Le paquebot "Russie"

Le naufrage du "Russie" : une tragédie maritime

En provenance d'Oran, le paquebot "Russie", s'apprête à accoster à Marseille en ce 5 janvier 1901. Arrivant près des côtes, le navire affronte une terrible et soudaine tempête .

Un vent d'est violent, accompagné de creux de plusieurs mètres et de chutes de neige intenses, réduit la visibilité à néant. La température chute drastiquement, atteignant -10°C dans les terres. Malgré ces conditions météorologiques dantesques, le "Russie" poursuit sa route, jusqu'à ce qu'une erreur de navigation fatale ne scelle son destin.

Le commandant Jouve, marin d'expérience, confond dans l'obscurité les signaux des phares du Planier et de Faraman, distants de plus de 15 milles. Au lieu de se diriger vers la rade de Marseille, le bâtiment de 85 mètres fonce droit vers les hauts fonds sablonneux de l'embouchure du Rhône.

L'impact est brutal. Le navire s'échoue et se brise en deux, précipitant ses passagers et son équipage dans les eaux glacées. La catastrophe fait de nombreuses victimes, et les secours, ralentis par la tempête, ne parviennent pas à sauver tous les naufragés.




Quand la tempête se calma des marins récupérèrent du courrier et il fut distribué avec l'inscription 

"NAUFRAGE DE LA RUSSIE"

La lente agonie du "Russie"

Le "Russie" heurte violemment un banc de sable. Le navire, immobilisé, reste à flot pour le moment. Mais la forte houle ne tarde pas à faire son oeuvre. L'eau et le sable s'engouffrent par la poupe, provoquant la panique.

La tempête redouble de violence. Les passagers, regroupés dans le salon des Premières, vivent une nuit d'angoisse. Le navire s'incline dangereusement sur tribord, exposant son pont aux vagues déchaînées. Une lame puissante brise les vitres du salon, précipitant les passagers dans l'eau glacée.

L'équipage installe les passagers apeurés sous le gaillard d'avant. Le "Russie", soumis à un roulis incessant, s'enfonce inexorablement. A bord, l'espoir s'amenuise. Le commandant Jouve, qui a lancé un SOS avant la coupure des communications, est pessimiste. La côte est proche, mais aucun bâtiment ne peut approcher dans ces conditions dantesques.

Un canot de secours du Grau-du-Roi tente de porter assistance, mais doit rebrousser chemin. L'agonie du navire est lente et cruelle.

Le naufrage est inévitable. Les passagers et l'équipage, face à la mort imminente, se rassemblent et attendent le dénouement tragique.

Ce récit poignant met en lumière la tragédie du "Russie". Il souligne le courage et la résilience des passagers et de l'équipage face à l'impuissance des secours. La tempête, élément déchaîné et incontrôlable, est responsable de ce drame maritime qui restera gravé dans les mémoires.



Sur l'adresse et le nom on remarque que les écritures ce sont éclaircies au contact de l'eau de mer.

La lutte acharnée pour sauver le "Russie"

Un groupe de volontaires, composé de douaniers et de saliniers, tente une première opération de sauvetage audacieuse : lancer un câble de remorquage vers le navire par canon. Mais la tentative échoue.

Pendant ce temps, les sauveteurs ne perdent pas espoir. Deux canots sont préparés, et des courageux hommes décident alors d'emprunter le réseau d'étangs et de canaux qu'ils connaissent parfaitement. Ils progressent ainsi vers Faraman, n'hésitant pas, quand il le faut, à porter leurs lourdes embarcations sur les landes de terre. Mais la progression est lente et pénible dans les terrains vaseux des salines.

A 20 milles à l'est, dans le petit port de Carro, le patron pêcheur Victor Domenge mobilise son équipage de solides marins. Malgré les creux terribles, le canot de sauvetage le "Saint-Charles" est tracté vers l'embouchure du Rhône.

En temps clair, on peut distinguer de la côte bleue la longue langue de terre de Camargue, le phare de Faraman et même les contreforts des monts de l'Hérault. Mais en ce 9 janvier 1901, la tempête réduit la visibilité à moins de 10 mètres.

Partis de Port-Saint-Louis, les sauveteurs de Carro affrontent les eaux glacées du Rhône et tentent une première sortie dès l'aube. Mais le courant impitoyable et les brisants infranchissables les contraignent à faire demi-tour. Par deux fois, le "Saint-Charles" repart à la charge, et par deux fois il chavire. La situation semble désespérée.

Il est bien évident que les timbres-poste se décollèrent et qu'ils furent remis en place par le service administratif postal à l'emplacement original (enfin du mieux possible).

Sauvetage du "Russie"

A 4 heures du matin, le vendredi 11 janvier, un contact est enfin établi avec le "Russie". L'évacuation commence, les femmes et les enfants d'abord, dont deux bébés. Le commandant Jouve, dernier à quitter le paquebot au lever du jour, est accueilli sur la plage par les acclamations de plus d'un millier de personnes. A 400 mètres de là, son navire gît dans le sable, la poupe enfoncée et incliné de 35 degrés sur tribord.

Le "Russie" est finalement renfloué. Il reprendra du service dans des eaux lointaines et bien plus glaciales que celles de son naufrage, en mer Blanche, au nord de la Russie. Rebaptisé "L'Urania", il sombrera en 1915 après avoir percuté une mine.

Quant aux petits pêcheurs provençaux de Carro et des Saintes, ils ont tous reçu, pour leur bravoure, les plus hautes distinctions de l'Etat. Dans le local historique de la Société Nationale de Sauvetage en Mer du petit port martégal, aujourd'hui occupé par la CFI, plusieurs tableaux présentent la longue liste de leurs interventions depuis 1870. Avec le nom de chaque bateau suivi du nombre de personnes secourues en mer : plusieurs centaines, dont les 112 passagers et membres d'équipage du "Russie".

Le Russie sauvé par les Saintais

Au dessus un canot de sauvetage

A droite : les sauveteurs

Au secours la mangeuse de temps 

et du cerveau est encore là.


En tout cas les naufragés du "Russie" 

ont pu respirer une fois rendu sur la cote.





PATJOA

Sources : Image Google, le journal "Martigues Bouge" Le journal "Le petit illustré"