1.Introducton:
L’approche directe représente une méthode privilégiée en chirurgie esthétique faciale, particulièrement indiquée dans la correction de la ptôse sourcilière secondaire à une lésion de la branche temporale du nerf facial. Bien que cette technique soit principalement utilisée à visée esthétique chez les patients masculins présentant une alopécie fronto-temporale avancée, la contre-indiquant à une approche chirurgicale fronto-sourcilière classique, elle s’avère également efficace chez certaines patientes sélectionnées sur des critères stricts, notamment en cas de ptôse isolée de la portion latérale du sourcil. Son exécution technique simple, associée à une prédictibilité élevée quant à l’amplitude de correction obtenue, en fait un outil fiable. L’efficacité du résultat dépend directement du volume tissulaire réséqué, ce qui confère à cette intervention une pertinence clinique dans la gestion du vieillissement facial et des séquelles de paralysie faciale périphérique. Il est essentiel que le chirurgien intègre cette technique à son répertoire opératoire, parallèlement aux autres procédures de lifting sourcilier, afin d’élaborer une stratégie thérapeutique individualisée, optimisant ainsi les résultats morphologiques et fonctionnels selon les caractéristiques anatomiques et les attentes spécifiques du patient. (26)(29)
2.Les Indications:
Absence de rides frontales.
Paralysie faciale unilatérale : Cette technique permet un contrôle précis et individualisé de l’élévation de chaque sourcil, répondant aux besoins asymétriques.
Morphologie craniofaciale avec front convexe : La courbure du front peut constituer une limite technique pour l’approche endoscopique, justifiant le recours à un lifting direct.
Ligne capillaire reculée ou calvitie : Cette condition rend difficile l’utilisation d’autres techniques, notamment celles nécessitant des incisions cachées dans la ligne capillaire.
Sourcils épaix : chez les hommes les sourcils bien fournis aident à cacher l’incision.
Cicatrice préexistante au niveau des sourcils : La présence d’une cicatrice antérieure peut être intégrée ou améliorée dans le cadre de l’intervention.
Préférence du patient.(26)
3.Les contre-indications:
Réticence à accepter une cicatrice faciale potentiellement visible.
Sourcils fins : La finesse des sourcils peut compromettre le camouflage optimal des cicatrices.
Anatomie ou attentes du patient mieux adaptées à une autre approche chirurgicale .
4.La préparation:
Un examen physique préopératoire minutieux doit être réalisé avec le patient en position assise. Cet examen inclut :
Évaluation de la position des sourcils, du champ visuel, des rides, des cicatrices, et de la fonction du nerf facial.
Pour déterminer la position naturelle des sourcils, il est essentiel de demander au patient de fermer les yeux et de relâcher complètement les muscles du front. De nombreux patients présentant une ptôse sourcilière marquée ne parviennent pas à empêcher la contraction du muscle frontal lorsqu’ils gardent les yeux ouverts. Des photographies préopératoires doivent être prises sous différents angles, notamment :(26))(29)
Vue frontale au repos
Vue frontale avec les sourcils élevés
Vue de profil au repos.
5.Le dessin opératoire:
Le lifting direct des sourcils implique des incisions elliptiques bilatérales juste au-dessus des sourcils. Le bord inférieur de l'incision est tracé le long de la ligne supérieure du sourcil. Après élévation digitale à la hauteur désirée, le marqueur trace l'emplacement de l'élévation souhaitée. Le sourcil est libéré, et le front est marqué au niveau du repère pour désigner le bord supérieur de l'ellipse.
Cliché préopératoire du marquage cutané réalisé avec le patient en position debout. La zone cutanée à réséquer est délimitée (27)
6.La technique chirurgicale :
L'anesthésie locale lidocaïne à 1% avec épinéphrine à 1 :100 000 est injectée dans la zone chirurgicale prévue. l'ajout de bicarbonate à 8,4% dans l'anesthésique local (10% du volume de la lidocaïne) permet de tamponner l'anesthésique local et de réduire l'inconfort lors de l'injection.
Un scalpel n°15 est utilisé pour réaliser une incision légèrement biseautée, afin d’assurer une éversion naturelle des bords cutanés lors de la fermeture. La lame doit être orientée en biais vers les follicules pileux au niveau du sourcil, afin de préserver l'intégrité de la ligne des sourcils.
La résection de la peau et des tissus mous sous-jacents est effectuée avec précaution, en évitant toute atteinte des structures neurovasculaires et des muscles adjacents, tels que le muscle frontal et le muscle orbiculaire de l’œil. Les muscles ptotiques, notamment le frontal et l’orbiculaire de l’œil, peuvent être repositionnés en les ancrant au périoste frontal pour restaurer leur position anatomique d'origine. En présence de rhytides marquées liées aux muscles corrugateurs et procerus, une dissection médiale ciblée peut permettre leur section.
L’hémostase est assurée par une compression associée à une électrocautérisation limitée, afin de préserver l’intégrité des nerfs supraorbitaires et supratrochléaires.
La fermeture de la plaie profonde est réalisée à l’aide de sutures résorbables, telles que du poliglécaprone 4-0 ou 5-0. La peau est ensuite refermée par une suture sous-cutanée 5-0 ou une suture continue 6-0, en utilisant un fil résorbable (catgut simple) ou non résorbable (polypropylène).
Un pansement est appliqué selon la préférence du chirurgien.(26)(27)(28)(29)(30)
Lifting sourcilier direct. Après marquage, l'incision est réalisée à l'aide d'une lame n°15 (A). La peau est ensuite réséquée jusqu'au niveau du muscle frontal, en veillant à préserver le paquet neurovasculaire supraorbitaire (B). Une suture d'ancrage profonde, fixant le derme sourcilier au périoste frontal, peut être optionnelle (C). La fermeture est réalisée en deux plans : dermique profond et cutané superficiel. (26)
7.Suivi post opératoire:
La récupération après une chirurgie de lifting direct des sourcils varie d'un patient à l'autre en fonction de son état fonctionnel et nutritionnel. Un soin local minutieux de la plaie garantit un environnement de guérison propre et sain. Les anticoagulants peuvent être réintroduits dès le premier jour postopératoire. Le patient doit être conseillé d'éviter de soulever des charges lourdes ou de fournir des efforts physiques intenses jusqu'à son contrôle postopératoire afin de minimiser l’œdème et les ecchymoses. Lorsque des techniques stériles appropriées sont employées, les antibiotiques postopératoires ne sont pas nécessaires. Si des sutures permanentes sont utilisées pour la fermeture de la peau, elles doivent être retirées entre 5 et 7 jours,(26)
8.les complications :
Bien que rares, les complications potentielles incluent :
Infections de la plaie
Hématome
Asymétrie sourcilière
Paresthésies frontales
Lésion de la branche frontale du nerf facial
Cicatrisation inesthétique
Alopécie sourcilière
Nécessité de reprise chirurgicale
Surajustement
Sécheresse oculaire
Une technique chirurgicale méticuleuse permet de minimiser l’apparence de la cicatrice postopératoire inévitable, notamment si l’excision ne s’étend pas à la peau sébacée de la glabelle. (26)