La promotion 2015 de l’ESA Lyon-Bron porte le nom de Lucien Jame.
Lucien, Eugène, Paul, Gabriel Jame naquit le 20 octobre 1891 dans la commune de Gourdon, dans le Lot. Comme tout fils de militaire, son père étant officier de gendarmerie, il fit une scolarité itinérante : commençant ses études à Gourdon, il les termina en 1909 à Rouen où il est reçu à son baccalauréat avec mention. Mais c'est à Rennes qu'il s'inscrit en faculté des sciences pour obtenir le SPCN, sésame ouvrant la voie de la médecine.
Il passe le concours de l'École du service de santé militaire de Lyon en 1910. Il faut rappeler qu'à cette époque les élèves devaient faire une année de service militaire avant d'intégrer l'École. Il sera cavalier de 2e classe au 26e régiment d'artillerie.
En 1911, il est élève à l'École de Lyon où il vient d'être reçu. Il fréquente aussi le laboratoire d'hygiène.
Dès la déclaration de guerre, il est nommé médecin-auxiliaire à la 10e section d'infirmiers militaires du Xe corps d'armée.
Il termine la guerre comme aide-major de 1re classe et retourne à Lyon où il passe sa thèse de doctorat en médecine, le 30 septembre 1919, intitulée Contribution à l'étude et à la prophylaxie des maladies vénériennes. En octobre 1919, il est envoyé au Levant, à Beyrouth, d'où il est rapatrié sanitaire, après un typhus, en mai 1920.
Affecté en Algérie, il est médecin-major de 2e classe à Saïda où il entre en contact avec la riche pathologie locale.
Diplômé de l'Institut Pasteur, il suit le cours supérieur d'hygiène de la faculté de médecine de Paris, celui de dermato-vénéréologie à l'hôpital Saint-Louis, puis celui de technique sanitaire aux Arts et Métiers. Il est alors affecté successivement à la place de Rennes, au 13e BOA, puis au laboratoire de bactériologie de l'hôpital de Bourges, en 1925. C'est une période de travail intense qui aboutit au concours de spécialiste des hôpitaux militaires.
Il passe quelques mois au laboratoire de bactériologie et d'anatomie pathologique de l'hôpital mixte de Dijon avant d'être affecté à celui de recherches bactériologiques et sérologiques de l'armée, à Paris, au Val-de-Grâce où il arrive comme médecin capitaine, en octobre 1929. Il travaillera pendant deux ans, passant successivement les concours de médecin des hôpitaux, de spécialiste en dermato-vénéréologie et enfin l'agrégation, à laquelle il est reçu en juin 1930. Il est nommé, le 10 octobre 1930, à la chaire des maladies et épidémies des armées de l'École d'application du Val-de-Grâce, chef du service de dermato-vénéréologie.
En 1940, il est nommé à la direction du service de santé de la 17e région militaire. Le 15 avril 1941, le médecin colonel Jame est nommé directeur du service de santé de la division d'Alger où les Américains débarquent le 8 novembre 1942. Le 31 janvier 1943, il est nommé médecin général, directeur du service de santé des troupes du Maroc. Il poursuit une lutte acharnée contre les épidémies de paludisme et de dysenterie. En avril 1944, le médecin général Jame est rappelé à Alger pour y prendre la direction du service de santé de l'armée de terre d'Afrique du Nord. C'est le 26 juin 1944 qu'il est nommé médecin général inspecteur à titre définitif. Il a la responsabilité d'organiser le service de santé du corps expéditionnaire français en Italie et celui du débarquement de la première armée française en Provence le 14 août 1944, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny.
En octobre 1944, il est nommé inspecteur technique du service de santé. Ses fonctions l'amènent à étudier les problèmes d'hygiène et de prophylaxie dans les armées combattantes ainsi qu'à l'intérieur des territoires libérés.
Tous les gouvernements d'après la guerre s'adressent à lui pour les problèmes de prophylaxie et d'hygiène. Il est chargé de missions en Yougoslavie, en Belgique, au Mexique.
En 1949, il retrouve ses fonctions de directeur du service de santé, et il devient en janvier le premier directeur central des services de santé des trois armes. Il aura la charge difficile d'inventer ce corps de santé unifié dont tous ressentaient l'urgente nécessité alors que se poursuivaient à travers les territoires d'Outre-mer, les ultimes guerres coloniales.
Le 20 octobre 1951, le médecin général inspecteur Lucien Jame est atteint par la limite d'âge. La retraite est l'occasion pour lui de renouer avec sa passion pour le dessin mais c'est surtout la peinture qui l'attire. Il travaille pendant près de trois ans dans l'atelier du peintre Osterlind. Désormais, il ne cessera plus de peindre jusqu'à sa mort : natures mortes, portraits et surtout paysages. Il a planté son chevalet partout en France et à l'étranger au gré de ses déplacements mais surtout en Bretagne, en Normandie et en Île-de- France. Le portrait d'un clochard exposé au Salon des médecins, lors du dur hiver 1954 est primé.
Il meurt brutalement le 18 juin 1969, conservant jusqu'au bout la vivacité qui l'avait toujours habité.