Se faire les dents

Interlude

Se faire les dents : 

En français cette expression a deux significations. 

On peut l'utiliser pour parler des animaux qui aiguisent leurs dents. Un chien par exemple se fait les dents sur un os.

Excellent il nous arrive de souvent tomber sur un os en philatélie.


Mais on utilise aussi cette expression au sens figuré pour parler d’une personne qui s’entraîne, qui fait son apprentissage. Merveilleux car dans l'étude des timbres-poste les novices comme les "cracs" (encore faut-il l'admettre) restent des apprentis.  

Sur l'image de l'entête : une partie d'un timbre des Philippines

Introduction                      

Vous vous en doutez nous allons essayer de décrire les différentes dentelures aussi bien d'un point de vue technique, graphique et artistique. 

A) Les perforatrices

Trois photographies avec des machines perforatrices anciennes de timbres-poste.


Au-dessus : Pointilleuses au travail. Celle qui est exposée à une visière de protection.


En haut à droite : vue d'ensemble des ateliers


A droite : Pointilleuses dans un atelier de Washington. On remarque ici aussi une visière de protection pour les 2 employées.




A notre époque les perforatrices sont commandés par ordinateurs et donc automatiques.

Voici la presse Chambon T.D.6

Elle utilise deux cylindres de plaque d'impression, une pour la taille-douce et une autre pour la taille-douce indirecte. 

Elle attribue à chaque feuille un numéro. C'est également une perforatrice à peigne.

Devant une telle machine les erreurs sur les timbres-poste sont pratiquement impossibles, 

et si par hasard un contrôleur en détecte une elle est immédiatement retirée de la vente.

B) La dentelure

En ligne : En deux passages.

Piquage horizontal et piquage vertical

En herse :

Piquage en un seul passage

En peigne : En plusieurs passages sur 

la feuille du haut vers le bas

En ligne : Perforations excellentes, le seul problème est le croisement qui subit un double perçage pouvant abimer les 4 angles de chaque timbre-poste. Les Australiens appellent cela le "hand mail" (traduction ongle de la main). Si quelqu'un connait cette expression et peut me la traduire, je suis preneur. Merci. Dans ce système il fallait tourner la feuille pour le piquage verticale. 

En herse : Système le plus utilisé actuellement et également le plus rapide. Perforations nettes et précises. Pas de problème particulier. La feuille dans son entier subit la pénétration des aiguilles en une seule fois.

En peigne : Système performant mais causant le plus de problème. Perforations nettes. Précision parfois incertaine, car c'est la feuille qui bouge en avançant et non le peigne. Le piquage haut les pointilleurs et pointilleuses l'appelle "La Ligne" et celles sur les côtés "Les Jambes".

Normal

Peigne trop haut

Peigne trop bas

 Ci-dessus : Détails des problèmes rencontrés parfois lors des perforations en peigne. Sur la troisième figure, le défaut peut également venir du perçage en ligne (très rare). 

Par convention, on indique en premier lieu sur les catalogues la dentelure horizontale, puis la verticale. Mais je sais qu'au Canada selon l' Union des philatélistes de Montréal c'est l'inverse et cela peut-être aussi dans d'autres pays.

La densité de dentelure est un chiffre qui indique le nombre de dents tous les 2 centimètres. Une dentelure 13 veut dire que le timbre comporte 13 dents tous les 2 cm.

Certains timbres ont des dentelures différentes sur les bords horizontaux et verticaux.

La dentelure se mesure avec un odontomètre manuel ou un perforateur électronique.

Peut-être faudrait il changer notre point de vue car avec un odontomètre on mesure le nombre de trou et non le nombre de dent. Voici ce que disent de nombreux philatélistes : "Une mesure de dentelure se fait en comptant le nombre de trous dans un espace de 2 cm le long du bord du timbre". 

En haut : Une des conséquences du perçage en ligne


A droite : Une des conséquences du perçage 

en peigne celui-ci arrivant un peu trop bas.

Sur ce timbre d'Australie on distingue bien les difficultés rencontré lors des premières machines avec un alignement de la dentelure plus ou moins rectiligne. Sur ces timbres les deux derniers perçages sur les côtés sont volontairement plus petits. 

Deux images montrant encore toutes les difficultés rencontrées lors des perçages en peigne.

A droite : Léger déplacement de la feuille, décalant ainsi l'emplacement de la perforation.

Actuellement, avec les moyens modernes et surtout l'informatique tous ces problèmes n'existent plus, quelque soit le perçage utilisé. De plus, désormais pratiquement tous les timbres-poste sont autoadhésifs. AAAAARRRRRRHHHH

C) Un peu d'histoire

A l'origine les timbres n'étaient pas perforés, il fallait les découper aux ciseaux, et en France cette opération s'effectuait souvent aux guichets de la Poste. Pratique couteuse non s'en faut pour le temps qu'elle prenait et pour l'imprécision du découpage, c'est pour cela qu'il est souvent difficile de trouver ces timbres-poste bien centrés. Un bon centrage des marges les quantifient d'une meilleur prestation.

A notre époque il existe de nombreux timbres dit "non dentelés" bien connus des philatélistes. Cette appellation "non dentelés" s'utilisa dans les catalogues philatéliques pratiquement à l'apparition des dentelés. Quelque fois on trouve le terme "imperforé", mais cette dénomination ne trouve pas faveur auprès des philatélistes. 

En 1848, ARCHET HENRY conçut le premier mécanisme à perforer les timbres-poste. Après avoir montré l'efficacité de son invention, il vendit son brevet à différents pays.

La Royaume Uni adopta la première cette nouveauté et devinant sa productivité et son économie, tous les pays émetteurs de timbres-poste l'employèrent pour les mêmes raisons. 

Timbre de France  n° 22 chez Y&T           

Note : Premier timbre émis avec une dentelure en France.


Créateur : Jacques-Jean Barre

Graveur : Désiré-Albert Barre


Vente au public du 13 août 1862 au ? avril 1867

Valeur faciale : 20 centimes d'ancien franc

Taille : 17 x 21     Dentelure :  14 x 131/2      Quantité : 1 000 000

Couleur : bleu

Imprimé en typographie

Affranchissement : lettre usuelle

Histoire de la machine à perforer les timbres-poste.

Après l'invention de cet outil, en Angleterre une commission se format le 22 mars 1852, à la Chambre des Communes, afin d'examiner ce projet qui est de séparer plus rapidement les timbres-poste. 

Après de nombreuses discussion, un rapport en date du 21 mai 1852 paru en faveur de l'adoption de cette innovation, que le Gouvernement anglais acheta avec le brevet d'invention pour la somme de 4 000,00 livres.

Les premiers essais se concrétisent en 1848 et 1849, et en 1850, l'administration postale livra 5 000 feuilles de timbres-poste perforées à Sommerset House, quelqu'une à Londres et d'autres en province dans des bureaux de poste bien choisis.

Officiellement ce fut le one penny qui servit d'essai. Ce timbre-poste existe avec un piquage en ligne grossièrement perforé, c'est celui de 1848. En 1849, une nouvelle expérience, donna de meilleurs résultats avec un piquage beaucoup plus aligné et plus égal. 

En 1850, la machine subit plusieurs transformations et performances et elle perfora des trous beaucoup plus réguliers et à égales distances. La dentelure de 16 sépara aisément les 5 000 feuilles misent en circulation.

La première émission officielle dentelée date de 1854, car cette année fut adopté définitivement, grâce à James Napler qui participa amplement à améliorer cette extraordinaire découverte. 

Pour en revenir à Henry Archet, il prit des brevets dans divers pays, dont la France, mais ses exigences pécuniaires freina le Gouvernement Français et ce n'est qu'en 1862 que mon pays put réaliser les premiers piquages de timbres-poste.

Timbre du Canada n° 9 chez Y&T 

Note : Premier timbre du Canada dentelé représentant la reine Victoria sur papier tissé


Créateur : Griffin William Henry

Graveur : Rawdon Wright, Hatch et Edson


Vente au public du 30 novembre 1858 au ?

Valeur faciale :  1/2 penny

Taille :  ?    Dentelure : 113/4      Quantité : 850 000 

Couleur : Rose lilas au rose pâle

Imprimé en taille-douce

Affranchissement : lettre

D) Dentelures singulières

Timbre d'Irlande du Nord et du Royaume-Uni  n° GB 2993 chez Y&T 

Note : 6 timbres émis dans cette série du n° 2993 au 2997 sur papier phosphorisant,


Créateur : Hat-Trick     

Imprimeur : Walsall Sécurity Printers Ltd


Vente au public du 13 mars 2008 au ?

Valeur faciale :  45 pennys

Taille : 41 x 30     Dentelure :  141/2 x 14     Quantité : ?

Couleur : polychrome

Imprimé en offset

Affranchissement : ?

Sur la dentelure on remarque qu'a certains endroits une dent du timbre-poste est absente. Respectivement  3 trous courts et 3 trous longs. On lit donc SOS. Pour les thèmes de ces 6 timbres sur les sauvetages en mer on comprend aisément.

Timbre du Portugal  n° PT 3569 chez Y&T           

Note : Premier timbre émis avec ce genre de dentelure.


Créateur : Pedro Ferreira et Atelier Acacio santos-Helder Soares   

Imprimeur : Joh.Enschedé


Vente au public du 17 février 2011 au 31 janvier 2022

Valeur faciale : 0.47 euros

Taille : 40 x 30.6     Dentelure :  13      Quantité : 160 000

Couleur : polychrome

Imprimé en offset

Affranchissement : lettre usuelle

Depuis cette date du 17 février 2011 le Portugal conserve ce style de dentelure.


Il existe de nombreux timbres-poste avec des dentelures différentes, ici sur l'image un bloc de timbres-poste d'Australie.


En France on trouve également des timbres-poste en forme de cœur, d'autres en forme de ballon etc..


Maintenant c'est au choix et à l'imagination des créateurs voir des graveurs de dessiner différentes formes de dentelure.

E) Quelques piquages

Piquage dit de Susse.

Machine inventée par les frères Susse surtout utilisée à Paris

Bizarre rien à dire pour l'instant, je cherche

On appelle cette dentition un rouletting en Grande Bretagne. 

En France on utilise parfois le nom serpentin.

Piquage avec colorisation de la dentelure.

Une percée en ligne oubliée

Perforations en ligne dites de St Vincent exécutées entre 1861 et 1882, utilisée par Bacon et Napier

Timbre-poste du Royaume de Hedjaz

Percé en arc

Timbre-poste percée en scie

Timbre-poste percé en 

zig-zag avec une roulette 10

Ancienne percée en ligne

Ancienne percée en ligne

Percée en serpentin

Perçage en zig-zag avec dents carrés

Découpage en serpentine

A propos des timbres-poste des années 1865-1875 il en existe plus d'une trentaine en voici quelques uns. 

Désolé j'espère trouver un jour des images un peu moins floutées.

Le piquage de Chéroy

Le piquage de St Jean d'Angely

Le piquage de Nantes

Le piquage de Cosne

Le piquage de Clamecy

Le piquage d'Avallon

F) Dentelures syncopées

Les timbres du Portugal dont celui déjà cité possèdent une dentelure syncopées

Dentelure syncopée 4 faces

Dentelure syncopée 2 faces

Dentelure syncopée 1 face.

G) Petite synthèse

Il est parfois difficile de séparer les timbres les uns des autres, aussi une technique consiste à plier les timbres entres eux à l'emplacement de la dentelure. N'oubliez pas que certains pays créent une faiblesse de papier à ce niveau, ce qui fait que parfois le simple fait de les plier entre eux les séparent. 

Personnellement je déconseille de séparer les timbres-poste entre eux. Les plus recherchés se juxtaposent, mais ceux qui se superposent bénéficies également de beaux atouts.

Bien sûr, les perforations permettent de distinguer l'état des timbres, on préfère une belle dentelure que l'on peut mesurer avec un odomètre. Il faut savoir également que parfois des dentelures diffères d'un timbre-poste à l'autre pour une même effigie et une même date d'émission. 

Une petite note intéressante, en 1875 Monsieur Maury acheta l'invention des frères Susse et confectionna des vrais faux timbres à partir des non dentelés.

Maintenant, pour terminer distinguons le piquage des perforations.

Les perforations sont régulières et elles consistent à faciliter la séparation des timbres, elles sont également homologuées par l'Administration des Postes et des autorités en place dans un pays.

Les piquages sont couramment issues d'initiatives personnelles et répondent à des critères certes de bonne volonté, mais souvent plus difficiles à réaliser et laissant des marges incertaines et abimant souvent les bordures du timbre-poste. Les différents piquages existant figurent maintenant dans certains catalogues. 

Alors comme ça on cache ses dents !!!!

On ne veut pas de la perforation.




PATJOA


Sources : Colnet, Wikipédia, Actualités du monde, BNF, Klassische-Philatélie. 



A bientôt

Allez d'autres timbres-poste avec des dentelures particulières pour le plaisir.


Quelque fois ça dépasse. (A gauche)



A gauche: pour l'évolution énergétique