48ème Genève-Rolle-Genève - 9 juin 2012

La course racontée par le vainqueur Tix Way : GRG 2012 - Les Schtroumpfs de Tixway font du yachtimse et gagnent !

Petits Cu bourgeonnant sur les reliefs du Jura et de la Savoie, bulle de ciel bleu centrée sur le Léman, et pas un louf sur le plan d’eau… Que va-t-il bien sortir de cette GRG 2012? Une régate «casino», émaillée de coups de chance pour les uns, et, corollaire implacable, de malchance pour les autres. Au final, victoire de haute lutte des «hommes bleus» de Tixway en Grand Surprise. Voici comment et pourquoi...

La GRG porte bien son surnom de « prélude du Bol ». Les GS les plus affûtés sont (presque) tous là (25 participants), parmi 232 bateaux au départ (30 multis, 202 monos). Option gauche ou droite ? Bernie se souvient de l’an passé, lorsque Tixway était resté englué à côte française, dans des circonstances analogues. On va chercher à être plus intelligents…

Le Tixway team étrenne ses nouveaux polos HH bleu pétrole, aux allures de Schtroumpfs ou de Squadra Azzura – selon les références culturelles... Tissu hi-tech séchant avant d’être mouillé, manches courtes à mi-biscottos pour impressionner les minettes et faire forts sur les photos, ces polos sont décidément à l’avant-garde. Au point qu’il ne faudrait pas qu’ils passent l’arrivée avant nous…

Dans le brouhaha et la confusion du départ, le Tix prend une option plutôt au large, au tiers de la ligne côté bateau comité. Ça pousse et ça bouscule, les bateaux sont peu évolutifs et la proximité rend certains barreurs nerveux. Quelques chapelets de noms d’oiseaux, toujours raffinés, relèguent aux oubliettes la légendaire courtoisie des gentlemen sailors…

Thirsty Three est le plus proche GS. On ne va pas le lâcher des yeux, marquage assuré. Mais Thirsty Three va chercher la droite, alors que nous sommes convaincus que la gauche va payer. Le marquage ne dure pas longtemps. L’inquiétude s’installe à bord : ça passe à côte française, mais jusqu’où, pour combien de temps ?

Manœuvres incessantes : spi asy, spi léger, grand spi,… un coup de génois pour varier le menu. C’est à un rythme effréné que Jean-Baptiste, voltigeur du pont avant, à la fois dresseur de serpents (les écoutes) et dompteur de fauves (spis et génois), fait valser les mousquetons, voler les drisses et les brins… Lors d’un envoi de spi « à l’arrache », la drisse monte… sans le spi ! Aussi sec, Phil grimpe dans le gréement avec l’agilité d’un singe et récupère la drisse échappée. Pas plus de 2 minutes se sont écoulées, Phil est à peine de retour sur le pont que le spi est renvoyé.

L’option gauche se confirme comme la meilleure. Tixway se dégage. Vitesse + sur les autres GS, empêtrés dans un peloton de bateaux à côte française. On est au contact des grands bateaux, comme les nouveaux Psaros 33, Swiss Interim, BDO, Terrific. Plutôt bon signe.

Un spi blanc est à notre poursuite. C’est cet éternel rival de Morpho ! Il faut aller le contrôler avant qu’il passe sous notre vent. De justesse, en tombant sur lui, nous arrivons à son contact. Bascule de vent, un appel de séchard se pose. Et comme un voilier laisse toujours quelques turbulences dans son sillage, nous reprenons l’avantage devant Coppet, alors que le lac est bien lisse et blanc, en direction de Rolle.

Les paris sont lancés ! Valentine est optimiste : « On sera rentrés avant 22 heures, je vous le dis !». Jean-Baptiste plutôt pessimiste : « Je nous vois pas de retour avant minuit. Qu’est-ce qu’on parie ? » A voir la pétole devant Nyon, on donnerait Jean-Baptiste gagnant.

Ca croise, devant nous. Les grandes luges repartent à côte suisse sous spi asy. Les plus chanceux arrivent à raccorder un joran qui semble s’affirmer. Comme le Tix est déjà sur la gauche du plan d’eau, nous repartons presque sans transition sous génois. Quand un coup de fusil claque dans la sérénité de ce petit temps. A son écoute de génois, l’œil rivé sur ses faveurs, Dominique est éberlué : la drisse ou quelque chose comme ça a cassé et le guidant part en accordéon. Ni une, ni deux, on le renvoie avec la drisse de spi au capelage ; solution de fortune pour quelque temps, car du coup, on ne peut plus enrouler le génois. A la faveur d’une molle, Phil entame une 2e ascension, repasse la drisse de génois comme elle aurait dû l’être dès le départ et redescend avec la drisse de capelage. Explication : elle avait été frappée sur un petit mousqueton en laiton servant à la tenue latérale du génois, et non sur l’œillet de la voile. Quand les Schtroumpfs se mettent à faire du yachtimse… Qui va payer la tournée générale, avec une prime pour Phil ?...

Rolle se rapproche. Nous tournons à 17 h. 39, non sans avoir dû signifier à BDO et à son nombreux équipage qu’il n’y a pas d’eau à la bouée lorsque les bateaux sont engagés. La grande luge y concède et fait le tour par l’extérieur. Swiss Interim est juste devant, Terrific nous suit. Ça se confirme, nous sommes en tête des Grand Surprises, pas trace de Morpho à vue humaine. Mais, restons humbles et attentifs, une course n’est jamais terminée avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée – ça me rappelle quelque chose comme le Critérium de Nyon, l’an passé…

Commence la descente vers Genève. Le ciel s’est chargé en altitude, le temps se plombe. Mais le joran subsiste à 10, 15 nœuds. Au bon plein, le Tix fait route directe, dépassant parfois les 9 nœuds (il paraît que notre speedo est volontairement pessimiste – encore un truc de Bernie pour mettre l’équipage sous pression…). Schéma conventionnel de la GRG, retour de type « petits chevaux de bois », sans beaucoup d’options tactiques ni de manœuvres. Un petit coup de frais dû à l’inaction nous fait changer de tenue et rajouter quelques couches.

Nous sommes toujours au contact de bateaux plus grands que nous, comme Belotti, Body and Soul, le Lüthi Wanted. Le speedo vient chatouiller les 9 nœuds et les dépasse. Mais, c’est clair, les plus grands des plus grands se sont échappés. Quant à notre adversaire direct sur cette course, Morpho, il a pris l’allure d’un cure-dents – et pas le modèle XXL pour Genevois… –, bien, bien loin derrière. Mais… nous sommes toujours en course et rien n’est joué !

Joran toujours inégal. Molles ici, risées là, ça passe une fois à gauche, une fois à droite. Nous optons pour une route plutôt côté Genthod que Pointe à la Bise. On tient l’asy de justesse, sans tomber en dessous de la route directe. Et là, oh ! Grande surprise (oui, c’est la Louise du Grand Surprise, pas toujours commode, d’ailleurs…), nous voyons les plus grands bateaux (Swiss Interim, le M34, Body and Soul, Belotti, Bon Père) méchamment scotchés. Il va falloir jouer fin. A 500 m de la ligne d’arrivée, le lac est lisse. Sur la lancée, nous rattrapons un paquet de bateaux. Ça analyse la position des uns et des autres, ça passe et repasse les scénarios tactiques dans tous les sens… Mieux vaut rester à droite, il n’y a rien, à gauche. Oui, mais il faut bien passer cette p… de bouée d’entrée ! Empannage, on revient bâbord. C’est chaud bouillant avec Ousider, tribord. Nous finissons notre manœuvre juste à temps. Reste quelques mètres, interminables comme toujours en rade de Genève, avant de franchir la ligne.

Et Morpho, dans l’affaire ? Tirant parti de ce joli joran alors que nous subissions le retour de la pétole, il est revenu et s’apprête à virer la bouée d’entrée. Nous franchissons la ligne à 20 h. 10, 1er GS et 13e monocoque au scratch. Les « navires » à gros budget doivent en être dépités. Et notre adversaire direct dans cette 48e GRG ? Morpho la passe à 20 h. 14. 4 minutes sur une course de 7 heures, ce n’est pas grand-chose. Mais infiniment plus long que les 98 secondes ( !) qui avaient départagé Mike Birch de Michel Malinovsky, après 23 jours de transat, dans la première Route du Rhum (1978)… Bref, en eau douce comme salée, on ne dira jamais assez qu’une régate n’est véritablement gagnée qu’une fois franchie la ligne d’arrivée et que « seule la victoire est jolie ».

L’équipage de Tixway était composé de Philippe RAPHOZ, Bernard VANANTY, Valentine GRANGEON, Dominique D'ADRIMONT, Jean-Baptiste ZWIBEL, Jacques-Henri ADDOR

Jacques-Henri (http://www.grandsurprise.ch/index.php?page=1#art_16)

La course racontée par MORPHO : Très belle 2ème place de MORPHO GS à la Genève Rolle Genève 2012 - Le titre 2011 presque conservé......

Bonjour à tous,

Il est rare qu’un bateau fasse podium deux années de suite à la GRG: eh bien Morpho GS l’a fait en remportant une superbe 2eme place en 2012 après avoir l’avoir gagnée en 2011.

25 Grand Surprise au départ sur 233 bateaux au total. Tout le monde au bateau à la SNG à 10 h45 dont Paul Mevel de Kurt Salmon venu spécialement du Luxembourg, Florence , Bruno, José, Maël et moi. (4 des 6 personnes présentes à la GRG l’année dernière)

On vide un maximum de poids superflu du bateau, les posons sur le ponton de la SNG, installons le génois neuf jaugé et en route pour un warm up sur la ligne de départ près du YCG. Pas beaucoup de vent et presque pas assez pour faire porter le grand spi Kurt Salmon au warm up.

Ceci fait on déjeune à bord en attendant les 5mn de 12 h55. On reste sobre, pas d’alcool avant le départ.

J’avais passé plus d’une heure le samedi matin à consulter les fichiers météo et tous donnaient une bascule vers le NW vers 17h00; le choix de la cote Suisse à l’aller pour rejoindre Rolle ne faisait pas de doute.

A 13 h00, le départ est lancé, on est bien dégagé mais on a pas de vent du tout. On a un mal fou à faire démarrer le bateau , le vent oscille entre le Nord et le Nord Est, il faut que je me concentre à fond à la barre pour ce faire. Au vu du positionnement de la ligne de départ de notre série il faut parcourir plus de distance que les autres monocoques pour rejoindre la cote Suisse et on voit toutes les autres séries profiter de plus de vent et s’éloigner……

On envoie le spi asymétrique pour se forcer à rallier la côte Suisse au plus vite en s’écartant légèrement de la route directe vers Rolle, le temps passe et au fur et à mesure on la rejoint et on constate que nous commençons à combler notre retard sur le reste de la flotte qui a , on ne sait pourquoi, choisi en quasi totalité de se coller à la cote Française mais sans doute car vent encore de Nord Est.

La quasi-totalité sauf, pour ce qui concerne notre série, le GS renard de service habituel, Tixway, qui a réalisé qu’on prenait le large comme l’année dernière

avec la même stratégie en longeant la côte Suisse sur une bande pas trop proche et pas trop loin de la terre. Il abat en grand de sa position un peu plus au large pour venir nous marquer et nous masquer. Il y arrive et on ne peut dans un premier temps rien faire, il s’éloigne un peu. Mais on lui revient dessus et on lui passe même devant à la faveur de quelques virements de bord pour se recentrer un peu sur le lac. Le vent est au nord, donc ça louvoie. C’est à nous de le masquer. Il vire pour se dégager. On ne le marque pas à la culotte immédiatement (première erreur tactique). On vire aussi et on se rapproche à nouveau de la côte Suisse. Le vent commence à passer en Nord Ouest comme annoncé mais pas encore fort. Nous sommes au vent de Tixway, un peu derrière mais dans une position favorable. Tixway ne remet pas son spi il garde son génois et se dirige route directe vers Rolle. Nous aussi mais on fait l’erreur de remettre l’asymétrique et de l’enlever quelques minutes plus tard (deuxième erreur). Ca a permis à Tixway de s’échapper et de toucher avant nous la force du Nord Ouest qui arrive, comme prévu juste après 17h00. Route directe au bon plein vers Rolle.

C’est incroyable on arrive à Rolle avec de très gros bateaux. Tous ceux qui sont allés côte Française avant de traverser vers Rolle sont largués.

A 17h 45 on passe deuxième grand Surprise à Rolle, 5 minutes derrière Tixway, et derrière c’est le trou , pas de grand surprise en vue.

Le retour vers Genève s’annonce comme un régal au vent de travers avec des pointes à 9.5 noeuds sous génois, vent de NW, route directe mais pas trop car on reste à juste titre plus vers la côte Suisse que la côte Française. Donc si rien ne change et si pas de loterie on a peu de chance de repasser devant tixway car c’est le train à la queue leu leu. On décide que c’est l’heure de l’apéro….. Bière , vin rosé, appetizers , le régal mais il faut bien rester concentré jusqu’à l’arrivée car on sait que rien n’est jamais joué. A l’approche de la pointe à la bise on envoie le spi asymétrique Kurt Salmon pour abattre un peu vers le YCG et on constate au bout d’un moment qu’autour de la ligne d’arrivée, pas loin devant nous ils sont tous scotchés, comme d’habitude, dont tixway. Ceux qui ont trop lofé avec leur Asy ont dû empanner pour rejoindre la bouée d’engagement avant la ligne et perdu toute leur erre. Je décide de nous laisser glisser et de tout faire pour ne pas avoir à empanner et arriver avec un maximum de vitesse sur la bouée d’engagement . C’est ce qu’on arrive à faire. Tout le public massé sur les terrasses du YCG voit notre spi KS majestueux longer le quai et bouffer du gros calibre , de façon insolente.

Tixway n’a pas encore passé la ligne, et est toujours scotché quelques dizaines de mètres avant la ligne ; Va –t-on lui faire le coup que Little Nemo nous avait fait au bol d’or en 2008 pour nous priver de la victoire sur le fil ?

Mais nous aussi on est confronté à la meute de très gros bateaux scotchés et on doit affaler le spi entre la bouée d’engagement et la ligne , tenter de repartir sous génois. Ce que l’on fait. Mais Tixway a redémarré et passe la ligne avant nous. IL est très proche devant nous mais avec cette pétole ça se chiffre à 4 minutes d’avance à l’arrivée……

Grâce à notre vitesse et notre erre et stratégie on a quand même réussi à gratter de nombreux très gros bateaux sur le fil , dont le premier Toucan.

On est deuxième GS sur 25.. Génial. On constatera après l’arrivée que le troisième Grand Surprise est à 40 Minutes derrière nous. Sur 7h14 de course c’est pas mal. Bon, c’est le lac, on le sait. Les écarts peuvent être énormes si l’on fait le bon choix au départ sur les longs parcours. Voir classement joint.

On est tous très heureux et quel bonheur de pouvoir arriver à 20h15 , amarrer le bateau à la nautique à notre place de départ sans l’avoir perdue grâce à un système D de réservation de l’emplacement et grâce à tout simplement au fait qu’on est arrivé parmi les premiers et qu’il y avait de la place, de profiter de l’apéro et diner offert par l’organisation au YCG.

Super soirée , on est tous fatigués, repus et heureux. Grand bravo à tout l’équipage et notamment à Paul Mevel de Kurt Salmon qui découvrait la voile en régate. On félicite Tixway, qui est à la table d’à côté de nous. On est félicité au fur et à mesure de la soirée par beaucoup d’autres équipages GS, ceux qui sont aussi fair play en général. Y en a qui boudent aussi……..