2010/10 Sassenage

Photos de la journée à Sassenage                        Inventaire des archives de Sassenage (Yves Soulingeas)

Visite du château de Sassenage le 24 octobre 2010-10-27 par les membres du CAP

Ce château appartenait à la famille Bérenger-Sassenage

Ce château n’est plus aux Sassenage depuis 40 ans (dernière descendante décédée en 1971). Elle a fait don, par testament, du château avec 10 hectares de parc à la Fondation du Patrimoine. La ville de Sassenage a la gestion du château et organise les visites. Des séminaires, mariages,… aident au maintien de l’activité. Le château est consacré aux visites guidées de mai à octobre.

1)  Histoire de la famille

Elle laisse 900 ans d’histoire. Elle s’est alliée à de nombreuses familles nobles du Dauphiné, dont les Hostun.

Le premier château, dont il reste quelques ruines se trouvait sur les hauteurs boisées du pied du Vercors.

Le 2ème château ressemblait plus à une maison forte.

A cette époque cohabitaient 4 baronnies : Comte de Clermont Tonnerre, Famille de Sassenage, les Bressieu et Maubec

Le château actuel est le 3ème château. Le château fut construit de 1662 à 1669 par Laurent Sommaire pour Charles-Louis-Alphonse de Sassenage. Il s'agit de la dernière demeure construite par les seigneurs de Sassenage. Le château a été classé monument historique en 1942, en même temps que ses jardins. Ces emplacements permettaient de contrôler les allées-venues vers le Vercors et la plaine de Sassenage : Fontaine, Engins, Vourey, Sassenage… , fief originel de cette famille.  Nicolas Chorrier rattache la famille de Sassenage aux comtes de Lyon. Cette famille se veut être descendante des eaux, d’où l’emblème de Mélusine très présente.

Les grands ducs de Luxembourg disent aussi descendre de Mélusine.

C’est une famille misogyne qui ne transmet le titre et la propriété que par les mâles. Ex : Albert choisit son neveu Bérenger Bâtis du Royans qui prendra le nom de Sassenage, tout en ramenant à la famille le château de ST Laurent en Royans et les gorges de la Bourne.

Montélier fut également une terre de Sassenage jusqu’au 18ème siècle.

La famille de Montrigaud est la famille cadette des Sassenage.

Au 18ème siècle, le duc d’Hostun donne sa nièce pour héritière. Par alliance la famille obtient les châteaux de Tallard, de Laragne, également de la famille de Lesdiguière dans les Hautes Alpes. Leur territoire s’étend, mais les propriétés sont dans un état « romantique ». Ils trouvent de l’argent au 17ème siècle par le mariage : Christine Selvaing de Boissieux, permet, de par sa dot la construction du château actuel. La maison forte est détruite en 1662, pour créer le château (Comte Charles Henri de Sassenage). Il existait également le pavillon du gardien, une chapelle, un mur d’enceinte. La porte en grille est créée en 1786.

Raymond Pierre Bérenger du Guâ hérite de son beau-frère. Il conserve le nom de Bérenger.

Raymond Ismidon Marie de Bérenger ouvre son château au public en 1840.

Cette famille vit à Versailles au 18ème siècle. L’une des marquises le loue à une fabrique de blondes (dentelles ) pendant 15 ans. Les jeunes mendiantes apprenaient le métier de dentelière au 1er étage et dormaient au 2ème sur des paillasses. La paille était entreposée au rez-de-chaussée.

Les tableaux de 1690 sont encore en place. Deux sont des copies, les originaux ont été prêtés pour une exposition à Lyon.

Les Bérenger font établir des jardins à l’Anglaise à la fin du 18ème siècle. Les jardins à la Française, non entretenus, sont dans un triste état.

Les hommes arrivaient à cheval, les femmes en carrosse ou en chaise à porteur. A l’entrée vous pouvez voir la fontaine où les hommes se débarbouillaient avant la rencontre avec le maître des lieux. Vous avez également une chaise à porteur créée en 1768 par Chambard, utilisée par la marquise de Sassenage.

2)  Visite du premier étage

Pour y accéder un escalier avec dallage du Vercors, calcaire de Sassenage et molasse de Voreppe. Le plancher du salon est entièrement en pin ou sapin des forêts de Sassenage. Le plafond à la française a ses solives en sapin et ses poutres en mélèze. Chaque poutre est constituée de 3 parties assemblée en dent de scie. (C’est le lamellé-collé de l’époque.) Les murs sont recouverts de boiseries colorée de teinte muse (truffe de 2ème catégorie). Des dorures enrichissent le décor tout en mettant un peu de lumière avec les chandeliers. 10 tableaux du 17ème siècle se trouvent sur ces murs. Le peintre anonyme s’est inspiré des peintres de Rome. Le thème est de Psichée. Il manquerait deux tableaux pour compléter l’histoire. Se trouvent de chaque côté de la cheminée Denis Selvaing de Boissieux.  Un billard se trouvait dans cette pièce au 17ème siècle. La famille investit dans du mobilier au 18ème siècle et le ramène de Versailles. Le piano de 1803 est fabriqué à Paris par la maison Fredon Taller. Il est actuellement classé. Constance Lucie de Béranger a acheté un piano qu’elle a ramené également à Sassenage. Elle a appris à dessiner avec Ernest Hebert âgé d’environ 20 ans de plus qu’elle. Ils auraient eu des relations plus intimes.

Les repas se prenaient au grès des envies avec du mobilier facile à déplacer (tréteaux + planches).  Le service à la Française consistait à avoir un domestique par invité, présents dans la salle. Pour plus d’intimité est arrivé le service à la clochette. Le domestique ne vient que s’il est sonné. Des systèmes de cordons et de tringleries reliées aux clochettes sont encore présents dans toutes les pièces du château. Parmi les objets, nous trouvons de nombreuses porcelaines Chinoises des 18ème et 19ème siècles. Les nobles du 17ème siècle utilisent de l’argent qui sera fondu  pour renflouer les caisses de l’état, à la demande de Louis XIV, afin de financer ses guerres. Les commandes de vaisselles se faisaient en Chine. C’est ainsi que l’on trouve dessiné des marquises aux yeux bridés, faute de modèle de marquises Françaises. Les personnages plus illustres avaient le droit d’être accueillis dans les autres salles.

Le château étant peu utilisé, la chambre d’apparat, dite chambre du roi, ne recevra aucun roi. Le mobilier rouge vient lui aussi de Paris. L’ensemble complet est rare. Il est classé aux monuments historiques. Les boiseries décorées comme dans la grande salle sont rebadigeonnées en gris. Le plafond est masqué d’un plafond en plâtre.   Pour isoler le plancher, du lichen mélangé à du houx (pour éviter les rongeurs) est déposé entre les deux épaisseurs de planches.

Ismidon Marie de Béranger, député à Saint-Marcellin, ouvre le château au public. Il se fait appeler Prince du Royans.  Il a des relations avec la famille royale.  Lesdiguières épouse Claudine Béranger du Guâ. Leurs ossements se trouvent dans l’église de Sassenage. Les Béranger du Guâ sont les derniers Sassenages.

Une commande de 1770 est faite à un célèbre ébéniste Grenoblois (Hache). Le bureau de contrôle des meubles est appelé Jurande.  La cheminée en marbre ne chauffait pas vraiment la pièce. Il fallait se placer devant une bergère pour ne pas avoir froid. Un astucieux système permettait, avec des tirettes de choisir l’endroit du corps à chauffer.  Des poêles en faïence placés dans les cheminées permettaient de mieux chauffer les pièces. Un superbe exemplaire se trouve dans le cabinet. Dans ce cabinet avec sol en tommettes et papier peint du 18ème siècle sont entreposées des gardes robes.

Dans la dernière pièce a vécu la marquise Pierrette Elisa. Chambre très occasionnelle pour l’été, car madame habite Paris. Les motifs sont fleuris. Elle a été refaite à la fin du 18ème siècle. Le mobilier est Louis XVI. La pièce est décorée de portraits : comtesse de Provence, fille du duc de Savoie, buste de Louis XVI. De petites tables roulantes sont disposées dans la pièce pour le thé, pour les jeux…

Jean-François Leleu aménage deux meubles bibliothèques dont un qui se transforme en meuble de prière. Se trouve également une jolie petite table plaquée du 19ème siècle.

Le parquet est un mélange de noyer, poirier et sycomore.

Marie Françoise de Sassenage se réinstalle en Dauphiné. Elle loue un hôtel particulier.

3)  Les appartements des Sassenages 

Ils sont une enfilade de pièces plus petites et plus intimes avec lits et vitrines décorées de tableaux au pastel. Nous avons le bureau du marquis, un boudoir (pièce pour bouder) pour se retirer du monde. Sur une commode se trouve un ouvrage très intéressant : le code civil des aristocrates qui permettait de gérer une seigneurie que l’on venait d’acheter. Cet ouvrage est de Denis Salvaing de Boissieux. Il manque une baignoire. Par contre le siège à lavement est un meuble estampillé Jean-François Hache.

4)  Au 2ème étage se trouvent les chambres des demoiselles aménagées à la fin du 18ème siècle.

5)   Cuisine au rez-de-chaussée

L’officier supérieur du cuisinier est le maître d’hôtel d’aujourd’hui. Le chef de cuisine était peu connu. Depuis le 17ème siècle on compose les aliments. On les envoie en salle à manger. La cuisine est intégrée au bâtiment, il n’est donc pas dans les communs. Trois arcades ont été placées devant la cheminée pour enlever les odeurs par aération naturelle. La cheminée permet de cuire. Elle est équipée au 18ème siècle d’un tourne broche avec un mécanisme de type horloge placé contre le mur, muni d’un contre poids de l’autre côté des arcades. Un adolescent, appelé galopin, actionne la broche. Plus tard, c’est un chien qui le remplacera et tournera dans la cage. Le four à pain est sous les arcades. Le grand potager se trouve sous la fenêtre. Il permettait la cuisson à l’étouffée avec la braise. Les cendres chaudes étaient utilisées pour faire mitonner les plats avec une cloche en terre cuite. La table de travail, immense et haute permettait de travailler debout.

L’assaisonnement se faisait avec du sel (blocs venus du Jura) concassé dans un égrugeoir, du poivre (moulu par un grand moulin à poivre et des épices.

L’eau du ruisseau Furon mettait en route des moulins en amont. L’eau, polluée, était filtrée dans une fontaine filtrante. Elle est composée d’une couche de galets, d’une couche de charbon de bois et  d’une couche d’éponge naturelle. Cette dernière partie, si elle n’est pas nettoyée régulièrement, est véritablement un nid à microbes. Le robinet en bas sert à tirer l’eau. Il servait surtout de réservoir d’eau. La vaisselle est versée dans une chaudière. Elle est ensuite mise en égouttoir.

 

Renseignements pris sur le site officiel

Le monument

A Sassenage comme partout en France sous l’Ancien Régime, les châteaux constituent de minuscules îlots de luxe et raffinement au sein des campagnes. Comportant une architecture particulière et de nombreuses pièces, ils reflètent un certain art de vivre et permettent d’éclairer sur la culture des aristocrates du Grand Siècle et du Siècle des Lumières.

L’aspect extérieur

L’élévation est à trois niveaux avec un rez-de-chaussée, un premier étage et un étage de combles.

 Des ouvertures sont ouvertes ou obstruées en fonction des aménagements intérieurs. Le jardin régulier à la française, en place depuis la construction du château, laisse place en 1779 à un jardin paysager d’inspiration anglaise, alors que la cour d’honneur s’ouvre sur l’extérieur en abandonnant l’enceinte et le portail monumental l’enfermant jusqu’alors.

L’aspect intérieur

Au 17è siècle, le nombre de pièces habitables était moins important que de nos jours et les entresols n’existaient pas.

Conformément aux usages d’alors, le rez-de-chaussée était le cadre où l’on exerçait les responsabilités sociales, alors que le premier étage semblait plutôt réservé à l’existence privée, à une époque toutefois où la différenciation entre la sphère privée et publique était ténue.

Par rapport à l’état initial, des transformations décoratives interviennent à l’extrême fin du 17è siècle. Toutefois, selon l'analyse stylistique du décor, le gros des travaux semble se situer peu avant la Révolution Française.

La majorité des chambres reçoivent des faux plafonds en plâtre, masquant les plafonds à la française d’origine, afin d'y loger les domestiques. Le second étage est aménagé afin d'y loger les enfants de la famille.

Toutes ces transformations apportent confort, lumière, chaleur, spécialisation des pièces, changements essentiels qui marqueront le Siècle des Lumières.

La famille des Bérenger Sassenage

 « Il est peu de grandes maisons qui, remontant jusqu’à leur origine, ne rencontre une fable : celle de Sassenage y trouve Mélusine » (N. Chorier).

De l’an Mil au Grand Siècle

La famille de Sassenage s’établit en Dauphiné vers l’an mil. Branche affiliée au Bérenger du Royans dès le 14è siècle, la maison de Sassenage étend son influence sur une vaste partie du Dauphiné et tout particulièrement sur les contreforts et la partie nord du Vercors.

Malgré l’aura que lui confère sa position de seconde baronnie du Dauphiné, et malgré la légitimité historique de la famille, symbolisée par les restes d’un château fort aux Côtes de Sassenage, la famille de Bérenger-Sassenage cherche le moyen de conserver son rang et d’afficher sa puissance.

Pour ce faire, les Sassenage décident au milieu du 17è siècle, d’édifier un château de réception en remplacement de l’ancienne maison forte. Le château (actuel) est construit de 1662 à 1669. Peu après l’achèvement de cette demeure, la famille, rejoint la Cour de Versailles où, très proche de la famille Royale, elle occupe de hautes fonctions civiles et militaires tout au long du Siècle des Lumières.

De l’âge d’or au 20ème siècle

La famille de Sassenage à la cour

Noblesse d’épée au service de la couronne, les Bérenger-Sassenage appartiennent au cercle très restreint des privilégiés vivant au château de Versailles auprès des descendants de Louis XV. Au milieu du 18è siècle, l’héritage légué par le duc d’Hostun de Tallard permet aux descendants de Mélusine d’étendre et d’étoffer leur territoire aux actuels départements de la Drôme et des Hautes Alpes.

Les derniers Bérenger-Sassenage

Au cours des deux derniers siècles, les Bérenger-Sassenage continuent de marquer leur temps en s’investissant dans la vie politique et sociale.  

Il faut néanmoins toute l’énergie et le dynamisme de la dernière représentante, Pierrette Elisa de Bérenger, pour que le nom et la mémoire de la famille perdure à jamais. En créant la Fondation Bérenger-Sassenage et en la plaçant sous égide de la Fondation de France, la dernière marquise à permis de pérenniser le nom et la mémoire des Bérenger-Sassenage, notamment à travers leur demeure familiale aujourd’hui gérée par la Société d’Economie Mixte de la Ville de Sassenage : la SEM 360.

Les jardins

Passé la grille en fer forgé de l’entrée du château, le parc offre aux visiteurs un moment de rêve et de calme dans un espace naturel préservé.

En pleine agglomération grenobloise, le parc du Château de Sassenage propose un riche patrimoine végétal, parmi lequel, quelques uns des plus beaux arbres remarquables de l’Isère.

Au fil de la promenade, des vues se créent sur les contreforts du Vercors, le massif de la Chartreuse et vers les chaines de Belledonne.

Les jardins historiques, une passion a travers le temps

Le parc paysager du Château de Sassenage fut aménagé à partir de 1852 par Tardy et Lecomte pour Raymond-Ismidon-Marie, Marquis de Bérenger. Antérieurement, trois autres jardins avaient été plantés à l’ouest du domaine, le long de l’axe principal. Une partition somme toute classique qui plaçait dans un même prolongement la cour d’honneur, le château lui-même et le jardin.

 Soumis aux modes des époques, ces jardins furent tour à tour maniériste à la fin du 16è siècle, à la française au 17è siècle, puis à l’anglaise au 18è siècle. Au milieu du 19è siècle,  le dessin du parterre de l’ancien jardin anglais sera plus ou moins conservé.  Le nombre de bosquets sera augmenté et la prairie boisée sera étendue au haut du parc. Quelques arbres remarquables vinrent agrémenter l’ensemble du domaine clos de mur en embellissant notamment le grand pré.

Ce dernier, fauché année après année depuis des siècles, constitue à présent un biotope rare dans notre environnement que l’on se doit de préserver pour les générations futures !

 

Héritier des aménagements des jardins irréguliers des 18ème et 19ème siècles, le parc du Château de Sassenage offre de nos jours le charme d’un espace romantique ou fraîcheur et sérénité se goûtent à l’ombre d’arbres plus que centenaires.