test correcteur

Michelle vivait dans une cité pour les classes moyennes. D’ancien appartement HLM peu à peu racheté par des particuliers. Le quartier était bien placé et avait pris de la valeur, mais il avait gardé un certain aspect glauque du temps où il était malfamé.

Je me garai au bas de son immeuble et je remarquai immédiatement une voiture de marque inhabituelle sur le parking. Une grosse berline Dongfeng noire, aux vitres teintées. Lorsque je passai devant au plus prêt, une portière s’ouvrit, et un homme asiatique en sortit pour me regarder par-dessus la portière. Sans bouger, juste en suivant mon déplacement de la tête. Je le regardais un instant, puis continuait en direction de l’entrée de la tour. En pénétrant dans le hall, je jetai un dernier regard par-dessus mon épaule à travers les portes vitrées, et je constatai que l’homme n’avait pas bougé et continuait de m’observer avec insistance.

J’avais déjà accumulé tellement d’angoisse à ce moment-là que c’est à peine si cela me préoccupa. Je me fis simplement la remarque que les ennuis arrivaient jusque dans ma vie privée, un constat juste empreint de lassitude.

Après avoir laissé mon pardessus dans l’entrée en appelant Michelle pour m’annoncer, je pénétrai dans le salon et constatai avec surprise la présence de trois individus qui accompagnaient Michelle, partageant du café et quelques biscuits assis dans les canapés. J’en ressentis la frustration de ne pouvoir me jeter dans ses bras tout en m’interrogeant sur leur identité.

Michelle me les présenta, il s’agissait d’universitaires américains et s’étaient fait inviter au salon sous prétexte qu’ils avaient rendez-vous avec moi. « Je ne pouvais tout de même pas les laisser attendre sur le pas de la porte » se justifia-t-elle, fière de son initiative.

Mon esprit resta froid, imperméable à ces nouvelles difficultés. Je réagis comme automatiquement, sans réfléchir, je rentrai dans leur jeu pour que Michelle ne s’aperçoive de rien.

― Bonsoir messieurs, désolé pour ce retard, mais vous savez ce que c’est, les aléas du laboratoire.

― Tout à fait, ne vous inquiétez pas, me répondit avec un fort accent anglophone le plus grand des trois, en se levant, nous ne sommes pas là depuis longtemps. À peine de quoi à faire connaissance avec votre…amie, c’est comme cela qu’on dit, non ?

― Oui, tout à fait, répondis je sans avoir prêté attention à sa question. Mais, que je suis bête, j’ai laissé les documents que je dois vous remettre dans la voiture. Descendons ensemble, je ne veux pas vous faire perdre plus de temps, je suis garé devant la porte.

Comprenant instantanément où je voulais en venir, et habitués à ce genre de situation, les trois hommes se levèrent immédiatement pour me suivre en prenant cela de façon tout à fait naturelle.

Nous primes l’escalier en descendant lentement pour avoir le temps de discuter. Il s’agissait de trois agents du gouvernement américain. Je n’en étais pas plus surpris qu’autre chose, je me fis la remarque qu’il ne manquait plus qu’eux après les Russes et les Chinois. Au moins les ennuis étaient complets maintenant ! Ils jouèrent franc jeu d’emblée, ils sont très directs, les espions américains ! Sur un ton neutre, ils m’annoncèrent savoir que je négociais actuellement avec les Chinois et les Russes. Il était hors de question de rester en dehors du projet. Ils me resituèrent la France sur l’échiquier de la diplomatie mondiale pour me rappeler que nous étions du même côté et que les méchants c’étaient les autres. Ils me parlèrent un peu de trahison au plus haut niveau, de délit passible de prison, quinze ans m’ont-ils dit. Ils terminèrent par une classique allusion de menace qui pesait aussi sur ma famille. Ils m’offraient eux aussi leur protection et me garantissaient une totale sécurité. Contrairement aux Chinois, ils n’évoquèrent pas de quelconque compensation financière à ma collaboration. Ils se présentaient surtout comme mes sauveurs qui allaient permettre de résoudre tous mes problèmes grâce à leur grande expérience et l’énorme puissance logistique étasunienne.

J’en avais assez, las de tous ces problèmes, toutes ces menaces. J’étais maintenant totalement dépassé et je me refuser à chercher une nouvelle porte de sortie. Quand ils eurent fini leur discours, je restai mué, insensible et sans réaction. Nous étions arrivés dans le hall, ils me regardaient sans comprendre mon absence de réaction. Ils me redemandèrent si j’avais compris, je le leur confirmai. Je n’en pouvais plus et j’eus alors envie de dire n’importe quoi…

― C’est vous ou c’est moi qu’ils ont suivi jusqu’ici ? demandai-je.

― De qui parlez-vous ?

Installation d’un bridage. De comportement

― Des Chinois dans la voiture noire sur le parking…

Il se regardèrent, et l’un d’entre eux jeta un œil et confirma aux deux autres d’un geste de la tête.

― Je pense que c’est vous, ils n’étaient pas là lorsque nous sommes arrivés

― Mais ils étaient là quand moi je suis arrivé. Et ils se sont bien montrés pour que je le sache. Comme pour me dire de faire attention à ce que j’allais dire aux Amerloques qui m’attendaient dans l’appartement…

Le plus grand en costume cravate s’approcha du plus jeune au léger embonpoint pour lui chuchoter un ordre à l’oreille. Ce dernier sortit alors du hall sur le parking. Le plus grand me salua en me promettant de me revoir d’ici peu, et me conseilla de ne pas m’occuper de ce qui allait se passer sur ce parking, de remonter directement chez moi par l’ascenseur. Il sortit ensuite accompagné de son autre collègue.