attitrée comme le /ch/ de cheval et nous avons des lettres qui se prononcent différemment comme le ‘c’ de cadeau et de cerise. Nous avons même le 'e' qui souvent ne se prononce même pas comme le 2ème 'e' de cerise.

En linguistique, un phonème est une unité de son que l’on prononce en parlant. Comme pour les lettres, on distingue les phonèmes voyelles et les consonnes. En français, on a 16 voyelles, 3 semi-voyelles et 17 consonnes phonétiques. Il nous faudrait donc un alphabet de 36 lettres1 pour être complet.

En plus des voyelles de l’alphabet :

/a/ de pâle, /e/ de besoin, /i/ de lire, /ô/ de beau et /u/ de pur,

on a aussi :

les nasales /an/, /in/, /on/ et /un/ ainsi que

les buccales /é/, /è/, /eu/, /ou/, /à/ de malle, /o/ de d'abord

Les québécois prononcent les nasales avec plus de différence que les français et prononcent 2 /è/ différents, celui de mettre et celui de maître, ce dernier étant « plus long ».

Le 3 semi-voyelles sont :

le u consonne qu'on appelle comme dans lui,

le ou consonne qu'on appelle oué comme dans oui et

le i consonne qu'on appelle yod comme dans pied.

Des 17 phonèmes consonnes, 15 lettres y correspondent : b, d, f, g (geste), j, k, l, m, n, p, r, s, t, v et z. Les 2 autres sont /ch/ de cheval et /gn/ de baigne.

De plus, il y a énormément de façons d'écrire le même phonème. Par exemple, le /e/ dans orgueil, fleur et œil.

Les « noms » des lettres

7 consonnes sont nommées en /é/ : b, c, d, g, p, t et v.

6 consonnes sont nommées en /è/ : f, l, m, n, r et s.

On peut remarquer que seuls les noms de ‘c’ ([sé]) et de ‘s’ ([ès]) correspondent. En effet, il n’y a pas de lettre nommée [èb] ni [fé] par exemple.

7 consonnes ont des noms particuliers : h, j, k, q, w, x, y et z.

C, K, Q, S, X et Z

Dans bien des mots, le ‘c’ se prononce comme le ‘k’ comme dans conte et dans bien d’autres, comme le ‘s’ comme dans certain. Le ‘c’ n’apporte donc aucune prononciation particulière. On aurait pu l’appeler [ché] pour en représenter le /ch/ ! Le ‘q’ non plus car il se prononce toujours comme le ‘k’. Cette lettre n'a aucune utilité ! Par exemple, au lieu de « chaque », on aurait pu écrire « cak » ;-)).

Dans bien des mots, le ‘s’ se prononce /s/ comme dans souris (le 2ème 's' étant muet) et dans bien d’autres, comme le 'z' comme dans cerise.

Le 'x' correspond à 2 sons soient /k/s/. D'ailleurs, taxi en bulgare s'écrit taksi mais en alphabet cyrillique.

G et J

Dans plusieurs mots, le ‘g’ se prononce comme le ‘j’ comme dans gérant. Dans d’autres mots, il a la prononciation gutturale de gaité. On aurait pu en faire la lettre [gué] et ainsi simplifier la règle de prononciation et l'écriture en utilisant le 'j' pour gérant et le 'g'  pour guère et en supprimant le 'u'.

E, Æ et Œ

La lettre 'e' sans accent peut être prononcée /é/ comme dans nécessaire, /è/ comme dans mer et /e/ dans orgueil.

Dans certains mots, quand le 'a' ou le 'o' sont suivis d'un 'e', les 2 lettres sont liées en 'æ' comme dans vitæ (/v/i/t/é/) et en 'œ' comme dans cœur (/k/e/r/).

Les accents et autres

On n’utilise les accents que pour les voyelles. Certaines langues comme le tchèque en mettent sur les consonnes. Par exemple, on aurait pu faire comme les espagnols et accentuer le ‘n’ pour en faire un /gn/.

L'accent aigu ne se met que sur le 'e' pour faire le son /é/.

L'accent grave (`) se met :

• Sur le 'e', souvent devant le 's' final comme dans progrès et dans la préposition dès pour le distinguer de l'article des.

• Sur le 'a' des deçà, déjà, delà, voilà et holà qui n'apporte rien mais sur la préposition à et les adverbes et pour les distinguer du verbe avoir, du pronom ça et de l'article la.

• Sur le 'u' de l'adverbe pour le distinguer de la conjonction ou.

L'accent circonflexe (^) se met sur les 5 voyelles :

• Sur le 'a' et le 'e' pour remplacer le 's' dans certains anciens orthographes comme bâtir au lieu de bastir (bastion, bastide, bastille, etc. gardant leur 's') ou tête anciennement teste.

• Sur le 'a', le 'e' et le 'o' pour en changer la prononciation comme dans pâle, bête et pôle.

• Sur le 'u' pour distinguer le participe passé de l'article du, le participe passé crû de croître du participe passé cru de croire et de l'adjectif mûr du nom mur.

La cédille transforme la prononciation /k/ du ‘c’ en /s/ alors qu'on pourrait simplement utiliser la lettre 's' à la place. Aussi, l'adjectif traçable du verbe tracer pourrait s'écrire « trasable » !

Le tréma (¨) sur le 'e', le 'i' et le 'u' sépare la prononciation de 2 voyelles comme pour Noël, haïr et Saül.

L'apostrophe marque l'élision de 'a' comme dans l'armée, de 'e' comme dans d'union et de 'i' comme dans s'il.

Le trait2 d'union (-) sert à lier plusieurs mots dans différentes circonstances comme dans après-midi, voulez-vous, fais-le, a-t-il, trente-sept, par-ci, là-bas et toi-même.

Sources

Wikipédia en français

Précis de grammaire française, Maurice Grévisse, Éditions Duculot, 1969

Notes

1. Il existe bien un alphabet de phonétique complet mais nous n'avons pas la machine qui les produit tous.

2. À ne pas confondre avec le tiret (—)  qui est plus long que le trait d'union et qui est un signe de ponctuation.

Les chiffres en exposant et en gras réfèrent aux notes en bas de cette page.

Les termes en gras et soulignés renvoient aux articles de Wikipédia.

Version du 10 novembre 2019

©Jean FEX, 2019