la région frontale 

1.Anatomie descriptive 

       1.1.le front:

L’unité anatomique du front  est délimitée dans sa partie supérieure par la ligne capillaire antérieure, dans sa partie inférieure par le rebord orbitaire, latéralement par une ligne passant par les canthi externes et médialement par la racine du nez. Elle est délimitée ensuite en sous-unités esthétiques : médiane, paramédiane, latérales, temporales et les sourcils. La distance moyenne entre le bord supérieur des sourcils et la ligne capillaire antérieure est d’environ 6 cm . 

Couches constitutives : les tissus mous de la face sont arrangés en 5 couches : (1) peau, (2) tissu sous-cutané, (3) couche musculo-aponévrotique (4) tissu aréolaire lâche et (5) fascia profond. Au niveau du scalp, ces couches peuvent être retenues selon le moyen mnémotechnique suivant (SCALP) : skin (peau), connective tissue (tissu sous-cutané), aponeurosis (galéa), loose areolar tissue (tissu aréolaire lâche), perioste (périoste ou péricrâne) .

• L’hypoderme étant très mince, la peau du front est solidaire du plan musculaire. Il existe à ce niveau un espace sous-musculaire avasculaire de Merckel, où le décollement est facile, autorisant la dissection sans lésions vasculaires.

• Le muscle frontal, muscle peaucier superficiel, se compose de deux hémicadres au-dessus de chaque arcade sourcilière. La zone médiofrontale et la zone temporale sont dépourvues de fibres et d’adhérences musculaires et constituent les zones de laxité .

• La réserve cutanée réparatrice et l’axe de traction non déformant s’apprécient ici au cas par cas, par un test d’étirement cutané, en évaluant les déformations induites sur les symétries horizontales.(2)(3)(4)(5)(6)(7)

        1.2.le sourcil:

Les sourcils, de formes oblongues, légèrement arciformes, sont situés en regard de l’arcade orbitaire, appelée le plus souvent arcade sourcilière. Ils forment une zone pilaire, d’environ 7 cm de long, symétriques par rapport à un axe vertical passant par la région médio-glabellaire. On distingue : en dedans, la tête du sourcil, zone pilaire la plus épaisse, la plus visible, la plus dense et en dehors, la queue du sourcil, située au-dessus des rides de la patte-d’oie, les poils y sont plus fins et moins denses. Les muscles qui mobilisent les paupières et les sourcils sont les muscles : frontal, pyramidal, orbiculaire de l’œil et corrugateur des sourcils. L’innervation motrice vient de la branche frontopalpébrale, branche collatérale de la branche temporofaciale du nerf facial. (2)

          1.3.les compartiments graisseux du front:

Le tissu adipeux sous-cutané de la région frontale est divisé en trois compartiments:

Le compartiment central du front se situe dans la région médiane du front. Il présente une localisation constante, au contact des compartiments temporaux moyens latéralement, avec une limite inférieure au niveau du dorsum nasal. Sa bordure latérale correspond probablement à une structure septale, désignée sous le terme de septum temporal central. 

Les compartiments moyens du front s’étendent de part et d’autre du compartiment adipeux frontal central. Leur limite inférieure est marquée par le ligament de rétention de l’orbiculaire (orbicularis retaining ligament), et leur bordure latérale correspond au septum temporal supérieur.(3)

     1.4.les muscles :

Les muscles de la mimique faciale sont fondamentalement différents des muscles du reste du corps, qui se trouvent sous le fascia profond. En effet, ils sont situés au sein d’un fascia superficiel leur permettant de bouger avec les tissus mous et de créer ainsi des mouvements d’expression. Le muscle fronto-occipital est un muscle digastrique composé de deux muscles frontaux en avant et de deux muscles occipitaux en arrière, reliés entre eux par la galéa. Les muscles profonds de la région glabellaire sont responsables de l’abaissement du sourcil. Tout d’abord, le muscle corrugateur supercilli, le plus puissant, naît de l’os frontal et rejoint le muscle frontal. Il est composé de deux chefs, l’un transverse et l’autre oblique . Dans sa course, il passe au travers du coussinet adipeux de Charpy et constitue le toit du plan de glissement du sourcil. Il est donc le muscle le plus profond. On retrouve le nerf supratrochléaire qui passe soit au sein du muscle-même soit juste au-dessus. Sa contraction entraîne la médialisation du sourcil par son chef transverse et la formation d’une ride verticale, ainsi que l’abaissement du sourcil par son chef oblique, créant une ride oblique. Le depressor supercilii est un petit muscle prenant son origine au niveau du processus frontal de l’os maxillaire, en dessous du corrugateur. Il s’oriente en direction crâniale pour s’insérer dans le derme 15 mm au-dessus du tendon du canthus interne. Sa contraction participe à l’abaissement du sourcil et contribue à la formation d’une ride oblique. Le muscle procerus, le plus superficiel, est quant à lui responsable de l’abaissement de la partie médiale du sourcil et de la formation d’une ride horizontale. Finalement, le muscle orbicularis oculi est composé d’une partie palpébrale et d’une partie orbitaire. Cette dernière participe à l’abaissement du sourcil lors de sa contraction et contribue également à la formation de la ride oblique .(2)(6)(7)(8)

            1.5.La vascularisation artèrielle et veineuse  :   

L’artère temporale superficielle est une des branches terminales de l’artère carotide externe. Elle pénètre dans la face entre l’articulation temporo-mandibulaire et le pavillon de l’oreille. Elle chemine au niveau de la fosse temporale et irrigue le cuir chevelu en se divisant en deux branches frontale et pariétale. Les artères supra-orbitaire et supratrochléaire sont des branches terminales de l’artère carotide interne. L’artère supra-orbitaire émerge au foramen supraorbitaire et se dirige vers le haut pour irriguer le front et le cuir chevelu. L’artère supra-trochléaire passe par l’incisure supra-trochléaire et chemine également vers le haut pour irriguer le cuir chevelu. Un riche réseau anastomotique existe au niveau du scalp entre ces artères . 

Les veines du front sont sujettes à de nombreuses variations, elles s’anastomosent entre elles librement et sont recueillies par les veines satellites des artères. La veine supra-orbitaire se dirige vers le côté médial au-dessus de l’orbite et se joint à la veine supra-trochléaire pour former la veine angulaire, qui prendra le nom de veine faciale au niveau de l’angle de l’œil. Une branche de la veine supra-orbitaire passe le foramen supra-orbitaire pour s’anastomoser avec la veine ophtalmique supérieure. La veine temporale superficielle reçoit les affluents du cuir chevelu, du front, de la face et de la région temporale. Elle pénètre la glande parotide devant le pavillon de l’oreille . (2)(6)(7)(8)

          1.6.L'innervation:

• Nerfs sensitifs :

Les nerfs supra-orbitaire et supra-trochléaire sont les branches terminales de la branche ophtalmique du nerftrijumeau (V1) et procurent la sensibilité du front. Le nerf sus-orbitaire sort du rebord orbitaire, environ 2,7 cm de la ligne médiane, soit par une encoche ou parfois par un foramen du rebord orbitaire. La branche latérale du nerf supra-orbitaire peut se prolonger jusqu’à la crête temporale. Il se trouve en profondeur du muscle corrugateur. Le nerf supra-trochléaire, sort à 1,7 cm de la ligne médiane et à 0,8 cm du nerf supraorbitaire. La partie charnue du muscle corrugateur superficiili est interposée entre ces deux nerfs sensitifs. Une section du muscle corrugateur entraînera automatiquement une lésion nerveuse, mais n’aura pas de répercussion clinique. Au niveau temporal, on retrouve le nerf zygomaticotemporal, branche du nerf maxillaire (V2) qui traverse le fascia temporal environ 2 cm au-dessus de l’arcade zygomatique. Il est responsable de la sensibilité de la région temporal et la partie latérale du front 

• Nerfs moteurs:

 Comme décrit en 1966 par I. Pitanguy, le nerf facial se divise au niveau de la parotide en une branche ascendante et une branche descendante. La branche ascendante se divise en branche temporale et branche zygomatique, alors que la branche descendante se ramifie en branche buccale, marginale de la mandibule et cervicale. Les rameaux frontaux innervent les muscles frontaux et sont responsables de l’étonnement et des rides frontales. Les rameaux palpébraux vont rejoindre les muscles orbiculaires de l’œil, les corrugateurs, et le procerus. Ils sont responsables du froncement des sourcils et des rides glabellaires et péri-orbitaires .(2)(7)(8)