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Définition du cabinet noir

Louis XV voulait se protéger de ses ennemis aussi il mis en place "Le Cabinet du Secret des Postes" ou "Cabinet Noir".

Mais ce service existait bien auparavant, et il persista dans le temps malgré toutes les promesses des gouvernements de le stopper.

L'exécutif usa amplement de ce stratagème soit pour se protéger, soit pour des raisons politiques, comme nous allons le voir dans cet énoncé.

Son rôle consistait à intercepter le courrier, aussi bien privé, qu'administratif, puis avertir les autorités concernées, pour agir en fonction de leur découvertes.

Comme il était officiellement interdit, de nombreuses personnes se retrouvèrent en prison sans jugement, et parfois sans raison. La peur faisait que des phrases banales passaient pour de l'espionnage.

www.laposte.fr/chp/pages/glossaire.php?lettre=C

Premières évocations

Le bon Roi Henri IV qui voulait que le dimanche, son peuple mangea de la poule au pot. Celui-là même en instituant son Service de la Poste aux lettres, détourna de nombreuses lettres. Il reprit simplement le système des Relais des réseaux mis en place par Louis XI

Son intendant aux Postes, Guillaume Fouquet de la Varenne, avait toute sa confiance pour effectuer cette tache, il l'effectua sans aucun scrupule, pour son Roi. Il ordonna très souvent d'arrêter les messagers privés des adversaires d'Henri IV, qui n'utilisaient pas sa Poste

Lorsque les ennemis du Roi s'en aperçurent, ils écrivirent des lettres chiffrées, et un nommé Chorrin devint un spécialiste de ce décryptage littéraire, surtout pendant le siégé répétitif de Paris.

fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ges_de_Paris_(1589-1594)

Finalement Paris accepta le roi Henri IV, mais ce dernier ne renonça pas à son "Cabinet Noir", bien au contraire.

Paris accueillant Henri IV tableau de François Pascal Simon Gérard (1770–1837)

On connait peu Louis XIII, mais on connait bien Richelieu, homme d'église et surtout politicien, jamais condamné pour ses actes, et pourtant... meurtres, complots, manigance, maîtresses (2 ans avant de mourir 3 femmes soulageaient ses ardeurs) et sa ruse jalonnèrent toute sa vie. Parmi ses ruses, bien sûr, le "Cabinet Noir". Il instaura également un service de renseignement et d'espionnage

C'est sous son autorité en tant que principal ministre du Roi, qu'il s'octroya ce droit de regard sur le courrier.

La reine-mère devant autant de confidences dévoilées, croyait que les grosses mouches qui bourdonnent entendaient ce qu'elle disait et le répétaient. Et quand elle en voyait une, elle ne disait plus rien de secret. (Cette information très sérieuse est rapportées par Tallemant des Réaux dans ses Historiettes).

Gédéon (autre nom de Tallemant des Réaux) relate le plaisir de Richelieu à décacheter le courrier et ainsi surveiller les hommes importants, jusqu'au roi Louis XIII (son propre roi) et les femmes comme la reine Anne d'Autriche.

Tel un renard rusé, il se permis de décapiter des hautes personnalités, qui dans leur correspondances menaçaient de par leurs informations l'Etat, ou plutôt sa personnalité. D'ailleurs, peu avant sa mort Louis XIII se réjouit, et pas que lui... "débarrassé d'un tyran", tel était la pensée de beaucoup.

Bien sur, Richelieu n'agit pas seul, il surveillait à l'aide de nombreux agents le courrier qu'ils faisaient parvenir à cette chambre des secrets. Un nommé Antoine Rossignol arrivait à déchiffrer toute sortes de codes, cet homme restait inébranlable devant tout chantages, il parlait peu, un élément indispensable pour notre ministre.

Richelieu appelait le décachetage l’art de ramollissement des cachets.

Plus prêt de notre époque.

Tous les rois de France ont eu recours au Cabinet Noir, il est impossible de tous les mentionner, sur cette page je cite ceux qui l'ont utilisé démesurément.

Le général Montholon compagnon de Napoléon Bonaparte à Sainte Hélène rapporte les propres paroles de l'empereur déchut ci-dessous :

On peut lire dans le livre Consulat et Empire.

Quand Bonaparte prit le pouvoir, il trouva le Cabinet noir, dans un local particulier, qui communiquait par une porte assez bien dissimulée, avec l’hôtel des Postes. (…) Les lettres y étaient apportées du bureau de tri. Rapidement ouvertes, lues, analysées ou copiées suivant le cas, puis refermées, recachetées, elles rentraient dans la circulation, sans que subsistât sur les plis la moindre trace de l’opération et avec un retard insignifiant. Les employés devenus des experts se jouaient des difficultés avec la cire, grâce à des sceaux parfaitement copiés.

Lorsque les lettres étaient cryptées, des primes stimulaient le zèle de ces spécialistes dont la sagacité déjouait toutes les ruses.

La fin du Cabinet Noir

Le 26 décembre 1839, la Grande Bretagne adopta "la Réforme Postale", et elle se diffusa assez vite dans le monde entier. Elle se vota en France le 24 août 1848.

Elle institua simultanément 3 éléments essentiels:

1) Le prix du courrier diminua fortement pour développer le système postal dans le but d'augmenter les revenus de l'état.

2) Le paiement anticipé par le timbre postal.

3) Permettre aux indigents de communiquer à moindre frais.

Les effets de cette réforme:

1) En Angleterre le nombre de courrier confiée à la Poste augmenta fortement passant de 76 millions de correspondances en 1838 à 272 millions en 1845, puis 411 millions en 1853.

Notre pays resta un peu en rade, car le prix du timbre était le double de celui pratiqué Outre-

Manche, ils modifièrent leur point de vue devant la rentabilité des Postes de leur voisin.

2) Il fallut affronter ce nouvel affût, il n'était plus possible de d'attendre d'affranchir son courrier dans les postes ou d'y acheter ses timbres, aussi se développèrent les "boîtes aux lettres". En 1925 en France, 91 065 "mougeottes" (boites aux lettre en fonte, nom tiré de son créateur; Léon Mougeot) existaient un peu partout dans les grandes villes, plus tard des points de vente de timbres furent confié à des commerçants privés..

Ainsi cet accroissement démesuré du volume de correspondance rendit inopérant le cabinet noir.

Une petite lettre surprise.

Sous Louis de Vaulchier du Deschaux, Directeur des Postes de 1824 à 1829.

A la Révolution de 1830 il démissionna du gouvernement et pris sa retraite dans ses terres.

Donc, sous son administration, un personnage nommé Claudon se plaignit de l'ouverture de son courrier par le cabinet noir.

Voici un condensé de la lettre qu'il écrivit au Rédacteur du Courrier français (Journal de l'époque).

Permettez-moi d'informer, par la voie de votre estimable journal, messieurs les employés de je ne sais quel bureau, chargés d'ouvrir les lettres du 29 avril, qu'en recachetant mon paquet, il y ont enfermé, par inadvertance, une lettre adressée à madame Sainte-Placide, religieuse au couvent de la Madeleine [......] (Puis il fait un rapprochement des dates prouvant ses dires) [.....] Il est donc démontré avec luxe que mon paquet a été ouvert, et que c'est à Paris qu'il l'a été.

Pour cette fois le délit est flagrant et palpable; et qu'il n'y a pas d'incrédulité si obstinée, voir même celle d'un directeur-général, qui ne fléchisse devant une pièce à conviction comme celle qui est entre mes mains. [....] Agréez, etc.

Signé CLAUDON

Le 7 mai un inspecteur se présenta chez lui pour rechercher cette preuve d'ouverture de son paquet, mais il refusa car ce jour là notre visiteur ne possédait aucun reçu pouvant confirmer son intervention. Le lendemain, il revint autorisé à donner le reçu exigé.

Après cela, M. Vaulchier écrivit au Rédacteur du Courrier français, libellant qu'il est impossible que la poste ait pu insérer elle-même cette fameuse lettre dans son paquet. Il prétendit qu'il arrive assez fréquemment qu'une lettre de petite dimension se glisse dans une enveloppe plus grande ou un paquet. Et il accuse M. Claudon d'avoir gardé pendant huit jours une lettre ne lui appartenant pas. Il termine sa lettre ainsi :

Il répondit par le même journal, que son paquet été hermétiquement fermé et en dévoilant ses preuves, mais une nouvelle fois M. Vaulchier démentit les faits avérés et il lui envoya une lettre foudroyante, s'assurant ainsi du silence définitif de son contestataire.

Encore et encore

Mot d'humour de la fin. Voici ce que disait un élément du cabinet noir. "Quand on lave les cabinets (WC), ça sent mauvais, mais il faut le faire".

Sources : World digital library home

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